Dans un coin de Paris [Ayleen Sumers]

Cuichu avait réussi à percevoir quelques petites choses durant ses quelques siècles d'errance en tant qu'esprit désincarné, et il avait accès à tous les souvenirs de Tomas. Le monde moderne ne lui était pas complètement inconnu mais... Tomas n'était jamais allé à Paris ni même dans une quelconque autre métropole. Et donc le dieu arc-en-ciel faisait face à la plus grande cité qu'il n'ait jamais vu. Même les plus grandes villes de l'empire Inca n'avait jamais atteint une taille pareille. Et malgré les connaissances que lui avait laissé l'ancien propriétaire de son corps donc, il avait quand même eut du mal à s'habituer. Maintenant, il commençait à s'y faire et à apprécier un peu la ville. Un peu, parce que derrière toute la beauté des lieux il arrivait à percevoir de la misère et de la tristesse. Mais pas suffisamment pour se sentir mal.

Paris grouillait de mortels, et certains filaient à vive allure comme si une entité mauvaise était à leurs trousses, alors que d'autres étaient plus paisibles. Mais ce grouillement de mortels n'était pas ce qui intéressait le dieu pour le moment. Il était davantage occupé à essayer de percevoir des énergies divines dans les environs. De ce qu'il savait, Mama Quila commençait à faire parler d'elle dans cette ville, raison pour laquelle il était venu ici. Et lorsqu'il n'était pas en train de travailler pour son ONG, Tomas essayait donc de trouver des traces, des indices de la déesse à laquelle il était lié... Rien. Pour le moment.

A force de rester concentré, il fini par repérer quelque chose. Une énergie bien supérieure à celle des mortels qui abondaient en ville. Il regarda autour de lui pour essayer de repérer la divinité qui se trouvait dans les environs. Et il fini par la repérer. Une déesse dont l'incarnat avait les cheveux roux... Mais la peau un peu blanche quand même. Comme celle de ces Européens maudits qui avaient détruit les Incas. Mama Quila avait-elle choisi de s'incarner dans le corps d'une Européenne ? Il devait avoir le cœur net. Mais prudence.

Il s'approcha donc lentement de la femme aux cheveux roux en prenant un air tranquille, comme s'il ne faisait que marcher dans la rue. Il ne savait pas trop comment l'aborder. Il décida finalement d'y aller en douceur afin d'essayer de jauger la déité qui se dissimulait sous cette enveloppe humaine.

-Hum, bonjour mademoiselle.

Voilà, la conversation est lancée au moins. Il continua à s'esprimer dans son français maculé de l'accent latino de Tomas.

-J'aimerais vous poser une question.

Dans un coin de ParisBien qu’elle passât la plupart de son temps dans sa boutique ou dans son studio, Aylaen prenait parfois l’air dans la capitale française. Ce jour-là, elle avait décidé d’aller faire un tour au Père Lachaise, pour changer un peu. Ce qu’elle aimait le plus dans cet endroit était que, bien qu’intrinsèquement lié au domaine de son frère Hadès, il grouillait toujours de visiteurs curieux et plein de vie. Elle s’arrêta un moment devant la tombe de Marcel Proust, tâchant de se souvenir de ses passages préférés de la Recherche du Temps Perdu. Elle en profita pour laisser son esprit voguer agréablement sur les diverses réflexions du célèbre auteur français, particulièrement celles sur le souvenir, pour finalement continuer sa promenade d’un pas toujours tranquille.

Sa vie était un peu trop mouvementée depuis quelques temps… D’abord un Teutatès dans tous ses états, puis l’appel de son frère… la déesse rousse avait bien besoin de moments calmes comme ceux-ci pour se recentrer. Dans son panthéon, on comptait inconsciemment sur elle pour toujours garder son calme, demeurer un soutien psychologique stable et rassurant. Pour ses frères et sœurs, elle était soit l’adorable sœur qu’on adorait câliner, soit la mère de substitution qui vous accueillait en permanence sans jugement. Pour les autres, neveux, cousins, tantes… elle devait être cette petite chose mignonne qui restait près du feu sacré qu’elle était à l’époque de l’Olympe. En résumé, pour presque toute sa famille, elle avait l’impression d’être dans le rôle du doudou, qu’on aime bien serrer contre soi pour se rassurer, mais qu’on oublie dans un coin lorsqu’on n’en a plus besoin. Elle se demandait d’ailleurs un peu si elle n’avait pas aussi cette fonction auprès de Teutatès, pour aussi bizarre que cela soit – et alors qu’elle n’irait certainement pas lui demander si c’était vrai, ce serait déplacé !

Comme pour prouver que l’ère de la tranquillité était bel et bien derrière elle, un homme l’aborda. Elle sentit aussitôt son énergie divine… ainsi que ses sentiments, car il fut le premier à parler. Il était concentré, il cherchait quelqu’un… Le dos inconsciemment bien droit, elle fixa ses yeux noisettes sur l’inconnu, sans animosité, mais sans encouragement non plus. Un jour, à force de croiser des dieux d’autres panthéons, elle finirait par avoir des ennuis… Il lui semblait en effet évident que cet homme n’était pas des siens : son véhicule ressemblait à ce qu’elle était autrefois, rousse, pâle, élancée… il était seulement un peu plus vieux que son apparence première, qu’elle avait à l’époque gardée juvénile pour échapper aux sollicitations masculines. Et pour en revenir au dieu qui l’avait abordé, il ne faisait pas très grec d’apparence non plus ! « Bonjour » commença-t-elle aussi poliment que prudemment. « Une question ? Heu… je ne sais pas trop… c’est à quel sujet ? » Ils étaient entourés de mortels, ce n’était pas vraiment le bon endroit pour discuter de sujets divins… « Si c’est heu… privé ? Il faudrait peut-être se mettre un peu à l’écart, vous ne pensez pas ? » Juste histoire de ne pas étaler leurs conversations divines à des oreilles qui ne devaient pas les entendre. 2981 12289 0

[hrp : pardon pour le très long retard x_x je ferais au mieux pour que ça ne se reproduise pas]

Après s'être rapproché, Tomas doutait de plus en plus que la personne à qu'il s'adressait soit bel et bien Mama Quila. Mais il s'agissait bien d'une divinité, il en était persuadé. Peut-être que la déesse qu'il recherchait avait décidé de vraiment se fondre dans la population française au point de se choisir un corps correspondant au type européen. Toutefois, il ne ressentait aucun danger à être auprès de cette divinité. Elle n'était pas agressive. Et prudente aussi.

-Oui, je crois que ça serait mieux que nous nous éloignions. Si ça ne vous dérange pas.

Non, vraiment entourés de mortels qu'ils étaient ce n'était vraiment pas le bon endroit pour avoir une discussion de divins. Et Cuichu était suffisamment lucide pour savoir qu'entraîner une jeune femme qu'il ne connaissait pas à l'écart sans lui avoir parlé auparavant aurait été très louche. Bon c'était une déesse pas une simple mortelle sans défense, mais les quelques dizaines de mortels aux alentours n'étaient pas au courant de ce détail.

Ils se rendirent donc dans un coin à l'écart, là où les mortels risquaient le moins d'entendre ce qu'ils allaient dire.

-Je rechercher quelqu'un, Une divinité comme nous.

Oui, c'était vague... Mais franchement, qu'est-ce qu'il pouvait dire de plus ? Pouvait-il vraiment se permettre de faire confiance à cette divinité qu'il ne connaissait pas ?

-Je suis presque sûr qu'elle se trouve dans cette ville en ce moment-même.

Dans un coin de Paris« Non, ça ne me dérange pas » approuva Aylaen qui avait justement proposé cet éloignement de la foule. Elle n’avait pas l’impression que la conversation qui allait se tenir soit faire pour les oreilles des mortels. Bien entendu, elle n’en avait aucune certitude, mais le fait qu’un dieu vienne l’aborder était rarement le signe de quelque chose qu’on puisse qualifier de normal.

Aussi, elle le suivit, sans discuter, et avec une attitude qui n’aurait rien pour alarmer quiconque autour. Aylaen n’avait pas envie qu’un passant croit qu’elle était en train de se faire harceler ou autre fait du même genre. On notera que la déesse était peu sujette à ce genre d’ennui malgré un véhicule séduisant et une ville de résidence très peuplée, voire fourmillante. La raison en était tout simplement qu’elle sortait assez peu de chez elle – et rencontrer des dieux à chaque fois qu’elle en avait l’idée n’était pas fait pour la convaincre que c’était une bonne idée d’aller se promener – et qu’elle pouvait ressentir les émotions des personnes autours d’elle du moment qu’ils parlaient, aussi pouvait-elle percevoir les menaces plus facilement et les esquiver. Être grande était un autre avantage : elle ne faisait pas vraiment fragile pour un mortel lambda, même si pour les autres dieux, elle devait être considérée comme assez faible.

« Une divinité ? » répéta-t-elle, un peu perdue. « C’est que… je n’en connais pas tant que ça, même dans cette ville » Elle savait trouver les membres de sa famille résidant à Paris, et avait quelques relations dans d’autres panthéons sans forcément avoir les moyens de les retrouver, comme ça, juste pour renseigner un étranger. « Pourquoi pensez-vous qu’elle se trouve à Paris ? » Même si commencer par le panthéon recherché aurait été une tactique, cela l’aurait contrainte à révéler le sien, et elle n’était pas sûre que ce soit prudent. Aussi se concentra-t-elle sur une question moins pertinente mais moins dangereuse, celle de la géographie. 2981 12289 0

» Paris plie mais ne rompt pas
» Tu es en retard, au coin
» Intégration dans le Staff
» Mets moi dans ta lumière
» VI. Inscrire vos idées et vos RP dans les intrigues.