Say it right, say it all [Elizabeth] [Intrigue III terminé]

Say it right, say it all

Elizabeth et Natanaël

Istanbul. Ville vieille de plusieurs siècles dans laquelle je n'avais jamais vraiment foutu les pieds jusqu'à aujourd'hui. Pourtant, ce n'était pas la première fois que je mettais les pieds sur terre, non, c'était la seconde, mais la dernière fois, mon véhicule était mort, tué lâchement par des brigands de grands chemins, alors fatalement... Ah quelle belle époque le Moyen Age avait été ! Les épidémies faisaient des ravages et je me délectais de voir la mort et la désolation s'abattre sur ses pauvres êtres. La compassion trop peu pour moi, après tout, j'étais un démon, il ne faut pas trop m'en demander non plus. Toujours est-il que je découvrais seulement maintenant ce bijou d'architecture qu'était cette ville. Il y avait juste trop de gens, mais ça, je n'y pouvais pas grand-chose. Les humains s'étaient multipliés comme des lapins et de nos jours plus aucune épidémie ne sait décimé un tiers de la population mondiale. Quoi que j'y travaillais quand même, à l'abri dans mon laboratoire de l'Institut Pasteur à Paris. Je ricane à cette pensée et reprends mon chemin. Si j'étais à Istanbul, ce n'était pas de gaîté de cœur, mais il y avait eu une réunion que je n'aurais pas manquée. Déjà, parce qu'on m'avait ordonné d'y aller et qu'ensuite, je savais que désobéir n'était pas une bonne chose. Dieu semblait avoir un drôle de sens de l'humour ces derniers temps, mais bien que cela ne me plaise pas réellement, j'étais l'un de ses serviteurs, alors je n'avais pas eu d'autre choix que de m'y rendre. Mais je n'avais écouté que d'une oreille, laissant les autres réagir à ma place, alors que j'étais occupé à me demander ce que cette alliance allait bien pouvoir nous rapporter. C'est vrai que les autres panthéons étaient plus faibles, mais cela ne voulait pas dire grand-chose dans les faits. Mais j'avais remarqué quelqu'un que cette union ne semblait pas enchantée non plus et lorsque j'eus confirmation de son identité, un sourire amusé s'était dessiné sur mes lèvres. Oh, comme j'avais joué avec ses nerfs au fils de ces dernières années ! Mettant mon grain de sel dans ses affaires tout en restant dans l'ombre, un vrai plaisir et une bonne source de distraction ! Aujourd'hui, il était clair que je devais me présenter en bonne et due forme. Même si j'avais bien vu le regard qu'elle m'avait lancé lorsque les présentations ont été faites. Mais nous n'avions pas eu le temps de discuter après la réunion. J'avais réussi à savoir où elle se trouvait et c'est pour cette raison que j'étais dans ce quartier actuellement. J'allais à sa rencontre, sans avoir à craindre pour ma vie ou pour quoi que ce soit d'autres. Malgré tout, il semblerait que nous ayons certaines aptitudes en communs, même si ça me coûtait de l'admettre. Juste une certaine forme de curiosité, rien de plus. Je finis par trouver ce que je cherchais et je décidais d'attendre qu'elle sorte de cette école. Je pourrais y entrer, mais ça serait perdre un temps fou. Et après une attente qui me semble interminable, elle sort enfin et je l'observe quelques secondes avec un certain amusement. Je pourrais continuer à me jouer d'elle dans l'ombre, mais Dieu a dit qu'il était temps de se trouver des alliés dans cette guerre, sauf qu'il ne se rendait pas compte de l'amusement sur lequel je devais tirer un trait maintenant. Je m'approche d'elle, les mains dans les poches et un air amusé sur le visage. " Tu es facile a trouver en fin de compte. Je suis presque déçu." Ironie quand tu nous tiens. " Il faut qu'on discute, tu ne crois pas ?" Peut-être pas, peut-être qu'elle n'en avait pas envie, mais je ne lui laissais pas réellement le choix de toute façon. On avait pas mal de choses à régler et à se dire.

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Entrée #19996, Date 17 Janvier 2021
Extrait : Une alliance avec le panthéon monothéiste ? Foutaise !

« Entrée #19996, date 17 janvier 2021

Suite à la nouvelle prise de position de notre panthéon, il est important de faire un point sur les informations déjà à notre disposition. A l’heure actuelle, et dans l’immédiat, je peux traiter personnellement de trois points : les alliances connues, les risques à envisager et les zones noires qui pourraient mériter notre attention.

Les alliances :
- Le panthéon monothéiste est allié avec notre panthéon, en guerre ouverte avec le panthéon inca et le panthéon vaudou et en tension avec les panthéons restants. Ces derniers sont au nombre de sept : les Celtes, les Egyptiens, les Greco-romain, les Hindoux, les Japonais, les Nordiques et les Slaves.
- Le panthéon hindou et le panthéon japonais sont alliés.
- Nous sommes actuellement alliés au panthéon monothéiste, et en tension avec le panthéon japonais et le panthéon hindou.

Les risques :
- Les anciens panthéons sont affaiblis et divisés mais considérablement nombreux. A l’heure actuelle, leur division est à notre avantage. Cependant, la menace grandissante que représente le panthéon monothéiste pourrait les pousser à s’allier et nous faire perdre cet avantage.
- Malgré la puissance combinée de notre panthéon au panthéon monothéiste, nous pouvons être rapidement submergés par le nombre et la diversité des panthéons adverses. Les techniques suivantes doivent être envisagées : espionnage et destruction immédiate et totale de tout projet d’alliances adverses, création de quiproquo entre panthéons et favoriser les guerres intestines.

Zones noires :
- Infligée la Vraie Mort est un acte grave. Est-ce une nouvelle forme de guerre, parmi les anciens panthéons ? Est-ce le signe d’un nouvel élément perturbateur, comme l’émergence d’un nouveau et discret panthéon ? ».

Je pose mon stylo avec joie, mais m’attelle à la relecture avec désespoir. Qu’est-ce que j’étais agacée d’avoir à perdre une précieuse heure à lire de telles absurdités, au lieu de me pencher sur la thèse des plus prometteuses d’un jeune étudiant stambouliote ! Le premier écrit n’apportera rien à l’Humanité, ou au Progrès, là où le second pourrait offrir un éclairage des plus intéressants sur une coexistence machine-homme à travers les ondes. Pourtant, je devais faire le sacrifice de ce temps, si précieux et si éphémère, pour cette bêtise divine, si fréquentes et si agaçantes ! Cependant, je ne pouvais pas m’y extraire. Un marché avait été passé avec Argent, et j’étais décidée à m’y tenir.

Sauf que pour faire don de ma personne dans cette guerre entre vieilles divinités désuètes, barbares et ignorantes, je devais préserver attentivement ma mémoire, c’est-à-dire sauvegarder fidèlement et avec précaution chaque information fournie par nos alliés, ou par les miens. Si les lunettes que je portais étaient conçues pour enregistrer fidèlement chaque instant de ma journée et stocker l’information dans un cloud extrêmement sécurisé, j’avais appris à mes dépens qu’il était primordial d’avoir une copie, papier de préférence, pour palier à tout inattendu ou malheureux incident. Je ne pouvais pas me permettre que quiconque devine l’une de mes plus grandes faiblesses, et en use à son avantage.

Mon ventre grogne, subitement.
Mon regard s’égare sur l’heure, naturellement.

Je soupire. Qu’il était agaçant d’avoir un estomac qui réclame de la nourriture ! Voilà une nouvelle perte de temps ! Je pourrais souffler l’idée à l’un de mes petits génies en herbe de me confectionner une recette complète qui répond à tous les besoins du corps, qui ne périme pas, qui est rapide à manger et surtout qui reste « agréable » en termes de touché ou de gout. Entre les techniques de sous-vide, de la cuisine moléculaire ou encore des rations envoyées avec les astronautes de la NASA, il y avait sûrement des possibilités inouïes pour satisfaire un estomac exigeant par nature. J’avais bien essayé quelques bouillis mais sans grands résultats : je finissais toujours par vomir tripes et boyaux, contre gré.

Je soupire, encore. Je me décide à quitter la chaise ergonomique amenée dans mon petit bureau. Par manque de budget, j’avais à partager ce dernier avec un professeur d’économie. D’un naturel réservé et d’un niveau intellectuel médiocre, la donne avait changé à mon contact. Il était devenu extrêmement bavard et, surtout, il était moins affreux dans son domaine « d’expertise ». Sans aller à dire qu’il allait décrocher le prochain prix Nobel, il commençait à gagner le respect de ses pairs. Pour autant, il avait un génie trop insuffisant pour servir mon objectif ultime. En conclusion ? Il devait dégager ! Je n’avais pas besoin d’un humain moyen qui se contente de dupliquer ce que ses ancêtres ou ses contemporains avaient déjà découvert. J’avais besoin d’idées neuves, osées et sans compromis !

On m’interpelle. Je ressens l’essence divine. Je reconnais le sourire moqueur. A mon grand malheur, il n’est pas un esprit étriqué, lent ou limité, pour que je m’en débarrasse avec l’exposition de quelques notions simples et basiques en physique, en chimie, en mécanique ou en médecine – quelques domaines que je maîtrisais, parmi tant d’autres. Malgré que je nourrisse quelques rancunes à son égard, notamment la mort d’un certain nombre de mes favoris tantôt par les maladies dont il a été à l’origine, tantôt par les persécutions que ses sbires ont perpétrées, je n’étais pas suffisamment en colère pour sortir de mes gonds, l’ignorer ou lui sauter à la gorge. Non, il m’en fallait bien plus, pour me mettre dans de tels états hystériques. Moi-même je serais incapable de dire « quoi », tant je n’étais jamais arrivée à de telles extrémités.

- Je ne me cache pas. Tu n’as jamais cherché à te déplacer en personne, tout simplement, répondis-je de ce ton bien propre aux scientifiques quand ils présentent une notion élémentaire, c’est-à-dire d’un ton explicatif, sans une émotion spécifique. Il n’y a pas de croyance, seulement la certitude. Dès lors, soit tu es certain que tu dois parler avec moi, soit tu ne l'es pas, ajoutais-je, le corrigeant.

Un livreur s’approche, avec un petit sachet blanc en main. Je lui fais signe, règle la commande, lui donne un pourboire, et le congédie. Aussitôt, je tourne les talons pour reprendre le chemin de mon bureau.

- Nous devons discuter, effectivement, mais je dois manger, avant. Une enveloppe est malheureusement perturbée par quelques considérations purement terrestres et mortelles. Tu peux revenir vers 13h45. Je serais rassasiée et disponible. Sinon, tu es libre de simplement venir et attendre dans mon bureau.

Et je ne lui accorde plus la moindre attention.

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Elizabeth et Natanaël

Le panthéon des Nouveaux Dieux. Une belle brochette d'amateur de mon point de vue, mais puissants. Et je ne pouvais pas leur enlever le dernier point. À mon plus grand regret, alors quand l'idée de faire une alliance a été lancée, je n'étais pas d'accord, mais il fallait se plier à l'autorité suprême et on n'avait donc guère le choix. Cela dit, il y avait quelques éléments intéressants dans le lot donc une ancienne connaissance. Du moins, c'était bien la seconde fois qu'on se voyait physiquement. La première fois, nous n'avions pas eu le temps de discuter et de tous, elle était de loin la plus intéressante à mes yeux. Quitte à faire équipe autant que ce soit avec quelqu'un qui soit à la hauteur. Sa réponse, quand je l'interpelle, me fait sourire. Elle avait du répondant, c'était encore mieux. " Je suis un grand timide." Purement ironique évidemment, mais lorsque Lucifer s'en va, c'est à Lilith et à moi-même qu'il incombe de faire régner l'ordre. Et comme il avait la fâcheuse manie d'emmener Lilith avec lui, je devais me débrouiller tout seul. Chose parfaitement à ma portée, mais qui m'empêchait de découvrir le monde moi aussi. Alors j'avais dû trouver une occupation. " Quoi tu va pas m'en vouloir parce que je me suis amusé comme j'ai pu à l'époque quand même ?!" Un sourire amusé se dessine sur mes lèvres avant que je ne reprenne. " Promis ils sont presque tous au Paradis ou du moins ce qui s'en rapproche blablabla..." Dédaigneux dans mon ton, je n'étais pas un fervent défenseur du jardin d'Eden et du concept même de Paradis, mais sans paradis, pas d'enfer, l'un n'allait pas sans l'autre alors... En tout cas, son esprit rationnel me plaisait assez, pour peu qu'on puisse plaire à un démon, mais c'était un autre sujet. " Je suis un démon ma chère, sans croyance, je ne serais même pas là. Mais il faut qu'on parle, c'est une certitude et sans doute la seule qui est exacte à cet instant précis."" Il n'y avait rien de pire que l'incertitude dans ce monde, mais ça faisait aussi mon bonheur. Les humains sont de pauvres choses si fragiles et il est tellement facile de les manipuler pour la grande majorité. Donnez-leur ce qu'ils souhaitent le plus et ils sont prêts à vendre leur âme, leur famille pour l'obtenir. Il y avait tellement d'opportunité de faire régner le chaos, mais il y a ce pacte avec Dieu qu'on ne pouvait pas enfreindre impunément. " Je t'accompagne." Elle était assez spéciale et je voulais l'observer, savoir à qui j'avais réellement à faire et aussi parce que je n'avais rien de mieux à faire présentement. Je n'étais pas venu faire du tourisme, même si la ville était réputée pour être une vraie perle ce n'était pas dans mes préoccupations premiers aujourd'hui. Je ne savais pas ce que je venais chercher en réalité, je ne sais même pas si on sera du même avis sur la situation, mais elle m'avait paru et de loin la plus rationnelle. Plus intelligente, plus calme, et même si je m'étais amusé avec ses fidèles à une certaine époque, je devais bien admettre qu'elle avait une belle maîtrise d'elle-même, la plupart m'auraient déjà sauté à la gorge pour avoir fait échouer leurs plans à un instant T. Je la suis donc en silence à travers la ville, perdu dans mes pensées comme elle devait l'être dans les siennes.

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Entrée #19996, Date 17 Janvier 2021
Extrait : Une alliance avec le panthéon monothéiste ? Foutaise !

- Le Paradis est une conception monothéiste. Beaucoup de mes fidèles ont renié cette dernière à l’instant où ils ont décidé de consacrer leur existence à « ma » cause, répliquais-je, d’un ton glaçant et tranchant.

Il pouvait bien se vanter d’avoir décimé mes rangs, et ceux de bien d’autres divinités, avec des maladies diverses et variées – souvenons-nous de cette maudite peste noire ! –, mais il était hors de question de le laisser s’approprier de « mes » âmes. Un peu de décence, bordel ! Nous pouvions, alors, sincèrement nous poser la question du « Paradis » ou de son équivalent, dans ce monde moderne. La réponse était assez simple : elle n’existait pas, elle était à construire. L’Homme touchait, enfin, du bout de doigt un soupçon d’immortalité entre l’allongement de l’espérance de vie, les travaux remarquables et révolutionnaires dans le domaine de la génétique – notamment le clonage – ou encore les mille et une théories sur la possibilité de sauvegarder une mémoire, la transférer et continuer à la faire vivre !

- Contrairement à « vous », et j’englobe là toutes les anciennes divinités, je suis née de la certitude et non de la croyance, répondis-je avec assurance. Ce qui se rapproche le plus de la « Foi », comme « vous » l’entendez, est ce que j’appelle une « Théorie ».

Il y avait sûrement bien d’autres considérations à prendre en compte, d’ordre philosophique, humanitaire et surtout divine, mais je n’avais guère de temps à gaspiller. Certes, la ferveur de mes fidèles alimentait ma puissance, mais « ma » notion de « Foi » se distinguait considérablement de celle, plus classique, des vieilles religions ou de mes pairs. Je suis la « Science », celle qui est construite sur des résonnements cohérents et logiques et celle qui est prouvée par des calculs ou des expériences. Il existe bien des incertitudes auxquelles les scientifiques consacrent de nombreuses années d’études pour y apporter la lumière, mais cette poursuite du savoir n’était pas une croyance aveugle mais une « théorie ». Il y avait là une certaine subtilité, mais importante : elle était l’essence même de ma puissance.

- Tu peux prendre place ici, indiquais-je, en lui montrant l’une des chaises de la pièce partagée.

A nouveau, je soupire. J’avais un chantier monstrueux devant moi. Il fallait donner le goût du progrès parmi cette population, et surtout trouver les génies de demain ici ou ailleurs et les concentrer autour de moi. Je pourrais bien céder à la facilité, en recrutant mes plus grands fidèles à la Sillicon Valley, mais je m’y refusais ! Je voulais construire un nouveau centre, et non bouger l’un vers une autre localisation.

Dès que l’odeur de mon repas de midi arrive à mes narines, je ne peux pas m’empêcher de sourire. Que cette enveloppe humaine pouvait être agaçante, avec ses besoins les plus primaires ! Si seulement il était possible de s’incarner dans un robot, je n’aurais plus à perdre environ huit heures de ma journée à dormir, manger, boire, aller au toilette – et quelques fois, lorsque la technologie actuelle était insuffisante, être forcé à quelques intimités avec la gent masculine.

Je mange, je mastique. En silence. Je me concentre pleinement à mon repas. Si je mange trop vite, je suis ballonnée. Si je mange trop lentement, je mange peu et je suis aussitôt affamée deux heures plus tard – une nouvelle perte de temps ! Heureusement, au fil des siècles, je m’étais habituée à ce corps. Je le connaissais assez. Je savais exactement quelle quantité consommer, quels nutriments à ingurgiter pour pallier aux carences récurrentes dues à la génétique, et quels efforts fournir au quotidien pour le bon maintien et l’entretien de l’enveloppe. Certes, mon essence divine apportait une aide considérable, mais cette chair n’était pas indestructible.

Ce n’était pas un robot. Malheureusement.
Ce n’est que lorsque je termine que je me décide à adresser, à nouveau, la parole à mon interlocuteur.

- Je t’écoute. De quel sujet veux-tu que l’on discute ? demandais-je de but en blanc. Je te prie de te contenter des faits, et des besoins, et d’aller droit au but évidemment. Je n’ai ni le temps, ni l’envie, de débattre sur la nécessité, les avantages ou les désavantages de la récente alliance entre nos deux panthéons.

J’attends.

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Elizabeth et Natanaël

Je hausse un sourcil, légèrement amusé par sa réponse, mais en soit, elle avait tout à fait raison. Le paradis, l'enfer étaient deux conceptions purement théologiques et liées aux pratiques du culte monothéiste. En fait, je me contrefiche de savoir où vont l'âme de ses fidèles une fois morts, là n'était même pas la question. Mais qu'elle ne le prenne pas pour elle, elle n'était pas la seule victime dans cette histoire. Je m'en prenais aux humains, peux importe en qui ils croyaient et ça, elle le savait bien. Et puis rependre des maladies, c'est assez amusant à voir, parce qu'ils suppliaient tous Dieu qui restait sourd à leur prière, preuve s'il en est qu'il se moque pas mal de ce qui peut se passer sur cette terre. Enfin dans une certaine mesure. " Eh bah y'a pas à dire, ça doit être fun d'être l'un de tes fidèles..." Et sacrément chiant. On peut dire ce qu'on veut des démons comme Lucifer ou moi-même, mais au moins, nos fidèles sont aussi tarés qu'amusants. Même si je suis plus sérieux que le Roi des Enfers. " Croyances et certitudes sont parfois la même chose, du moins dans l'esprit de certains." La marche fut silencieuse, et une fois arriver à destination, je regarde autour de moi avant de m'asseoir sur la chaise qu'elle me désignait. Je croise les bras et l'observe alors qu'elle souriait bêtement devant son repas, ce qui me fit légèrement sourire à mon tour parce que j'avais eu le même réflexe au début. Les premiers moments dans une enveloppe de chair et de sang étaient toujours les plus amusants, même si je n'avais clairement pas à me plaindre de celle que j'avais choisi. Il avait un cerveau et savait s'en servir sans parler de son travail et du reste. Je la laisse manger et j'attends, bien sagement, je pouvais être d'une patience infinie. Une chose que j'avais apprise au contact de Lucifer d'ailleurs, parce que de base, je suis quelqu'un d'impatient, il fut une époque où je voulais tout, tout de suite, mais la patience est une vertu qui est utile. Et qui me sert depuis des siècles maintenant. Et lorsqu'elle a fini de savourer son repas, elle me demande la raison de ma venue, sans pour autant que je tourne autour du pot. J'eus un léger soupir et reprends. " Que dirais tu de bosser en équipe, toi et moi indépendamment des autres ?"" Parce que j'avais observé attentivement ses petits camarades durant cette réunion et elle était la seule avec qui j'avais des intérêts en commun. Et avec qui ça serait fortement profitable. Quitte à faire équipe comme le souhaitait l'Ancien, autant que ça soit profitable et enrichissant. Pour le côté fun, on repassera. J'obéissais aux ordres, mais personne n'avait dit qu'on ne pourrait pas y retirer un peu de bénéfices au passage. " J'ai eu tout le loisir de t'observer au fil des siècles et nous avons des centres d'intérêts en communs, aussi surprenant que ce soit. Nous pouvons nous entendre et nous comprendre j'en suis certain." J'attends une réponse, qu'elle prenne le temps qu'il lui faut. De toute façon, nous étions amenés à nous côtoyer désormais et j'étais même prêt à m'engager à laisser ses fidèles de côté si elle le voulait. J'avais d'autres cibles bien plus amusantes dans les autres panthéons.

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Entrée #19996, Date 17 Janvier 2021
Extrait : Une alliance avec le panthéon monothéiste ? Foutaise !

J’appréciais qu’il se plie à mes exigences, sans résistance ou mauvaise foi particulière. Malheureusement, il n’était jamais exclu que je tombe sur une personnalité bavarde qui, au lieu de m’obéir, faisait tout le contraire, me noyant de ses bêtises et questionnement existentiel. Avec ces personnes, je n’apprenais strictement rien ! En quoi est-ce que savoir qu’une personne est heureuse ou déprimée allait m’aider à découvrir de nouvelles particules ? Comment étais-je censée soutenir Gris, dans sa conquête de l’Espace, en me renseignant sur l’arbre généalogique de mon voisin de table ? Comment pouvais-je sauver des vies, en perdant un temps précieux à papoter sur le temps ? Il fut une époque, j’avais tenté d’expliquer ce concept du pragmatisme à ces personnalités agaçantes et futiles, mais peine perdue ! C’était comme parler à un mur ! J’avais abandonné l’idée, et j’avais développé une capacité à ignorer et à ne plus entendre ces gens-là.

Autant dire, loin de m’avoir perdu, le Démon avait toute mon attention. Et sa proposition tombait. Belzébuth, le bras droit de Lucifer – et donc le seconde des Enfers, un royaume important au sein du panthéon monothéiste, quoiqu’aux allures de Moyen-Age chaotique selon les récits – me proposait une alliance indépendante. L’idée était aussi séduisante que complexe. Etant fortement liée à Technologie, j’avais autant besoin d’elle qu’elle avait besoin de moi pour fonctionner. Il m’était donc difficile de m’engager, sans me référer avec ma jumelle. Ou alors, je devais négocier des conditions qui ne m’affectent que moi.

- J’ai eu le temps de me renseigner à ton sujet. Tu es chercheur à l’Institut Pasteur, spécialisé en virologie. J’ai, effectivement, un certain intérêt pour la médecine, au sens large., débutais-je, le regarde fixe sur lui. Cependant, je ne suis pas sûre de comprendre ce que tu sous-entends par une alliance indépendante. Est-ce que tu veux dire que nous travaillerons sur des projets, que nos leaders respectifs, nous auront attribué, ou que nous allons faire preuve d’initiative et développer un projet qui nous sera propre ? demandais-je, sincèrement curieuse. Afin de m’assurer qu’il n’y a pas de quiproquo, je dois aussi m’assurer que tes attentes vis-à-vis de mes compétences sont actuellement en ligne avec lesdites compétences que j’ai.

La médecine était l’un des domaines phares du progrès. L’Homme voulait à tout prix atteindre, ou toucher du doigt, l’immortalité ! Cependant, avec une population qui frôlait les milliards, l’idée me semblait assez saugrenue – même en restreignant l’accès à une telle technologie et connaissance à une élite. Il fallait arrêter de se reproduire comme de petits lapins, et surtout assurer sa descendance intelligemment. Si une première étape avait été franchie, grâce aux moyens de contravention, le chemin était encore bien long vis-à-vis de la manipulation génétique au stade embryonnaire pour des humains plus forts, plus résistants et surtout moins imprévisibles – et moins cons, en parallèle. Bienvenue à Gattaca était un film de référence qui, au lieu d’effrayer, devrait fasciner ! Où était le mal que de sélectionner les meilleurs gènes ou assurer les immunités les plus solides à son embryon, dès les premières étapes de son processus de développement et de croissance ?

Ah l’éthique ! Quelle bêtise, qui m’offrait plus de migraine qu’autre chose ! La vie était plus simple, quand on ne donnait pas tant de valeurs à une vie humaine. Malheureusement, c’était l’envers du décor d’une natalité ralentie dans beaucoup de pays. Les femmes n’enfantaient plus pléthores d’enfants, dont la majorité allait crever d’une maladie infantile ou dans une guerre atroce. Dorénavant, on prenait dorénavant soin de la nouvelle génération – les Enfants Rois –. Certains poussaient le vice jusqu’à aimer les animaux, les adopter ou protéger leurs droits ! Encore une autre bêtise ! Ils pourraient tant servir à la science, à la recherche et au progrès ?

Je serais assez heureuse d’offrir à ces hommes et à ces femmes des robots-chiens – ou tout autre bête – s’ils voulaient bien taire cette conscience inutile. Et puis, l’avantage de telles machines, elles n’ont pas de poils qui tombent, elles ne mordront pas rage un gosse et surtout elles ne déféqueront pas partout ! Allez expliquer tout ça aux humains ! Ils sont si sentimentaux.

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Elizabeth et Natanaël

Je n'étais pas connu pour être le plus bavard des démons. Si certains étaient de vrais moulins à paroles, ce qui m'exaspérait le plus souvent d'ailleurs, j'avais appris à ne parler que lorsque c'était nécessaire. Bon, il faut dire que depuis que j'étais sur terre, j'avais compris qu'il fallait que je me sociabilise et que je parle un peu plus, mais j'avais mes limites également. Mais dans l'ensemble, je n'étais pas le joyeux luron de la bande, non, je laissais ce rôle à Lucifer qui s'épanouissait bien à ce petit jeu-là. Chacun sa façon de s'amuser comme on dit. Mais là, c'était différent, j'appréciais ces silences, parce qu'elle ne semblait pas être du genre à ne parler pour rien dire et je respectais ça dans un sens. Jacasser n'amène généralement rien de bon. Alors j'attends qu'elle mange, réfléchissant à des choses et d'autres, attendant qu'elle termine de se restaurer pour qu'on puisse enfin parler du but de ma venue. Parce que ce n'était pas du tout une visite de courtoisie, bien au contraire. Au final, je lui annonce ce que j'avais en tête et bien évidemment, c'est elle que je venais voir plutôt qu'un autre, parce que je jugeais que nous avions des centres d'intérêts en communs. J'attends une réaction de sa part qui intervient après un léger moment de silence et j'eus un léger sourire sur les lèvres. Elle avait donc aussi prit ses renseignements, bien cela évitera de nous faire perdre du temps inutilement en essayant de lui expliquer ce que je faisais concrètement. " Tu as bien fait tes devoirs à ce que je vois. C'est exact, autant utiliser mes compétences du mieux possibles." Et je peux assurément dire que je m'amuse bien. Mais là n'est pas la question et je la sens vraiment curieuse et intéresser par cette idée d'alliance que je souhaitais former avec elle. J'eus un léger rictus sur les lèvres avant de reprendre. " Rien ne nous empêche de mener les deux de front. Bien que je dois allégeance au Dieu Unique et que par conséquent, je me dois de me plier à ses règles, j'ai quand même le loisir d'avoir énormément de temps libre. Vois tu, il sollicite bien plus ses anges que ses démons." Cela dit, il semblait quand même un peu désabusé par la situation et il est fort possible que cela change, mais pour le moment, ce n'était pas le cas. De toute manière, tous savaient que j'étais bien plus fidèle envers Lucifer qu'envers Lui. Puis elle me pose une question à laquelle je n'avais pas de réponses à proprement parler. Bien sûr, je l'avais observé depuis l'Enfer pendant de très longues périodes, mais au sujet de ses connaissances en tant que tels, j'étais obligé de me fier à mon instinct et à ce que je savais sur elle. Un challenge. " Disons que je te propose de travailler et de collaborer sur des choses... Disons plus sujets à cautions, nous sommes tous les deux des scientifiques après tout. Quand à tes connaissances, il me semble t'avoir assez longuement observer pour être certain que tu es la personne avec qui j'ai envie de collaborer. Chose rare, note le bien, d'ordinaire, je travaille en solo, mais je me dis qu'il faut changer ma manière de faire et cette idée d'alliance inattendue tombe plutôt bien." Je finis par me lever de ma chaise et fais quelques pas dans cette pièce, regardant d'un air absent tout ce qui ornais les murs. " Bien entendu, tu es libre de refuser, ou d'en parler avec ta soeur, si tu n'es pas rassurée à l'idée de travailler avec un démon. Sache toutefois que je serais aussi honnête avec toi que tu le seras avec moi. Pas de faux plans, pas de poignard dans le dos. Juste une curiosité scientifique que nous pouvons tous les deux mettre à profit." La balle était dans son camps.

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Je l’écoute sans l’interrompre. J’en profite pour réfléchir sur ses paroles, et assurances, et anticiper toute problématique que nous pourrions rencontrer lors de cette future collaboration. Il avoue aimer travailler seul, alors que je suis davantage partisane du travail d’équipe. Nos méthodes de travail diffèrent donc radicalement : les clashs allaient être inévitables lors des premiers échanges. Il n’est jamais facile de faire des concessions, ou de trouver un terrain d’entente cordial. Je devais donc déjà réfléchir à tous ces trucs et habitudes sur lesquels je serais intransigeante, et sur lesquels je pourrais être plus flexible. Il allait devoir en faire de même, naturellement.

Si je la paraphrasais, il promet aucun faux plan ou poignard dans le dos ; il m’arrache un rictus amusé et mauvais à la fois. Les exemples de trahisons scientifiques sont foisons. Cependant, je n’étais pas une humaine : je me fichais d’avoir mon nom sur une étude, tant qu’elle était publiée, qu’elle révolutionne le monde et qu’elle maintienne la Foi de l’Homme en la science. En Moi. Oh, voulait-il dire de faire bénéficier entièrement la recherche à son Panthéon ? Voilà une possibilité à envisager, également.

- Je travaille en étroite collaboration avec ma Jumelle. Cependant, je suis la Théorie, elle est la Pratique. Si nous collaborons et si nous avons une théorie solide, nous allons irrémédiablement avoir besoin de la tester. Technologie prendra la relève qu’à ce moment-là, et il faudra la convaincre. Elle est ma Sœur, certes, mais Elle a son propre agenda, clarifiais-je.

Elle ne peut pas exister sans Moi, et inversement. Nous étions trop dépendantes de l’une et de l’autre, qu’importe que ce soit Technologie qui vive dans Mon ombre, ou Moi qui vive dans la Sienne. Nous étions indissociables. Dès lors, toute idée que nous pourrions développer avec Belzébuth allait tout naturellement être partagée avec Elle. Ma Jumelle était la seule à pouvoir développer tout outil technologique dont nous pourrions avoir besoin, en un temps record et de la façon la plus juste. Pourtant, Technologie n’était pas celle qui m’inquiétait le plus. Non, la divinité de notre Panthéon qui risquait d’être une épine au pied était Argent : il pouvait être très, très tatillon sur les dépenses … Je préfère ne rien dire. C’était une chose que d’exprimer une méfiance vis-à-vis d’une sœur, c’était une autre affaire s’il était question du Leader de votre faction.

- Je crois en la force du collectif, plutôt qu’en la force d’un seul individu, aussi brillant soit-il, indiquais-je. Enfin, je ne refoule jamais un esprit brillant, qu’importe ses origines, son pédigré ou ses motivations. Si nos recherches communes peuvent aider nos Panthéons respectifs, je ne peux pas refuser. En prime, si lesdites recherches peuvent aider l’Humanité à progresser, alors je suis des plus heureuses d’y contribuer, conclus-je, scellant oralement une alliance supplémentaire inattendue et imprévisible. Or, que serait la science et la découverte sans un brin d’audace, et de folie ?

Je me tais, et je le fixe.

- Est-ce qu’il y a un besoin d’un quelconque contrat satanique ou que sais-je ? Ou est-ce un délire d’Holywood ? , demandais-je sérieusement. Nous n’avions pas de telles choses ou exigences au sein de notre Panthéon – un contrat lambda suffit –, mais je savais que l’affaire était différente auprès des Anciens Dieux. Si détail administratif d’ordre spirituel, qu’il soit réglé maintenant. Je n’aurais nullement le temps de m’y pencher lorsque le projet quelconque qu’il avait en tête – ou que nous trouverons – sera lancé. Enfin, il faut réfléchir aux modalités de travail, ainsi que le sujet d’étude de prédilection. J’ai un emploi à Istanbul, tu as un emploi à Paris. Et je suppose que tu désires que nous travaillions sur un sujet tournant autour de la médecine ? .

Pour qu’une idée émerge, une organisation propice à son émergence doit être mise en place.

Say it right, say it all

Elizabeth et Natanaël

Je savais que j'allais au-devant d'un partenariat des plus audacieux, je savais par avance que nous avions deux façons de procéder complètement différentes, mais je prenais ça comme un défi. Je ne m'en faisais pas trop, nous aurons de toute façon le loisir de nous affronter sur bien des questions si ce partenariat voyait le jour, mais je savais également que nous avions un objectif assez commun. J'avais les ressources et des connaissances qu'elle ne possédait pas, elle avait les moyens et une façon de faire qui m'échappait complètement. Même si j'avais un ego parfois mal placé, là, il n'état pas question de savoir qui de nous deux serait sur le devant de la scène, j'avais l'habitude depuis des millénaires de procéder en coulisses, donc si elle voulait les lauriers, je les lui laissais bien volontiers. Il fallait juste que je sache si je pouvais lui faire confiance, du moins lui accorder une confiance relative, je ne la connaissais pas encore assez pour ça. Je lui avais exposé ce que je voulais et attendais d'elle, désormais, à elle de voir, mais il y avait du potentiel et je savais qu'elle le comprenait au moins autant que moi. Je lui laisse également le choix ou non d'impliquer sa soeur, l'une n'allait pas sans l'autre si j'avais bien compris et ça ne me posait pas non plus de problème. " Nous aviserons sur le moment, mais je ne me fais pas trop de soucis sur ce point." Je pourrais toujours mettre les choses en pratique moi-même si jamais sa sœur ne valide pas l'idée proposer. Mais avec son appui évidemment, ça sera tout de suite plus simple. Dans le pire des scénarios, je n'aurais pas besoin d'elles, mais autant rester un peu positif, ça ne fait pas de mal. De toute manière, il fallait déjà que nous puissions nous entendre à la base afin d'être capable de travailler en équipe et j'allais devoir apprendre à le faire. Je connaissais le diction qui disait qu'on n'était jamais mieux servis que par soi-même et c'était tout à fait vrai, mais là, je ne pouvais tout simplement pas et l'occasion qui se présentait était trop belle pour que j'envisage de la laisser passer. Advienne que pourra désormais. " J'ai travailler seul la plupart du temps. Disons clairement que les miens ont d'autres préoccupations, comme la torture, le chaos, pervertir les humains et j'en passe. Cela dit, un vrai jeu d'enfant pour le dernier cas, les humains sont si... Faibles ? Bref je crois que ça pourra aider nos panthéons. Pour ce qui est de l'Humanité, franchement, si ça les aide tant mieux, sinon tant pis. Je ne fais pas dans la charité et pas dans le bien commun non plus." Si dans des temps anciens oubliés de tous ou presque, j'accordais ma bénédiction sous certaines conditions, là, ce n'est plus le cas. Je suis un démon, je pervertis, je fais du mal, là est ma nature profonde. Et ma fonction tout court en fait. Je refoule mes souvenirs de ce temps-là et me concentre sur ce qu'elle venait de me demander et je ris, amusé par sa question. " Je n'ai pas besoin de contrat avec toi, tu es libre d'accepter ou non mon offre." Signer un contrat avec moi revient presque à donner son âme au Diable, même si je suis moins fourbe que Lucifer. Les termes de mes contrats sont clairs et précis. " Mais si à l'avenir on doit en faire un, je te conseille de bien réfléchir aux conséquences avant de signer." Les Enfers ne sont pas un lieu de vacances, quoi que dans son cas, je doute qu'on en arrive là et je doute que Dieu accepte de trahir cette alliance, donc le contrat serait certainement nul et non avenu. Qu'importe la question, ne, ne posait pas, elle n'était pas une humaine, c'était une déesse et une alliée. Partenaire sans doute également si elle acceptait. " Je peux me déplacer facilement, ce n'est pas réellement un problème, si jamais." Puis j'eus un sourire amusé laissant le silence planer quelques secondes avant de reprendre. " Mes connaissances sont vastes Elizabeth, même si j'avoue avoir un pêché mignon pour les virus mortels, je ne me cloisonne pas qu'à ça. Mais si tu veux aider l'Humanité, la médecine est un bon début." S'il existe des vaccins pour des virus mortels tels que la peste, le choléra et d'autres maladies dans le genre, il y en a d'autres en revanche qui font toujours des dégâts. Et cela me satisfait pleinement de savoir que je pouvais toujours avoir mon mot à dire sur les épidémies qui déciment parfois plusieurs parties du monde.

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Chaos, torture, perversion … tant de termes barbares et désuets ! Je ne comprenais toujours pas la raison pour laquelle les Humains priaient de telles Divinités vengeresses ou vicieuses ! Notre Panthéon n’exigeait rien, si ce n’est du temps et de l’argent, deux notions extrêmement importantes dans le domaine des médias, des sciences et de la finance. Seule Race exigeait des sacrifices sanglants, et uniquement humains. Une marginalité qui en faisant un électron libre, détaché et imprévisible. Enfin, notre Panthéon ne promettait pas mille souffrances si manquement à l’un ou l’autre de nos principes, mais nous les prévenions d’un grand danger – régression des sociétés à un état primitif, par exemple.

- Parfait, alors, si nous n’avons pas besoin d’un contrat spécifique à ton Panthéon. Nous nous contenterons d’un contrat humain, où nous attribuerons les bénéfices des recherches aux humains que nous désignerons ou à nous-même le cas échéant, concluais-je, d’un vague signe de main. La question était close de mon point de vue, et nous ne reviendrons pas dessus – qu’importe qu’il ait sous-entendu qu’une possibilité existait. La perspective d’un futur contrat standard me suffisait largement. Nous avons à opter pour un projet qui profite à la fois à ton Panthéon, et au mien. Dans le cas d’un virus mortel et mondial, les Humains ont tendance à … diaboliser la science, à l’accuser de tous les maux et à la rejeter en bloc en retournant à de très vieilles et stupides habitudes. Par exemple, lorsque la Peste a semé la mort sur l’Europe, les hommes et les femmes ont cessé de se nettoyer, en croyant stupidement que l’eau était le vecteur de transmission. La vérité était autre, et nous le savons. Bref, pour cette génération, et pour ce projet commun, je me refuse … un tel projet, le prévenais-je, ne pouvant cacher clairement mon mécontentement sur cet épisode charnière qui m’avait beaucou coûté.

Aussitôt, je me saisis de ma tablette et pianote dessus. De temps en temps, un soupire d’agacement pouvait s’entendre. Vivement que Technologie développe quelque chose d’un brin plus ergonomique, plus rapide et surtout plus intuitif ! Qu’il était agaçant de perdre son temps à aller de dossier en dossier ou, pire, à revenir sur ses pas car notre mémoire a fait défaut !

- Il faut une découverte, ou un progrès, révolutionnaire qui aura deux effets distincts. D’une part, le monde scientifique sera chamboulé, et aura accès à un tout nouveau pan de recherches, et de développements. D’autre part, la ferveur religieuse sera renouvelée, notamment autour de la question d’éthique, de notion d’âme ou de fin de monde. Par contre, pour ce dernier point, je pourrais difficilement prédire quel ancien Panthéon va en bénéficier. Pour que ton Panthéon soit le seul et l’unique bénéficiaire d’une telle ferveur, il faudra que tes pairs et toi-même préparaient convenablement le terrain.

L’argumentaire n’était pas improvisé, il avait été pensé et préparé depuis bien longtemps. Mon ton devait le prouver, assurément. Il n’était pas question de clairvoyance ou d’intuition mais de statistiques. Pour chaque projet, je développais une estimation sur sa réussite en prenant en compte multiple statistiques sur la réception de cette nouveauté par les Humains et sur l’impact, positif ou négatif, sur notre Panthéon ou sur les vieux Panthéon.

- Les grands axes qui se dégagent sont les travaux sur la Génétique, le Clonage et la Mémoire. A travers la Génétique, nous pouvons améliorer les capacités de défense du corps contre multiple maladies et prolonger l’existence de la personne. A travers le Clonage, nous pouvons envisager des substitues d’organe ou la prolongation d’une existence avec un nouveau corps, mais avec des cellules similaires. Enfin, à travers la Mémoire, nous pouvons envisager plusieurs applications, allant du transfert, à la sauvegarde simple. Il y a bien d’autres travaux, mais qui touchent davantage le domaine de l’aéronautique. Je doute que tu serais intéressés.

Say it right, say it all

Elizabeth et Natanaël

Je sais que ce que je suis n'est qu'une facette assez sombre de l'être humain. Si j'existe, c'est par croyance, si je suis encore là après tout ces millénaires, comme mes camarades démons par ailleurs, c'est qu'on croit encore fortement en nous. Pas la meilleure partie de l'âme humaine, mais on est comme on est je suppose et cela faisait déjà bien longtemps que je ne me suis pas posé de question sur le pourquoi du comment. Après tout, pourquoi faire ? L'être humain est fascinant, tant de bonté et de cruauté en une seule personne, l'équilibre entre le bien et le mal varie d'une personne à l'autre et il est toujours facile de constater qu'il est simple pour nous de les faire basculer. Dans certains cas, c'est plus compliqué, je devais bien l'admettre. Mais je ne savais pas comment fonctionnait son panthéon, alors que dans le nôtre tout était assez clair, je suppose. Dieu commande, Lucifer commande les démons, mais reste sous ses ordres et je suppose que c'est Gabriel qui commande chez les anges, mais je m'en contrefiche pas mal en réalité. Pour le reste, il y avait des démons comme Lilith et moi-même qui agissions un peu comme des électrons libres, bien que ma loyauté va indéniablement envers le maître des enfers. Mais je m'interroge fortement sur le fonctionnement du sien, mais j'aurais sans doute l'occasion de me renseigner plus tard, ce n'était pas pour ça que j'étais venu de toute façon. " Si tu veux, je n'y vois pas d'inconvénient." Je l'écoute et j'eus un sourire sur les lèvres, assez satisfait quand elle mentionne la peste. " J'avais été particulièrement inspiré je dois bien l'admettre, mais passons. Mais il y a un point sur lequel tu te trompe, s'ils ont arrêter de croire en la Science, ce n'était pas notre cas. C'est presque passé pour un châtiment divin, ce qui n'était pas prévu à la base, mais qu'importe. L'humain a toujours eu une fascination pour les virus mortels ou pas, mais je comprends que tu ne sois pas à l'aise avec cette idée." Mais il y avait bien d'autres terrains sur lesquels on pouvait s'entendre, sinon je ne serais pas venu la voir aujourd'hui. Perdu dans mes propres réflexions, je l'entends soupirer, mais ne lui accorde pas d'attention. S'il est vrai que l'Humanité avait connu des fléaux tels que la Peste à plusieurs reprises, il y a eu d'autres épidémies toute aussi destructrice dont j'étais directement ou non à l'origine. Mais il est vrai que la première épidémie avait été particulièrement spectaculaire et mortelle, je l'avais constaté de mes propres yeux d'ailleurs et j'avais vu aussi les premières dérives sectaires à l'époque et une certaine déroute des croyances déjà bien établies. Un doux souvenir quand j'y pense, mais elle reprend la parole et je me concentre sur ce qu'elle me dit. " Je vois que tu y as déjà penser. Ne t'en fais pas, contentons nous de faire ce que nous savons le mieux faire toi et moi et je t'assure que quelques mots glissés au bon moment aux bonnes personnes et le tour sera jouer pour nous. Pour le bien de cette réussite, ce n'est évidemment pas moi qui me chargera de faire passer le message, mais je sais à qui demander." Pas dit, qu'il soit très coopératif, cela dit, les anges sont par définition nos exacts contraires, ils sont la lumière, nous sommes les ténèbres et nous leur rapellons chaque jour ce qu'ils peuvent devenir, ce qui créer un climat particulier entre nous. Mais si c'est pour le bien de tous, il m'écoutera, sinon je n'ai qu'à menacer de déclencher une nouvelle épidémie plus dévestatrice que celle de ces dernières années et j'aurais son attention. L'avantage que j'ai, c'est que je n'ai pas de scrupules, pas de morale à proprement parler, bien que je sache ce qui est bien ou pas. " A choisir, je miserais sur la génétique. J'ai les moyens à ma disposition à l'Institut, ce qui peut s'avérer pratique. Mais il est vrai que le clonage et ce qui touche à la mémoire se pose là également. Du coup, je te laisse choisir, c'est toi la plus à même de savoir ce qui serait le mieux pour nous. Tu es plus en contact avec les humains que moi en règle générale." Puis j'eus un léger sourire amusé avant de reprendre. " Tu serais surprise, sache que ça m'intéresse, mais que ça reste en dehors de mon champ de compétence. Les humains sont attirés par ce qu'ils ne peuvent atteindre, cela dit, ils ont fait des progrès en la matière c'est vrai." Bien que facilement corruptibles, ils sont intéressants. Ah ces humains... Je comprenais mieux l'intérêt de Lucifer désormais.

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Il répond, faisant preuve d’une certaine affabilité et flexibilité vis-à-vis de mes propositions. Je dois avouer que c’est assez plaisant d’être entendue, et écoutée. Il fut une époque, Argent aurait agi exactement de la même façon, prêt à financer toutes ces idées révolutionnaires. Aujourd’hui, le pouvoir lui était monté à la tête, comptant chaque piécette donnée à des fins utiles et donnant sans compter à des bêtises - notamment ces stupides applications d’une jeunesse débridée et stupide.

Heureusement, il avait encore la tête sur les épaules, acceptant de fournir de sérieux financements à Gris et à moi-même dans notre projet de conquêtes de l’espace. Enfin, heureusement était assez inapproprié, pour une Divinité telle que lui. Il avait une tendance incroyable à pervertir tout ce qu’il touchait. Mes sublimes écoles américaines étaient devenues de véritable hub d’influences, où tout est question d’argent et de renommée et non de mérite et de reconnaissance.

L’Espace n’allait pas échapper à cette règle. Argent en tête, les Hommes allaient piller chaque terre découverte, asservir chaque population rencontrée et amasser tous les trésors de toutes les civilisations trouvées. Gris finira comme moi, plein de ressentiments et de frustration à l’égard de notre Leader. Malheureusement, aussi grande soit notre colère, il n’en reste pas moins que les êtres humains se rangeaient derrière lui et non Gris, ou moi-même.

- Nous avons une affinité commune à la Génétique. Ne perdons pas du temps à chercher à contenter des caprices humains. L’Humanité s’adaptera à nous, lorsque nous aurons chamboulé son monde, ses lois et surtout ses fondations.

Aussitôt, je réfléchis aux thèses proposées dans le domaine en question ou aux théories à explorer pour chambouler le monde scientifique et religieux. Les opportunités étaient si nombreuses, que j’étais bien incapable de faire un choix à l’instant même. Il ne fallait pas se précipiter – la science n’est pas une course contre la montre – : il est important de prendre le temps nécessaire pour mûrir un projet convenable.

- Revoyons-nous dans deux semaines, avec des propositions de thèses et expériences. Puis, nous nous déciderons posément sur le bon projet, soumettais-je. J’ai bientôt classe, as-tu besoin que je te raccompagne à la sortie ou t’en souviens-tu ?

Certains pourraient vouloir trinquer une future collaboration, d’autres se fichaient. Je faisais davantage partie de cette seconde catégorie. Je préférais élaborer théories, que de supporter les bêtises de quelques personnes bourrées. J’étais appelée à faire de grandes choses, moi.

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Elizabeth et Natanaël

Elle avait de bonnes idées et j'avais les moyens de pouvoir l'appuyer dans certaines tâches. Pas forcément avec l'appui de l'institut, mais tant pis, je me passerais de leur consentement, parce qu'ils ne savent pas exactement ce qui se passe à l'intérieur de leur enceinte. Je vois beaucoup de choses et j'en commets tout autant, alors rien ne m'était réellement impossible avec un minimum de prudence. Mais si on combinait réellement nos efforts, il y avait vraiment moyen de déboucher sur quelque chose de très prometteur. De toute manière, il nous fallait un terrain d'entente ou nos compétences respectives pouvaient être exploitées au meilleur niveau et la Génétique semblait être ce qui était le plus prometteur, alors soit. Je hoche légèrement la tête, donnant mon accord tacite à cette idée. Pour ce qui est de l'espace, même si c'est quelque chose qui m'intéresse plus ou moins, je dois bien dire que je préfère avoir les pieds sur terre. Surtout quand on considère que les Enfers d'où je viens et où je peux parfois régner en maître, sont sous la surface, mais passons, cela n'a pas sa place ici. " Bien voilà une bonne chose de régler." Je n'étais pourtant pas certain qu'il soit aussi aisé de chambouler les humains et leurs convictions, mais ce n'était pas vraiment mon problème. De toute façon, l'époque où l'on brûlait les gens sur un bûcher est lointaine, mais il est si facile d'être taxé de fou de nos jours. Cela ne me touchait pas particulièrement non plus. J'étais un épidémiologiste brillant, mais pas que, et je crois qu'il était temps que j'élargisse un peu mon champ de compétence. Mais il était certain que les hommes d'église allaient protester, parce que c'est ce qu'ils avaient toujours fait, même si depuis quelques années, ils n'étaient plus autant contre la science que ce ne fut le cas à une époque plus obscure ou la science était considéré comme quelque chose de démoniaque. Je souris légèrement à cette pensée avant de reposer les yeux sur elle quand elle propose de se retrouver dans deux semaines. " C'est bon pour moi, on se revoit dans deux semaines." Je hausse un sourcil et souris avant de me détourner et de quitter la pièce. Voilà une bonne chose de faite et qui pouvait être profitable à pas mal de monde. Dieu voulait qu'on soit alliés avec les Nouveaux Dieux, c'est exactement ce que je faisais, même si c'était bien plus pour mon profit personnel que pour l'ensemble du Panthéon, mais qu'importe, je suis les ordres. Une fois sorti de l'Université, je me dirige vers un petit bar en ville et m'y installe pour prendre un café. Perdu dans mes pensées, je pensais à mon travail et à la tâche qui nous attendait avec Sciences, mais rien n'était impossible. J'avais hâte de commencer cette collaboration en tout cas.

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