Aussi loin que remonte ses souvenirs, elle n’avait pas connu un autre modèle de vie que celui d’une secte. Le secret, le mystère et les entourloupes étaient la norme même de son existence. Ses études lui avaient montré, tant en théorie qu’en pratique, qu’il existe d’autres modes de vie plus sains et moins toxiques. Pour autant, la demoiselle avait refusé de quitter ce monde d’escrocs qu’elle maîtrisait et qu’elle connaissait, pour cet autre monde si « normalisé » et si « morne ».

Si son père lui avait imposé ce mode de vie, à sa naissance, elle avait choisi de son plein gré d’y rester en tant que jeune adulte et de l’aider dans la gestion de la Communauté – ou plutôt, dans ce crime. Un choix fait suite à son retour d’un stage à l’étranger dans le cadre de ses études, et qu’elle assumait pleinement.  Cette expérience n’avait pas été désagréable, au contraire ! Elle avait rencontré des personnes extrêmement intéressantes, dont quelques-uns avec qui elle avait gardé contact, et elle avait grandement apprécié d’être loin de la Communauté et de surtout de l’influence néfaste de son père.

Malheureusement, cette félicité n’avait pas duré longtemps. Tout lui était étranger, fade et désintéressant. Son stage auprès d’une psychothérapeute suédoise avait mis davantage en lumière l’horreur même de cet « autre » monde. Certes, sa conscience serait en paix sans toutes ces escroqueries et mensonges qu’elle servait à quelques personnes influençables, mais elle mourrait avec mille regrets ! Elle ne comprenait pas comment les personnes pouvaient se complaire dans un quotidien monotone et morne, s’articulant autour d’un réveil difficile, d’un emploi intéressant ou inintéressant, d’une famille aux multiples problématiques et quelques pauvres séries recyclées à toutes les sauces. Rien qu’à imaginer qu’elle ferait partie de ces gens lui donnait quelques palpitations … C’est à instant même qu’elle avait compris qu’elle n’était pas faite pour cet univers.

Pour autant, elle ne pouvait pas totalement effacer ou ignorer cet entracte de son existence. Davantage lorsque ces Suédois rencontrés se décidaient à venir à Paris, et qu’ils exprimaient franchement le souhait de la rencontrer pour boire un verre ou aller au restaurant. Elle avait été heureuse d’accueillir ses premiers amis étrangers, mais cette joie fut de courte durée. Les rencontres avaient été une source de désenchantement considérable pour les deux parties dès que le sujet du job était mis sur le tapis. Aucune option ne convenait à personne, que ce soit mentir sur son job ou se montrer franche sur son statut de Gourou. Elle avait perdu bien de ses contacts suédois suite à ces premières visites, et seuls quelques rares exceptions continuaient à lui parler. Alma Lindström, son maître de stage, faisait partie de cette dernière catégorie.

C’est donc avec une certaine nervosité, et curiosité, qu’Oyrania l’attendait. Elle lui avait donné rendez-vous à un café aux Champs-Elysées. La brunette semblait sous-entendre qu’elle allait rester à Paris. La fausse blonde – elle était brune, quand elle avait été en Suède – se demandait bien quel bon vent apporte la Suédoise sur le sol parisien. Elle avait gardé un excellent souvenir de ses méthodes ou de son approche, et serait plus qu’heureuse de la voir plus régulièrement et d’échanger davantage sur les questions psychologiques. Certes, Oyrania n’avait pas de cabinet, et elle ne vouait pas ses journées à lire des livres sur le sujet – ou à assister à des conférences – mais elle continuait à se renseigner, et à se tenir au courant des nouvelles théories.

@Alma Lindström

Lorsqu’une personne venue de l’étranger vous rend visite, vous vous assurez de préparer quelques petites visites – ou alors activités. Dans le cas des Parisiens, ils étaient bien souvent cantonnés aux traditionnelles visites, telles que la Tour Eiffel, les Champs Elysées, Versailles, l’Arc de Triomphe et ainsi de suite. Heureusement, tous ces lieux étaient bien trop éloignés pour couvrir en une journée, ou un week-end … Parmi toutes ces perles que cachaient la Capitale française, la fausse blonde avait opté pour un rendez-vous aux Champs Elysées. Certes, c’était assurément cliché, mais le quartier n’en restait pas d’un excellent goût, réunissant quasiment tout ce dont une touriste – ou nouvelle arrivante – avait besoin de voir : magasins, bâtiments et l’atmosphère parisienne – incluant ses pickpockets et ses escrocs.

Lorsqu’Alma arrive, Oyrania lui fait signe. Celle-ci ne semble pas la voir. Etonnée un tantinet, elle se décide à aller directement à sa rencontre, en gardant un œil très averti sur ses affaires laissées à l’abandon pour quelques poignées de secondes. Malgré la proximité grandissante, la brunette ne réagissait pas davantage, forçant le Gourou à s’interroger. Pourquoi est-ce que la psychothérapeute continuait à balader son regard dans le café George V, alors que son rendez-vous était juste en face ? Pourquoi, maintenant qu’elle l’avait vu, était-elle si étonnée ?

- Oh ! J’étais brune, en Suède, c’est vrai ! se rappela-t-elle subitement. Depuis, j’ai tenté quelques colorations différentes. Je me suis arrêtée au blond, pour le moment, expliqua-t-elle, sur ce ton si serein et si indolent à la fois.

La demoiselle avait toujours été une force tranquille. Rationnelle et pleine de sang-froid, elle ne laissait pas aisément contrôler par quelques émotions fortes telles que la peur, la colère ou la joie. D’une humeur constante, ses gestes et son ton étaient maitrisés, ses mots étaient pensés et prononcés avec soin et ses traits n’affichaient que l’émotion souhaitée par la demoiselle. Certains diraient que c’est une sociopathe ou psychopathe, d’autres soutiendraient qu’elle est simplement une gamine ayant eu à apprendre à se protéger, très tôt, contre les folies de ce monde – humain, et divin.

- Je suis assise là-bas, dit-elle, d’un anglais plus ou moins bon, ayant déjà tourné les talons pour s’y diriger. Elle ne reprend la parole que lorsqu’elle pose ses petites fesses sur la chaise. J’espère que tu n’as pas eu trop de mal à trouver le café. J’ai souvenir que l’on se retrouvait plus facilement à Stockholm qu’à Paris. J’ai essayé d’opter pour un quartier assez fréquenté, et avec une vue pas trop mauvaise.

Le serveur les interrompt un court instant, tendant une carte à chacune. Aussitôt en main, le regard de la jeune femme se balade sur la liste des différentes boissons ou desserts, découvrant les nouveautés ou les suggestions. Nullement attirée par ces dernières, elle porte son dévolu sur sa boisson de toujours : cappuccino, avec son petit nuage de lait.

- Je suis assez heureuse de te revoir. Nous avons sûrement beaucoup à nous dire. Nous ne nous sommes plus vus depuis .. deux, ou trois ou quatre ans ? Que le temps passe vite ! Comment se porte le Docteur Karlsson et le Docteur Berg ? demanda-t-elle, davantage par courtoisie que par réel intérêt.

- Oh, je vais très bien.

Oyrania était une demoiselle des plus brillantes et observatrices. Enfant bénie par la Nuit, gamine traînée d’une secte à l’autre, fillette victime de la folie des adultes, elle avait grandi dans un monde où la survie – voire la félicité – n’était promise qu’à ceux qui savaient tromper autrui avec habilité. Elle s’était aussitôt penchée sur la question, lisant et apprenant tout ce qui était possible dans l’art du mensonge, de la ruse, de la manipulation, de l’arnaque et de l’escroquerie. Dès lors, il est bien difficile de berner celle qui en connaissait bien les ficelles, l’appliquant à son quotidien et à chaque aspect de sa vie.

Alma n’échappait pas à la règle. Au contraire, en raison de ce passé commun, elle était même la plus susceptible d’être détaillée et analysée discrètement par la fausse blondinette. Malgré que les divinités héritent des souvenirs de leur enveloppe, elles ne pouvaient pas agir exactement de la même façon que ces pauvres âmes humaines écrasées. Si les détails pullulaient sur ce changement de personnalité – le ton, les sujets de discussion, les regards etc …-, ils étaient encore bien insuffisants pour qu’Oyrania décèle « l’anomalie ». Toujours est-il que ce n’est qu’une question de temps pour que la petite humaine ne s’interroge sur son interlocutrice. Aujourd’hui, ou plus tard.

- J’ai obtenu mon diplôme. Je travaille actuellement sur une thèse, en tant que candidate libre, si l’on veut, annonce-t-elle calmement.

L’affaire avait été ardue, mais grâce à ses contacts au sein de la secte, elle avait pu obtenir bien des exemptions par-ci et par-là sur quelques procédures standards pour la validité d’une thèse. Aujourd’hui, elle conciliait ses journées entre la lecture d’ouvrages sur la psychologie – pour sa thèse, et pour sa culture personnelle –, ses tours de magie à organiser ou encore ses apprentissages du vieux grec pour mieux appréhender ou dire les prières en l’honneur de Nyx, confectionnées par son père. Croyait-elle à des Dieux et des Déesses ? Nullement. Elle pensait, sincèrement, jouer simplement le jeu d’un homme un peu fou, mais malgré tout des plus clairvoyants sur la nature humaine et ses besoins. Elle ne le savait pas encore mais l’avenir allait considérablement challenger cette vision athée, scientifique et rationnelle de l’univers.

- Je pensais que certains de mes anciens camarades suédois auraient déjà tout dit, sur mes activités actuelles, à une fête de Noël autour d’un sapin par exemple, glisse-t-elle avec précaution. Je n’ai pas ouvert mon cabinet, comme je le pensais initialement. J’ai adhéré pleinement et entièrement à une Communauté, et en est devenue la représentante. Certains aiment dire que je suis devenue le Gourou d’une secte d’illuminés et de fous.

Est-ce que sa voix tremblait ? Non, elle était calme et maîtrisée.
Est-ce que son regard fuyait ? Absolument pas, il fixait avec assurance son interlocutrice.
Est-ce que son cœur s’emballait ? Aucune irrégularité ne pouvait être détectée.
Est-ce que ses joues s’empourpraient d’une quelconque honte ? Elles étaient aussi blanches que depuis de le début de cette conversation, quoiqu’un peu rouge en raison de ce changement de froid et de chaud.

- Je peux continuer, si tu es curieuse. Sinon, nous pouvons simplement continuer à parler de Paris et de cette nouvelle vie qui t’attend dans la Ville-Lumière.

Oyrania est une pimbêche manipulatrice et matérialiste. Par contre, elle n’était pas née ainsi, elle l’était devenue. Si elle avait démontré une sensibilité vis-à-vis de son environnement plus accru que ses jeunes camarades dès la maternelle, elle avait eu à apprendre toutes les techniques liées – de près ou de loin – à l’observation, à l’analyse, à la déduction et à la psychologie humaine. Dès lors, elle savait que ce « sentiment » que quelque chose – ou quelqu’un – ne tournait pas rond n’était pas anodin. Inconsciemment, elle avait dû saisir de petits détails ou incohérences mais, la distance et le temps jouaient en sa défaveur : elle n’était plus capable d’identifier immédiatement et clairement les éléments qui ne collaient pas à la situation actuelle.

- Je sais qu’il sera question de l’émancipation de l’Homme vis-à-vis d’une vision de masse, et classique, de la religion. Malheureusement, c’est à la fois vaste et classique : je dois être plus précise et, surtout, plus novatrice, répondit-elle avec calme, cachant habilement ce léger trouble qui ne la quittait toujours pas. C’est assez dommage que tu ne souhaites pas partager tes projets, ils m’intéressent toujours. J’ai toujours admiré ton talent à partager une nouvelle vision à toutes les personnes qui t’entourent, incluant les plus réfractaires, glissa l’humaine, avec une pointe de déception. D’une part, elle pensait sincèrement ce qu’elle disait. D’autre part, elle sentait une chance de deviner l’origine de ce sentiment étrange. De plus, tu sembles avoir changé.

La dernière phrase avait été glissée d’une façon anodine. C’était davantage une petite pierre lancée dans une marre profonde et sombre. Jusqu’où est-ce que les petits cercles sur la surface allaient-ils s’étendre ? Qu’est-ce qui allait faire surface ? Elle n’en savait rien. Elle tentait, simplement.

- Mon père est un fervent croyant d’une ancienne divinité grecque. Cependant, il n’impose pas cette vision à quiconque et partage volontiers ses idées avec autrui, dit-elle en nuançant plus ou moins le portrait de cet homme. Certes, il était ouvert à la discussion mais, une fois pris dans ses filets, il était difficile de s’en échapper indemne. J’ai donc toujours été entouré de personnes aux croyances diverses, ou sans croyances. Pour ma part, j’ai décidé de suivre la trace de mon père, en priant une même divinité. Evidemment, il n’y a pas beaucoup de livres de prières, de croyants ou de représentants de religions mineures. Alors, nous servons de guide, nous établissons des rituels ou des prières sur base de nos recherches et selon notre vision.

Elle se tait pour siroter son café. Son maintient reste la même, à peine touchée par l’agitation du monde. Elle était concentrée uniquement sur son interlocutrice et ses réactions.

- Chacun est libre de croire ce qu’il souhaite mais au sein de notre communauté, nous avons décidé de mettre davantage l’accent sur cette divinité en particularité.

Allait-elle dire qu’elle était considérée comme la fille de la déesse Nyx, par les siens ? Nullement. Il était bien difficile de faire accepter aux gens qu’elle était une Gourou encore pleinement en possession de ses capacités, ou encore de mentir lorsqu’il fallait dire qu’elle faisait par acte de Foi et non par acte égoïste. Si ses fidèles étaient de fervents croyants, à la foi intacte et solide, Oyrania n’était qu’une petite hypocrite qui usait et abusait de leur confiance pour retirer tout ce qu’elle pouvait et en user à son propre usage personnel.

- Imagines ... la renaissance des croyances nordiques. Je ne parle pas de "passion", de "passe-temps" ou d'une minorité, mais une véritable communauté qui souhaite renouer avec le passé, leurs ancêtres ou ce monde spirituel d'une façon différente.

Oyrania ne répond pas de prime abord, fixant son regard corbeau sur Alma. L’attitude attendue était à la fois si parfaite et si incohérente, que l’ancienne stagiaire ne saurait dire ce qui l’agaçait ou la mettait à mal. Cette psychothérapeute avait toujours été à l’écoute, sans le moindre jugement, vis-à-vis de ses interlocuteurs. Tour à tour, elle était leur mère, leur sœur, leur amie, leur confidente. Ce sentiment était toujours présent, mais il était un brin « différent ». Et les remarques faites la surprenaient.

« Les croyances nordiques sont encore bien fortes, dans les pays scandinaves. Elle ne doit pas être surpris qu’il existe des communautés marginales, ailleurs » pensa-t-elle, quoiqu’encore assez peu convaincue elle-même. « Mais, elle a raison. La religion redevient un sujet sensible » conclut-elle, biaisée par les récents événements – dont notamment son agression, en pleine nuit. Ses amies avaient été les victimes, là où elle avait pu échapper « miraculeusement ». Encore. Si Oyrania n’était pas « consciente », elle savait user instinctivement de la bénédiction accordée par la Nuit elle-même. Perdue dans ses souvenirs de cette nuit de terreur, la fausse blondinette était distraite, maintenant. Elle ne pensait plus à cette gêne ou à ces doutes vis-à-vis d’Alma.

La France avait une profonde et longue tradition chrétienne, et il n’était pas aisé de trouver des personnes ouvertes à la notion de polythéisme et de les faire adhérer durablement. Cependant, si le climat était propice à la tolérance, la récente vidéo d’une bande de délurés déguisés en ange et qui prônait la guerre sainte avait fait fureur ! La Communauté avait l’un des dommages collatéraux. Depuis le 31 janvier, les agressions à l’encontre des fidèles de la Nuit se multipliaient, et les tags étaient fréquents – à peine nettoyaient-ils un mur, qu’un nouveau tag insultant était fait par-dessus !

Contenant cette peur insidieuse qui naissait au creux de son ventre, elle avale quelques gorgées de son café pour noyer cette boule. Lorsqu’elle parle, sa voix est claire et assurée, à peine tremblante ou troublée. Elle avait grandi parmi les meilleurs, tantôt le groupuscule à la solde de sa mère, tantôt les déglingués au service de son père. Mieux qui quiconque, elle savait dissimuler et mentir. Elle pourrait même se tromper elle-même ! Car le talent était d’enrober un fond de vérité de quelques couches délicates de mensonges et de subterfuges.

- Nous n’avons jamais eu de problèmes, jusqu’à récemment, commença-t-elle. Des types déguisés en ange ont déclaré qu’il fallait faire la guerre sainte. La vidéo est devenue virale sur internet, et beaucoup d’idiots y ont cru. Ils pensent qu’ils doivent répondre à l’appel, dit-elle, en balançant sa main en l’air, sous-entendant que c’était des foutaises auxquelles elle ne croyait pas. Heureusement, nous sommes en France. La violence ne va pas plus loin que quelques tags, mentit-elle habilement, taisant sa propre nuit de terreur.

Pourquoi ? Elle n’était pas encore prête à en parler, tout bonnement. Si elle n’était pas spécialement pétrie de scrupules, elle se sentait pourtant coupable. Les agresseurs étaient venus pour elle, mais ils n’avaient pas pu lui mettre la main dessus. A défaut, ils s’étaient pris à ses amies qui l’avaient accompagné à une soirée des plus banales, où l’alcool coulait à flot, où les promesses d’une nuit de folie étaient nombreuses …

Elle garde le silence, malgré les paroles des plus censées de la psychothérapeute. Oyrania avait suffisamment étudié la psyché humaine pour deviner que les représailles ne cesseront pas en attendant, simplement. A l’image de la guerre, il devait y avoir un vainqueur et un perdant. La question était la suivante : Est-ce que la Communauté était prête à se battre ? Si non, alors soit il fallait la renforcer, soit il fallait considérer une retraite.

- Les tags sont assez classiques, dit-elle, d’un ton qui se voulait nonchalant. Hérétique, faux dieux, déviant et toutes ces bêtises que les monothéistes aiment radoter, encore et encore, sur ceux qui ont une religion différente, libérée et polythéiste, conclut-elle, taisant ses tort et travers personnels.

Elle n’était pas une sainte – incluant sa propre religion – et elle était une satanée hypocrite manipulatrice. Pour autant, il restait encore une once d’humanité dans ce cœur rongé et parasité par le matérialisme, le consumérisme et la vénalité de ce monde. Et cette flamme de compassion qui survivait encore, quelque part, avait une sincère pitié à l’égard des véritables fidèles, ceux qui croyaient aveuglément en Nyx ou ceux qui cherchaient un refuge à la violence de ce monde.

- Enfin, je fais l’erreur de réduire toute une caste de croyants à une poignée d’idiots , souffle-t-elle. Lorsque cette Communauté a été créé, nous savions que nous allions faire face à quelques inimitiés. Nous devons essayer de gérer ces dernières, de la façon la plus appropriée. Cessons de parler de sujets qui fâchent. Parlons de cette nouvelle aventure qui t’attends sur Paris ! conclut-elle. Le ton était sans appel : elle ne continuera pas à discuter sur ce sujet. Il remontait de récents souvenirs des plus perturbants.

La suite de la journée se passa sans grand accroc. L’attention de l’humaine était pleinement reportée sur les visites de la journée, ou sur les projets de la Nordique, et était donc moins alerte pour tout ce qui pouvait trahir – de près, ou de loin – le changement de « propriétaire » du corps d’Alma. Comme promis, Oyrania ne pipa mot de la Communauté, ou des dangers grandissant qu’elle encourait. Elle ne fit pas mention non plus de la divinité servie. Le secret et le mystère se maintenaient, son domaine de prédilection.