Si tu m'as foutu un Polichinelle dans le tiroir t'es un dieu MORT! [Intrigue III.V terminé]

Maël & Caraïbe

Non, non, non, non, non, non, non et non! Ce n'était bordel pas dieu possible! Mais comment ça pouvait être possible bordel de merde?! Caraïbe tournait en rond dans son appartement, le téléphone à la main. Pour une fois elle avait pas eu besoin de le chercher ce maudit portable: ça faisait des jours qu'elle attendait une putain de réponse de ce maudit dieu qui semblait avoir disparu de la surface de la planète. Comportement TYPIQUEMENT masculin ça, dieu ou humain!! Même pas il répondait à ses foutus coup de téléphone et il rappelait pas non plus…

Caraïbe était en état de panique TOTALE! Ça faisait plus d'un mois qu'elle avait pas eu ses règles… UN MOIS BORDEL! Le genre de truc qui ne lui était JAMAIS arrivé! Sa menstruation était plus précise qu'une horloge suisse, toujours ponctuelle histoire de bien lui pourrir la vie et là madame la jouait les grandes absentes? Mais c'était bien un truc à la con ça hein! Alors quand elle baisait pas (oui oui ça arrive les périodes où elle pas du tout envie de voir du mâle!) paf du sang en veux-tu en voilà mais pour UNE fois qu'elle baise sans capote (oui bon en vrai y'en a deux mais avec le même mec donc ça compte pour une fois et pis zut à la fin!) voilà que… y'a plus de sang? Mais le délire! Elle tenta une nouvelle fois de joindre Esus mais son foutu de téléphone de merde était ENCORE sur répondeur, ce qui fit péter un câble à la demoiselle de Rochebrune qui envoya le sien, de rage, contre le mur, de toutes ses forces. Et paf que je retombe sur le coin de la comode et paf que l'écran du smartphone finit explosé. Même si sa dernière aventure sexuelle avec Esus remontait à deux mois et qu'elle avait entretemps connu un autre mâle (on se refait pas hein?) elle était sûre que si accident y'avait eu ça pouvait être que Esus... Parce que voilà: elle ne couchait pas à tout va sans capotes hein?! Le SIDA ça existe! Mais ouais ok elle avait été imprudente avec Esus... Seule solution logique même si elle pigeait pas pourquoi son connard de corps à la con le lui faisait savoir SI TARD! Mais bordel elle allait faire quoi?! Mais sonne téléphone, SONNE!

-Raaah putain mais fait chier! S'exclama-t-elle en constatant les dégâts qu'elle avait elle-même occasionnés. La faute à ce maudit dieu et ses spermatozoïdes de compétition qui arrivent même à vaincre la pilule… Saleté de saloperie!

En sous-vêtements, elle s'observa avec grande attention dans le miroir, portant spéciale attention à son ventre. Il avait pas légèrement grossi non, par le plus grand des hasards? Oh pute parlez pas de malheur! Mais elle allait faire quoi si elle était en cloque? D'un dieu en prime? UN DIEU! Non mais vous imaginez? Ah bah ça ferait beau sur le CV tiens: mère célibataire d'un gamin né de galipettes avec un dieu celte que tout le monde ou presque, sinon il aurait pas de pouvoirs, prenait pour de la mythologie… Nan mais nan! D'une elle se voyait pas avec un chiard, de deux encore moins en mode célibataire et de trois… certainement pas d'Esus le gosse. ESUS! Mais… Bon comme amant y'a pas à dire c'est un expert mais pour le reste? Non mais non mais non… Oh bordel mais elle allait faire quoi? Elle pouvait pas foutre au monde un gamin. Non pas elle. PAS ELLE! Bah si elle enceinte avortement hein? … Euh… attendez une seconde! Y'aurait pas une espèce de protection magique pour les fœtus de dieux empêchant l'avortement? MAIS POURQUOI IL RAPPELLE PAS BON SANG? Parce que t'as pété ton téléphone peut-être?

Bon. Respirer. À fond! Bien. S'habiller. Un jean, un pull, des baskets. Et basta! Le sac à main, les clefs, la bagnole et on se fiche dans l'enfer de la circulation parisienne pour aller acheter un nouveau smartphone. Bordel c'est beau d'avoir de la thune mine de rien. Une fois fait, on personnalisera plus tard hein, elle passe par une pharmacie, le genre de petit truc où elle retournera jamais bien loin de chez elle, pour s'acheter un… bah oui! Un test de grossesse hein!? Non parce que le toubib elle y a même pas, encore, pensé hein? Ça aurait été trop simple, pas du tout Caraïbe quoi! Bien. Une fois ses achats effectués, la demoiselle resta assise derrière son volant. Et maintenant? Bah simple! Esus! Elle allait faire le siège devant chez lui jusqu'à ce qu'il arrive si absent hein! Et s'il est chez lui jusqu'à ce qui lui ouvre la porte à défaut des cuisses pour une fois!

Et que je manque de te provoquer un accident avant d'arriver chez le beau mâle. Non stop tes pensées Caraïbe. T'es justement dans la merde parce que t'as cédé DEUX FOIS à ses charmes. (Techniquement y'a eu plusieurs…oh la ferme!). Mais...

Devant chez Esus, enfin depuis la rue hein?,  elle avait un tout petit peu le cœur qui battait à la chamade mais pas d'amour juste d'angoisse hein?! Elle jeta un coup d'œil vers la grille dans l'espoir de voir … mais quoi au juste avec tous ces fichus arbres? Y'avait rien à voir. Bon grille fermée…Mauvais signe putain de dieu! Oui Esus tu es une putain même si t'es un dieu! Le dieu des putains et… On se calme Caraïbe parce que personne t'a obligé à coucher avec lui! Et il t'a pas jugé pour ta vie sexuelle libre alors deux tons plus bas.

Oh! Un interphone! Alléluia! Le doigt tremblait peut-être mais elle appuya avec détermination sur le bouton et pesta toute seule à voix haute.

-Putain le dieu t'as intérêt à ce que ton cul sexy soit chez toi… Je refuse d'avoir un chiard divin moi merde!

Et voilà que la pluie se met à tomber style déluge. Sa veine habituelle quoi.. Forcément elle avait rien pour se couvrir. Bordel mais répond, ouvre Esus, bouge ton magnifique cul! Et cette foutu météo... "Des nuages mais pas de pluie." BAH VOYONS!

Maël & Caraïbe

Ne jamais débarquer dans le dos d'une Caraïbe en colère, angoissée et perdue dans ses pensées sous risque de se manger un coup de poing! Elle était tellement focus sur ce qu'elle ressentait, sur la peur immense qui lui étreignait le cœur, qu'elle n'avait pas entendu arriver le taxi. Non non si si pour de bon! Quand elle était concentrée sur un sujet en particulier le monde pouvait s'écouler autour d'elle qu'elle n'aurait rien vu ni rien entendu! Donc forcément quand Esus lui demanda si elle n'avait pas reçu ses messages la jeune femme sursauta tout en tendant un poing qu'elle failli lui envoyer au visage. Elle le reconnu au tout dernier moment et baissa le bras avant de le frapper. On aurait pu croire qu'un petit bout de femme comme ça n'avait pas de forces mais la sous-estimer était une sacrée connerie. (Sacrée connerie, manquer de frapper un dieu, vous saisissez la blague?!)

Des messages? Mais quels messages? Il se foutait pas un peu de sa gueule là par hasard? Après des jours de silence voilà-t-il pas que monsieur se pointe la bouche en cœur "T'as pas reçu mes messages"! Mais quel connard! Par contre Caraïbe elle explosa là…

-Mais quels messages? Ça fait des jours que j'essaye de te joindre en vain et…ohoh… Elle baissa le regard sur son nouveau téléphone, en silence comme de par hasard. Ah  bah si il avait finit par répondre… –Mais putain comment tu peux déconner dans un moment pareil?! Nan j'avais pas vu tes putains de sms, j'ai explosé mon portable ce matin en le balançant contre un mur, j'viens de m'en acheter un autre et cette merde est en silence!  

Ouais par contre elle le suivit vite fait chez lui parce que le coup du "je me prends la pluie alors que j'ai rien pour me couvrir" dans les films ou séries ça fait romantique à souhait mais elle en fait elle se pelait les cacahuètes juste! Et c'était pas vraiment le moment de se la jouer mode romantique… Comme si elle pouvait appeler au romantisme, cette bonne blague tiens!

-Sans alcool? SANS ALCOOL? Mais tu te fous de ma gueule ou quoi? Je suis peut-être enceinte d'un dieu et tu voudrais en plus me priver d'un remontant? Mais j'ai besoin de bière, de tequila, de Ballantines j'en sais rien moi mais un truc qui me saoulera au point de me faire tout oublier ouais! Explosa encore notre amie Caraïbe pas hystérique pour deux sous. Bien évidemment elle avait accepté la serviette qu'Esus lui avait proposée et c'est emmitouflé dedans, claquant des dents, qu'elle faisait les cent pas.

-C'est pas possible, c'est juste pas possible bon sang de bonsoir! On a baisé ensemble y'a deux mois merde! Et l'mois dernier je peux te dire que j'ai eu mes règles sans problèmes… et pourtant… putain je vois que ça… Ou alors j'ai un cancer de l'utérus va me falloir une hystérectomie, je vais mourir je sais pas… Putain mais je préfèrerais suivre mes grands-parents et mon frère dans le tombeau plutôt que d'avoir un chiard!

Ah bah tiens, jolie façon d'annoncer son récent deuil au dieu qu'elle avait pas revu depuis deux mois…

-Tu vas pas m'annoncer que y'a un putain de truc magique à la con qui protège les fœtus des divins, genre impossible d'avorter j'espère? Nan parce que je suis pas stable mentalement, si j'dois foutre un gosse au monde j'vais le tuer! Mais merde Esus, on va faire quoi?!

Elle continuait de marcher de long en large, angoissée et apeurée et soudainement, faisant tomber la serviette qui ne la réchauffait pas des masses de toute façon, elle éclata d'un rire hystérique. Effrayant!

Maël & Caraïbe

Caraïbe fusilla Esus d'un regard noir qui aurait pu le foudroyer sur place s'il n'avait été un dieu!

-Parce que tu crois vraiment que c'est le moment de faire l'humour? ¡Ostia puta!

Le rire hystérique de la casse-burne de la journée finit par se calmer, après un moment tellement long que Esus lui-même, celui qui lui disait n'avoir peur de rien, avait dû flipper sa celtique race divine de la voir aussi…bah aussi différente de ce qu'il avait connu d'elle. Quand elle reprit son calme elle ne s'excusa pas de cet excès de folie, nan, elle s'avança mais eu lieu de prendre verre que lui tendait Esus elle se saisit de la bouteille et bu directement au goulot. Si sa grand-mère avait pu la voir elle s'en serait retournée dans sa tombe!

-Nouvelles un peu particulière… Ouais j'imagine que pour toi trois humains qui meurent dans un accident de voiture c'est d'un banal affligeant mais tu vois moi ça m'a pas mal détruite en fait… C'est dans l'ordre des choses de voir ses grands-parents mourir, OKAY! Mais perdre son frère jumeau par contre, là moi je dis non! C'est une partie de moi qui est morte avec lui… Et j'avais certainement pas prévu de le remplacer avec le bébé d'un dieu. ¡Joder!

Elle allait prendre une nouvelle gorgée d'alcool, se foutant royalement de savoir ce que ça pouvait être en fait, elle avait juste besoin de… de se bourrer la gueule histoire de s'anesthésiée, et attention cette fois pas question de baiser avec Esus, même si de toutes façon il pouvait plus l'engrossé vu qu'a priori c'était déjà fait… Mais quelle foutu idée d'ouvrir sa grande gueule juste à ce moment-là, surtout pour lui demander si elle avait envisagé de le garder. LE GARDER? Mais il était chelou le mec, oh! Il pensait vraiment que Caraïbe, avec son prénom à la con et sa façon de vivre pouvait faire une bonne mère pour la progéniture d'un dieu… En fait pour la progéniture de qui que ce soit? La bouteille de rhum, parce que oui c'était du rhum, au lieu de finir le chemin vers la bouche de la bibliothécaire, lui échappa des mains et alla finir explosée sur le carrelage. Heureusement pour Esus qu'il avait pu se resservir avant qu'elle ne reprenne possession de la bouteille comme un bébé de son biberon…Oulah! Mauvaise comparaison!

-¡Me cago en la puta! S'exclama la jeune femme en un magnifique juron espagnol tout en constatant les dégâts. -T'as pas bientôt fini de dire des conneries plus grosses que toi bordel? QU'est-ce que tu veux que je foute d'un gosse? Tu crois vraiment que je suis capable de m'occuper d'un petit être braillard puant et fragile? Fils d'un dieu!? FILS D'UN DIEU!? Mais tu te rends compte? Vous êtes en guerre tous autant que vous êtes. Que je foute au monde ton gamin et j'vais me promener avec une cible sur le front bon dieu! T'en veux même pas de ce chiard toi! Je vais quoi? Te pourrir la vie pendant quelques années, une misère pour ton existence, pour que tu sois un père? Et ma vie à moi? Je fais quoi? Elle est déjà pas bien glorieuse mais avec un gosse je serais condamnée merde…J'ai qu'une vie très courte moi!  

La jeune femme se mis à faire les cents pas dans la pièce, toujours en claquant des dents, toujours frigorifiée malgré l'alcool qui l'avait légèrement réchauffée. Putain qu'elle était froide cette maudite pluie parisienne. Mais pourquoi n'était-elle pas allée vivre à Barcelone avec sa mère? Ah oui. Parce qu'elle voulait la caser. Ohoh… Imaginez un peu que sa mère apprenne la grossesse de sa fille?

-Et je dis quoi à ma mère? Bonne nouvelle maman tu vas devenir la grand-mère d'un rejeton divin que j'ai conçu avec Esus le dieu celte? Mais elle va me faire interner d'office là! Déjà que je suis à deux doigts de succomber à la folie… S'exclama-t-elle tout en passant ses mains dans ses cheveux, restant ainsi et éclatant en sanglots.

-Tu comprends pas… je suis en train de virer folle, mais littéralement… Toutes les nuits je vois mes grands-parents, mon jumeau et mon père… Toutes les nuits je vois ma famille morte. Je leur parle, je peux même les toucher… Je… je suis juste bonne pour la camisole de force. Sa voix se brisa tandis qu'elle continuait à pleurer, la serviette ayant glissé au sol. Elle n'avait parlé à personne de ce qui la tourmentait ces derniers temps, de ce qui la privait de sommeil. Et pour couronner le tout… une grossesse non-désirée.

Maël & Caraïbe

Ah bah en voilà un qui en avait bien de la chance tiens, à jamais paniquer! Non parce que notre pauvre petite Caraïbe elle, elle paniquait pour… tout! Ou presque… Et là c'était pas vraiment pour de la gnognotte hein! UN ENFANT! UN CHIARD! La progéniture d'un DIEU! Elle était même pas en couple avec lui bordel! Et n'avait aucune compétence pour la maternité et surtout elle voulait éviter de refiler à un pauvre être sans défense n'ayant rien demandé à personne ses infirmités. Elle avait déjà du mal à vivre avec ses émotions explosives, entre ses phrases de…non pas bonheur mais disons de normalité légèrement joyeuse et ses périodes noires où elle envisageait de s'ouvrir les veines parce que la vie lui pesait. Obliger un gamin à vivre ça? Et pire de supporter une mère faisant crise de nerf sur crise de nerf et pouvant aller à se scarifier? Allô la Lune ici la Terre vous me recevez? Refoutez vos pieds sur le sol immédiatement!  C'était juste pas envisageable, une vraie folie même pour elle!

—Non mais je disais pas divin comme quoi il serait dieu… Juste que son père en est un, de dieu! La jeune femme stoppa net son accès de colère pour froncer les sourcils. - Atta une seconde…comment ça tu peux être juste Maël? Mais tu connais pas ma mère toi… Si jamais, mettons coup de folie on garde ce mioche, tu seras là ok c'est très bien super, mais tu sais pas ce qui t'attend toi… Ma mère rêve de me marier depuis que je suis majeure et comme tu peux le voir j'en suis loin alors imagine qu'elle rencontre Maël, le mec ayant engrossé sa fille…Tu crois vraiment qu'elle va simplement accepter? Ah mais nan mais nan elle va te harceler pour que tu m'épouses et à l'église de surcroît et crois-moi t'as pas envie de finir marié avec moi!

Paniquée, elle s'emportait, même si elle avait baissé le volume de sa voix de crécelle partant dans les aigues cependant qu'elle prononçait sa tirade d'une traite sans respirer, prête à… je sais pas moi, se jeter sur lui et lui arracher les yeux, mais pourtant elle s'interrompit en fronçant les sourcils quand Esus, assez maladroitement il faut bien l'avouer, vint à lui dire que l'un de ses frères était porté disparu. Une petite voix dans la tête de Caraïbe, qui l'envoya chier manu militari, hurla "Mais ton frère peut toujours revenir dans un autre corps putain de race! Le mien est mort, finito, kaput, il reviendra jamais alors ferme ta putain de gueule tu connais pas le vrai deuil sale connard!" , mais la jeune demoiselle écouta son cœur qui bien qu'en proie à tous les chamboulements possibles et imaginables restait terriblement empathique. Elle s'approcha d'Esus pour poser doucement sa main sur la sienne.

--Je suis désolée… J'espère que tu vas le retrouver.

Mais putain de dieu celte! Pourquoi avait-elle ouvert sa grande gueule pour lui faire part de ce qui la torturait depuis des nuits maintenant? La folie la guettait. Il allait la faire interner à l'asile où elle serait même pas droguée en plus pour foutre au monde un chiard, ou une mioche on sait jamais, en bonne santé qui lui serait ensuite retiré pour que son papa puisse l'élever et en faire un fervent fidèle celte tandis qu'il laisserait pourrir Caraïbe dans sa cage droguée jusqu'au bout des ongles… Ceci dit ça pourrait pas être pire que de mener à bien cette maudite grossesse et que sa mère la harcèle pour qu'elle n'ait pas son gosse hors mariage ce qui serait une première et une honte pour la famille de Rochebrune  ce qui ferait retourner Bonne-Maman dans sa tombe.

Après avoir marché de long en large Caraïbe en vint finalement, grelottant toujours de froid, à se laisser tomber dans un fauteuil tout en évitant le regard d'Esus pour finalement lui répondre d'une voix plus calme et posée. Hé ouais! Explosive et hystérique mais l'orage toujours se calme.

--Je deviens folle je te dis… Je vais me coucher, je m'endors mais quelque chose me réveille: un bruit, un contact ou simplement une présence. J'ouvre les yeux et ils sont là, à me regarder: Papa, Louis, Grand-père et Bonne-Maman. C'est souvent cette dernière qui me parle, qui me touche… Et…C'est tellement réel, Esus… J'ai vraiment l'impression de sentir sa chaire contre ma peau, d'entendre sa voix à mes oreilles, de sentir son parfum… Mais c'est pas possible, n'est-ce pas? Tu l'as dit, les fantômes n'existent pas, il n'y a rien pour les humains sinon le néant… Je suis juste bonne pour la camisole de force, c'est tout… J'ai peur de m'endormir, j'ai peur de la nuit… Tu ne peux pas imaginer…Les revoir est une source de joie qui me fait sombrer dans la plus profonde douleur… Je….

Elle porta le regard vers son bras, remettant en place la manche de son pull sur son poignet pour dissimuler les scarifications récentes… Elle perdait vraiment pied.

- T'as vraiment pas baisé l'humaine qu'il fallait…

Maël & Caraïbe

Si les yeux de Caraïbe avaient pu être des pistolets, ou des révolvers on se fout de la nuance !, alors Esus se serait écroulé, son âme aurait repris le chemin des limbes (ou l’éther il avait dit quoi déjà ? bref, on s’en tape !) et Maël Eschene serait clamsé direct !

-Tu te crois drôle ? Tu t’imagines engrosser la fille et te taper la mère ? Nan attend, question stupide ! Suis sûre t’as déjà dû le faire. Au moins le combo baiser la mère et la fille ou d’abord la fille et ensuite la mère…

Autant l’idée qu’il puisse approcher sa mère de la même façon qu’avec elle le rendait folle de rage autant l’idée qu’il ait pu, dans un passé plus ou moins proche, se faire le combo : mère + fille l’amusait. C’était ça le pire : elle était perturbée, en colère, apeurée, inquiète mais elle avait envie de se marrer avec les conneries de ce couillon !

L’idée qu’elle puisse avoir croisé d’autres divinités que lui et que l’une d’entre elles eu choisit de la rendre victime de petits jeux de pervers tortures était effrayante et la jeune femme entoura ses bras de ses mains, se frottant avec vigueur.

-Mais…Pourquoi moi ? Je suis banale et insignifiante, Esus…Pourquoi est-ce qu’un dieu pourrait bien vouloir jouer avec moi de la sorte ? Qu’est-ce qu’un dieu, ou une déesse après tout, pourrait bien avoir à gagner à me rendre folle ? C’est pas comme si j’étais une menace, si ? Ou alors… Putain y’aurait pas une foutue prédiction, demanda-t-elle en relevant la tête vers lui,  qui dirait que je suis destinée à foutre au monde ton gosse et que ce dernier serait genre un héros pour le panthéon celte ? Un truc du genre : «Les panthéons se feront la guerre sans qu’aucun ne puisse prendre l’ascendant sur les autres définitivement jusqu’à ce qu’Esus le bâtisseur n’engendre un héritier avec une simple humaine. Cette dernière éduquera son fils dans les préceptes celtes et lorsqu’il sera grand et fort il luttera auprès de son père et apportera la victoire définitive du panthéon celte, devant un dieu et leur souverain » ou un connerie du genre ? LÀ oui on pourrait comprendre pourquoi on me prend pour cible. Sinon… NON !

Caraïbe se passa une main dans les cheveux tout en appuyant ses coudes sur ses genoux. Au moins, au contact du dieu, elle sentait son angoisse s’apaiser quelque peu. Un peu hein ? Elle était pas non plus devenue zen mais au moins ses membres ne tremblaient-ils pas ! Elle soupira, alla chercher son sac qui était, tiens d’ailleurs elle l’avait foutu où celui-là ? Et quand enfin elle le retrouva en sortit le test de grossesse acheté sur le chemin.

-Faudrait déjà être sûrs et certains qu’elle existe… cette descendance comme tu dis… Je vois pas d’autre raison de plus avoir mes règles en fait… même si ça remonte à un moment…je… rah putain je sais pas…soit je pisse sur ce foutu bâton soit on va voir un gynécologue mais j’y vais pas toute seule c’est mort ! Et s’il demande si on est en couple rien à foutre de la vérité on dit oui !

Déjà qu’elle avait HORREUR d’aller se faire tripatouiller par un gynéco si en plus elle devait y aller seule pour l’annonce de sa grossesse  « Ah nan y’a pas de père j’ai juste oublié la capote avec un coup d’un soir divin » mais laissez béton… Elle était carrément pas en était d’affronter le regard de jugement d’un toubib bien-pensant…des clous !

-Mais… Si…Mettons que je sois enceinte… Je veux pas de ce gosse Esus… Je veux pas être enceinte, je veux pas accoucher, c’est terrifiant un accouchement bordel… Je… non non je peux pas, je peux pas, je peux pas… J’ai peur, Esus…

Elle avait recommencé à tourner en rond dans la pièce tout en se prenant la tête dans les mains.

-T’en veux pas toi non plus de toute façon… T’as jamais voulu de gosse à ce que j’en sais alors en plus avec juste un plan cul… mais ce serait du délire…

Maël & Caraïbe

Ah parce que l’imagination débordante, débridée et hautement perverse d’Esus ne s’était pas mise en marche pour imaginer faire des cochoncetés avec Elionor après avoir couché avec Caraïbe et en lui ayant implanté sa vigoureuse petite graine ? Et elle était censée croire ça, peut-être ? Bon ok d’accord il n’avait jamais vu sa mère, ET CELA N’ARRIVERAIT JAMAIS ! Elle y veillerait au grain parce que les deux ensemble c’était juste hors de question !, et il ignorait donc qu’elle était encore très belle et désirable pour son âge et ce malgré les épreuves qu’elle avait traversé. Mais bon telle n’était pas vraiment la question du jour hein.

-Mais… Mais certains dieux sont de vrais enculés ma parole ! s’exclama Caraïbe, choquée. Naïve petite gourde humaine, va ! -Donc en fait les mecs ils naissent des croyances même des humains et eux ils font quoi ? Ils jouent avec, peinards, ils les torturent tranquilles… Et pourquoi ? Juste pour passer le temps ? Mais cette putain d’ingratitude ma parole ! Et après vous voulez des fidèles ? Ben vous les méritez pas, clairement ! Enfin… Elle s’arrêta deux secondes pour respirer à fond. -c’est un vous général qui est injuste, pardon. T’es pas comme ça… Enfin pas avec moi en tout cas et… ¡Joder tia pero cierra el puto pico !

En temps normal elle se serait royalement foutu que son gynécologue sache qu’elle avait une vie sexuelle épanouie (et de fait il le savait même si elle n’avait jamais spécifié le nombre de ses différents amants…) mais instable dans ce sens où elle n’était pas en couple mais qu’elle volant de conquêtes en conquêtes au gré de ses désirs mais… Elle n’était clairement pas dans son état normal ! Elle était enceinte, selon toutes vraisemblances… Et après le speech qu’il lui avait fait sur la contraception et surtout sur la protection rapport aux MST et notamment le SIDA ; il était chiant d’ailleurs c’était son cheval de bataille le SIDA ; elle ne se voyait clairement pas lui annoncer qu’elle était possible enceinte d’un mec (elle allait pas dire un dieu sinon il la foutait direct en asile de fous) avec qui elle avait baisé plus d’une fois sans capotes… Encore une fois tu te dis que bon…un oubli…c’est pas malin et c’est très imprudent MAIS ça peut arriver… Un désir incontrôlable et patati et patata (et encore il lui aurait fait la morale) mais PLUSIEURS fois ? Sans capotes ? Ouais. Mais nan !

-C’est plus simple, c’tout… Marmonna-t-elle avant d’hausser un sourcil en le regardant à nouveau, l’air exaspérée et…. Et allez savoir, inquiète peut-être ? -Tu vas pas me dire que tu fais partie de ces mecs qui ont la trique quand ils voient une meuf se faire tripatouiller vagin et utérus, quand même ? Nan parce que si vous ça vous éveille le braquemard, tu peux me croire, pour nous c’est juste horrible ! Va te faire faire un toucher rectal et tu comprendras têtre tiens…

Elle refusa, d’un signe de tête, la bouteille de rhum qu’il lui proposait. Non pas parce qu’elle se souciait de l’état du fœtus, s’il existait, mais parce qu’elle allait perdre contrôle façon Nestor si dans son état de nerfs elle picolait encore plus. Et aussi parce que bordel elle avait envie de pisser ! Ce qui tombait bien vu qu’elle devait faire ce foutu de putain de saloperie d’enculé de test de grossesse à la con ! Elle alla donc aux toilettes de mister Esus et fit ce qu’elle n’aurait jamais imaginé devoir faire un jour. Après avoir lu les instructions elle décida d’attendre le résultat dans la pièce, fermée à double tour. Bon au moins c’était simple à comprendre. Un symbole – signifiait qu’elle n’était pas enceinte et que donc sa petite crise d’hystérie avait été superflue et qu’elle devrait désormais passée cette fausse frayeur apprendre à baiser avec des capotes toujours,  et si le symbole +  apparaissait hé bah ça voulait dire qu’elle avait un putain de parasite dans le tiroir… Foutu polichinelle. Trois minutes… Il fallait attendre trois minutes pour avoir un résultat sûr…

Après avoir fait sa petite affaire et lavé ses mains, Caraïbe avait posé le test sur le rebord du lavabo et tourné en rond tel un lion en cage. Les minutes sur son téléphone s’écoulaient si lentement qu’elle failli hurler au ciel un truc genre « Dis donc le dieu du temps là tu veux pas arrêter de me pourrir la vie et laisser ces trois foutues minutes s’écouler normalement, merde ?! Tu pourrais même me donner un petit coup de pouce et qu’elles passent en un claquement de doigts bordel ! » Mais elle se retint de justesse. Esus aurait été capable de foutre la porte par terre en croyant qu’elle avait un problème et elle voulait lire le résultat seule.

Enfin, la sonnerie du compte à rebours retentit. Elle regarda le test et le passa sous l’eau avec du savon et nettoya aussi là où elle l’avait posé. Bah ouais elle avait pas envie de toute saloper hein ? Elle respira, rouvrit la porte et retourna auprès d’Esus. Lui tendit le bâton.

-Félicitations, papa. Marmonna-t-elle l’air pas du tout joyeux en lui montrant le + affiché sur l’écran du test.

Maël & Caraïbe

Caraïbe tenta de respirer histoire de contrôler un petit peu son hystérie car elle avait encore envie de hurler sur Esus. Mais qu’est-ce qu’elle en avait à foutre qu’il ait participé à des partouzes bordel ? Non, ne surtout pas lui envoyer son poing dans la tronche alors que monsieur lui apprenait qu’il aimait à se prendre un doigt dans le cul en se faisant sucer. Elle failli lui demander si c’était une demande pas du tout subtil pour la prochaine fois où ils feraient quelque chose mais elle se retint. Parce qu’elle n’allait plus coucher avec lui. Ah non alors, plus jamais ! Et elle pouvait encore s’estimer heureuse de n’avoir, à priori, qu’un parasite dans l’utérus et pas des MST. S’il l’avait sautée sans capotes comment pouvait-elle être sûre qu’il ne l’avait pas fait avec d’autres sans aucune protection ? Elle n’était pas assez parano ou prétentieuse pour imaginer un seul instant que c’était voulu de sa part et qu’en réalité il voulait un gosse d’elle. Nan ! L’idée ne lui traversa même pas l’esprit.  Elle le quitta donc pour aller dans les toilettes avec une furieuse envie de le frapper parce que même dans une situation aussi merdique monsieur parlait de cul ! Et…

Putain de dieu de bordel de merde sa mère la pute en string sur la plage Elle s’était raccroché au petit espoir que son cycle menstruel avait été déréglé comme cela pouvait parfois arriver mais non ! Elle était enceinte d’Esus, d’un foutu dieu, et ce alors même qu’elle avait commencé à fréquenter, en quelque sorte, un « simple » humain qui lui plaisait vraiment beaucoup. Mais pourquoi avait-elle le putain de don de se foutre dans la merde de cette façon ?

Elle lui avait donné le test positif et avait repris ses affaires. Elle avait peut-être marmonné un merci quant à la promesse d’Esus d’être toujours présent pour elle quoi qu’elle décide mais elle était pas sûre de l’avoir fait… Elle avait le cerveau embrouillé. En rentrant chez elle elle avait téléphoné au gynéco pour prendre rendez-vous. Et le lendemain avait écrit à Esus. Hey il voulait assumer ? Ben qu’il l’accompagne. Elle était tout simplement MORTE DE TROUILLE ! Sa présence, curieusement, la réconforterait. Et elle pouvait clairement pas dire à Alexandre « Oh Alex bonne nouvelle ! Je suis enceinte d’un ancien coup d’un soir. Tu veux venir avec moi chez le gynéco pour voir si je peux me faire avorter ? » Ouais nan…elle allait éviter hein ? Ce qui leur servait de relation était cool hein, mais elle était pas sûre qu’elle puisse résister à cette annonce.

Donc, deux jours après avoir annoncé à Esus que leurs ébats avaient pris forme de fœtus, le dieu, à qui elle avait donné son adresse, était venu la chercher pour la conduire chez le toubib. Elle n’avait pas desserré les dents de tout le trajet, non pas parce qu’elle faisait la gueule à Esus, quoi que, mais parce qu’elle avait le ventre noué. Et si jamais le délai était passé ? Elle allait faire quoi ? Elle dirait quoi à Alex ? À sa mère ? Disparaître…Ouais elle pouvait partir en voyage pour le reste de sa grossesse genre « j’ai besoin de prendre mes distances avec Paris où je ressens cruellement l’absence de ma famille… » ce foutage de gueule ouais ! Mais qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir faire bon sang ?

La salle d’attente… Un cauchemar sans nom… Les toubibs toujours à prendre leur temps, jamais à l’heure des rendez-vous bordel ! Mais ayez 2 minutes de retard et là c’est le drame mondial ! Elle était partagée entre deux sentiments : l’impatience et l’envie de prendre la fuite. Assise à côté d’Esus elle lui prit la main, pas dans un geste romantique hein ?, mais pour la serrer. Après tout c’était un dieu, il était bien plus fort qu’elle et ne ressentirait aucune douleur alors que ça la défoulerait ! Elle sera donc de toutes ses forces jusqu’à ce qu’enfin on les fasse entrer dans le cabinet. Et blablabla absence de règles, et blablabla test de grossesse positif… Prise de sang et…échographie.

-Félicitations ! Vous aviez raison, vous êtes enceinte.

Le monde qui s’écroule sous ses pieds. Elle ne voulait pas regarder cet écran, elle aurait pas compris grand-chose de toute façon, mais elle ne voulait pas voir à quoi ça ressemblait, non, non, non… Elle avait toujours la main d’Esus dans la sienne. Ah bah le poto il avait pas eu le choix hein… Et la serra encore de toutes ses forces.

-De… de combien ? Demanda-t-elle d’une voix hésitante, regardant obstinément vers le plafond.

Après un temps qui lui parut une éternité le toubib lui indiqua que selon toutes vraisemblances elle était enceinte de 7 semaines ce qui, expliqua-t-il, ne laissait que peu de temps pour une IVF médicamenteuse mais que la chirurgicale était encore possible jusqu’à la fin de la 14 ème semaine. Ils avaient encore un peu de temps pour prendre une décision. Mais de ne pas oublier que cette pratique médicale pouvait être traumatisante pour les femmes.

Oh bah tiens bien sûr ! Manqua de répondre Caraïbe. Comme si le fait d’avoir un chiard quand on en a jamais voulu était pas traumatisant du tout tiens ! Mais elle se retint en se mordant une lèvre. Finalement, elle tourna la tête vers l’écran. Grossière erreur ! Elle l’observa, fascinée, si longtemps qu’elle en perdit contact avec la réalité et n’entendit plus ni le toubib ni Esus. En fait elle vécu la fin du rendez-vous dans un brouillard total et ce n’est qu’en sortant du cabinet qu’elle repris place dans la réalité. Elle avait en main un cliché de l’échographie et ne cessait de le regarder. Une fois dans la voiture elle n’osa pas regarder le dieu et murmura de façon à peine audible :

-Et…Et si on le gardait ?

Maël & Caraïbe

Au plus profond de son cœur, dans le plus intime et secret recoin de son cerveau, Caraïbe nourrissait le doux rêve d’un jour fonder sa famille mais cela elle ne pouvait ni ne voulait l’admettre devant qui que ce soit et encore moins à elle-même. Et pourtant ce jour-là, quand elle posa son regard sur cette échographie où l’on ne pouvait distinguer qu’à grande peine, et à moins d’être un expert, les courbes de son enfant, ce fut comme une révélation : elle désirait être mère. Elle était encore emplie de toutes ses craintes qui depuis de nombreuses années lui avaient toujours inspiré le rejet de la maternité et même de l’amour mais quelque chose de plus fort encore la guidait.

La trentenaire releva le regard vers Esus qui se trouvait au volant et dans ses prunelles s’y pouvait lire une grande stupéfaction car elle n’en revenait toujours pas de ce qu’elle venait de ressentir, de comprendre, d’admettre presque trop facilement après avoir si vertement protesté.
-J’en suis la première surprise, Esus, mais… Je… Je le veux. Je veux ce bébé… C’est… C’est comme si soudainement ma vie prenait tout son sens, et ce alors même que ce matin encore j’étais décidée à avorter… Je ne peux pas vraiment l’expliquer… C’est comme si je puisant une nouvelle force dans toutes mes peurs… Sais-tu pourquoi je n’ai jamais voulu enfanter ni même me marier ? J’aurais pu, j’ai eu des propositions, même si je ne sais si elles étaient motivées par mon nom, la fortune de ma famille ou par amour de moi… mais… j’ai toujours eu peur de transmettre à un enfant ce caractère dont je suis pourvue… Tu sais… C’est très difficile à vivre l’hypersensibilité émotionnelle… D’une certaine façon cela te coupe du monde… Et pourtant…

Et pourtant désormais cette jeune femme qui se sentait indigne d’amour et incapable d’en éveiller la moindre étincelle dans le cœur de quiconque, incapable de prendre soin d’un autre être humain, celle-là même dont la vie se résumait à son travail et ses divers plaisirs, se sentait prête à devenir responsable et donner la vie. C’était excitant. Et effrayant aussi. Non parce que c’est bien beau d’avoir un gosse, tu sais à partir de quand tu dois te le coltiner mais jamais à quel âge il va enfin déguerpir hein ? N’oublions pas ce léger détail quand même !

Elle fronça un sourcil tout en relevant la tête vers Esus.

-Tu veux dire quoi au juste par rejoindre les tiens ?

Non parce qu’il pouvait vouloir dire devenir une fidèle ou alors…ou alors d’aller genre s’installer avec les celtes ? Non parce que maintenant elle portait une cible sur son bidou quoi… Faire un gosse avec un dieu en pleine guerre… BRAVO !

-Euh…Esus ? Tu…tu en penses quoi ? Oui je sais tu as dit que tu serais présent et tout et je t’en remercie mais… Je veux pas que tu te sentes piégé… que tu ailles pas t’imaginer que je tente de me faire épouser ou de gagner une faveur divine en gardant ton gosse…Je… Ce n’était pas calculé du tout… Et si…Enfin… Si tu ne te sens pas d’être père, je ne veux pas que tu te sembles obligé… Esus tu… es libre de ne pas t’occuper de cet enfant si tu ne le veux pas…Je peux me débrouiller seule si jamais…

VRAIMENT ? Et depuis quand madame je stress dès que je dois prendre rendez-vous chez le mécano pour ma bagnole ?

Maël & Caraïbe

Caraïbe porta de nouveau son regard sur son ventre qui ne trahissait pas encore son état gestationnel, le caressant en se demandant dans quoi elle s’embarquait à vouloir mettre au monde l’enfant d’un dieu et surtout en se posant une question essentielle : Est-ce qu’elle allait être une bonne mère ? Dans sa tête elle émit envers Esus ce qui passait pour une prière afin de souhaiter que son enfant ne soit pas atteint de sa « malédiction » personnelle.

-L’hypersensibilité émotionnelle peut être héréditaire… J’ai peur de la lui transmettre car c’est un enfer à vivre au quotidien… C’est un peu une loterie, ce n’est pas sûr à 100 pourcent que cet enfant naisse avec ce  « handicap » si je puis dire ainsi… Et… Oui. J’ai très envie de le mettre au monde…Je…C’est très bizarre.

Elle fronça les sourcils en essayent d’analyser ce qu’elle ressentait mais elle n’en fut pas capable. Si elle y pensait trop de raisons d’avorter se bousculaient dans sa tête et une seule raison pour le garder, irrationnelle au possible : elle le voulait.

-Tu veux dire que pour te priver de ton héritier tes ennemis s’en prendraient à… Bah oui c’est évident, ce que je peux être cloche parfois. Comme si des êtres immortels allaient se soucier de préserver la vie d’une insignifiante humaine dont l’existence est éphémère en comparaison avec la leur… Bande foutus ingrats ! C’est quand même grâce à l’Humanité qu’ils sont ce qu’ils sont bon sang !
Non mais quel crétin ! Normalement Caraïbe l’aurait regardé avec des grands yeux horrifiés en lui demandant si la solution évoquée n’était pas un poil exagérée : mourir pour ne pas prendre un bébé en charge alors qu’il avait si bien su le mettre en route ? Mais notre primipare, cette fois, fut amusée des propos du dieu qui, d’une certaine façon, la rassuraient.

-Ce serait dommage que tu quittes une enveloppe si bien… sous tous rapports.  Dit-elle avec un petit sourire légèrement coquin. Il fallait bien admettre que l’actuel corps d’Esus était bien…pourvu et agréable à regarder ! –Merci. Dit-elle, un peu plus sérieuse, posant sa main gauche sur la main droite de Maël pour la serrer brièvement.

Pendant un instant, tout occupée qu’elle était à penser au petit être qui se formait lentement dans son utérus elle en avait oublié ses cauchemars, si on peut les appeler ainsi. L’angoisse se saisit à nouveau d’elle. Elle ne savait plus tellement laquelle des hypothèses était la moins flippante : qu’un dieu (ou plusieurs) la prennent pour cible pour la rendre folle parce qu’elle s’était rapprochée d’Esus comme le pensait ce dernier ou pour le simple plaisir de la rendre complètement maboule, ou celle de véritables cauchemars ressemblant plus à des hallucinations... C’est quoi qui fout moins la trouille pour vous ? Être la cible d’un dieu vicieux ou devenir folle pour son propre compte ?

Comme s’il avait vu qu’elle s’était de nouveau mise à flipper sa race Esus fit à nouveau une blague dont il avait le secret, assez…assez…comment dire ? Eurk ! Mais qui fit rire Caraïbe.

-Putain Esus mais t’es con ! Rigola-t-elle en lui donnant une petite tape sur le bras. Mais c’est vrai que… ce serait rassurant de ne pas être seule…  Mais…t’as une chambre d’amis ou on devrait partager le même lit ? S’enquit-elle avec un bref froncement de sourcils. Non pas que l’idée de partager le lit d’Esus lui fasse peur ou quoi que ce soit mais elle ne voulait pas l’envahir… Et surtout vu qu’ils n’étaient pas en couple… Il serait peut-être un gêné pour emmener une gonzesse… Ou alors il serait obligé de lui payer une chambre d’hotel… Oui bien sûr ! Comme si son expérience avec le dieu ne lui avait pas déjà prouvé qu’il n’avait pas forcément besoin d’un plumard pour faire sa petite affaire !

Un prénom ? Si tôt ? Mais il était pas un peu malade ? Comme si elle avait pris le temps d’y penser…Bon en vrai avec son frère, Louis, ils s’étaient fait une promesse : le premier d’entre eux à avoir un fils lui donnerait le prénom de leur défunt père.

-Pas dans le cas où ce serait une fille… Mais pour un garçon j’ai déjà une petite idée… On s’était juré avec mon frère que le premier d’entre nous à avoir un garçon lui donnerait le prénom de notre père. Mais je crains qu’il ne te déplaise, vu que tu trouve qu’un prénom aussi classique que Charles fait « handicapé »… Mon père s’appelait Donatien… Elle lui lança un regard en coin attendant sa réaction.  

-Sinon je veux bien m’installer avec toi… j’aurais moins peur… Murmura-t-elle.

Maël & Caraïbe

Rien de bizarre à vouloir ce môme ? Mais il connaissait pas Caraïbe ce mec ou quoi ? Mais bien sûr que si que c’était zarbi pour notre folle adorée ! Bon ok elle avait largement les moyens financiers de s’en occuper de ce gosse mais la sérénité d’esprit ? Clairement pas. Elle allait lui apprendre quoi à ce gosse ? À devenir fou ? À se payer des colères d’anthologie ? À être hystérique ? Vaste programme ! Et son père il allait lui apprendre quoi ? À draguer des meufs ? Oui bon elle était pas en reste de ce côté la maman Caraïbe… Enfin bref ! Non. C’était juste pas normal !
La conversation avec Esus l’amusait et, d’une certaine façon, l’apaisait aussi. Il était marrant. Quand il évoqua ce que leur enfant pourrait hérité de son père elle releva la tête pour le regarder, les yeux exorbités, faussement, bien évidemment.

-Oh que c’est effrayant… Je n’avais pas envisagé cet aspect de la chose… Avoir un enfant avec toi… Et qu’il puisse te ressembler mais quelle horreur !

Bon, en vérité elle n’en pensait pas un seul mot, physiquement parlant l’actuelle enveloppe d’Esus était agréable à regarder et quant au caractère… En fait elle se demanda subitement si l’enfant qu’elle portait allait hériter de certains traits de caractère d’Esus ou alors de Maël… Le véritable Maël… L’occupant de ce corps avant qu’il ne meurt et que l’âme d’Esus n’en prenne possession… Et bien évidemment, question qu’elle pensa, question qu’elle posa. Sainte patience d’Esus !

-Mais… Dis-moi Esus…Du coup… L’enfant te ressemblerait à toi ou à Maël, l’original ? Je veux dire au niveau du caractère tu vois…. C’est assez compliqué pour mon humble petit cerveau d’humaine à comprendre…

Monsieur le dieu celte prit un malin plaisir à lui rappeler certaines atrocités accomplies par la gente humaine et notre pauvre femme enceinte en fut prise d’une envie de vomir. Décidemment dans quel monde de fous elle allait apporter la vie ? Cependant, comme s’il s’en était rendu compte Esus fut encore une fois capable de la distraire de ses pensées pour la faire rire.

-Hé bien… Tu connais Valentino Rossi? Le dieu de la moto ? Enfin dieu dans le sens où c’est le plus grand pilote de tous les temps pas dans le sens où c’est un dieu comme toi hein ?... Si jamais tu avais la possibilité d’habiter ce corps je serais, ma foi, très très mais alors très gentille avec toi… Répondit-elle avec un sourire coquin. Son fantasme ambulant Valentino Rossi, enfin un parmi beaucoup d’autres, il faut bien le dire !
Bien évidemment elle ne s’attendait pas à ce qu’Esus renonce à sa vie sexuelle parce qu’il l’avait foutu en cloque, hein ? Mais elle ne put résister à poser ses mains sur son ventre qui n’était pas encore arrondi, faisant semblant d’être, une fois de plus, horrifiée et scandalisée.

-N’écoute pas ton père, mon enfant, il ne raconte que des horreurs. Dit-elle tout en regardant vers le bas, l’air un peu stupide, il faut bien l’avouer. - Non mais dis donc toi! Tu n’oserais quand même pas ramener au domicile familiale les salopes que tu vas te tirer pendant que moi je verrais mon corps déformé par la grossesse, accueillant la vie en mon seins ?!

Non, en réalité, elle s’en foutait complètement. Au contraire cela pourrait même être amusant de jouer les épouses enceintes et horrifiées de trouver, dans sa cuisine ou sa salle de bains, le lendemain matin l’amante d’une nuit de son « mari ». La tête qu’elles allaient tirer les pouffiasses en la voyant, enceinte et en peignoir. Le show ! À mourir de rire ! Elle en rigolait rien que d’y penser !

Elle frappa le bras d’Esus lorsqu’il rigola du prénom Donatien, même si elle était bien obligée de le reconnaître, la signification du prénom de son père était assez…ironique, en effet. « Présent de Dieu. » Elle n’y avait jamais pensé… Oui bon d’accord, elle en rigola elle aussi !

Une fois chez Esus elle alla s’asseoir alors que ce dernier allait se servir un rhum, lui proposant une boisson non alcoolisée. Adieu à la bière  pendant de nombreux mois… Ouais non pas sûr que ce soit une bonne opération qu’elle venait de faire là… Au secours !

- J’ai très envie d’un jus d’orange et de croissants… Si tu as… Ça m’a pris subitement en sortant de chez le gynéco. Mais si t’as pas c’est pas grave hein ? Je pourrais très bien m’en passer ! Dit-elle avec un air d’excuse, comme quelqu’un ne souhaitant pas déranger.

- Je te remercie, Esus. Pour tout. Et oui, j’avoue, j’aimerai bien récupérer quelques affaires chez moi, je me vois mal dormir ici sans vêtements de rechange. Et…Oh bon sang…Et mes chats ? Que vais-je faire d’Hadès et Ursula moi ? Je ne peux pas te les ramener ici quand même…Je verrais avec une amie ou une voisine…  Quant au boulot… Tu vois je crois que je vais démissionner…En fait je vais démissionner… Je suis fatiguée de la bibliothèque et…quand j’ai voulu  y retourner après la mort de ma famille…Tu peux pas imaginer les regards de compassion…On me traitait comme un objet en cristal prêt à se briser ne pouvant rien faire… Attention c’est pas que j’ai l’intention de squatter ici toute la journée genre pour profiter ou quoi… Je vais peut-être enfin pouvoir me concentrer sur un projet qui me tient à cœur…écrire un roman…Enfin bref ça on verra hein !

Hé oui, mademoiselle de Rochebrune était encore en train de parler à ne plus savoir qu’en faire…

-Et pour te répondre, j’ai le sommeil très lourd…Tu pourras amener qui tu veux, quand je dors, je dors ! Ah ça pour dormir…Il fallait plusieurs réveil, plusieurs coups de sonnettes pour la sortir des bras de Morphée.

Maël & Caraïbe

L’entêtement d’Esus à voir Caraïbe devenir une fidèle celte ne pouvait que faire sourire la jeune femme, amusée, même si elle continuait à se demander ce que diable il avait bien pu voir en elle à part un coup d’un soir doué vu que ça n’avait pas été qu’un coup ni qu’un soir (et d’ailleurs la première fois n’avait pas été du tout le soir donc bon…). C’était drôle et un brin flatteur allez savoir pourquoi. Peut-être parce que la demoiselle n’avait pas tellement d’assurance… Peut-être bien, oui.

Même en étant au courant de l’espèce de dualité qui caractérisait Esus : à savoir qu’il habitait un corps qui n’était pas le sien, vivant sous une identité qui n’était pas la sienne et possédant ses propres souvenirs ainsi que ceux qui n’étaient pas les siens ; Caraïbe restait encore un peu perdue et avait encore du mal à savoir où était la limite entre l’humain et le dieu. Était-ce vraiment, en fin de compte, une bonne idée que d’avoir un enfant lui ressemblant à lui en plus de lui ressembler à elle ? Un peu trop tard pour se poser la question désormais…

-Sachant que cet enfant va naître avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, que tant que les panthéons se feront la guerre son existence sera en danger, il me semble en effet qu’il doit savoir exactement qui est son père, dans quel monde il est né. Donc pour répondre clairement à ta question : aucune objection ! Nous sommes sur la même longueur d’ondes à ce sujet, Esus.

Esus, Esus et son sens de l’humour qui ne pouvait que la faire rire malgré ses inquiétudes. Car inquiète elle l’était : comment annoncer à Alex qu’elle avait emménagé chez un amant de passage qui l’avait foutue enceinte ? Qu’elle s’entendait bien avec, qu’il la faisait rire et avait gagné sa confiance ? Croirait-il qu’il n’y avait plus rien de sexuel entre eux ? Allez savoir…Elle, à sa place, elle l’aurait mal pris, morte de jalousie. Peut-être qu’il ne tenait pas assez à elle pour être jaloux ceci dit… Enfin bref.

-Hadès et Ursula ? Dehors ? Mes bébés ? Pas fou non ? Ce sont des chats d’intérieur, ils ne sont jamais sortis, ils ont toujours vécu en appartement. Non, non, non, ils ne sortiront pas. Pour qu’ils se perdent ? Qu’on me les écrase ? Qu’on me les vole ? Ah non, non, non ! Mes bébés d’amour restent en intérieur !

Caraïbe ne put s’empêcher d’éclater de rire quand il fit allusion à leur première rencontre. Ah ça, il ne lui laisserait jamais l’opportunité de l’oublier. Ce dont elle n’avait, d’ailleurs, aucune envie. Même si elle se voyait mal raconter à leur enfant comment ils s’étaient rencontrés tous deux. Pour la magie on repassera et elle n’avait pas envie de passer aux yeux de son fils (ou sa fille mais elle préférait un garçon) pour une fille facile. C’est pas parce qu’elle avait une vie sexuelle libre qu’elle était forcément une fille facile. Baiser OK mais pas avec n’importe qui.

-On pourra peut-être attendre qu’il soit adulte, du moins assez mature, pour comprendre que ses parents l’ont conçu sur la base du désir et non de l’amour… Je me vois mal lui expliquer : j’ai connu ton père au travail et je me le suis tapé dans les toilettes au bout de quelques minutes…

Écrire un livre, son rêve de toujours. Mais en serait-elle capable ? Bonne question !

-Dis donc Esus… Tu m’as pas dit que tu avais le pouvoir de lire dans les pensées hein ? Non parce que c’est un peu ce à quoi je pensais. Parler des celtes…Romancer un peu, beaucoup même, notre rencontre… On sait jamais ça pourrait faire un bon roman…Ou pas ! Ou alors… Ou alors… Mais pourquoi ne pas écrire tes mémoires ? Pour toi ce serait biographique, tu pourrais me parler de tes anciennes vies, et moi j’écrirais et les humains qui liront prendront ça pour de l’imaginaire tout simplement. Mais… Mais attend… Ça risquerait peut-être d’attirer l’attention des autres dieux, non ? Tu dois avoir des tonnes de choses à expliquer, avec toutes les vies que tu as eues on pourrait en faire une saga carrément, style Angélique, en moins mièvre… Qu’est-ce que tu en penses ? S’emballa-t-elle avant de se taire pour boire de son jus d’orange, après l’avoir remercié pour le verre, bien évidemment.

Maël & Caraïbe

C’est con mais elle se sentie émue, notre pauvre Caraïbe, d’entendre Esus dire « notre enfant » alors que peu de temps auparavant ils parlaient d’avortement… Curieux sont les chemins que prend la vie, parfois. Par contre il était un poil casse-couilles à insister encore sur la nécessité d’apprendre à leur enfant à se protéger. Ils pourraient peut-être juste le laisser naître avant de planifier tous les instants de sa future vie ?

-Tu sais Esus, une fois que t’as conclu la vente t’as plus besoin de faire la pub, hein ? Je suis d’accord ! On vit dans un monde de fous et le tien me semble encore pire et notre enfant doit être prêt à tout affronter !

Caraïbe haussa les yeux au ciel avec une mine faussement exaspérée.

-Tu sais qu’on appelle ça une litière ? Tu sais mignon pourtant avec une pince à linge sur le nez pour ne pas sentir l’odeur de leurs excréments. plaisanta-t-elle. Comme si elle avait besoin d’un mec pour nettoyer de la merde… Bon ok d’accord elle avait été élevée dans le faste, le luxe, maitre d’hôtel et femme de chambre et tout le tintouin mais oh elle vivait plutôt modestement !

-Ceci dit… ça te ferait un bon entraînement pour le jour où tu devras changer des couches pleines… Et encore il paraît que l’odeur des déjections félines est bien moins forte que celles d’un enfant…

Alors là si elle pouvait avoir un aperçu du futur pour voir la mine dégoûtée d’Esusounet lorsqu’il devrait changer la couche pleine de Junior ! Ce serait avec plaisir bon sang. Y’a pas un dieu celte qui pourrait lui offrir une vision du futur ? Mais ce que lui avait dit sa grand-mère fantomatique lui revint en pensées…Il l’utilisait…  

Atta quoi ? Il voualit quoi ? Non mais attendez une petite seconde là ! Elle n’avait pas honte de vivre librement sa vie sexuelle, hein ? Non parce que sinon elle ferait plus jamais rien avec personne mais c’est juste que… bordel de bordel ils parlaient de LEUR gosse là. C’est différent ! Lui apprendre que le cul c’est le pied et que c’est pas honteux et qu’on le vit comme et quand on veut tant que c’est avec des êtres humains consentants et tout le tintouin et que quelle que soit l’orientation sexuelle des personnes il faut pas les juger. Mais OH ! Dire comme ça qu’ils avaient baisé au bout de quoi ? 10 minutes ? Dans les chiottes de la bibliothèque ? Bon bah dites qu’elle a des restes de son éducation d’aristo snobs mais là elle était pas d’accord. Mais bon, ils avaient encore le temps d’en parler. Et le regard qu’elle lança à Esus était très clair à ce sujet : on en reparlera et vu que c’est moi la mère tu vas te faire foutre mon gars c’est moi qui aurait raison !  

Une image fugace d’Esus avec une perruque rousse, couché nu dans un drap comme la fameuse photo de Michèle Mercier traversa l’esprit de Caraïbe qui explosa de rire, mais d’un rire…aux larmes, mal au ventre et compagnie.
-Tu…Tu es…es… tu es sûr ? Parvint-elle finalement à bégayer. -Tu ferais pourtant une rousse flamboyante. dit-elle encore avant de rire à nouveau.

Rire qui se calma direct à la boutade d’Esus. Au rayon vétérinaire ? Elle fronça les sourcils.
-Si notre enfant est un garçon, je t’interdis clairement de jamais parler ainsi devant lui des femmes de cette façon, sinon je te jure que tu le reverras jamais. C’est bien clair ? Dit-elle, l’air fermé et un regard noir lançant des éclairs. -Et tu ferais comment foutu misogyne à la manque si c’était une fille ? Demanda-t-elle tout en allant chercher son sac à main, avant de le frapper à l’arrière du crâne et de sauter sur son dos, comme une gamine.

-Je plaisante couillon ! Bon on file ? J’ai les crocs sévère et je pourrais bien te manger à toi et ce sans aucune allusion sexuelle ! Rit-elle avant de descendre de sur lui.

-Tiens...sérieusement... tu réagirais comment si c'était une fille?

Maël & Caraïbe

Elle lui mordit l’oreille. Oh bien évidemment par jeu et non pas dans l’intention de lui faire du mal parce que même s’ils n’étaient, et ne seraient jamais, en couple elle l’appréciait énormément. Et ce malgré les doutes que ses apparitions nocturnes distillaient dans son esprit et dans son cœur. Elle ne s’en ouvrit pas à Esus parce que… hé bien parce qu’elle craignait d’avoir tort et de le blesser et de perdre ce petit truc les unissant et « petit truc » ne signifiant pas le phallus d’Esus, que les choses soient claires !

Il ne cessait d’être surprenant ce petit dieu celte et quand elle était avec lui elle en venait à oublier ce que sa grand-mère lui racontait la nuit dans le secret de sa chambre sur les intentions mauvaises et intéressées de son ancien amant. Elle lui déposa un bisou sur la joue avant de redescendre de son dos. En fait il avait raison, elle vivait sa vie ainsi, si elle avait une fille elle ne pourrait pas ne pas lui apprendre à jouir de la vie et de son corps comme elle l’entendait et en envoyant chier quiconque aurait quelque chose à y redire et ce quand même bien ce serait son divin père. Spécialement si c’était lui, même, rien que pour l’emmerder. Mais il n’allait pas être un père comme ça, Esus. Et avec Caraïbe, sans le savoir, il n’allait pas du tout être père…

-Je me demande lequel des deux est le plus obsédé par le cul… Et je sais pas pourquoi mais j’ai l’impression, très vague hein ?, que tu remportes la palme mon poulet… Oh tiens quelle bonne idée du poulet. Un bon poulet rôti dans son jus avec des frites… Et en dessert… En dessert une tarte à la framboise. J’en salive d’avance tiens !

Un regard noir. Si un regard rendait impuissant, provisoirement rassurez-vous messieurs, alors ce serait celui que lança Caraïbe à Esus quand ce dernier, se croyant à se tordre de rire, parla de fourrière, de la faire piquer et de chenil… Elle lui tapa à nouveau l’arrière du crâne.

-Fais bien gaffe que je t’emmène pas à toi chez le véto pour une petite castration de derrière les fagots. T’aurais pas l’air con monsieur l’obsédé si tu ne pouvais plus baiser !

Quoi que…Il lui suffirait de mourir pour revenir dans un corps pourvu de tous les attributs virils nécessaire pour continuer à s’envoyer en l’air… Foutus dieux à la manque !

C’est ainsi que nos deux compères s’en allèrent de chez Esus pour installer, et nourrir, Caraïbe, sans savoir que la jeune femme allait, dans les semaines suivantes, perdre l’enfant qu’elle portait. Cela se passerait un soir alors qu’elle était tranquillement chez Esus en train de regarder un film tandis que monsieur était sorti, en train de draguer une pouff quelconque. Alors qu’elle se lèverait pour aller à la cuisine chercher un verre de jus de mangue, son obsession du moment, elle ressentirait, après la première gorgée, une violente douleur au ventre, si forte qu’elle en lâcherait son verre qui irait s’exploser par terre tandis qu’elle porterait ses mains à son ventre, larmes aux yeux. En panique elle téléphonerait à Esus qui ayant les idées bien plus claires que lui ferait venir une ambulance et la rejoindrait à l’hôpital où ils apprendraient qu’elle avait fait une fausse-couche. À sa sortie, elle irait chez lui à une heure où il ne s’y trouvait pas. Récupèrerait toutes ses affaires et ses chats pour retourner chez elle. Lui laissant un petit mot, incapable d’affronter son regard.

« Merci pour ce que tu as fait pour moi. Pardon… »

Fin.