Dvořák, Symphony No. 9 en E Mineur, aussi appelée “Symphonie du Nouveau Monde”Il y avait peu de choses pouvant apaiser Astrid Christensen, mais la musique en faisait partie.
Cet après-midi, elle accouche pour la deuxième fois, et elle demanda à ce que passe dans la salle d’accouchement, une des compositions iconiques du compositeur tchèque Dvořák. “La Symphonie du Nouveau Monde”, une ode à l’audace, au voyage, à l’exploration, au savoir, à la rencontre entre des humains … Une symphonie d’une quarantaine de minutes rappelant les frissons de l’aventure, l’appel de la mer pour quiconque ayant déjà mis un pied sur un navire.
C’est son cas bien évidemment. Et c’est également le cas de Jesper Christensen, son mari. Elle lui a toujours dit qu’il était “un descendant du peuple viking” et pour cause : peut-être était-ce sa grande carrure rassurante d’un mètre quatre-vingt, ses longs cheveux et sa barbe imposante qui avait séduit la jeune femme. Mais aussi peut-être son caractère un peu bourru de temps à autres, mais pas méchant pour un sou pourtant. Ferme pour quiconque ne le connaissant pas, et Tendre pour ses proches.
Jesper était un enfant de la mer, et Erik aussi. Erik, c’était le petit garçon qu’ils attendaient. Conçu dans un bâteau, alors que le couple était en vacances au bord de la mer, dans le sud de la France. La Mère Patrie d’Astrid.
Un viking avec un béret et une baguette. Astrid souriait, malgré toutes les douleurs inhumaines et les inquiétudes que procurait l’accouchement. Ce petit garçon qui représentait l’avenir, allait voir le monde du vingtième et du vingt-et-unième siècle était déjà si particulier.
Entre une respiration courte et un cri de douleur, Astrid versa une larme. Elle prit fermement la main de Jesper, qui était avec lui dans la salle, comme une ombre faisant ce qu’il pouvait pour la soutenir. La famille et son héritage, ce qu’il y avait de plus important pour elle. Allait-il être gentil avec Johan ? Elle l’espérait. Qu’ils ne soient pas comme ces familles qui s’écharpaient systématiquement et qui vivaient au rythme des histoires sordides entre Tonton Jean-Jacques et Tatie Christine. Qu’elle ne soit pas le cliché de cette femme débordée qui n’avait plus le temps de rien, voyant sa famille grandir sans elle, et éventuellement voir ses deux enfants être jaloux l’un de l’autre …
Elle priait … Non, elle ne prierait pas. Elle avait confiance en elle. Aux autres hommes et femmes qui l’aideraient pour traverser ces épreuves à venir. Elle avait confiance en ses enfants, qui porteraient un lourd héritage, bien qu’ils ne le savaient pas encore.
Astrid hurlait, suffoquait … Et souria brièvement. Elle voyait la petite tête d’Erik sortir, au moment du quatrième mouvement
Allegro con fuoco.
Décidément, ce gamin allait être spécial, Astrid tout comme Jesper le sentait.
Fighting SpiritGrandir avec un grand-frère, pour Erik, c’était un peu comme la sensation de vivre au cœur d’une rivalité de shônen à chaque instant de sa vie : tantôt saine, tantôt âpre, tantôt teintée de rigolades, tantôt de pleurs … Il y eu beaucoup à en dire, mais un point lourd sur lesquels Astrid et Jesper insistaient, c’était qu’ils devaient avoir
“le feu, l’envie de combattre l’un pour l’autre”.
Mais il fallait dire que cette éducation très familiale ne sortait pas de nulle part : Astrid était fille unique, avait une vision très idéalisée de ce que devait être des frères et sœurs. Des amitiés parfaites, des personnes qui se confiait tout, et faisaient de nombreuses choses ensemble … En bref, ce qu’elle s’était imaginée dans son enfance,
Johan et Erik, vivaient donc une relation qui était tressée par leurs aventures à tous les deux : que ce soit dans le jeu, à l’école, dans les voyages avec les parents … L’un n’allait pas sans l’autre. Bien sûr, le temps passé ensemble constamment et leur jeune âge, leur fit parfois piquer des crises de colère, mais Jesper et Astrid étaient sûrs d’une chose : “ça n’était rien que le temps ne pouvait pas soigner”.
Parce qu’à leur sens, si l’être humain pouvait bien compter sur une chose, c’était bel et bien soi-même : Astrid et Jesper avaient en effet tous deux une histoire bien particulière. Lui était cadre d’une grande entreprise norvégienne spécialisée dans la défense, Kongsberg Gruppen, et elle journaliste d’investigation au sein de la fameuse chaîne de télévision, “La Une”. Elle avait commencé sa carrière dans la presse, et avait décroché récemment un travail dans ce “média de demain”.
Mais leur métier couvrait à tous les deux un investissement personnel bien plus fort ailleurs : Astrid et Jesper s’étaient tous les deux rencontrés dans le groupuscule Déicide Parisien. Jesper s’était rendu là bas sous couvert d’un déplacement à Paris pour aller parler à la fine fleur de l’aviation de défense française, l’entreprise de Dassault Systems qui travaillait sur un prototype “révolutionnaire” d’avion, s’appelant le “Rafale” : un avion de chasse supersonique qui allait redéfinir les codes de l’aviation moderne. Il s’était rendu à la cellule parisienne pour partager toutes ces connaissances qu’il apprenait. Astrid quant à elle, était une habituée de la cellule : y allant avec ses parents d’abord, puis toute seule, son travail de journaliste et d’enquêtrice de fond la rendait passionnée d’histoires sordides, et elle attachait particulièrement d’importance à tracer des phénomènes étranges à travers l’histoire, ou des tractations particulières dans certaines entreprises françaises. Tout cela dans le but de potentiellement trouver et prouver des immixtions divines dans les affaires des françaises et des français et de pouvoir ultimement s’en débarrasser.
Les deux étaient déicides depuis leur enfance, se faisant les dignes héritiers de deux familles qui avaient basculées dans cette frange de la population il y a bien longtemps maintenant.
Johan et Erik n’allaient pas faire exception à la lignée, et c’est ainsi que leur grande destinée leur serait révélée en temps et en heure.
Les deux frères suivirent une scolarité tout ce qu’il y a de plus normal au sein des écoles en Norvège. Erik tout comme Johan prirent rapidement goût au sport, et se mirent à en pratqiuer de façon extrascolaire assez vite. Johan appréciait les sports collectifs, comme le football ou le basket, et Erik s’était de suite beaucoup plus porté sur les sports de combat.
En vérité d’ailleurs, le jeune Erik avait grandi en ayant une véritable passion pour le catch américain, passion qu’il ne perdit pas vraiment au fil des années, bien que le temps faisait qu’il ne s’investissait plus forcément comme à l’époque. Toujours est-il que le jeune Erik était fasciné par tous ces athlètes de haut niveau, et particulièrement ceux dont les pouvoirs étaient surnaturels : L’Undertaker, le Boggeyman … Si tout n’était que trucage et qu’en vérité, le jeune Erik se faisait tromper comme nombre d’enfants et adolescents du même âge quand il était plus jeune, il était particulièrement impressionné par ces personnes, et encore plus par les athlètes qui osaient les défier.
Un terreau nécessaire qui le rendrait encore plus actif et dévoué plus tard, quand l’histoire de sa famille lui serait révélée, du moins c’est ce qu’Astrid et Jesper pensaient.
Erik n’eut guère de problèmes à suivre les cours : venant d’une bonne famille mettant au centre la valeur du travail et de l’engagement, il prit tout de suite le pli et passa les années sans encombre, en donnant toute l’importance nécessaire à ses études. Une attitude que suivit également son frère aîné Johan, eux deux particulièrement soucieux de rendre fiers leurs parents.
Avant qu’ils entrent au lycée, il n’était pas rare que Johan et Erik suivent des cours de catéchisme ou d’éducation religieuse. Astrid et Jesper, mettant un point d’honneur à ce que la culture déicide imprègnent leurs enfants, expliquaient alors que tout n’était pas toujours comme les enseignants le laissait sous-entendre : que cela soit l’Unique ou des dieux plus anciens, si l’on racontait les épisodes de miracle aux enfants, les parents se chargeaient de narrer les épisodes d’apocalypses, ou des mythes finissant généralement mal pour les humains … Bien sûr, ils gardaient le secret quant à leurs réelles convictions, mais ils apportaient la contradiction au débat.
En vérité, tout ce qui concernait leur famille et leur implication en tant que Déicides seraient révélés bien plus tard aux deux enfants. Pour l’heure ils se contentaient simplement de baigner dans cette culture, où l’on mettait en valeur les créations des hommes, tel que les merveilles de l’âge industriel ou les œuvres culturelles de grands hommes et de grandes femmes … Les parents refusaient également que leurs fils soient baptisés, et ne mettaient pas un pied à l’église, et il était bien évidemment hors de leur coutume de faire une prière avant un repas. Tout ceci contribuant à créer bien des contrastes comparé à d’autres enfants et d’autres familles avec lesquels le jeune Erik sympathisait.
Si Johan sembla assez bien se fondre dans ce moule familial, au contraire, Erik, bien qu’il ne le disait pas tout le temps de peur de se fâcher avec ses parents, voulait comprendre. Ces légendes intéressait le jeune homme qu’il était : connaître ces petites histoires, ces personnages et monstres mythiques, des héros qui pourfendaient des monstres ou qui était parfois capable de faire se soulever tout un peuple en prononçant trois phrases.
Si le quotidien des garçons de son âge était bercé par exemple par des supers-héros, ou autres personnages de jeux-vidéos et de dessin-animé, Erik lui trouva son compte dans ces éléments, mais aussi dans des récits de mythologie, dans des poèmes et des épopées de l’ancien temps antique ou de façon plus récente dans des récits et prières parlant de l’Unique, et toutes ces formes de culte. C’était une forme de culture parallèle, qui valait parfois au jeune Erik d’être taxé de “vieux” par ses amis de l’époque, et qu’il ne potassait qu’en dehors de la maison bien évidemment, de peur de se faire reprendre par ses parents.
Il veillait cependant à faire bonne figure auprès de sa famille, y compris devant son grand-frère : bien qu’il était suffisamment courageux pour braver la culture familiale au cours de son adolescence, il n’oubliait pas qui le nourrissait, qui lui donnait et toit, et surtout qui l’aimait plus que tout. Il n’était pas question de tous les décevoir, même si Erik cherchait la petite bête.
My Time Is NowErik eu donc une jeunesse honorable, et se sortit avec les honneurs du lycée norvégien. Quand vint le moment des études supérieures, les parents Christensen décidèrent qu’il était temps que Johan et Erik quittent le nid familial, et partent faire les études en France, et particulièrement à Paris, où se trouvaient des facultés à renommée européenne, voire mondiale.
Cependant, fondamentalement, Erik n’était pas plus attaché que cela aux études, et au contraire se voyait plutôt être un homme d’action. Une bonne condition physique lui avait valu quelques médailles en sport de combat, qu’il exerçait en Norvège. Particulièrement les arts martiaux mixtes, qu’il appréciait tout particulièrement : même si cela apeurait un peu sa mère, cela lui donnait de la discipline et naturellement, la constitution et le développement de la force nécessaire pour les années à venir.
Erik finissait par être reconnu comme sportif de haut niveau en Norvège, où il fit quelques compétitions d’ampleur nationales. Ainsi, une fois arrivé en France, en tant que bi-national, il présenta un dossier pour entrer en formation à l’INSEP en STAPS et fut naturellement accepté, afin de concilier un diplôme et sa carrière sur les rings qu’il désirait garder plus que tout.
Erik déménagea donc de Norvège, pour partir en collocation avec son frère Johan qui était déjà parti dans la ville lumière depuis quelque temps, lui aussi pour poursuivre des études supérieures. Ils emménagèrent ensemble dans le quartier de Montparnasse, dans la Rue de Rennes. Tous deux aidés par leurs parents, ils payaient leur loyer sans trop avoir du mal pour les fins de mois.
Naturellement, le rythme entre sportif de haut-niveau et vie d’étudiant imposait une certaine rigueur et de flexibilité. Cela appris les efforts et l’abnégation à Erik, mais ce n’était pas non plus sans déplaire. Comme n’importe quel jeune homme découvrant la vie sans ses parents, et relativement séduisant, Erik s’adonna aux petits plaisirs de la vie, et notamment lors de soirées étudiantes qu’il fréquentait beaucoup.
C’est à une de ces soirées qu’il rencontra Virgile Hobbes qui, de connaissance de nom, devint un ami vraiment important dans le coeur d’Erik. Un collègue étudiant, qui devint rapidement un proche, un confident, et bien plus encore par la suite. Bien qu’ils n’avaient pas les mêmes chemins de vie, une alchimie passa tout de suite entre eux. Des blagues et des discussions fusaient entre les deux … Et des projets, bientôt.
Virgile était un déicide. Un groupuscule bien particulier, dont faisait partie les parents d’Erik qui traquait les divins et voulaient leurs morts… Du moins c’est ce qu’il avait appris, un jour, en recevant un coup de fil bien étrange de son père. Erik pourrait encore raconter la scène, une quinzaine d’années plus tard : il revenait d’un entraînement, le soir, et c’est à ce moment-là qu'il reçut un appel de Jesper.
Un appel en numéro masqué, provenant probablement d’un téléphone n’étant relié à un réseau tiers et intraçable. Il fit jurer à Erik de ne rien révéler sur ce qu’il allait raconter, et le fiston lui disait oui, tout de suite. Ayant trop peur qu’il annonce une horrible nouvelle, Erik avait approuver tout de suite, bien évidemment.
Ce qu’il ne savait pas en revanche, c’était que la nature de cet échange allait se révéler bien plus … Contraignant pour les années à venir. Jesper expliqua tout à Erik, sur les origines de sa famille, et sur les implications dans un groupuscule millénaire : une histoire digne des films, ou on révéla à Erik que les dieux existaient, que Jesper et Astrid avaient des preuves, et qu’il les combattaient … Auprès du groupuscule des Déicides. Et ils demandaient tous deux à Erik de rejoindre le mouvement en intégrant la cellule de Paris. Enfin, une demande qui était beaucoup plus tournée en obligation, maintenant que le pot-aux-roses lui fut révélé…
Mais ce soir-ci, Erik sentait que toutes les questions qu’il s’était toujours posées sur les divinités, les légendes et les mythes, allait enfin avoir un sens. Il pourrait peut-être en apprendre un peu plus sur les mystères de ce monde en rejoignant l’organisation, et lui aussi se forger peut-être sa propre histoire. Mais la vérité, c’est qu’Erik n’était pas d’une grande véhémence à cette époque-ci. Curieux oui, mais après tout, si les dieux existaient vraiment, comment pouvait-on les révéler au grand jour et les tuer ? Si certains, dont ses parents et son frère, y croyaient dur comme fer, pour Erik cela semblait tout à fait nébuleux.
Mais malgré tout, Erik avait accepté. Pour perpétuer la tradition familiale, rendre fier ses parents, et aussi parce qu’un groupuscule intellectuel comme cela intéressait le jeune Christensen, et lui permettrait sans doute d’ouvrir ses horizons de pensée, et de rencontrer des personnes intéressantes. Cela paraissait peut-être puéril pour quelqu’un qui avait l’engagement contre les divins chevillés au corps, mais pour Erik voilà tout ce que ce groupe représentait à cette époque.
Cela allait changer avec le temps bien évidemment.
Toujours est-il que le jeune Christensen rencontra donc Virgile après son intégration dans les déicides, et tout de suite, une amitié se noua entre les deux, et surtout d’abord sur le plan personnel. Il présenta par la suite Virgile à son frère Johan, et à son contact, Virgile semblait comme galvaniser dans son combat contre les dieux. Erik ne pouvait pas franchement en dire autant, mais il appréciait qu’un ami proche de lui s’entende bien avec le restant de sa famille.
Ainsi les années passèrent, et le rythme de la vie d’Erik se composait des études, des entraînements, et de temps en temps des soirées qu’il s’accordait pour se détendre.Un beau jour, Erik reçu un appel de son père : Jesper devait se rendre à Paris pour un déplacement professionnel. Un congrès qu’il devait suivre pour le compte de son entreprise, où se rendrait tous les grands cadors de l’armement européen. Si ce congrès était essentiellement porté sur le travail la matinée et l’après-midi, le soir cependant était consacré à un apéritif dinatoire, où des personnes accompagnant les cadres étaient acceptés. Jesper proposa cela à son fils pour passer un moment père-fils avec lui, mais aussi pour qu’il puisse rencontrer du monde de son milieu. Car si Erik était pour l’heure lancer dans des études de sport, Jesper savait qu’il était encore indécis quant à son avenir. Peut-être que ce congrès n’allait pas vraiment changer la donne, mais peut-être que cela pourrait donner du grain à moudre à son enfant.
Erik se rendit donc à la réception, et loin d’y rencontrer beaucoup de personnes qu’il pouvait ajouter sur LinkedIn par la suite pour entretenir son réseau professionnel et son personnal branding, il y rencontra l’Amour. Elle s’appelait Alisea. Ils furent présentés par une connaissance de Jesper : une dirigeante d’une grande entreprise de défense privé, Moira Flaherty. Alisea poursuivait des études de médecine. Elle ambitionnait d’être médecin légiste, pour aider la police et la justice dans les enquêtes, et analyser les cadavres et les morts. Une intention noble, qui n’avait à l’époque, pas mis tant la puce à l’oreille que cela au jeune déicide.
Alisea, était une femme merveilleuse, aux yeux d’Erik. Un teint clair, des cheveux longs tombant au milieu du dos, et un corps svelte et élancé qui aurait fait tourner la tête de n’importe quel garçon de son âge. Elle semblait immortelle et hors du temps, presque comme si elle ne faisait pas son âge.
Mais si Erik avait de lourds secrets sur ses penchants quasi sectaires auprès des déicides, Alisea en avait un encore plus grand. Car elle était une banshee. Une créature divine, aux pouvoirs surnaturels, qu’il ne valait mieux ne pas énerver sous peine de subir des affres d’un cri qui pouvait rendre n’importe quel humain sourd si elle le décidait.
Mais avec Erik, il n’y avait rien de tout cela. Elle était très gentille et attentionnée. Tant est si bien que les deux finirent par se fréquenter, une fois, deux fois, puis beaucoup d’autres fois, jusqu’à ce qu’ils se mirent en couple, tous les deux. Une mise en couple, qui, même s’ils ne l’avouèrent pas tout de suite, inquiétaient un peu Johan et ses parents.
Mais Erik était heureux, car il semblait avoir vraiment trouvé sa moitié : ensemble, ils discutaient de tout et de rien, elle semblait être intéressée sur tous les sujets, même les plus farfelus au sujet de l’histoire du monde, des mythes et des légendes qui passionnaient Erik … Et surtout, Alisea donnait du sens à la vie d’Erik. Elle lui donnait ce vent de fraîcheur nécessaire à sa vie routinière, et surtout elle l’aida à se sortir d’une mauvaise passe de sa vie.
Car si le jeune Christensen arrivait bientôt au bout de ses études de STAPS,empochant bientôt un grade de master, il se questionna sur le devenir de sa vie. Pratiquer les arts martiaux lui plaisait, et sans doute aurait-il pu participer à de nombreuses compétitions encore, mais il avait besoin de quelque chose qui donne du sens à sa vie, où il se sentirait utile, plus encore qu’il ne l’était sur un ring. Cette vague de crise existentielle, ce fut en partie Alisea qui la résolut.
Elle étant déjà en partie insérée dans le milieu médico-légal, elle présenta à Erik quelques amis, et de conversations en conversations, vint à l’idée du jeune homme, de s’engager en tant que Policier. Après tout, il le pouvait : il avait toutes les conditions pour, aucun problème juridique et la nationalité française. Sans ce contact qu’avait pu apporter Alisea à cette situation, probablement que la vie d’Erik aurait eu un tout autre sens aujourd’hui.
Alors ce ne fut pas de tout repos, mais Erik passa une batterie d’épreuve composant le concours pour être commissaire de police : il dût bachoter, beaucoup, car les épreuves, essentiellement centrées sur des thématiques juridiques, changeaient drastiquement de ce que le jeune homme avait pu voir au cours de sa vie pour l’instant. Après ces épreuves d’admissibilité où Erik fut reçu, il y eut des épreuves sportives dites de “pré-admission” qu’Erik réussit sans trop de problèmes, et enfin des épreuves d’admission, qu’Erik réussit là encore. Pour ces dernières, il eut de particulièrement de bons résultats en épreuve de langue étrangère : l’enfant bi-national qu’il était avait une culture assez polyglotte, et n’avait eu pas trop de mal à se débrouiller avec son texte en anglais,
Cette série d’épreuves, il n’aurait pu la réussir sans le soutien inconditionnel de son frère Johan et de sa compagne Alisea, qui l’aidaient autant que faire se pouvait pour passer ces épreuves au mieux. A ce moment de sa vie, Erik fréquenta beaucoup les bibliothèques parisiennes, presque tous les jours. Il s’y sentait mieux pour travailler. Aussi, il vint à se lier d’amitié avec une bibliothécaire, Caraïbe de Rochebrune, avec qui il discutait de temps à autres, lors des pauses qu’il s’accordait ou quand il avait besoin d’un ouvrage.
Une personne sympathique aux yeux d’Erik, et qui finit ultimement plus tard par lui parler du lien qu’elle partageait avec un certain Alexandre Durand. Un nom qui parlait un tout petit peu à Erik, car il semblait l’avoir entendu au sein des cercles déicides qu’il fréquentait. Il accordait donc un regard bienveillant à cette personne-là.
Erik dû s’y prendre à deux fois pour son concours, mais obtint le précieux sésame à la deuxième session du concours auquel il participa. Assez vite, Erik passa des concours internes pour rejoindre la section d’élite de la police : la Brigade de Recherche et d’Intervention.
Battle CryUne fois que Erik entra dans la BRI, il profita tout de suite d’avoir un salaire plus que convenable et une bonne situation, pour se trouver un appartement assez rapidement. Toujours dans le quartier de Montparnasse pour ne pas trop perdre ses repères, il prit ce logement avec sa compagne Alisea, et démarra un nouveau chapitre de sa vie avec elle. Dans la recherche de cet appartement, il fit bien en sorte de trouver quelque chose avec une chambre supplémentaire à la suite parentale.
Ils avaient tous deux des projets. Une perspective qui réjouissait particulièrement Erik.
Un déménagement, puis un emménagement, c’est toute une aventure, pour beaucoup de galère. Et parfois l’on égare des choses d’un point à un autre. C’était le cas des rideaux d’Erik et Alisea, qui sont parties dans les affres du déménagement. Des rideaux occultants de bonne qualité, et cela chagrinait le couple de ne plus les avoir. Cette petite chose du quotidien, a fait qu’au détour d’une recherche internet, et de discussion avec ses amis, qu’Erik a trouvé la boutique d’une certaine Pénélope Zervas. Une couturière au quartier latin, à qui il a rendu visite.
Au détour des demandes de rideaux, Erik sympathisa avec la grande dame, lui demandant conseil pour des vêtements, ou tout simplement en se renseignant sur sa vie ici. Bien qu’il soit de nature quelque peu réservé, quand il était en confiance, Erik n’hésitait pas vraiment à socialiser, et ainsi il pu se faire cette nouvelle amie assez rapidement … Qui allait se montrer assez déterminante, plus tard.
Du restant de sa vie, son quotidien à la BRI était loin d’être des plus simples. Mobilisable à toute heure du jour et de la nuit, y compris les week-end, souvent pour intervenir sur des théâtres d’opération difficile comme des manifestations ou des faits divers et variés, Erik avait finalement peu de temps pour lui, mais cela lui plaisait, car au moins il trouva un véritable sens à ce qu’il faisait dans sa vie : faire régner l’ordre et intervenir dans des moments où toute la France - ou du moins une partie - pouvait être apeuré, il y avait une certaine gratification à faire cela.
Cela l’endurcissait, aussi. Car de drame en drame, et d’intervention en intervention, Erik apprenait à avoir main mise sur la gâchette plus facilement, et il se construisait aussi une carapace mentale, afin que tout ce qu’il voyait dans son travail ne l’atteigne pas facilement. Cela lui demanda un certain temps, mais il prit le pas et devint un autre homme. En tant que commissaire de police, il intégra rapidement le corps de commandement et de conception de la BRI, et cela lui permit de développer de vraies stratégies et un bon sens tactique, mais aussi un sens de commandement de troupes. L’on pensait les choses différemment quand on avait le sort de plusieurs personnes entre nos mains, et Erik en fit le constat assez rapidement.
Ce qui participa à sa métamorphose également, était le fait que pour la toute première fois de sa vie, Erik devint père. On prépare la vie d’un homme à beaucoup de choses, mais à être père, jamais. On peut être plus ou moins dégourdis, mais l’on est jamais véritablement
prêt à avoir un enfant.
Cet enfant, qui est une fille, nait en fin d’année 2018. C’est probablement un des plus beaux jours de la vie d’Erik, car il a cet enfant avec une femme qu’il aime, et se sent investi d’une nouvelle responsabilité sans pareil, pour transmettre des choses et faire en sorte que l’enfant vive dans les meilleures conditions possibles.
Elle s'appellera Flora, et malgré de nombreux grands cris de l’enfant qui sonnaient comme particulièrement dérangeant pour les oreilles de l’humain - et paradoxalement pas temps pour celles de sa femme -, les premiers mois ressemblent à une vie de rêve pour Erik, jeune parent qui était fier de sa petite famille … Néanmoins l’année 2019 va sonner un tournant pour la vie du jeune franco-norvégien.
Rest In Peace Nous sommes en Août 2019, et tout se passe lors d’un long week-end à la campagne qu’Erik avait pris avec Alisea. Des vacances bien méritées après une année scolaire de travail s’étant avéré difficile pour Erik, qui se sentait de plus en plus pressurisé au travail que mis au défi.
Fort heureusement, sa femme et son enfant étaient là pour lui remonter le moral quand ça n’allait pas. Une façon de les remercier était qu’il avait pris ce grand week-end de congés, réservé un gîte confortable, et pour une après midi et un soir, il avait engagé une nourrice pour s’occuper de leur enfant. Il emmènerait Alisea avec lui pour un moment entre amoureux.
Malheureusement, tout ne se passa pas comme prévu, loin de là. Alors qu’ils engageaient une petite balade en forêt, découvrant avec plaisir des paysages non bétonnés, où la Nature avait encore tous ses droits, chose que aimait particulièrement Alisea (mais qui ne rassurait pas vraiment Erik, et cela n’allait pas s’arranger).
Ils marchèrent tranquillement ainsi pendant plusieurs minutes, profitant d’un moment de paix tous deux … Quand tout à coup, en quelques instants à peine une silhouette dont le visage était caché par l’ombre d’un grand arbre se montra, et tendis un pistolet, duquel sortit une balle.
“Sale banshee, tu diras à ta salope de patronne qu’on la salue !”
Entendit-il juste après la détonation.
Pris par surprise, Erik pris sa femme pour la plaquer au sol … Mais il était trop tard. Il était une fraction de seconde créée par la surprise, trop tard. La balle avait touché entre les deux yeux, juste avant que le commissaire de la BRI ne pousse sa femme au sol.
Erik s’arrêta net, pilant devant le visage de sa femme qui s’était immobilisé d’un seul coup. Il refusait d’y croire. Mais il savait très bien ce qui s’était passé en observant son regard vide, il n’en tirerait pas grand chose. Lui qui avait dédié tant d’années de sa vie à la défense des autres, était incapable de sauver sa propre famille.
Pris d’adrénaline, il se releva vite, se basant sur ses réflexes d’instinct pour poursuivre l’assaillant … Mais rien n’y fit. Il semblait avoir disparu, aussi vite qu’il était venu. Comme s’il avait été aspiré par les ombres dont il était venu … Comme s’il avait distancé en un rien de temps un commissaire de police surentraîné.
Erik était dévasté. Plus les minutes passèrent, plus il repensait à tout ce qui venait de se passer.
“Sale banshee”,
“ta salope de patronne” … Les mots résonnèrent dans l’esprit du jeune Christensen sans trouver tout de suite de sens.
Il retourna au corps de sa femme, sans vie, et pleura toutes les larmes de son corps. Il resta là plusieurs heures, ne comprenant pas et ne sachant pas quoi faire. Mais passé la tristesse, l’esprit d’Erik se remis en fonctionnement.
“Sale banshee …”Les cris forts de sa fille, la quasi-passion de sa femme pour son métier de médecin légiste, qui n’était pourtant pas un métier facile, en plus de l’altercation qu’il avait vu… Une sorte de puzzle commença à se mettre en marche dans l’esprit du jeune Christensen.
Les jours passèrent, et alors que le quotidien d’Erik oscillait entre s’occuper de sa fille et ses pleurs personnels, ainsi que s’occuper des nombreuses démarches pour la fin de vie de sa femme … Il fouilla méticuleusement dans les affaires d’Alisea et pris des renseignements pour essayer de reconstituer le puzzle. Erik chercha dans un premier temps à contacter des membres de sa famille, mais étrangement malgré de nombreuses recherches, il ne trouva rien de probant. Les déclarations d’état civil ne menaient à rien : la mère d’Alisea avait accouché sous X. Alors Erik retroussa ses manches, et inspecta méticuleusement ses profils sur les réseaux sociaux, ses échanges de sms, ses dossiers personnels … Et surtout, beaucoup d’informations sur les banshees. Il trouva alors quelques indices qui collèrent avec ce qu’il avait vécu et vu : s’attachant à des hommes particulièrement valeureux, mais aussi étant particulièrement attachés de près à la mort dans de nombreux folklores, ainsi que leur cri si caractéristique …
Erik ne se trouva point particulièrement valeureux, mais pouvait comprendre que son profil de jeune athlète pouvait intéresser alors. Cela expliquait aussi la passion pour le métier de médecin légiste de sa femme… Ainsi que les cris très forts et puissants de sa fille nouvelle-née … Mais ce don pouvait-il seulement passer des générations ?
Et en tous les cas, sur quoi se baser si ce n’est des légendes ? Erik n’avait pas de preuves concrètes de ce qu’il avançait …
Restait le point fâcheux de la “patronne” qu’Erik avait entendu alors. Tout ce qui vint à l’esprit du jeune Christensen après plusieurs jours de réflexion, c’était la personne qui les avait fait se rencontrer : cette connaissance de son père Jesper, lors de cette soirée d’entreprise …
Il trouva un numéro de Moira Flaherty dans le téléphone d’Alisea, et appela avec son propre téléphone… Et le numéro sonna comme non attribué, avec son téléphone, ou celui d’Alisea.
Évidemment, pensa Erik. Cette histoire devint de plus en plus étrange. Il se renseigna sur tous les moteurs de recherche qui existaient, mais rien n’y fit : des descriptions publiques et faits saillants de Moira Flaherty apparaissaient bien, mais il était impossible d’avoir une adresse mail directe, ou un numéro de téléphone. Évidemment, l'accueil de sa société refusait tout rendez-vous direct avec la dirigeante, et impossible de joindre un ou une assistante. Erik roula des yeux, dépité. Malgré tous ses efforts fournis, cette affaire ne se résoudrait pas toute seule.
Un beau soir alors qu’il fouillait des choses dans sa chambre, Erik trouva une lettre, caché parmi des affaires au fin fond d’un tiroir dans le bureau d’Alisea.
- Citation :
- “Mon amour,
Je t’aime, je t’ai caché des choses, et j’en suis désolé.
Notre fille ne devra jamais aller à l’Église de l’Unique … ”
Erik voulut lire la suite de cette dernière phase, mais hélas, la lettre ne semblait pas terminée. Cependant, cette lettre laissa le jeune Christensen avec plus de questions que de réponses.
Alisea lui avait caché des choses. Sa fille ne devait jamais approcher de l’Église de l’Unique … Bien que cela n’était pas dans les intentions d’Erik, pourquoi se sentait-elle le besoin de le repréciser ? Il est vrai qu’ils n’avaient jamais trop parlé religions tous les deux, alors peut-être pensait-elle qu’Erik aurait voulu faire baptiser Flora ? Alisea était-elle une déicide elle aussi ? Pour quelle raison Erik n’en avait jamais entendu parler dans ce cas ? Ou alors … Erik et Alisea avaient enfanté ensemble une banshee, et pour une raison obscure, l’Unique s’était mêlé de tout cela ?
Erik avait la sensation de devenir fou, et de ne plus croire en rien. Il n’avait jusqu’à lors jamais cru les histoires et les dires des déicides, à propos des dieux, et de ce dont ils étaient capables pour influencer les humains. En vérité, que cette histoire soit sortie de son imagination, ou pas, il avait la sensation de s’être fait berner de bout en bout.
Le jeune homme était groggy, ne sachant plus qui croire, ou plus quoi faire.
Mais après la tristesse, vint la colère.
Il lèverait le voile sur ces histoires, et si les divins avaient décidé de ruiner sa vie, alors il ruinerait la leur à son tour.
Il empoigna son téléphone, envoya un message à Virgile, lapidaire, mais suffisant pour qu’il comprenne :
“Ils vont tous payer.”
Ils allaient leur faire regretter à tous, de lui avoir caché des choses. Il était grand temps de faire le ménage.
Cult Of PersonnalityLa mort d’Alisea changea radicalement l’état d’esprit d’Erik, et ses motivations dans la vie. D’un être relativement banal, menant une vie normale, il décida de poser sa démission auprès de la BRI du jour au lendemain : il n’était plus question qu’il passe ses journées à défendre la vie des autres, il était déterminé à retrouver l’assassin de sa femme et lui faire payer.
Lui, et toutes les autres divinités qui se trouvaient suffisamment au-dessus des lois pour se croire capable d’ôter la vie d’une personne comme cela sans conséquence, ils allaient tous payer. Tous, sans la moindre exception.
Il n’avait plus qu’à trouver un travail plus classique, lui permettant d’avoir suffisamment de temps pour ses “petites activités” extra-professionnelles, en plus de s’occuper de son enfant, et tout irait comme sur des roulettes.
Alors comme toutes personnes qui ne savait pas par où commencer, Erik chercha, longtemps. Il mobilisa Virgile avec lui, et ensemble ils accomplirent un travail de recherche, avec le peu d’informations qu’ils avaient.
Erik revint à l’essentiel : il se montra de plus en plus souvent dans la cellule déicide de Paris, qu’il avait délaissé ces dernières années au profit de sa petite famille, et repris un contact régulier avec Johan, son frère, qui contrairement à lui, n’avait jamais abandonné le combat.
Il était déterminé. Dans les recherches qu’il entreprit, il rencontra Masha Lancaster. Une personne gentille qu’Erik apprécia vite. Elle en savait tout un rayon sur les divinités, et semblait passer beaucoup de temps avec les déicides encore jeunes, qui désiraient en savoir plus sur le véritable monde qui les entouraient. Il se lia d’amitié avec elle, et la questionna beaucoup, sur tous les panthéons existant, pour emmagasiner un maximum d’informations.
Il fallait qu’Erik remonte une piste, n’importe laquelle.
Dans son obsession, il allait jusqu’à traîner sur des forums internet de croyants, mais aussi parfois douteux et conspirationnistes, sur lesquelles il se renseignait sur des questions comme “Dieu est-il vraiment mort ?” “Manifestations divines à travers les âges” “Comment devenir un dieu ?”.
Au-delà des éventuels scams sur “comment agrandir la taille de son engin et devenir un dieu au lit” pour la dernière question, Erik tomba sur toujours les mêmes types de profil, des croyants et sceptiques qui discutaient de toutes ces choses.
Un nom revint souvent, dans les topics qu’il faisait défiler : Parmesh Sethy, un homme qui semblait intéressé, qui questionnait très souvent l’immortalité des dieux, et avec qui Erik discutait de temps à autre via différents sujets, puis de façon régulière. Il habitait à Istanbul, et Virgile ne tarda pas non plus à entendre parler de son nom. Ils tissèrent un lien d’amitié virtuel ensemble, tant est si bien que le duo parisien se disait qu’ils se paieraient bien un voyage à Istanbul, un jour, pour le rencontrer.
Pendant ce temps de recherches, Erik se posa de nombreuses questions. Cette quête de trouver une trace d’un divin devint plus qu’un objectif personnel, il s’agissait d’envoyer un message. Il avait aimé sa femme, et continuerait à élever son enfant… Mais elle était une créature. Une incarnation d’un divin, qui, qui sait, aurait pu être tout à fait là pour la surveiller, soutirer des informations sur des dossiers personnels … Qui sait même les dégâts qu’elle aurait pu faire actuellement, tout en bernant la confiance d’Erik
Après tant de fouilles et de recherches internet, Erik trouva finalement quelque chose qui l’intéressa : la personnalité publique Midnight Richards. Au premier regard, il s’agissait d’une femme d’affaires tout ce qu’il y avait de plus banale : à la manière de Jean Roch, il s’agissait d’une dame qui oeuvrait pour le monde de la nuit : à la tête de plusieurs clubs privés très sélectes, elle semblait une personnalité influente de ce milieu là. Mais ce que Erik trouva en creusant, était “inquiétant” : son empire ne s’était pas faite en un jour, bien sûr, et d’abord il avait trouvé plusieurs photos d’elles avec d’autres influenceurs du monde moderne … Des photos prises il y a plusieurs années, mais sur lesquels Midnight avait toujours l’air bien jeune … Chirurgie esthétique, ou bien fontaine de jouvence ? Rien n’était moins sûr. Ce qui lui mis encore plus la puce à l’oreille, c’était les rumeurs qui sortaient de ces soirées : on faisait trinquer plusieurs fois les personnes inventées à la gloire de Midnight Richards … Ce qui était un peu étrange, quant on y réfléchissait : personne dans des clubs, ne trinquait pour l’homme ou la femme d’affaire qui avait fondé l’institution, on trinquait plutôt pour les artistes qui y performaient chaque jour … D’autres avec lui sur le Dark Net partageaient cette impression étrange sur cette personne.
Ce qui était une enquête à la base, tourna bientôt à l’obsession, et Erik se documenta de toutes les façons possibles. Lors de nuits où il stalkait ses différents comptes sur les réseaux sociaux, il envoya un message à Virgile :
“J’ai une idée. Je t’en parle demain.”
Erik et Virgile se retrouvèrent au sein de la loge déicide de Paris, et ainsi le jeune Christensen révéla tout ce qu’il savait et pensait au sujet de Midnight Richards, et décida de mettre Virgile sur le coup, pour que lui aussi cherche avec lui : il faisait partie de ces intellectuels du groupuscule, il comptait sur lui à ce titre. En parallèle de ce sujet là, Erik fit part d’une idée à Virgile : lors de son enquête au sujet de Midnight, il s’était aperçu que de lui-même, il avait dressé tout une cartographie pour savoir avec qui cette personne partageait des liens.
Cela lui avait donné une idée : dresser un grand fichier, récapitulant toutes les connaissances des personnes suspectées par l’Ordre, et les liens qu’ils avaient avec elles. Reconstruire de grands cercles sociaux virtuels, pour qu’ils puissent prouver des choses et bâtir des hypothèses plus rapidement. Le tout regroupé dans un fichier, qui trouva rapidement un nom.
Le Fichier Mirage.
Un nom donné en hommage au caractère évanescent des dieux, et à leur volonté de rester caché et de tromper les humains. Ils allaient bientôt tous être révélés.
Et à ce sujet bientôt, une nouvelle eut l’effet d’un coup de tonnerre dans la cellule déïcide parisienne : Johan, le frère d’Erik, venait de tuer Odin. Le jeune Christensen savait plus ou moins qu’il était sur sa piste, car il avait souvent parlé de Voyageur à son jeune frère dernièrement, mais jamais il ne pensait qu’il était aussi près d’avoir quelque chose.
Mais bientôt la nouvelle se répandit, et quelques semaines plus tard, Johan fut aussi nommé chef des déicides à Paris. Erik était fier de lui, car il avait créé un exploit. Mais Erik voulait aussi rendre fier Johan. C’est pour cela qu’il mit les bouchés doubles pour se rapprocher de Midnight.
Heureux coup du sort, et jeu de relations auront fait qu’Erik s’est rapproché de Midnight avec plus de vitesse qu’il ne l’aurait cru. Il découvrit que chez les déïcides, il n’était pas seul sur la piste de Midnight. Sammuel, un de ses collègues déicides parisiens avait réussi à infiltrer un de ses clubs où Richards se rendait habituellement … Il avait organisé un attentat là-bas mais … Malheureusement pour lui, cela ne se passa pas comme prévu. Probablement trop distrait, ou pas assez préparé, on le retrouva mort, tandis que Midnight elle, était belle et bien vivante. Était-elle suffisamment protégé, ou l’avait-elle tuée de ses mains ? Rien n’était moins sûr, et probablement était-ce un peu des deux.
C’était dommage pour lui. Mais pas dommage pour Erik, qui vit dans cette tentative assassinat une opportunité de se faire son trou. Alors il entrepris de nouvelles recherches, pour entrer en contact avec elle : il avait un plan digne des plus grands films d’action. Il allait infiltré la sphère personnelle de la starlette en devenant son garde du corps, et ainsi pouvoir enquêter au plus proche, et éventuellement agir quand ses soupçons seront confirmés.
Et c’est par un malin coup du sort qu’Erik finit par avoir son premier contact avec la femme d’affaire. En discutant avec Pénélope, la couturière du quartier latin dont il était proche, qu’il était passé voir pour une petite retouche à faire sur un de ses vêtements, il découvra que celle-ci se trouvait être en bon termes avec Midnight, ou du moins qu’elle la connaissait … Chose qu’Erik trouva étrange, mais il ne posa pas plus de questions que cela dans un premier temps.
Le jeune Christensen expliqua alors la situation à Pénélope, en spécifiant le fait qu’avec sa nouvelle vie loin de la BRI, il était prêt à accepter un travail de garde du corps personnel … Pénélope lui promis d’en parler à Midnight, et Erik laissa alors sa carte de visite.
Il ne fallu pas plus que de quelques jours plus tard, pour qu’il se fasse recontacter par ladite Midnight. Vint alors l’entretien qui n’eut pas son pareil, où la femme d’affaire testa sa motivation en demandant si Erik avait vraiment envie de travailler pour une star insupportable de caprices qui le contraindrait à des horaires éreintants et erratiques … Mais c’était mal connaitre le jeune Christensen que de lui demander cela : son passé de soldat d’élite l’avait forcé à un tel mode de vie, et lui avait surtout appris à résister à toutes sortes de pressions. Il avança cet argument, se montrant professionnel, et particulièrement déterminé … Il ajouta même que “s’occuper d’un joli minois serait sûrement plus facile que de s’occuper d’un gouvernement qui n’en avait rien à faire de ses soldats”, et la formule fit mouche.
Erik fut pris à l’essai auprès de la femme d’affaire influente.
Game on. Il ne restait plus qu’à en apprendre plus sur elle, et la coincé. Mais tout venait à point, à qui savait attendre.