Ma demeure, mes lois [Intrigue I - Terminé]

La divinité celtique boudait considérablement, pendant que son épouse arrangeait tantôt la cravate, tantôt le col de la chemise. Elle débitait mille et une bêtises sur la soirée à venir, qu’il n’écoutait que d’une oreille. Son esprit était occupé par mille autre pensées, dont notamment la nostalgie de son ancienne enveloppe charnelle qui n’avait nulle attache et obligation et le regret de s’être emparé de cette enveloppe qui était un époux, un père de famille et surtout un membre rattaché à une famille de la noblesse anglaise !

La fuite avait été envisagée, mais il avait vite conclu qu’elle était impossible. Cette famille vivait à Paris, or il ne pouvait pas quitter cette ville qui était le centre de ses affaires et également un haut lieu où les nouvelles sur les divinités et les panthéons étaient foisons. Ensuite, la Cour de Justice refusait de lui octroyer cette liberté, loin de cette épouse et de ces enfants conçus bien avant qu’il n’arrive, en raison du caractère violent et démentiel de l’un de ces derniers : soit il devait vivre avec eux et confiait cette gamine problématique à la mère, soit il devait accepter de divorcer et se voir avec deux gamins entre les pattes. Il aurait pu jouer le père indigne et violent, mais il n’était pas une divinité aussi grossière, aussi vulgaire et surtout aussi stupide à risquer une réputation, un travail, voire une fortune si le Tribunal venait à se mêler.

Alors, contre gré, il est resté et il a maintenu autant que possible le rôle d’époux et de père de famille. Il ne compte plus le nombre de fois où il a eu à serrer les dents jusqu’à presque s’en briser la mâchoire, lorsqu’il était nécessaire de célébrer les fêtes chrétiennes, ou lorsque cette même mâchoire a failli se décrocher tant son ennui était mortel à quelques enterrements de famille. En dix ans, Louis Tessier – son enveloppe, et sa nouvelle identité – avait vite gagné la réputation d’un homme qui avait changé à sa crise de quarantaine, gagnant en assurance et en énergie, tout en se forgeant la réputation d’un homme arrogant et infidèle. On l’aimait, on le détestait, mais on restait difficilement indifférent.

« Noël, Noël ! Vivement que ces gosses renient cette horreur en temps et en heure, et on arrête cette mascarade ! » pensa-t-il. Il avait tenté, à bien des reprises, d’éloigner cette petite famille de l’influence du Dieu Unique, en manquant les messes du Dimanche ou encore en tentant d’inculquer à chacun les beautés des anciens rites du panthéon celte, mais en vain à ce jour ! Il était toujours à accueillir des gens, tantôt de la famille, tantôt des amis, dans « sa » demeure et pour fêter cette horrible fête qu’on nomme « Noël ».

Les premiers convives ne tardent pas, appâter par la promesse d’un somptueux buffet, de la possibilité d’étendre son réseau et également d’admirer quelques beautés artistiques et historiques que la famille Tessier collectionne et garde jalousement dans cette belle demeure. Pour l’occasion, et pour pouvoir se pavaner comme un petit paon, Taranis avait demandé à ce que certaines œuvres rares sortent des coffres et soient exposés dans les couloirs de cet appartement aussi grande et spacieux qu’une maison, en plein cœur de la Capitale.

En raison de cet effort, et d’un certain attachement à certaines œuvres, Taranis avait été très strict : personne ne rentre sans une invitation. Evidemment, la personne pouvait venir accompagner, d’une seule et unique personne, et cette dernière sera enregistrée dans un registre tenu par un homme de la sécurité. Aucun inconnu ne mettra pied dans sa demeure, et personne ne causera le moindre souci. Autrement, il sévira.

Son regard ne tarde pas à se balader parmi les invités, et il reconnaît bien vite de nombreux visages. A contrecœur, il se décide à faire un tour auprès de chaque convive. Lorsqu’on lui souhaite un bon Noël, il préfère simplement dire « Merci, amusez-vous bien ! ». Certains le retiennent, d’autres le laissent vaquer à ses occupations. Sans tarder, ses pas l’amènent devant un groupuscule de femmes qu’il connait que trop bien.

Spoiler:

Ma demeure, mes lois

Louis, Masha, Celeste & Cie

Oh my God, it's here, this awful time of year, but this is my chance to sew their lips clean shut with fear, because this Christmas, I'll burn it to the ground ! ▬ Set It Off

Noël 2020— Chez les Tessier

Dire que Celeste avait attendu cette soirée avec une impatience grandissante aurait été un euphémisme ; plus la date avait approché et plus elle s’était sentie imploser. La veille, elle aurait littéralement pu passer pour une enfant capricieuse ayant mangé trop, beaucoup trop de sucre. Il lui avait fallu retourner son appartement pour trouver de quoi s’habiller convenablement — entendez : se fagoter d’une tenue à la fois élégante mais suffisamment confortable pour éviter de trop se ridiculiser si elle se cassait la gueule — avant de trouver un présent pour l’hôte et l’hôtesse de maison. Et, qu’offre-t’on à un homme, un couple qui possède déjà virtuellement tout ? Elle avait passé bien du temps à se creuser les méninges sur cette question, avant de jeter son dévolu sur quelque chose de simple et de plus pratique : son cadeau n’irait qu’à Louis, finalement et elle aurait plus de marge de manœuvre.

Entrer dans la demeure des Tessier n’était pas chose aisée — même quand on s’était acopiné avec le patriarche — et chaque occasion était accueillie avec une délectation qui frisait parfois l’obsession, chez l’italienne. Après tout, il y avait tant à voir, chez Louis, et, qui disait soirée de Noël disait aussi buffet à volonté et alcool… Alcool à volonté. Et, elle qui n’avait ni responsabilités pour les jours à venir, s’était promis de profiter à fond de cette soirée ; elle méritait de se lâcher un peu, n’en déplaise au balais qu’elle avait souvent dans son…

Enfin prête et en chemin, elle avait envoyé un message à Masha qu’elle devait retrouver devant chez louis. Hm… Masha et le petit con était cousins et Celeste avait d’abord eu du mal à le croire, avant de se rendre à l’évidence : ils partageait tous deux certains traits que Celeste adorait, et qu’elle trouvait tout à fait rafraichissant. Il n’y avait que peu de personnes avec qui elle pouvait se laisser aller totalement à être elle— sans filtre et sans pudeur — et Masha et Louis faisait partie de cette petite brochette de privilégiés… Enfin, privilégiés, cela dépendait clairement des circonstances. Et, à l’arrière de son taxi, Celeste s’impatientait encore, fouillant son sac à main, faisant l’inventaire de son contenu encore et encore, tant et si bien qu’elle fut arrivée devant chez les Tessier en une vitesse record. Sa bouteille de vin sous le coude, son sac à main sous l’autre, elle sortit aussi gracieusement que possible du véhicule avant de trottiner vers Masha, un large sourire de Cheshire placardé sur le visage. Oh… Oh que cette soirée allait être divine. « Buonasera, poche à vin ! » Une accolade — ou un câlin plutôt — plus tard et Celeste lui tendit son téléphone. « Mais prima le cose importanti*, tiens, prends ça. Je sens que c’est le genre de soirée où je ne dois pas avoir accès à ce téléphone, sinon demain, je vais être couverte, couverte de honte ! » Et Celeste parlait d’expérience : plus d’une fois, l’alcool aidant, elle avait envoyé photos et messages compromettants à des gens, avant de le regretter le lendemain et de se sentir tout à fait ridicule… Aussi prenait-elle maintenant ce genre de précaution, faisant confiance à Masha pour garder son précieux iPhone.

Le bordel de l’entrée passé — le videur faisait peur, vraiment — et les invitations présentées, Celeste avait vite, bien vite trouvé le bar pour s’y prendre la première — d’une longue série — coupe de champagne et y déposer sa triste bouteille en gage de politesse. Chez les Tessier, on recevait fort bien, et nul doute qu’elle buvait un sacré cru… Il faudrait le savourer, alors, avant que le goût ne se perde sur des papilles en état d’ébriété. Un coup d’œil à son amie et Celeste sourit. « Dis donc, tu vas briser des coeurs, ce soir, dis-moi ! » L’italienne avait opté pour un costard noir, tout en simplicité, mais qui lui permettrait de garder un peu de sa dignité si nécessaire ; au moins, elle ne risquait pas de montrer son cul à la galerie si elle faisait un soleil en trébuchant sur dieu-sait-quoi !

D’un coup d’œil, elle étudia la foule et la salle de réception dans son ensemble — elle reluquait plus les œuvres que les gens, vraiment — et fut ravie de voir Louis s’approcher d’elles. « Ah, voilà donc notre merveilleux hôte… Comment va, vieux slip ? » Elle n’était pas étrangère à ses infidélités et surtout à son amour pour ce genre de réceptions, celles pendant lesquelles il devait se farcir la « Madame ». « Hm, avant que j’oublie : c’est juste un petit quelque chose, rien de bien sérieux, vraiment. Joyeux Noël. » — elle prit une gorgée de champagne — « Ouvre le plutôt loin de madame, polpette**, je ne voudrai pas mettre le trouble dans votre couple. » Pouffant dans sa flûte, elle but encore. « Ce champagne, excellent, vraiment excellent. J’espère qu’il y en aura assez pour ce soir ! » Ses intentions étaient claires comme le jour : Celeste allait se pinter, se la coller, finir torchons-chiffons-carpette et elle espérait que Masha et Louis n’allaient pas la laisser seule dans cette entreprise.

@Gasmask

HRP:

I wish you a merry christmas

Noël chez les Tessier

" Masha, trésor, tu peux me ramener la robe que j'ai prévue pour ce soir s'il te plaît ?" Je soupire légèrement et regarde l'heure. À la base, il avait été question de rester à Londres pour fêter Noël et puis l'invitation de Louis était tombée et elle avait acceptée et nous voilà de nouveau à Paris, dans mon appartement qu'elle jugeait trop petit et mal rangé. C'est sûr qu'à côté du manoir qu'elle avait pour elle toute seule désormais - enfin avec les trois serviteurs - mon chez-moi pouvait lui paraître petit. Je lève les yeux au ciel, n'écoutant pas la moitié de ce qu'elle me disait, parce que cela ne m'intéressait pas. Avec un peu de chance, elle allait trouver des gens avec qui parler et oublier ma présence, je pourrais profiter avec Celeste et Caraïbe. La première était invitée et la seconde, je l'avais invitée afin qu'on puisse s'amuser un peu. Évidemment, c'était sans compter sur ma mère qui jouait les rabats-joies. Je lui tends sa robe dans l'entrebâillement de la porte et file dans la cuisine, boire mon verre de vin, pendant que je le pouvais. Il lui faut encore plusieurs minutes pour l'enfiler et elle me demanda ensuite de l'aider à la fermer. Je soupire et entre dans la salle de bain en secouant la tête. " Maman, dépêches-toi ! Je dois prendre ma douche moi aussi, à ce rythme, on va être en retard pour passer prendre Caraïbe !" " C'est un dîner en famille tu..." " Maman, arrêtes ! Louis a invité la moitié de Paris !" " Bien ça nous fera plus de chance de trouver un mari digne de ce nom." Je m'étouffe à moitié et soupire en secouant la tête et en fermant la fermeture éclair qui se trouvait dans son dos d'un mouvement brusque. " Mais oui ! Trouver un mari à la réception de mon cousin et passer le reste de ma vie à lui mentir sur ce que je suis ! Mais quelle bonne idée ! Maintenant tu sors, j'ai besoin de me doucher." Je suis tendue, pas par la soirée, mais à cause de ma mère. La douche fut vite prise et j'enfile les affaires que j'ai choisies, avant de sortir et de croiser le regard désapprobateur de ma mère. Visiblement, ce que je portais ne lui convenait pas, mais tant pis, pas le temps de changer ! Une robe rouge classique aux manches trois-quarts arrivant aux genoux et des escarpins de la même couleur. Je l'ignore et me rends dans ma chambre pour me coiffer. J'avais coupé mes longs cheveux bruns en un carré et j'étais assez fière de moi pour le coup. Une touche de maquillage et je fus prête. J'enfile un manteau, pris mon sac et prends ma mère a mon bras libre avant de sortir de chez moi et rejoindre la rue où nous attendait un taxi. Lui donnant l'adresse ou on devait retrouver mon amie, je sors de la voiture et lui fit signe. " Tu es ravissante ! Par contre je suis désolée, mais ma mère est avec nous pour le reste du trajet..." J'eus une légère grimace, lui faisant comprendre que ça ne m'enchantait pas, avant de la laisser monter et de m'engouffrer à sa suite. Donnant cette fois l'adresse de chez Louis, je pousse un léger soupir. " Je te présente mon amie Caraïbe et voici ma mère Elizabeth Lancaster." Et tout le reste du voyage, on l'écouta dire que Londres était mieux que Paris sur bien des points et elle tenta d'expliquer à Caraïbe ce que notre famille représentait au sein de notre pays et tout ce qui allait avec... Et moi, je priais pour qu'on arrive bientôt, parce que j'allais avoir besoin d'une sacrée quantité de vin pour oublier ce début de soirée désastreux. Et finalement, on arrive à destination et je pousse un soupir de soulagement. Je sors du taxi et le payes pendant que les deux femmes en sortent. J'entends mon téléphone vibrer et je vois que Celeste est sur le chemin et qu'elle arrive elle aussi. Parfait ! Un sourire se dessine sur mes lèvres tandis que ma mère s'éloigne enfin parce qu'il fait trop froid dehors et qu'elle a hâte de retrouver certaines de ses amies. Je respire enfin et me tourne vers mon amie. " Je suis sincèrement désolée pour ça... J'aurais préféré qu'elle reste à Londres, mais elle tenait absolument à venir et..." Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que j'entends la voix de l'Italienne derrière moi. Je me retourne et la prends dans mes bras également. Et elle me confia son téléphone et j'eus un sourire amusé sur les lèvres. " Pas de messages que tu pourrais regretter demain ? Quel dommage..." Je ris légèrement et je laisse les deux femmes se saluer alors que je range le téléphone de mon amie dans mon sac. Et sans plus attendre, on se dirige à l'entrée. Louis n'avait pas fait les choses à moitié, ce qui était tout à son honneur d'ailleurs. Et naturellement, on se dirige vers le bar. J'allais avoir besoin d'une quantité astronomique de vin et de champagne pour effacer les moments passés avec ma mère depuis le début de la soirée de ma mémoire. Je souris à la remarque de Celeste et prends une coupe à mon tour. " Ce qui est une mauvaise chose, d'après les dires de ma mère qui désespère que je me trouve un mari..." Je ricane légèrement avant d'apercevoir le cousin qui venait vers nous. Tout naturellement, un sourire taquin se dessine sur mes lèvres. " Je te préviens, ma mère est ici, si les petits fours ne sont pas à son goût, tu va l'entendre te le reprocher pour les dix prochaines années !" Au bas mot. Je hoche la tête légèrement quand l'Italienne parle du champagne avant d'avoir un léger sourire. " Je te présente mon amie Caraïbe et voilà mon cousin, Louis Tessier." Trop de présentations pour ce soir. Mais au moins, c'était fait. Maintenant, on pouvait passer aux choses plus amusantes !

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« Caraïbe ? Quel prénom… original. » lui avait dit la mère de Masha en faisant sa connaissance mais la légèrement hésitation dans sa voix et ses lèvres crispées avaient bien fait comprendre à la jeune femme ; vêtue d’une magnifique robe gris perle et noire (cadeau de sa grand-mère qui ne la trouvait pas assez féminine mais qu'elle avait dû faire raccourcir), maquillée sobrement de façon à faire ressortir l’intense bleu mer de ses yeux, et coiffée d’un chignon torsadé qu’elle portait bas sur la nuque ; que contrairement à ses propos elle ne trouvait pas son prénom original mais déplacé ou grotesque. La jeune franco-espagnole, cependant, préféra se montrer bien élevée et ne pas relever la mimique que sa grand-mère avait souvent eue dans son enfance. Elle essaya, tant bien que mal, de ne pas répondre aux propos de la mère de Masha qui n’avait de cesse d’essayer de se faire mousser en parlant de la famille royale britannique dont elle si proche. Elle retint une réponse cinglante de justesse. Elle aurait pu dire que sa mère était une amie d’enfance de la Reine Letizia d’Espagne et que cette amitié lui avait ouvert les portes de la royauté espagnole mais… à quoi bon ?

Notre parisienne dans l’âme (et barcelonaise de cœur) ne put, cependant, se retenir de répondre aux attaques de la Lancaster contre Paris. «Oui… J’imagine que pour les personnes ayant déjà un pied dans la tombe cette ville de personnes âgées doit sembler le paradis. D’autant plus qu’avec leur palais atrophié les vieilles gens ne font plus la différence entre la véritable gastronomie et la nourriture de cantine… » Le tout dit d’un ton songeur en regardant par la fenêtre.

Elle manqua de fuir quand elles arrivèrent devant l’immense demeure des Tessier. Elle fut sur le point de prendre les jambes à son cou quand Masha lui présenta une superbe italienne qu’elle connaissait déjà, surtout de vue, car assidue à la bibliothèque où elle travaillait : Celeste Giacovelli. Et enfin le maître des lieux, le fameux cousin Louis Tessier.

« Je suis enchantée de faire votre connaissance et je vous remercie de votre aimable invitation. » Dit-elle à ce dernier en lui tendant la main ainsi que le paquet qu’elle avait pris avec elle. Il était assez grand. Ne sachant quoi offrir à une famille ayant littéralement tout elle avait choisi un tableau qu’elle avait acheté dans une galerie indépendante. L’artiste était encore inconnu mais grandement talentueux. Elle espérait, et elle le dit à Louis, qu’il lui plaise.

Collée à Masha comme si elle était devenue son ombre, bien plus disciplinée que celle de Peter Pan, elle la suivit jusqu’au buffet et ENFIN elle pu prendre une flûte de champagne. « Ja era hora » murmura-t-elle en la portant à ses lèvres, en regardant autour d’elle, intimidée. Il y avait du monde, du beau monde. Trop de monde ! Au moins, la demeure des Tessier était splendide et, histoire de faire quelque chose, Caraïbe commença à arpenter la pièce où se tenait la réception pour en observer la décoration. Une porte attira son attention et… La jeune franco-espagnole, mal lui en pris, commença à visiter les lieux, s’égarant quelques peu…

« halloween »

Taranis avait connu une quantité conséquente de femmes, et il savait donc que chacune avait ses humeurs, ses manies, ses qualités, ses défauts et ses charmes. Enfin, l’homme savait faire preuve davantage de patience et de complaisance à l’égard de ces dames et de leurs humours douteux, qu’à l’égard des hommes et leurs moqueries vulgaires. Ainsi, il subit la joie déplacée d’une de ses convives avec le sourire aux lèvres, et répond à cette dernière avec un ton rieur.

- Oh, je te rassure. Je doute que ce cadeau accomplisse là où de longues années de mariage ont échoué, se moqua-t-il allègrement. Il ne comprenait toujours pas pourquoi il était encore collé à cette épouse par procuration, et comment ils pouvaient encore s’amuser de certaines bêtises du quotidien. Était-ce signe que la Foudre était emprisonnée ? Nullement. Il frappait encore, ici et là, s’égarant toujours dans des couches étrangères. Et il y a assez à boire pour un régiment entier.

Aussitôt après, Taranis est happé par cette cousine anglaise. Elle avait une bouille si adorable qu’il était triste qu’elle se soit perdue auprès des Anglais. Soit ! Il s’était régulièrement incarné au sein de la lignée Tessier, mais il ne pouvait pas jouer le patriarche constamment, à surveiller les alliances des uns et des autres. Il n’avait jamais été un père de famille, ni dans le passé et ni maintenant avec les enfants Tessier, et il ne le sera guère dans le futur. Ce n’était pas sa fonction : ce n’était pas dans son « sang ».

- Ne t’inquiète pas pour elle : elle va avoir droit aux petits fours spéciaux marijuana, lui glissa-t-il à l’oreille, d’une voix complice. Evidemment, il se moquait. Les deux cousins avaient ri sur cette possibilité à une lointaine époque, lorsque ladite mégère avait été véritablement infernale et insupportable pour tout le monde – sans exception. Depuis, ils ne cessaient pas d’en faire allusion, rêvant que l’un ou l’autre passe à l’acte un beau jour. Madame Lancaster ! Quelle surprise de vous voir dans la capitale française ! Vous l’aviez tant critiqué lors de votre dernière visite que je pensais que ce serait la dernière. Je me suis fourvoyé apparemment.

Et la critique ne tarde pas mais elle est dirigée vers cette inconnue qui accompagne Masha. Soi-disant, elle n’avait pas un nom noble et soi-disant elle n’avait nullement sa place en ces lieux. Taranis ne tarde pas à rétorquer à la vieille femme.

- Elle semble agréable, ce qui fait beaucoup défaut à certaines personnes qui se disent pourtant nobles, dit-il. Aussitôt, il sent une main familière sur son avant-bras et du coin de l’œil, il voit son épouse que l’âge avait à peine touchée à sa beauté. Celle-ci sait à quel point cette vieille femme agace Taranis, et elle ne tarde pas à éloigner les deux personnalités avant qu’une dispute inutile n’éclate.

Il ne tarde pas à remercier l’inconnue en question pour son présent. Il se permet d’héler un serveur pour lui demander de monter les présents donnés à l’étage. Il aurait voulu poser quelques questions à cette femme dont, il faut avouer, le nom et le prénom étaient des plus originaux mais elle avait déjà disparu. La compagnie de quatre s’était réduite à trois.

- Où est donc passée ton amie, Masha ? Ta délicieuse mère devait être déçue que ton +1 soit une amie, et non un ami, souligne Taranis, curieux de connaître un tantinet les inconnus qui mettent pied dans son domaine. Et toi Celeste, tu n’es pas accompagné ce soir ?

Il ne comprenait pas pourquoi Celeste ou Masha étaient toujours célibataires à ce jour. Elles n’étaient pas moches, loin de là ! A défaut de trouver une relation stable, il était aisé de mettre la main sur un homme le temps d’une nuit.

Il profite de cet instant pour les balader dans la demeure, d'une œuvre exposée à une autre œuvre.

Ma demeure, mes lois

Louis, Masha, Celeste & Cie

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Noël 2020— Chez les Tessier

Les présentations prenaient toujours un temps fou, et Celeste détestait ce passage obligatoire des règles sociales ; si elle ne vous connaissait pas déjà, c’est peut-être qu’il n’y avait rien d’intéressant à savoir sur vous ou que vous n’étiez tout simplement pas intéressant, dans sa tête. Aussi, elle se plia bon gré mal gré à cet exercice en essayant de faire de son mieux pour paraître cordiale, chaleureuse, ou au moins un minimum intéressée. La mère Lancaster ne lui revenait pas vraiment, et Masha ne lui en voudrait certainement pas, vu comment elle lui avait souvent dépeinte. Pour autant, elle lui sourit — en espérant que ce sourire n’ait pas été mué en une grimace désobligeante — et se présentant le plus poliment possible ; elles n’auraient certainement rien à se dire, vu le personnage, et Celeste n’avait pas prévu d’être sage autour d’elle, pour se faire passer pour une « amie » modèle après de Masha. Elle était grande, après tout, et elle pouvait avoir qui elle voulait pour amie, même une sombre poivrote élitiste et bornée, si ça lui chantait. Caraïbe… Caraïbe en revanche, piqua un peu plus la curiosité de l’italienne. Persuadée de l’avoir déjà vue, elle fouilla un instant dans sa tête, vidant sans vraiment s’en rendre compte sa première coupe de champagne ; c’est qu’il était bon, ce p’tit fliou, et avec de fines bulles, en plus ! De quoi ravir une Celeste partie pour la nuit.

La révélation se fit enfin : les livres, c’était les livres que cette Caraïbe et elle avaient en commun, et elles s’étaient évidemment croisées dans la bibliothèque dans laquelle Celeste aimait se noyer, entourée d’ouvrages vieux comme la mère Lancaster, au moins. « Ah, Caraïbe, ravie de vous voir dans un autre cadre que celui que l’on partage habituellement. » — elle lui offrit un sourire franc, rien à voir avec le masque figé et frigide des sourires de convenance. Elle prit ensuite une autre coupe — il fallait bien commencer, si elle voulait finir la culotte collé à son front ce soir — et se retourna pour finalement voir que la bibliothécaire s’était fait la malle. SOIT, ne restaient plus que Masha et sa vieille croûte snobe à ses côtés, tandis que Louis, ce très cher, avait ouvert son cadeau et l’avait rassurée : elle pourrait allégrement se faire péter le gosier, et Masha avec… Si elle arrivait à semer sa mère dans l’une des innombrables pièces de cette « modeste » demeure. Le verre déjà à moitié avalé, Celeste se retint de rire dans celui-ci et eu grand mal à avaler sa gorgée sans la faire remonter par ses naseaux. Le champagne par le nez, elle n’avait fait assez de fois pour savoir que ça pique, ça fait un mal de chien et ça peut gâcher une soirée. Des gâteau à la marijuana ? Il faudrait qu’elle en goûte un ou deux, pour ne pas mourir conne. Riant à la remarque de Louis, l’italienne ne put se retenir d’intervenir. « Il serait temps qu’elle accepte, ta chère mère, qu’elle aura bien le temps de mourir trois ou 4 fois, avant que tu ne te trouve un prétendant à son goût, non ? » Oh, et en parlant de petits fours… Un serveurs bien mis en pli passant près d’eux fut arrêté par une Celeste affamée. « Laissez, mon cher, on va vous débarrasser, voulez-vous ? » S’emparant de l’assiette, Celeste la tint devant le petit groupe alors que le serveur, perdu regarda un instant le maitre des lieux, avant de filer, son plateau vide calé sous son bras. « Tu n’as pas fait les choses à moitié, polpette, tu nous vends du rêve, comme à chaque fois ! » — elle engloutit un petit four au foie-gras avant de poursuivre — « Non… Non, je n’ai personne avec moi ce soir ! C’est bien pour ça que Masha garde mon téléphone : ma chère et tendre avait déjà d’autres plans avec sa famille, si je ne me trompe pas. » Elle n’avait encore jamais rencontré ladite famille, mais soit. « Je ne voudrai pas lui envoyer des messages compromettant alors qu’elle se farcit une réunion de famille… » — dit-elle en enfournant une autre gourmandise entre ses lippes. « Mais je vais largement avoir de quoi m’amuser, avec Masha dans les parages, cela ne peut que bien se finir, je pense ! » « Bien… », cela dépendait clairement de ce qu’on entendait par là, mais les deux jeunes femmes avaient déjà passé un bon nombre de soirées ensemble pour savoir qu’elles ne s’ennuyaient jamais ! Ah… Lui avait-elle dit, qu’elle était avec une femme, ou qu’elle était gay, d’ailleurs ? Cela lui était complétement sorti de la tête, et parler de sa moitié ce soir forcerait peut-être les choses. Soit.

@Gasmask

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I wish you a merry christmas

Noël chez les Tessier

Présenter ma mère à mes amies n'avait clairement pas été le but de la soirée, j'aurais même préféré pouvoir m'en passer. Mais elle se désintéressa assez vite de nous après m'avoir mise en garde une fois de plus. Ce qu'elle ignorait - ou n'ignorait pas - c'est que je ne comptais pas le moins du monde être la gentille et sage fille Lancaster. Je n'étais pas là pour me trouver un mari, mais bien pour passer une soirée amusante et arrosée. Je laisse les deux filles faire connaissance, mais visiblement, elles avaient déjà eu à faire l'une à l'autre. Un sourire se dessina sur mes lèvres, c'était une bonne chose parce que l'Espagnole avait eu peur de ne connaître personne et de s'ennuyer. Visiblement cela ne sera pas le cas et c'est une bonne chose. J'aurais aimé semer ma mère plus longtemps mais une fois à l'intérieur elle revint à la charge au moment où Louis nous rejoignit. J'eus un rire et un regard complice pour ce cousin, parce qu'on en rêvait tous les deux, quant à savoir lequel passera à l'action en premier, c'était un mystère. " Je donnerais cher pour voir ça, soit en certain !" Les cachotteries finies, je repose les yeux sur ma mère qui critique Caraibe assez ouvertement et c'est Louis qui la remet en place, avant que sa femme vienne mettre fin à cet échange qui était sur le point de déraper, comme souvent. J'eus une moue d'excuse envers lui, désolée que ma mère soit toujours égale à elle-même. La catastrophe évitée, je repose les yeux sur Celeste et soupire avec un léger sourire sur les lèvres. Mais la remarque de Louis m'interpelle. Ou était donc Caraibe ? Je regarde un peu autour de moi et ne la vois pas, mais elle ne devait pas être bien loin. Je repose les yeux sur mon amie quand elle reprend la parole. Et je hausse un sourcil. Ma chère et tendre ? J'avais bien entendu ? J'eus un sourire amusé sur les lèvres, ravie qu'elle est trouvée quelqu'un avec qui ça avait l'air de bien se passer. Après tout, chacun faisait comme il voulait et je n'étais pas apte à juger. " Ne t'en fais pas, si ta tendre moitié vient à prendre des nouvelles et que tu n'est pas en état de lui répondre, je le ferais pour toi." Ou pas. On verra bien, mais la soirée semble prometteuse en tout cas ! " Caraibe est une amie, ne t'en fais pas, elle ne te causera aucun soucis. Oh tu n'as pas idée ! Elle en vient même à se demander si je ne vais pas finir vieille fille !" Je lève les yeux au ciel, amusée par cela. Et puis, Louis propose de faire un tour et visiblement il a mis le paquet parce qu'il y avait pas mal d'oeuvres d'art que je n'avais jamais vu chez lui. Pas que je venais souvent, mais quand même ! Je n'étais pas spécialement amatrice d'art en général, je ne trainais pas dans les musées, sauf le Louvre, parce qu'il avait une renommée mondiale et que c'était intéressant d'aller y faire un tour de temps en temps, mais sinon je ne courrais pas spécialement après. J'avais laissé Louis et Celeste avancé un peu, étant perdu dans la contemplation d'une sculpture. On dirait une statue grecque où quelque chose dans le même style et ça me rendait un peu perplexe, sans que je ne sache réellement pourquoi. Et puis pourquoi cette statue et pas une autre ? Je n'en savais rien, mais elle avait retenu mon attention. Puis mon regard quitte la statue et se pose sur mes deux autres acolytes en pleine discussion. Il fallait qu'on retrouve Caraibe, mais la soirée s'annonçait vraiment parfaite déjà ce qui était une très bonne chose. " Cette statue, elle représente quoi ou qui ?" Je connaissais beaucoup de choses sur la littérature dans son ensemble, mais l'art m'était inconnu. Mais j'avais de la chance d'avoir Celeste qui travaillait au Louvre et mon cousin qui devait s'y connaître un minimum.

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Cette demeure était magnifique, décorée avec goût, et la famille Tessier possédait plusieurs œuvres d’arts qui ravirent les yeux de Caraïbe. Elle n’était peut-être pas une experte en sculptures ou peintures mais au moins, sans chichis, était-elle capable d’apprécier ce qu’elle voyait. Et décidemment, il y avait plein de chose qu’elle trouvait magnifique ! Sans avoir conscience que ses pas la menait loin de la salle de réception et sans même s’apercevoir qu’elle ne croisait plus personne, elle marchait, ouvrait des portes, passait des pièces et, trouvant une salle de bains dans laquelle elle se faufila, sans fausse modestie ni prétention non plus, s’admira dans le miroir. Elle n’était peut-être pas du genre à mettre des robes de soirée à longueur de temps mais décidemment elle trouvait que celle qu’elle avait choisie pour cette réception était magnifique et la mettait très en valeur. Elle en profita pour se rajuster, vérifier son maquillage et sa coiffure avant de vouloir retourner à la salle de réception.

Horreur ! Malheur ! Enfer et Damnation ! C’est en sortant de la salle de bains qu’elle se rendit compte qu’elle ne savait plus comment retrouver les autres. Pour elle, habituée à vivre en appartement désormais, cet endroit ressemblait à un labyrinthe et toutes les portes se ressemblaient. Elle sentit le rythme de son cœur s’accélérer et malgré la panique qui se faufilait dans chaque fibre de son corps s’obligea à retenir sa respiration qu’elle ne repris que lorsqu’elle sentit que son rythme cardiaque était redevenu normal. Après avoir pris un couloir, des escaliers, un autre couloir elle pénétra dans une immense chambre à coucher. Son appartement entier aurait presque pu tenir dedans. Je vais jamais pouvoir sortir d’ici… Je suis prisonnière de cette maison, ça y’est, elle est hantée en fait… Et je suis le sacrifice… Bon… Caraïbe il va falloir y aller molo avec les films d’horreur désormais. Son sac ! Son téléphone était dedans ! Mais pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? Elle se frappa le front en se rendant compte qu’elle l’avait oublié… et qu’elle ne s’était même pas aperçu qu’elle le posait. Caraïbe de Rochebrune vous venez d’être élue la catastrophe du siècle, félicitations ! Elle envisage d’ouvrir la fenêtre et de hurler jusqu’à ce qu’on l’entende mais la honte de sa situation plus que grotesque la retint. Il est vrai toutefois qu’elle traversa la pièce pour ouvrir la fenêtre et respirer l’air nocturne. « Au secours » murmura-t-elle en fermant les yeux. Elle se retourna et arpenta la pièce… Attention à la curiosité mal placée !

« halloween »

Taranis ne manquait pas de relever cette petite phrase de la part de la Conservatrice : « Ma chère et tendre ». Une sincère surprise pourrait se lire sur ses traits, mais elle disparaitra bien vite au profit d’une certaine fierté et d’un sourire. Il était assez heureux d’apprendre qu’il avait échoué à la séduire pour une affaire de « préférence sexuelle ». La dame était portée davantage vers ses consœurs, plutôt que vers ses confrères.

- Je ne reçois pas tous les jours, alors autant bien faire, n’est-ce pas ? dit-il. Et puis, honnêtement, l’alcool est sûrement la seule chose à m’aider à supporter certains, souffle-t-il à l’adresse des dames, à l’abri des oreilles plus ou moins affûtées de la Mère Lancaster.

Il accompagne les deux demoiselles ici et là, présentant telle ou telle œuvre, et s’arrêtant finalement en face d’une statue désignée par Masha. Aussitôt qu’il avait entendu la question, que le torse du garçon se bombe, que son regard brille et que ses traits affichent un air des plus suffisants. L’homme ressemblait à un conquérant des plus impatients de parler longuement, et en détail, de sa plus récente conquête.

- C’est un mystère, Masha, dit-il. La statue a été retrouvée dans quelques ruines de Pompei, dont j’ai été le mécène … ainsi qu’un autre membre de Lancaster. De prime abord, les archéologues pensaient que c’était une de ces pompeuses divinités greco-romaines. Plus ils investiguaient sur cette maison en ruine, plus ils étaient incertains. Déjà, l’attribut de la statue, une hache, est assez particulière. Il n’y a pas vraiment de … bûcheron chez les Romains, du moins suffisamment importants pour qu’un homme commande une statue en marbre. Enfin, ils ont trouvé cette statue dans la maison d’un marchand d’esclaves qui, il semblerait, priait des dieux celtiques.

Il aurait préféré une statuette de sa propre personne mais, soit, nous ne pouvions pas toujours tout avoir ! C’était Esus qui allait être la starlette de ce soir ! L’intérêt de la cousine pour son propre frère amusa Taranis et une drôle d’idée commençait à cheminer dans sa petite cabosse. Le bûcheron aimait considérablement la solitude, mais il ne pourrait pas dire non à une bouille aussi adorable et à un corps aussi désirable. Il serait temps de tuer un tantinet cette solitude.

- Elle représente Esus, très chère cousine. Une puissante divinité du panthéon celte … Tu sais quoi Masha ? Je connais un excellent type, qui se charge de ramener ou de suivre toutes reliques trouvées par nos familles respectives. Tu devrais vraiment le rencontrer.

Il aurait pu continuer encore, et encore, à parler mais un détail le frappe : où était passé la troisième beauté ? Il était bien conscient qu’une femme avait besoin de son passage aux toilettes, et que celui-ci pourrait prendre plus que quelques minutes. Or, son absence commençait à se sentir, et elle ne semblait nulle part dans la pièce principale.

- Quelque chose me dit que ton amie s’est perdue, Masha, finit-il par dire. Que diriez-vous que celui ou celle qui la retrouve a droit à faire un vœu, à l’un de nous ?

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