Mission intrigue : Numéro 5. [Intrigue I - Terminé]

La Sorbonne. Celeste avait reçu « l’invitation » avec une trépidation qu’elle n’avait jamais connue, relevée d’une angoisse à laquelle elle commençait à s’acclimater. Rendez-vous avait été donné pour le 31 Décembre — comme s’ils n’avaient rien d’autre à faire, à cette période de l’année — et elle priait pour que cette réunion ne traine pas en longueurs. Et, connaissant les raisons de cette impromptue conférence, l’italienne douta qu’elle puisse rejoindre Pía avant les douze coups de Minuit. Elle redoutait cette réunion plus que n’importe quelle autre, maintenant qu’elle se doutait, maintenant qu’elle pensait être entourée de gens dont le caractère Divin restait encore à prouver, même si elle avait toutes les certitudes du Monde. Il ne restait plus grand chose, avant que sa maitresse ne lui avoue enfin son identité, et plus elle se rapprochait de cet inéluctable dénouement, plus Celeste savait ce qu’elle aurait à faire : quitter les Déicides, fuir loin, se cacher avec la femme qu’elle, misérable mortelle, aimait au point de tout foutre en l’air.

Aussi, la conservatrice se concentrait sur les points positifs de cette conférence ; elle serait entourée de gens cultivés, et elle serait dans un cadre où elle se sentirait comme chez elle. Élitiste à peine voilée, Celeste aimait s’entourer de gens parmi lesquelles elle se savait encore capable d’apprendre. Non pas qu’elle sût tout sur toutes choses, mais elle était rarement la plus « idiote » de la pièce, et, parfois, cela la changeait de ne pas être la grosse tête. Alors, fardée comme il se doit et mise en pli dans un ensemble Chanel qui puait l’élitisme et la classe, Celeste s’était dirigée vers le joyau du quartier Latin. Les précautions habituelles prises et les barrages de sécurité passés, l’italienne s’engouffra dans les couloirs de la Sorbonne, se souvenant des rares fois où elle y était venue, pour une cour ou une conférence. Et, avant même qu’elle eut atteint la salle, elle sût qu’il lui faudrait beaucoup, beaucoup de courage pour ne pas se trahir et pour attendre que cette torture prenne fin…

Entrant sans perdre de temps, elle fut soulagée de ne pas être seule et surtout de trouver un buffet ; elle se servit alors un verre de vin blanc, se promettant de ne pas finir sous les tables et s’assurant ainsi qu’elle ne boirait que ça, parce que tout le monde le sait bien… « Rouge sur blanc, tout fout le camp ! ». Elle savourait son verre — autant que faire se peut — et fut surprise d’entendre derrière elle la voix de Masha. Évidemment, qu’elle allait être là ! Elle se souvint alors de la dernière fois qu’elle avait assisté à une soirée, ensemble et ne put s’empêcher de ’snort’ dans son verre. « Heureuse de me savoir là, hm ? Essayons de ne pas finir comme chez Louis, je ne suis pas sûre que ce soit tout à fait bien vu, ici… » Elle aurait pu s’attarder un peu sur ce sujet, mais elle fut soupée par Alexandre. Le bleu, le stagiaire, celui qui, partout où elle allait, réussissait à la trouver. Son sang se glaça un instant et elle dut se faire violence pour lui adresser un sourire tout à fait cordial mais sans aucune chaleur ; sa présence l’angoissait et elle avait l’impression que ce jeune benêt pouvait la pousser à sa perte. Foutaises. Se concentrant sur ce que Masha disait, elle tenta de garder son calme et d’entrer dans la conversation ; la Mascarade commençait, et elle avait un rôle à tenir. « Je crois qu’il y a eu un mort. » — elle haussa un peu les épaules, se mordant la langue alors que son accent italien se faisait entendre, plus que d’habitude. « Clairement, ce doit être grave » — dit-elle en montrant le tableau où un seul nom était encore inscrit — « Odin serait… Odin est mort. Je crois. » Elle le savait de source sûre, mais peut-être valait-il mieux qu’elle ne donne pas l’impression de trop en savoir. « En tout cas, c’est un rassemblement sans précédent, et je crois que l’Histoire va s’écrire, ce soir… » Elle n’en avait aucune envie, mais il fallait être réaliste : ça risquait de prendre du temps, et elle disait déjà adieu à son réveillon. Se tournant alors vers Masha et — bon gré mal gré — vers Alexandre, elle émit un rire sans humour, résigné, et leva son verre. « À ce merveilleux réveillon… Autant en profiter, non ? » — et de rajouter, un peu plus joyeusement à Masha — « Bon. On essaye de rester sage ? Sans trop l’être, évidemment… Qui aurait cru qu’on serait coincés là, à fêter la nouvelle année avec de veux croutons, hm ?  » Elle tenait encore à sa résolution — à savoir ne pas finir torchon chiffons- carpette — mais, en regardant sa montre, elle ne savait franchement pas jusqu’à quelle heure elle pourrait s’y tenir.

En Bref:

La main serrée autour de son verre de vin ne cessait de vouloir se donner en spectacle/ Celeste se retenait du mieux qu'elle le pouvait de trembler de tout son être alors que l'heure était grave. Grave pour l'Organisation, et grave pour sa pomme, surtout. La traitresse qu'elle se savait devenir allait en prendre pour son grade, et elle allait craindre pour sa vie. Elle se fit alors violence pour regarder Masha et lui offrir un sourire franc, gravant dans sa tête l'image de cette amie qu'elle allait devoir laisser derrière elle, avec son passé de Déicide ; ce serait un sacrifice nécessaire mais irrémédiablement douloureux. Levant son verre aux paroles de l'anglaise, elle prit une gorgée de ce vin blanc qui sembla un instant lui piquer la gorge. Elle n'eut pas le temps de répondre, pourtant, car déjà une voix s'élevait. Elle jeta un bref coup d'oeil à Alexandre, alors, observant cette jeune recrue et essayant de devenir ce que cela pouvait bien lui faire, d'être arrivé il y a si peu de temps, pour entendre qu'un Dieu était déjà mort.

Les élections, les plans... Tout leur était exposé pour que l'avenir de l'Organisation soit à nouveau bien rodée que que la gloire à venir lui soit assurée. Comme tous les autres, elle avait pris place, s'était installée bien sagement — loin de ses acolytes, et l'italienne fut un instant soulagée de pouvoir se détendre un instant. La suite fut assez rapide : Celeste entendit les nouvelles, les noms — elle tiqua, d'ailleurs — bu un peu plus avant que son attention ne reviennent à ses comparses... Elle les retrouva alors ; il fallait réfléchir, et vite. Et, si elle avait rudement envie que le Christensen soit élu — après tout, on a toujours moins peur d'une tête brûlée qui fonce sans réfléchir — le choix de Masha lui parut le plus logique, si l'on ne pensait qu'au bien des Déicides... Aussi, il lui fallait entrer dans la danse et appuyer cet avis. « Erika me semble être un bon choix également... » — elle reposa son verre à présent vide, sans un prendre un autre... Étrange, pour l'italienne — « Elle saura nous guider, prendre les bonnes décisions et garder la tête sur les épaules. Johan, lui, qui nous dit que ce ne soit pas un coup de chance ? Il a réussi une fois, c'est vrai, mais cela ne veut pas dire qu'il va empiler les cadavres, par la suite. S'il fonce sans réfléchir, je ne garantis pas la réussite de son projet... » Elle avait beau descendre le jeune homme, elle savait déjà qu'elle allait voter pour lui. La trahison se fait d'abord de 'intérieur, saboter les chances de l'Organisation allait pitre son premier acte de rébellion, et elle espérait que ce nigaud mène les Déicides à leur perte. « Bon... Si cela continue ainsi et si le vote se passe rapidement, on sera peut-être sortis avant Minuit, finalement ! » Elle sourit alors, bien plus franchement et cela lui parut plus naturel que les autres sourires qu'elle avait eu à offrir jusque là. Finalement, elle prit un autre verre. Les mauvaises habitudes sont tenaces !

En Bref:

Fait assez rare pour être souligné, l’italienne gardait le silence, préférant entendre la voix de ses paires plutôt que d’y mêler la sienne. L’aplomb et la véhémence du jeune homme la ferait presque sourire, si l’enjeux n’était pas si grave. Fût un temps elle aurait peut-être pu comprendre, ressentir la même fébrilité et l’impatience d’Alexandre, mais depuis qu’un Dieu était mort, Celeste doutait. D’elle-même, déjà, de ses aspirations au sein de l’Organisation, surtout, et de ses objectifs. Tuer n’avait jamais vraiment été dans ses projets, décimer les panthéons les uns après les autres, encore moins. À jouer ainsi avec la vie d’autres êtres, les Hommes se ne hissaient-ils pas, finalement, au même rang que les Dieux ?

Alexandre et Masha ayant exposé leurs points de vue, Celeste ne put retenir une phrase tout à fait énigmatique, ou pour le mois à double-sens, quand on connaissait ses nouvelles allégeances. « Deux siècles… C’est effectivement bien long, pour essayer de les approcher au plus près. » Finalement, elle acquiesça, faisant comprendre d’un hochement de tête qu’elle partageait l’avis que Masha. Il faudrait qu’elle se fasse violence, pour sembler plus impliquée, mais… Déjà, le dépouillement commençait, l’arrachant à ses ter et les résultats ne se font pas attendre longtemps. Sans surprise, ce fut Christensen à qui le siège vacant fut offert, et déjà, il passait à l’offensive. N’écoutant qu’à moitié son discours sûrement insipide et sans valeur, Celeste se perdit un instant dans sa réflexion, pensant déjà à demain, à ce qu’elle allait perdre, aux risques qu’elle allait prendre et ce Masha — encore et toujours son amie — qui la fit revenir dans cette réalité qu’elle tentait déjà de fuir par tous les moyens.  Lui offrant un sourire confiant — alors qu’elle se rongeait les foies et qu’elle était au bord de l’implosion — Celeste se voulut rassurante. « Il va y avoir du grabuge dans les mois à venir… Il ne va pas nous faire lambiner, notre nouveau Sage… » - dit-elle d’un air mutin. Au fond… Au fond elle savait que ce Johan allait foutre le bordel, et mettre les « troupes » au branle-bas de combat.

Décidant de retrouver un peu de sérieux et de concentration, surtout, Celeste écouta attentivement les discours de chacun, levant parfois les yeux au ciel, remarquant çà et là les lèche-culs, gravant dans sa mémoire le plus de renseignements possible sur le plus de membres possibles… Et, quand enfin arriva son tour — et après avoir fait la ronde des verres de vin avec Masha —, c’est avec un aplomb et une assurance souffrant l’habitude des conférences qu’elle prit la parole. « Celeste Giacovelli, Conservatrice au Louvre. » — son accent italien ressortait particulièrement, ce jour-là, et elle ne put s’en trouver irritée ; elle était fière de ses origines qui parfois donnait un peu de cachet quant à sa place dans l’Organisation — « Je m’occupe essentiellement des collections sur l’antiquité gréco-romaine et sur l’Égypte ancienne. Mon travail me permet d’être au cœur des recherches d’artefacts et de l’acquisitions, si ce n’est de ces artefacts, de renseignements et d’informations précieuses pour faire avancer nos recherches. J’ai un réseau tentaculaire que je mets bien évidemment au service de l’Organisation. » — elle fit une pause et dut se faire violence pour cracher les mots suivants — « Et, si je peux faire quoique ce soit de plus, je serai ravie de répondre aux besoins de notre cause. » Si elle avait pu vomir sur l’assemblée, elle l’aurait fait. Elle se sentait sale, horriblement sale et elle n’avait qu’une hâte : retrouver les bras de sa Gorgone.

Une fois que les discours furent terminés, qu’elle eut récupéré son verre auprès de l’anglaise et qu’elle en prit une grosse rasade, elle observa son amie, la poussant à son tour d’un léger coup de coude ; elle savait le poids que le souvenir de son père avait sur les épaules de la jeune déicide. « Allez… C’est bientôt fini, n’écoutons pas les conneries de vieux pète-secs grabataires. » Regardant à nouveau Alexandre, elle l’observa à son tour, se demandant si ce p’tit bonhomme aux airs encore parfois presque poupon pouvait être capable de tuer de ses mains. Hm… Mieux valait ne pas le savoir, au fond.

En Bref:

Regardant une nouvelle fois sa montre — c’était devenu maladif, depuis le début de cette « réunion » —, Celeste termina son verre d’une traite avant de le reposer ; dernier de la soirée, l’italienne prit le petit carnet qu’elle gardait dans une poche dissimulée de sa veste et un stylo, pour distraire ses mains délestées de leur verre, plus que pour réellement s’investir dans cette entreprise périlleuse. Faisant mine de prendre quelques notes — merci l’italien que personne ne comprenait vraiment —, elle acquiesçait de temps à autre, allant dans le sens de ce que Christensen et de ce que ses deux acolytes ajoutaient. Et, quand enfin elle put mettre la main sur les photos qu’elle récupéra de la poigne de Masha, son cœur sembla s’arrêter de battre. Le flic… Elle ne pouvait se permettre de douter, il était là, Niemans, le flic d’Interpol qui l’avait collée au cul, avant d’être un allié en matière de détournement d’œuvres d’art. Qu’il fut là ne lui paraissait pas étrange pour autant ; après tout, il travaillait dans les force de l’ordre et un meurtre était un meurtre… Mais, ce qui la dérangeait, ou ce qui piquait au moins sa curiosité, c’était qu’il ne semblait pas être là dans le cadre de son boulot. Ses vêtements, ses acolytes, également, rien de tout cela ne criait « Interpol ». Peut-être était-il sous couverture, ou peut-être… Non. Elle avait beau essayer de trouver des raisons valables, des excuses à l’agent, rien ne lui paraissait vraiment plausible. Elle observa longuement les clichés, retrouvant le peu de contenance qu’il lui restait, avant de les faire passer à d’autres curieux.

Les choses ayant été décidées, Celeste eut un rire grave. « Et bien… Puisqu’il le faut, je vais fouiller un peu du côté de la prostitution… » Elle n’en était pas ravie, loin de là, mais d’anciennes relations pourraient lui être utiles, après tout. La Montherlant, vieille connaissance d’une autre vie, d’une époque où Celeste, esseulée, avait tenté d’aller trouver charmante compagnie dans l’établissement réputé et fort secret de Judith ; cette femme s’était fait un nom à la force de son caractère dans le milieu de la prostitution… Il faudrait que Celeste remette les pieds dedans, finalement. « Je ne sais pas trop par où commencer » — elle détestait mentir, mais il en allait de son image, tout de même — « mais je dois pouvoir trouver quelques pistes. » Elle regardait ses deux complices, aussi assuré et déterminé l’un que l’autre, et remis son masque en place : « Alexandre, n’hésite pas également à me solliciter, si tu as besoin d’aide. L’Égypte fait partie de mes secteurs, au Louvre, et en tant qu’étudiant, tu auras accès à tout ce qui pourrait t’être utile. » Elle aurait le blond dans les pattes, mais… Mais il fallait bien se mouiller. « Pour les Dieux Nordiques, c’est bien au-delà de les capacités, il faudra te démerder seule, Mash’… Même si tu n’as pas besoin d’aide, tu sauras parfaitement t’en sortir. » Le côté « mentor » revenait parfois, bien malgré elle, mais Celeste voulait s’assurer, se rassurer, aussi, qu’il n’arrive rien à sa meilleure amie. Elle balaya la salle d’un regard, figeant cet instant dans sa mémoire, avant de revenir sur les deux loustics. « Bien… À moi les putains d’Paris. » - dit-elle avec un demi-sourire. « Autant prendre du bon temps avant que le monde soit mis à feu et à sang, parce que tel-couillon-de-dieu aura voulu montrer à tel-autre qu’il a de plus grosses couilles. » [/color] Elle regarda Masha siroter le verre qu’elle venait d’aller chercher. « Tu as bien de la chance Alexandre… Si jeune et déjà dans le cœur de l’action ! Nos parents auraient donné tellement pour vivre ces instants… » Elle pensait à ses parents à elle, et au père de Masha, aussi. Elle lui sourit, soupirant ensuite en se disant qu’avant de faire trembler l’Organisation, elle essayerait de profiter de Masha au maximum, et quelle meilleure excuse que leurs recherches pour une guerre bicentenaire ? Un autre coup d'oeil à sa montre, et Celeste passa sa main dans sa tignasse ; elle avait hâte de partir.

En Bref:

Aussi vite qu'elle s'était sentie projetée dans la soirée, Celeste la sentait tirer vers sa fin. Elle fut soulagée que cela se termine aussi tôt, parce qu'elle n'était pas sûre d'arriver à se contenir plus longtemps. Tout se bousculait très, trop vite, et elle sentait sur sa nuque le souffle putride d'un monstre que son imagination avait pris un malin plaisir à créer ; sa trahison semblait prendre vie et allait revêtir un visage bien peu agréable aux yeux de l'italienne. Pour autant, Celeste ne ferait marche arrière pour rien au monde, et pour personne surtout... Même si... Même si elle aurait tout donné pour prendre Masha avec elle, pour l'arracher à cette Organisation qui avait peut-être des idées louables, mais des méthodes et des mesures qu'elle n'arrivait plus à endurer. Elle avait eu envie, parfois, de secouer son amie, de lui montrer la beauté de ce qu'elle, elle arrivait à percevoir ; elle avait retrouvé des êtres qui avaient traversé les époques, des guerres et des drames. Ils avaient tant à raconter, à leur apprendre, peut-être, et les Déicides allaient, voulaient tout foutre en l'air.

Non. NON, Celeste ne les laisserait pas faire, même si elle devait rendre l'âme, donner sa vie pour protéger des Dieux qui avaient déjà, il est vrai, sacrifié un nombre incalculable de vies, pour leur existence. Mais même en sachant qu'elle ne serait qu'un mort parmi des millions d'autres, Celeste ne pouvait, ne se voyait pas faire autrement. Cela remettait le sens de sa vie en question, au même titre qu'elle remettait en question ses parents, ce qu'ils lui avaient appris et tout l'entrainement qu'elle avait littéralement dû bouffer pour en arriver là, pour honorer le nom des Giacovelli au sein de l'Organisation. Quel beau, quel merveilleux gâchis... Mais elle ne regarderait pas derrière elle, non ; elle avait peut-être un avenir avec Pia, et elle sacrifierait tout pour ça, pour juste la voir sous son vrai jour, l'aimer dans sa vraie nature et partager ne serait-ce qu'une journée auprès d'une créature légendaire.

Aussi, alors que Masha sirotait son verre et qu'elle semblait un peu dans sa tête, elle aussi, Celeste avait repris de sa contenance, pour finalement revenir sur les propos du « bleu ». Elle acquiesça avant de regarder autour d'eux : certains partaient déjà, tandis que d'autres semblaient s'être au contraire installés pour camper là toute la soirée. Soupirant discrètement, elle observa Masha et Alexandre d'un œil attentif et peut-être triste, aussi... avant qu'elle ne rit de bon cœur, laissant la tension qu'elle avait accumulé jusque-là se dissiper. « Ha ! Je t'en prie, voyons... Un garçon de bonne famille comme toi n'a sûrement rien à faire auprès des prostituées. » — elle voulut le taquiner légèrement — « Laisse-moi donc ces pauvres femmes, veux-tu ? Je pense qu'elles seront plus à même de faire confiance à une autre femme plutôt qu'à un jeune premier. » Elle se redressa un peu, faisant rouler ses épaules qui commençaient à être douloureuses. « Je pense que le plus logique serait que chacun se focalise sur le problème qu'il s'est vu attribué, dans un premier lieu. Ensuite on peut se retrouver pour faire le point, tout en n'oubliant pas que les autres sont là pour donner un coup de main, si besoin, ou si on bloque quelque part. On peut dire qu'on se retrouve dans une semaine ou deux ? Ca nous laisse le temps de bien prendre en main ce qu'on doit fouiller et d'appréhender le bourbier dans lequel on s'enterre... Ensuite, on se recentre, on avise et on avancera à partir de ce moment-là ? » — elle jeta un coup d'œil à sa montre avant de soupirer presque théâtralement, et de se lever. — « Masha, tu sais où me joindre, Alexandre, tu as également mon numéro, sinon, tu sais de toute façon que je rôde toujours au Louvre. Je ne suis jamais bien loin de toutes mes antiquités. » - dit-elle en souriant tristement. Bientôt, et si tout se passait comme prévu, elle ne verrait plus les merveilles du Louvre, et elle les regretterait très certainement. « Sur ce... Je dois filer. La nouvelle année m'attend, et j'aimerai autant ne pas la commencer comme je termine celle-ci, entourée de vieux croulants. » Encore une fois elle rit doucement, avant de prendre congés de ses deux compères et d'aller saluer leur nouveau Sage... Elle voulait le voir de plus près, à vrai dire, imprimer son visage dans sa mémoire pour peut-être donner à son monstre ce visage-là, plutôt que celui de son père déçu.

Les salutations et les félicitations échangées, Celeste jeta un dernier regard à Masha et à Alexandre avant de récupérer ses affaires et de fuir au dehors. Dehors, là où sa vie l'attendait, là où Pia l'aimait et où ses Dieux n'étaient pas encore, pas vraiment menacés...  

En Bref: