Marie Laveau • you should see me in a crown.

Assise devant cette coiffeuse, des mains passent dans tes cheveux tressés tentant de sublimé ses magnifique braids que tu portes déjà, tu en sourie malicieusement d’avance les plateaux tv ont horreur de tout ce qui n’est pas occidentalisé. Ils auraient aimé te voir les cheveux lisses, insipides, mais ce n’est pas toi. Ils t’invitaient toi, Marie Laveau et non une poupée maniable. Un maquilleur s’empresse de finir ta mise en beauté, dans une heure tu seras à nouveau sur les plateaux télévisés, cette fois-ci non pour faire une prédiction s’étant révélée juste mais pour parler de toi. Une auto-biographie qu’ils veulent. Tu adores ça, être le centre de l’attention avoir un public qui t’acclame et ces gens pendues à tes lèvres rosées. Mais que pourrais-tu leur raconter ? La vérité ? Ils te prendraient pour une folle encore plus que maintenant, tu brodes certains détails de ton existence. Naît à la Nouvelle Orléans dans le vieux carrée français ça ne change pas, ta mère esclave affranchie devient alors l’une de tes ancêtres par défaut. Tu n’oublies pas cependant de souligner, que tu as connaissance de toute la souffrance qu’elle a endurée, des traumas que ça engendrée même si tu n’évoque pas toutes ses nuits où elle se réveillait en hurlant. De toi accourant de ton petit être pour la serrer fort dans tes bras, des cicatrices qu’elle te présente comme des griffes de tigre étant trop jeune pour que tu comprennes. Un passé que tu es obligé de ne pas évoquer, comme ton père. Tu ne le présentes plus comme le vendeur de bijoux ambulant qu’il était, qui se tuer à la tâche pour refiler ses plus belles trouvailles dont il prenait grand soin. Qui t’emmenait avec lui dans ses tournées pour que tu l’aides dans cette tâche tout en parallèle de tes études que ta génitrice faisait de son mieux pour que tu sois considéré autre que par ta couleur de peau. Ils ont fait d’énormes efforts mais le racisme lui était toujours présent. Tu penses que c’est d’une part ce qui a forgé ton esprit de grandeur, à l’injustice vécue pour du sang et aux rejets de la société. Le métier de ton géniteur, fut le tien pendant ton adolescence il faut dire que tu savais vendre, tu avais les mots et tu flattais les egos de ses riches qui se sentaient flattés d’être supérieur. Ce n’était pas ce que tu voulais faire depuis gamine toi ce que tu aimais c’étaient les cheveux, les sublimer et les coiffer de différentes manières. Mama, t’avais légué ce talent, t’apprenais à tresser, former, soigner. Si bien que tu reproduisisses ça sur le petit groupe d’amies que tu avais, tu devenais petit à petit la meilleure coiffeuse du quartier et tous venait te solliciter. Tu étais reconnue pour tes talents, la fierté de tes parents.

À l’aube de tes dix-huit ans en plein marché, tu accostes un homme qui te confiera venir tout droit d’Haïti, d’abord pour essayer de lui ventre ce beau pendentif qui ferait ressortir son teint hâlé puis enfin pour écouter son histoire. Il te faisait à moitié rêver avec son périple, son pays avait l’air tout aussi beau que lui et toi… Jeune et fleur bleue tu avoues être tombé sur son charme directement. Peut-être que lui aussi car où tu allais avec ton père, il était là à t’attendre tantôt avec un bouquet de fleurs, parfois avec un poème, une autre avec de la nourriture ou encore avec une parure. Il demanda même l’autorisation à ton père de te fréquenter, ça lui avait valu une paire de claques, déjà féministe dans l’âme tu refusais qu’un homme soit ton « propriétaire ». Il aimait ça, ton caractère farouche et inflexible. Tu m’épouseras quelques mois plus tard quittant ta famille, ton ancien métier pour devenir coiffeuse à temps plein, tu partiras avec Jacques partageant à présent un toit et un culte. Il t’initia à la religion Vaudou, que tu connaissais déjà les bases mais dont tes parents n’avaient pas plus inclus que ça dans ton éducation attendant que tu sois en âge de choisir. Jacques t’ouvrira un nouveau monde, une lumière chaleureuse qui te touchera et débutera alors une longue existence de dévotion. Vous essayerez même d’avoir un enfant, qui se révélera bien compliqué pour d’obscures raisons, mais qu’importe vous étiez heureux. Idylle d’une illusion parfaite c’est la mort qui viendra l’arracher à toi. Comment ? Tu l’ignores. Jacques était ce qu’on appelle un antiquaire de nos jours, il avait en sa passion toute sortes d’objets parfois rare et inconnu de certains. On le jalousais alors dans ton esprit la théorie du meurtre a toujours persisté. La peine grandira dans ton être, dévorante et déchirante. Tu te feras la promesse que son nom sera gravée à jamais dans ton cœur. Lui seul, à qui aujourd’hui tu dois absolument tout.


Veuve en essor chez les riches blancs, ta réputation de coiffeuse grandissante jusqu’aux hauts placés malgré ce qu’ils peuvent penser de toi tu es à présent solliciter pour t’occuper d’eux. Cette renommée faisant rage, on se bat pour toi et tu saisis l’occasion pour gonfler tes tarifs. Pour eux tu restes une fille d’esclave mais pour toi, tu as l’occasion de vivre dans le luxe et en faire profiter ta famille. Si bien que tu deviennes une régulière dans deux familles plein aux as, ils t’apprendront à jouer aux cartes et à quelques autres activités comme des bals. Certains ont même connaissances de tes pratiques de divination, en secret beaucoup de femmes puissantes font appel à tes services sous la couverture de ton activité principale. De bouche à oreille féminine doucement naît ta réputation de prêtresse. Ce qui t’amuse bien tu l’avoues. Tu restes une domestique, ils te le font bien comprendre mais disent qu’ils ne peuvent plus se passer de toi. C’est dans ses festivités que tu rencontres Christophe dont tu vois en lui l’occasion de continuer ton ascension et de prendre du bon temps. Cette fois-ci, ça sera à toi de partager ton culte dont il deviendra un fervent également puis ton amant. De cette union décrite sans prise de tête, tu engendras quinze beaux-enfants que tu aimeras du plus profonds de ton être si égoïste. Les seules personnes que tu chériras plus que toi même.

Ton existence d’humaine continuera ainsi : tu t’occuperas de ton foyer, tu excelleras dans la coiffure ainsi que secrètement dans la divination, tu prieras encore et encore tes dieux. Tu tenteras même d’aimer Christophe même si tu ne ressens pour lui qu’une profonde affection. C’est ta pratique qui te conduira à ta perte, lorsque beaucoup de maris découvriront les séances que tu offres à leurs femmes et ils te conduiront à ton pilori. Jugée pour sorcellerie tu seras condamné à la mort par noyade, une pierre accrochée à tes pieds, ligotée, ils te jetteront du bord de la falaise. De ton déclin ta plus vieille fille te suivra ne pouvant pas te laisser partir ainsi elle tentera de te sauver. Tandis que ta vision s’obscurcit tu verras alors le visage de Papa Legba. La mort s’approchait, il ne te prit pas pour autant mais te remercia. Il te bénira, lui et tant d’autres. Lorsque tu ressortiras miraculeusement de l’eau, ton corps rajeuni et encore ballante d’être vivante, tes autres enfants accourront criant qu’ils faut venir en aide à leur sœur. C’est ainsi que tu finiras par te présenter sous l’identité de ta fille décédée. Qu’ils ignorent que tu as noyée de sang froid, ce fut le prix à payer pour l’immortalité de Manwu. Marie Glapion. Mais si tu es rusée, tu es encore plus rancunière. Ils avaient aussi tué Christophe pour complicité, tes enfants graciés ne connaissant rien à ta pratique. Tu le vengeras bien des années plus tard lorsque Marie Laveau sera oubliées, ils périt tous sous le fléau de ta colère divine. Sans oublié que tu avais tes propres lwas à calmer en échange de ce qu’ils t’ont accordés, Manwu réclamera ta fille ainsi que ta fertilité. Papa Legba un sacrifice de sang à chaque goule que tu feras renaître ainsi que la souffrance partagée, Demballa lui choisira que la connaissance équivaut à un destin de solitude, ton cœur sera une prison aussi longtemps que l’avenir se révélera à toi. De toute manière chacun.es de tes amant.es est maudit.es, le peu qu’ils te fréquentent un peu trop des malheurs finissent de s’abattre sur ceux, tu ne dois pas dévier de ton statut de prêtresse. Sakpata, t’obligera à ressentir chaque frayeur que tu infligera et pour ceci à chaque anniversaire de ta mort tu devras la revivre. Sadique, il ne veut pas que tu oublies ce qu’est la vraie peur. Il réclamera également un autel spécialement dédié à son nom dans chaque sursuccales que tu créeras. Jusqu’à maintenant on peut dire que c’est une réussite.

Tu repris tes activités de coiffeuse, te faisans passée pour la digne héritière de toi-même. À présent la divination n’est plus une simple intuition mais un véritable pouvoir, tu voyageras et répandras tout statut de prêtresse. Les États-Unis s’ouvrant à toi, tu habiteras dans de nombreuses villes tout en changeant ton identité aux grès de tes envies. Avant tout dévouée à tes Dieux tu ne cessera jamais de les représenter, d’agrandir ou de créer dans chaque contrées des groupes de prières ainsi que des sacrifices de sang. Tu propageras tes croyances à travers les siècles et les peuples. Quand le Destin le décidera c’est à côté des Iwas que tu prendras place. Ils t’ont béni de tant de façons t’offrant un pouvoir que tu aspirais depuis ta naissance. Grâce à celui-ci et à de nombreuses péripéties ainsi qu’un travail sans limite avec les arcanes de la mort tu t’amuses à ramener à la vie les plus beaux jeunes hommes que tu croises pour faire vivre en eux l’image de ton défunt seul amour. Douze mois, pas plus avant que l’idylle ne se termine une nouvelle fois. En souvenir de lui, de vous. De nous. Également tu obtiens (où réclame qu’importe) le titre de « Reine des Goules », et tes premières goules (accidentelles) sont l’un de tes fils et l’une de tes filles. Personne ne peut t’arrêter maintenant et ton nom est dans toutes les bouches et sur les langues. Brique par brique ton empire se construit.


L’immortalité ça a du bon, de très bons point mais parfois l’existence est longue. Tu as ce goût d’insatisfaisante dans la bouche alors tu te lances de nouveaux défis, tu bâtis une entreprise de soins capillaires jusqu’à l’étendre à des cosmétiques en tout genre à destination des femmes comme toi oubliées de ce monde. Et ça fonctionne si bien, les utilisatrices en sont ravie et en toi éclos ce désir de toujours plus. Tu te découvres une passion pour être une business woman, c’est tellement excitant et occupant que tu ne sembles jamais t’ennuyais. De ses résultats tu décides de t’attaquer au monde de spectacle qui aurait pu être l’un de tes chemins de destinée si tu avais vécu autrement. Et tu marqueras un renouveau dans ce monde.

En parallèle ton statut de prêtresse a un nouveau tournant et porte enfin ses fruits mûrs sonnant l’heure de la récolte. Avoir des fidèles aux quatre coins du monde te donne la possibilité de créer ta propre cabale. « les enfants du Bayou » voient le jour et tes Iwas en sont ravis. Adieu les mensonges tu te présentes à partir de ce jour comme qui tu es vraiment « Marie Laveau prêtresse vaudou, devineresse et potioneuse. ».


Tu as enfin ce que tu mérites et tu ne laisseras personne cracher sur ça. Ils ont pourtant essayé, un petit groupe de nécromant disant qu’ils n’ont pas besoin de toi alors que tu es celle qui a tout initié. Ils mériteront une bonne leçon et toi une bonne distraction. Tu allais porter le coup final or, Mama Killa s’en mêla. Fidèle à eux les divinités pensent toujours que le monde entier a besoin d’eux, tu l’as observer se fatiguer puis tu portas le coup final juste par plaisir. L’entité fuyant tu repris le cours de ton chemin, voyageant dans d’autres pays pour fignoler ton armée de goules secrètement. Attendant juste que tes Iwas t’ordonnent de tout lâcher sur ce monde qui sera tiens. De projets en projet, tu continueras de faire valoir ton excellence entre romance et vengeance. C’est vers 2015 que l’un de tes Dieux te révélera que tu es maudite après que tu le supplia de t’accorder la fertilité, à vrai dire tu l’ignorais. Tu trouvais ça étrange de ne pas pouvoir tomber enceinte mais tu croyais naïvement que c’était l’un des revers à l’immortalité. On te révélera alors qu’un de tes amants sans que tu le saches fut Zeus, qu’Hera l’a découvert et fidèle à elle-même a laver son nom lassé des frasques de son mari sauf que cette fois-ci il n’aura point de bâtard. Ça te rappela un souvenir vague d’un rêve étrange et d’un homme que tu n’avais plus vu du jour au lendemain. Tu comprenais mieux pourquoi à présent, un nouvel objectif s’ajoute à ta très grande liste : Contré le maléfice de la Reine des Dieux Grecs. Ce à quoi tu y consacreras de longues années sans résultat jusqu’à Gu se présente à toi. Il a une mission pour toi en Europe, pour sa plus fidèle servante qui pourras alors avec soin partir en éclaireur voir ce qui se trame. Chose voulu chose faite tu t’envoles pour ce continent. Jusqu’à établir ta demeure et tes succursale partout. Un faible pour Paris, la ville lumière tu propulseras ton empire chez nos amis les Français.

Tout ça te mènera ici exactement dans les coulisses du Quotidien où quelques semaines auparavant tu avais confié une prédiction qui t’était venu. Ils voulaient te revoir faire le point sur celle que certains disent loufoque et d’autres une véritable survivante. Ils veulent reparler de ce que tu as prédit, tu te tâtes. Le méritent-ils après tout ? Certains sont encore idiots pour se voiler la face tu leur as déjà tendu une main qui refuse de prendre. Alors bon… mais d’un côté voir la frayeur dans leurs regards peut être très amusant aussi….

« - Madame Laveau ? Vous êtes prêtes ? Vous rentrez en scène dans dix minutes.
- Je suis prête, mon choix est fait. Je veux la plus étincelante des lumières sur moi, je vous fait confiance Jeremy. »

Susurre-tu avec malice alors que ta main glisse sur le bras du jeune homme, le bruit de tes talons aiguilles résonnent dans les couloirs du plateau télé. Tu arrives, c’est là que ton histoire commence réellement.