Back in time once more.[Anthea]

Sujet: Back in time once more.[Anthea] Dim 27 Mar - 23:26

Back in time once more.

La Sicile. Un endroit magnifique qui avait quand même bien changé depuis le temps. Plusieurs millénaires sont passés depuis la dernière fois où je suis venu et tout m'était étrangement familier et pourtant tellement différent. Mais l'odeur du citron me rappelle énormément de choses. Je regrettais de ne pas être revenu plus tôt, mais j'avais passé le plus clair de mon temps en enfer, occupé à faire mon travail. Je ne suis pourtant pas revenu lors de mon séjour sur terre, en pleine période d'épidémie de peste. Et maintenant que je suis de retour depuis plusieurs années, c'est la première fois que je remettais les pieds sur l'île. Mon italien n'était pas forcément bon, mais entre le français et l'anglais, j'arrivais à me faire comprendre. Le latin est une langue qu'on ne parle plus, de même que plusieurs langues mortes que je maîtrisais à l'époque. Assis à la terrasse d'un café, il faisait certes un peu frais, mais le climat a toujours été plus doux ici, j'avais juste oublié. Il n'y avait pas beaucoup de touristes à cette période de l'année, donc j'aurais plus de chance de la trouver rapidement. Parce que je n'étais pas là pour des vacances, non, mais plus pour honorer une vieille promesse. Je voulais revoir Perséphone, voir si elle était toujours égale à elle-même. Quant à moi, elle constatera bien vite que j'ai changé et pas forcément dans le bon sens, mais qu'importe, je suis qui je suis, je ne peux pas le changer. Je suppose qu'elle doit s'en douter, je ne suis pas passé inaperçu au fil des siècles. J'ai tout un fan-club, des sectes, des prières et des sacrifices, quoi qu'ils se font rares depuis quelques années... Je sais que son panthéon et le mien ne sont pas du même côté de la barrière, si tant est qu'il y est une barrière. Mais j'avais besoin de savoir, de la voir, de lui parler. Me rassurer aussi quelque part parce qu'elle avait été importante à une époque. Une amie, une alliée, quelqu'un de confiance. Mais je n'oublie pas la possibilité que ça se passe mal, qui sait ce qui c'est passé de son côté depuis tous ces siècles. Je sors de mes pensées et regarde le Mont Etna qui se dresse un peu plus loin et je me demande alors si le jardin secret dans lequel j'ai eu ma dernière conversation avec la déesse existe encore... Mais ce n'était pas si important que ça. Je me lève, pose l'argent sur la table et quitte le café pour prendre la direction de Catagne, la ville d'à côté. Pourquoi ici ? Pourquoi pas après tout, c'était une ville magnifique de ce que je pouvais en voir depuis quelques jours. Et puis j'avais eu une affaire à conclure en ville, donc ça tombait plutôt bien. Palerme aurait sans doute été plus à propos pour la déesse grecque, mais qu'importe. Je lui avais donné rendez-vous à l'amphithéâtre romain, du moins ce qu'il en restait. Elle ne pouvait pas le louper et c'était un point de repère facile. La route fut rapide et trouver les ruines de ce que fut cet endroit à une époque aussi. Il y avait un groupe de touristes, mais je ne sentais rien de spécial en eux. Alors je m'assois sur l'une des marches en pierre et je regarde l'heure. Un peu en avance. Je souris légèrement étant tout à fait à l'aise même si intérieurement, je ne l'étais pas tant que ça. Beaucoup de questions, pas de réponses pour le moment. Et puis à un moment, je ressens une présence, celle d'une divinité et je lève la tête, ne sachant pas trop qui était Perséphone. Un autre groupe de touristes venait d'arriver. Génial.

copyright Bloody Storm

Comme l’océan rejette sur le rivage des coquillages brisés, il n’est pas rare que le présent ressasse le passé et crache sur la berge des souvenirs malmenés par le temps.

C’était un de ces moments, quoique la métaphore fut hasardeuse, songeai-je distraitement en esquissant un sourire pour moi-même, dans le secret de la vitre teintée d’un taxi. Mais, à ma décharge, j’étais la victime du trouble que m’inspiraient toujours les paysages côtiers de ma Sicile natale... Et surtout de la raison pour laquelle je m’y trouvai. J’avais hésité longtemps, après la réception du message et avant que mon cœur ne finisse par faire le choix de la déraison, le genre de décision égoïste que lui seul savait faire. Hadès avait tenté de me dissuader de faire le voyage, arguant que les temps avaient changé, que nous étions désormais des ennemis. Il avait avancé qu’il n’était plus le même qu’alors. Cela ne m’avait pas empêché de programmer cette excursion aux pieds du mont Etna car tout ce qu’il m’avait dit, je le savais déjà. Je le savais au fond de moi, car le changement s’opérait déjà lorsque nous nous dîmes aurevoir, des millénaires auparavant. Et je le savais parce que j’étais bien au fait de ses faits d’armes plus récents. Il n’avait pas chômé.

Et pourtant, c’est presque confiante que je mis pied hors de la voiture. Mon époux avait réussi à m’arracher la promesse de m’accompagner en Sicile, j’avais réussi à lui arracher celle de ne pas interférer dans ces retrouvailles. Après avoir payé le chauffeur généreusement, je me tins à la limite du rebord de pierres de l’amphithéâtre décrépit, laissant courir mon regard sur les ruines de ma civilisation. Dans ma mémoire multimillénaire, cette époque révolue était aussi vivace qu’au tout premier jour de mon existence. Il me fallut un instant, un instant seulement, pour être plongée dans une autre vie, dans une autre époque. Une ère où les exclamations et les cris avaient un jour conté mon histoire entre les murs ravagés de l’amphithéâtre. Un jour, ici même, résonna la tragédie de Proserpine et son enlèvement par le vil Pluton. Ce souvenir m’arracha un sourire attendri. Mes enfants me manquaient pour ce qu’ils avaient été mes fidèles et mes géniteurs aussi. J’étais née dans leur esprit et je leur avais survécu. Quelle cruelle ironie.

Des groupes de touristes foulaient nonchalamment les terres des miens, sans que je leur prêtasse une attention quelconque quoique leur présence, d’une certaine manière, m’irritait. Celui que je cherchais ne devait pas s’être mêlé aux mortels de toute façon ; C’était un homme seul que mes yeux tentaient d’agripper, quoique j’ignore par quelle enveloppe il allait désormais. De même que lui devait ignorer quel visage j’arborais, sans quoi il aurait sans doute déjà cherché à m’aborder. Cela dit, la rencontre était imminente, je le savais. D’ailleurs, il me suffit d’un pas en avant pour sentir l’aura divine qui, comme une balise, me signalait sa présence. Pas où exactement, mais presque comme mue par quelque sixième sens, mes yeux se déportèrent presque aussitôt sur la silhouette d’un homme esseulé. Je me glissai dans un groupe de touristes au moment où il levait les yeux vers moi, dissipant le doute sur sa véritable identité. Il m’avait sentie. Mais pas encore identifiée.

Nous étions à un carrefour. Je savais qu’en cet instant deux choix s’offraient à moi et l’un comme l’autre menaient à des chemins dont il serait impossible de revenir ; L’un de ces chemins, le plus simple et le moins douloureux, consistait à faire demi-tour, à partir pour ne plus revenir. Je savais qu’il pourrait sentir ma présence se dissiper et nous savions tous les deux ce que cela signifierait. Ne pas se présenter à se rendez-vous aurait toujours laissé planer le doute ; Avais-je bien reçu le message ? Avais-je été retenue quelque part ? Mais se présenter et partir, voilà un acte qui ne laissait pas de place à l’ambiguïté. Ce serait tourner la page une bonne fois pour toutes. L’autre chemin consistait à aller à sa rencontre, à plonger dans l’inconnu de ces retrouvailles. Et c’était infiniment plus dangereux car je savais quels risques il y avait à me lier, de nouveau, à celui qui servait désormais l’Un, lequel avait juré notre perte. C’était fermer une blessure ou la faire saigner plus fort que jamais.

Et pourtant mes pas me conduisirent à ses côtés, sans que je le remarque vraiment.

Un choix douteux, à l’instar de celui qui me fit, alors, accepter de manger des pépins de grenade.

Mon existence était faite de choix douteux. C’était là le fardeau des miens.

« Tu as tenu ta promesse, fis-je doucement. Je ne l’aurais pas cru. Je marquai une pause. C’est un joli endroit. »

Je m’installai à ses côtés, en plein soleil, passant mes bras autour de mes genoux drapés de lin blanc.

Back in time once more.

@Anthea Diamandis

Je ne savais pas exactement à quoi je devais m'attendre, ni même ce qui allait arriver. D'ordinaire, j'évitais de me remettre au hasard, préférant faire mes propres calculs, réfléchissant à la meilleure façon de procéder, de gagner des points, à la façon de gagner la partie. Mais là, je savais qu'il y avait une énorme part de surprise. Je ne savais pas si elle allait venir, une partie de moi l'espérait sincèrement, mais la partie plus sombre de mon être, celle que je suis devenu avec le temps, celle qui domine, me fait comprendre que malgré tout, rien ne pourrait être comme avant et je le savais aussi. Dieu avait décidé de vaincre et de soumettre les anciens panthéons, de les écraser pour ne laisser plus qu'un seul culte, nous et aussi les nouveaux dieux, parce qu'il ne savait pas encore comment les vaincre. C'était aussi simple que ça, ce qui faisait d'elle quelqu'un du camp opposé. Nous le savions probablement tous les deux à l'heure qu'il est, mais cela n'empêchait pas ce rendez-vous. La balle était dans son camp à elle et si elle ne venait pas, je ne lui en voudrais pas, mais ça risquait d'être plus violent la prochaine fois que ma route croisera la sienne, en espérant que ça n'arrive pas de sitôt non plus. C'était amusant et déconcertant, ce mélange de sentiments que j'éprouvais, parce que ça faisait bien longtemps que je n'avais pas été aussi indécis. Lucifer ou encore Lilith riraient de me voir dans une telle situation, moi qui suis d'ordinaire le plus réfléchi des trois, malgré ce qu'on peut dire sur moi. Évidemment, je m'emporte, je suis colérique, mais pas impulsif, du moins pas autant que le seigneur des enfers. Pas Hadès, mais bien Lucifer. J'eus un léger sourire amusé sur les lèvres et je regarde autour de moi. Choisir ce lieu n'avait rien d'anodin en soit, je voulais un lieu public où elle pouvait se sentir à l'aise et un cadre sympathique pour ces retrouvailles improvisées, mais sans doute attendues par l'un et l'autre depuis trop longtemps. Et puis soudainement, je lève la tête, sentant une aura divine, sans savoir si c'était bien elle ou si s'en était une autre. On s'était perdu de vue depuis bien trop longtemps pour que je sache si c'était bien elle ou pas. Je le regrettais, bien évidemment, mais c'était écrit pour que ça se passe comme ça et je devais laisser les regrets derrière moi, ce que j'avais fait depuis longtemps, si on en était là aujourd'hui, c'est parce que j'avais fait un choix et que je m'y tenais. Pourtant, je ne cherche pas spécialement après elle, la laissant venir si elle en avait envie, elle pouvait encore partir s'il s'agissait bien d'elle. De toute façon, ma venue ici ne serait pas non plus une perte de temps. J'avais appris à relativiser depuis longtemps à ce sujet. J'inspire légèrement et ferme les yeux quelques secondes, sentant une présence se rapprocher et finalement, j'entends sa voix et un léger sourire se dessine sur mes lèvres. " J'en ai tenu au moins une, c'est pas si mal non ?" La laissant s'installer, mes yeux se portent sur elle et je hausse un sourcil, légèrement surpris par son apparence. Pas qu'elle ne soit pas jolie, non, Perséphone avait toujours été une belle femme, mais juste surpris parce que je l'avais déjà vu dans certains magasines que pouvait feuilleter Lilith sur son temps libre à l'occasion. Amusant, mais pas vraiment étonnant au fond. " J'ai été particulièrement occupé et je n'étais pas certain que tu acceptes non plus de me voir après tout ce temps." Et elle complimente la beauté de l'endroit et je garde le silence quelques secondes, hochant seulement de la tête. À mes yeux, c'était un endroit comme un autre, aux siens, c'était sans doute différent. Les Grecs et les Romains avaient laissé beaucoup de ruines qui pouvaient raconter une histoire, chose que les anciens dieux n'avaient pas forcément pu faire. Mais ce n'était plus de mon ressort désormais, moi, j'avais et j'allais laisser une emprunte sur son monde, quoi qu'on en dise, bonne ou mauvaise, ce n'était plus à moi de décider. " Tu semble allez bien, je suis content que tu es tenu ta promesse également." Et c'était pas si mal si on prend en compte les dangers que cela représentait au final.

copyright Bloody Storm

J’esquissai un sourire amusé, résigné aussi, mais je m’abstins de répondre. Il n’avait jamais été qu’honnête avec moi, en dépit des changements par lesquels il était passé. Après tout, il était venu me faire ses adieux quand il avait décidé de rejoindre l’Unique, sans chercher à me tromper sur la nature de celui qu’il allait devenir. Et c’était lui qui, aujourd’hui, honorait sa parole en me conviant à ces retrouvailles. Alors, en ce qui me concernait, toutes ses promesses à mon égard avaient été tenues jusqu’à ce jour. Bien sûr, j’aurais été bien incapable de dire si ce serait toujours le cas à l’avenir, car si j’étais restée la même, plus ou moins, au fil des millénaires, il n’en allait pas de même pour lui. Il avait vécu des changements profonds, que je ne pouvais soupçonner. Que je n’étais pas certaine d’avoir envie d’entrevoir réellement.

« Je mentirais si je disais que je n’avais pas hésité... Jusqu’aux tout derniers instants, soufflai-je en haussant doucement les épaules. Tourner les talons et partir aurait été d’une facilité déconcertante, bien plus que de rester. »

D’ailleurs, je ne savais toujours pas réellement pourquoi j’avais accepté de me joindre à lui... Enfin, j’en avais une vague idée, plus ou moins. Je savais qu’au fond de moi j’avais envie de le revoir, en dépit du risque que ces retrouvailles comportaient. Mon hésitation résultait surtout du fait de savoir si le risque en valait la peine. Qu’est-ce qui avait fait que je décide que oui ? Je n’avais pas encore mis tout à fait le doigt dessus et je n’étais pas certaine d’y parvenir. D’ailleurs, ça n’avait plus vraiment d’importance maintenant. J’étais là, lui aussi. Il connaissait mon visage, je connaissais le sien. Mes prunelles caressèrent doucement la courbe de ses traits ; Ce n’était pas l’apparence que je lui avais connue alors, mais le contraire eut été étonnant... Plus surprenant, en revanche, était le fait que je ne parvienne pas à mettre de nom sur ce visage. Son véhicule ne m’était pas connu.

« Je vais bien, confirmai-je avec un sourire apaisé. Bien mieux que la dernière fois où on s’est vus, tout du moins. J’ai monté une entreprise, les affaire marchent bien. J’ai acquis une petite notoriété. » J'eus un petit rire.

Que pouvais-je dire de plus ? Je marchais sur un fil ténu ; Trop en dire, c’était prendre le risque de lui donner des informations qui serait susceptibles d’être utilisées contre moi. C’était me mettre à découvert, risquer l’existence de mes enfants et celle de Hadès. Même s’il avait été mon ami par le passé, et que j’avais encore indéniablement de l’affection pour lui, je savais quel commandement avait donné l’Unique à ses sujets vis-à-vis des divinités païennes. Nous étions l’ennemi, nous devions être balayés. Être ici, à cet instant, comportait déjà un risque immense. Je devais à tout prix maintenir un flou sur mes activités, sur mes proches, sur l’état de mon panthéon. Malheureusement, mon identité était publique et celle de mon époux ne serait pas difficile à trouver pour ceux qui la chercherait : nous portions le même nom. Mais les autres, il faudrait les protéger du mieux possible.

« Pendant un temps, j’ai cru que je ne pourrai pas la tenir, cette promesse, tu sais ? Fis-je tristement. J’ai senti mes forces décliner drastiquement après nos adieux et sans le regain d’intérêt pour notre Panthéon à la renaissance, j’aurais probablement disparu avec les miens dans le Néant. »

Je me souviens encore de l’impression de froid pénétrante alors que j’approchai doucement du précipice. Plus que tout, plus que la perte de mes pouvoirs, plus que l’affaiblissement irrémédiable de mon véhicule d’alors, c’est cette sensation qui hante mes cauchemars. Le froid. Puis l’absence de toute sensation juste avant que l’étincelle chaude de la vie ne s’anime de nouveau en moi. J’eus un frisson. Doucement, je secouai la tête pour chasser ces souvenirs douloureux de mon esprit.

« Mais tu avais raison, je suis moi, avec ou sans mon Panthéon. »

Je lui offris un sourire vrai, chaleureux qui chassa ce qu’il restait du Néant dans mon cœur.

« Et toi raconte-moi, que t’est-il arrivé après notre dernière rencontre ? »

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@Anthea Diamandis

J'étais content qu'elle soit là, vraiment, elle ne savait pas ce que cela représentait réellement pour moi de pouvoir tenir cette promesse. Parce que pour le reste, ce n'était pas le cas. Elle me confia alors qu'elle avait hésité à venir et cela me fait légèrement sourire, je comprenais parfaitement son raisonnement. Je n'aurais pas pu lui en tenir rigueur, si elle avait simplement préféré ne pas venir ou même juste partir sans dire un mot. Cela aura sans doute facilité ce qui allait venir par la suite, mais elle avait choisi de rester. J'avais changé, je ne pouvais pas le nier et je ne voulais pas non plus, c'était dans l'ordre des choses, quitter mon panthéon d'ancien dieu pour un autre, nécessitait forcément du changement. " Je ne t'en aurais pas voulu tu sais, j'aurais même compris." C'était si étrange de pouvoir se parler après autant de siècles et de millénaires, mais j'en avais aussi besoin, je l'avais toujours su qu'on se recroiserait un jour ou l'autre. Les conditions, la manière dont ça se fait, c'était à nous de le décider, tout comme ce qu'il en ressortira. Je ne pouvais plus être celui qu'elle avait connu, je n'avais plus la même apparence, ni le même caractère, j'étais plus sombre, devenu démon, m'adaptant à cette vie en enfer et à ce qui s'y passe. J'ai appris à m'y épanouir, à sortir mon épingle du jeu et à faire partie du trio principal qui règne sur ce royaume. Mais là, aujourd'hui, devant elle, je voulais juste être ce vieil ami, perdu de vue depuis trop longtemps. Savourant ces retrouvailles, parce qu'elles seront sans doute uniques. Je sens qu'elle m'observe et je pose les yeux sur elle quelques secondes sans rien dire, me contentant d'un léger sourire au coin des lèvres. Elle reprend la parole et je l'écoute et elle m'apprend qu'elle a une entreprise et je suis content pour elle. Si elle a trouvé sa place dans ce monde, c'est une bonne chose, il faut qu'elle en profite avant que la guerre que nos panthéons s'intensifie encore plus qu'elle ne l'est actuellement. Quelque part, nous le savions tous les deux que c'était inévitable. " Je suis content de l'apprendre." Elle était prudente et je ne pouvais que la comprendre. Ne pas en dire trop, ne pas me donner de quoi lui faire du mal, mais si je pouvais éviter, je le ferais. C'était indéniable au final, ils devaient tous disparaître pour ne laisser que nous et les nouveaux dieux. Ensuite, cette guerre se jouera entre nos deux camps restants. Je ne voulais pas être celui qui lui mettra le coup de grâce. " Pourtant tu es là aujourd'hui. C'est tout ce qui compte tu sais. Si tu avais... Disparue sans que je ne puisse te voir, je ne sais pas, je crois que je m'en serais voulu de ne pas avoir chercher à prendre contact avec toi plus tôt." Mais j'eus un sourire plus franc sur les lèvres lorsqu'elle reprend de nouveau la parole. Il m'arrive parfois de dire des choses sincères. " Je ne peux pas tout le temps dire des mensonges tu sais." En réalité, je ne mens pas, je dis seulement ce que mon interlocuteur qui m'invoque veux entendre et en cachant bien évidemment ce que ça lui coûtera par la suite. Je suis un démon, pas un ange, je ne suis pas tenu de dire toute la vérité. Mais quand elle se renseigne a mon sujet, je pose mon regard sur la foule pendant quelques secondes. " Tu as dû entendre parler de moi, n'est-ce pas ?" J'inspire légèrement et je me lance sur un ton un peu plus léger. " J'ai mis du temps à m'adapter à cette nouvelle vie. Mais finalement j'ai eu la possibilité de m'en sortir. Aujourd'hui je suis un démon craint, puissant. Je suis le bras droit de Lucifer et j'ai le contrôle des enfers quand l'envie lui prend de se balader sur terre." Il y a beaucoup de choses que je passe sous silence, des choses que j'ai fait qu'elle n'a pas besoin de savoir. Je garde le silence pendant quelques secondes et finalement, je reprends. " Tu sais, tu n'as rien à craindre de moi dans l'immédiat. J'aimerais te dire qu'il en sera de même sur le long terme, mais on sait tous les deux que les choses ne sont pas aussi simple." Ne pas faire de promesse que je ne pouvais pas tenir. " Malgré ce que je suis devenu, je suis incapable de vouloir te faire du mal. Tu es mon amie, même si ça fait des millénaires que ça ne doit plus vraiment avoir de sens." Je lève les yeux vers le ciel et ferme les yeux savourant les rayons du soleil sur ma peau. " Je sais que tu n'es pas venue seule. Ne t'en fais pas, je comprends que tu joue la prudence. Mais j'ai bien envie de manger une glace. Cela te dit ? La ville à l'air sympa, je ferais bien un tour avant de rentrer à Paris." Elle avait le choix.

copyright Bloody Storm

Pendant un bref instant, je vis se dessiner sur ses traits neufs le spectre de celui qu’il avait été : un ami qui m’était particulièrement cher. Ce qu’il n’était plus vraiment. Ce qu’il n’avait jamais vraiment cessé d’être non plus. Ironique ? Pas tant. Quand on vivait aussi longtemps que moi, les souvenirs se confondaient et les identités aussi. J’avais toujours un pied dans le présent et un pied dans le passé. J’étais Korè, j’étais Perséphone, j’étais Anthea Diamandis. Etais-je plus la fille de Déméter, la Reine des Enfers, ou l’actionnaire majoritaire d’une grande marque de cosmétique ? Rien de tout ça. J’avais évolué, j’avais épousé ces trois identités, au fil du temps, et elles étaient devenues miennes. Lui aussi avait évolué, à sa manière, mais il n’avait pas changé si fondamentalement ; Il avait toujours été un dieu sans concession, qui était craint par ceux qui l’adoraient. La seule différence, c’est qu’il avait accepté un Maître qui avait juré notre perte. Et c’est là, à cet instant, que le fossé entre nous s’était creusé. Cet Unique tout puissant qui regardait par-dessus son épaule, c’est ce qui faisait que j’avais hésité au moment de sortir du taxi pour venir à sa rencontre.

Il m’avoua qu’il aurait compris que je parte et j’esquissai alors un sourire coupable.

« Je sais, fis-je doucement pour toute réponse. Je suis venue parce que je le voulais, pas parce que j’avais peur que tu m’en veuilles. »

Quelle différence cela aurait-il fait, de toute façon ? Affection ou rancœur, il n’y avait de toute façon qu’une seule issue possible pour nous. Le tout était que son échéance soit la plus lointaine possible. Alors oui, je le savais, j’avais pris un risque immense aujourd’hui : celui de connaître une fin prématurée. Tout en moi m’avait hurlé de partir et pourtant je n’étais pas parvenu à faire demi-tour. Si ma mort ne semblait pas être sa préoccupation immédiate, je ne savais pas exactement ce qu’il pourrait ressortir de ces retrouvailles à part de la douleur. Mais je prenais le risque malgré tout de rouvrir cette vieille blessure, pour le plaisir éphémère de partager de nouveau quelques instants avec lui. Et à ce moment, ça me paraissait en valoir la peine.

Lorsqu’il évoqua ma disparition, un frisson désagréable courut le long de mon échine. Je le chassai en posant la tête sur son épaule, comme je l’avais fait si souvent sur les bords de Pergusa.

« Mais ça n’est pas arrivé, n’est-ce pas ? Fis-je en riant. Ne parlons pas de ce qui aurait pu être, simplement de ce qui est. Je suis contente d’être là. »

C’était là une vérité, nue et simple. Un de celles que nous nous échangions alors. Mon regard coula sur le décor qui s’étendait à nos pieds ; Le théâtre illuminé par l’astre solaire me transporta loin dans le temps. Je fermai un instant les yeux pour me remémorer l’endroit tel qu’il était alors. Plein de vie. Plein d’une puissance qui rayonnait alors sur tout le bassin méditerranéen. Et nous étions puissants, alors. Mes yeux se rouvrirent et l’instant présent me rattrapa.

« Vaguement. » Glissai-je avec malice lorsqu’il me demanda s’il j’avais entendu parler de lui.

Qui n’avait pas entendu parler de Belzébuth ? Je les gardai pour moi, préférant me concentrer sur ce qu’il m’expliquait. Sur ce qu’il avait réussi à faire, à devenir, sur la manière dont il avait réussi à tirer son épingle du jeu. Même si je savais ce que ça signifiait pour moi, je ne pouvais pas m’empêcher d’être heureuse pour lui, quelque part. Il avait l’air si épanoui... Lorsqu’il reprit la parole, toutefois, une ombre naquit dans mon regard, heureusement à l’abri du sien derrière des lunettes de soleil.

« Dans l’immédiat. C’est déjà bien, j’imagine ? Fis-je après un instant. J’esquissai un sourire doux et mélancolique. Pour des êtres tels que nous, le temps qui passe n’a aucune importance. Tu es mon ami. Et tu le resteras, même lorsque... »

Je n’eus pas le cœur de finir ma phrase, mais il saurait... Il saurait. Affection ou rancœur, volonté de me nuire ou non, il n’y avait qu’une seule issue possible pour nous. Qu’il m’achève lui-même ou non ne faisait aucune différence. Même si je crois que je préfèrerais qu’il en soit ainsi, au fond, je préférais surtout ne pas y penser dans l’immédiat. Il évoqua une glace et ma gorge asséchée par des pensées funestes l’appelait de ses vœux. Je me levai.

« J’ai bien envie d’une glace aussi, figure-toi. Et je sais exactement où trouver les meilleures de toute la Sicile. Tu me suis ? »

Je lui tendis une main secourable pour l’aider à se lever et nous entamâmes le chemin. Première étape : quitter le centre-ville et gagner la promenade du bord de mer. Je glissai délicatement mon bras sous le sien avant de reprendre la parole.

« Dis-moi, ces Enfers dont tu parles... Ils ressemblent aux miens ? » Demandai-je après un moment.

J’étais, après tout, une déesse chtonienne. Je lui en avais déjà parlé par le passé mais, s’il ne se souvenait pas, j’étais disposée à lui rafraîchir la mémoire.

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@Anthea Diamandis

Pas un seul instant, je me disais que tout ça ne pouvait que mal finir. Parce que je le savais, elle aussi. Le dieu que je servais, celui qui m'avait permit de traverser les âges, avait décider de mettre fin à l'existence des autres panthéons. Il fallait bien que ça arrive un jour ou l'autre, parce que c'était écrit depuis des centaines d'années, que l'échéance arrivait à son terme. Et l'ironie de la chose voulait qu'on reprenne contact seulement aujourd'hui. Pourtant, j'essaie de ne pas y penser, cela serait gâché la beauté de cet instant et j'avais beau être un démon, je n'étais pas non plus dénué de bons sens et je savais reconnaître la beauté de certaines choses. Surtout les plus rares. C'était à la fois plaisant et difficile de se revoir après autant de temps. Nous avions changé tous les deux, moi certainement plus qu'elle, mais est-ce que c'était vraiment important ? Pas vraiment. J'eus un sourire quand elle m'assure être heureuse d'être là et dans le fond, c'est la seule chose que j'avais besoin d'entendre. " Me voilà rassuré alors." Je l'observe alors qu'elle a le regard un peu dans le vague sur ce qui reste de cet endroit qui autrefois était, sans aucun doute, magnifique. Les restes d'une civilisation que j'avais connue également, mais je n'avais jamais attaché d'importance aux hommes et à leurs façons de vivre. Ce qui m'importait seulement, c'était la foi qu'ils plaçaient en moi, les prières et les offrandes qu'ils m'offraient quand ils en avaient besoin. J'existais seulement parce que les hommes voulaient que je sois. Et encore aujourd'hui, si j'avais autant de force et de pouvoir, c'était grâce aux hommes et aux croyances auxquelles ils adhéraient. Elle n'avait pas changé, elle était toujours aussi rayonnante, elle qui marchait toujours dans la lumière. Moi, je n'étais qu'ombre, malheur et destruction. Mais je ne pouvais pas nier le fait que j'étais heureux d'être un démon de premier ordre. Je n'étais certes pas le Maître et si j'avais convoité cette place au début, j'avais bien vite compris que c'était plus un fardeau qu'un privilège et je l'avais expérimenté les fois où Lucifer se faisait la malle. C'était un bordel sans nom a gérer et j'étais toujours heureux de le voir venir reprendre sa couronne. Je sors de mes pensées quand elle reprit la parole et elle laissa la fin de sa phrase en suspent, mais je savais ce qu'elle voulait dire. Peut-être que je serais celui qui mettra fin à sa vie. S'il le fallait, je savais bien que je le ferais, mais je ne voulais pas penser à cette éventualité, alors je propose qu'on aille se promener et manger une glace. Le soleil de Sicile était bien plus fort que dans mes souvenirs. Elle se lève la première et j'attrape la main qu'elle me tend pour faire de même. Et nous voilà parti en promenade, alors qu'elle passe son bras sous le mien. Cela me faisait plaisir qu'on soit capable d'agir comme les amis que nous étions jadis et que nous sommes toujours. Et elle me demande comment sont mes enfers. Je reste silencieux quelques secondes et soupire. " Si mes souvenirs sont bons, cela n'a strictement rien à voir avec ce que tu me décrivais." Chez les Grecs, les Enfers ne sont pas aussi terribles que pour les serviteurs du Christ et de Dieu en général. C'était assez difficile à expliquer, parce que forcément, deux religions différentes, deux manières de voir les choses. " Disons que le Purgatoire n'a rien d'un endroit où l'on voudrait passé ses vacances. Mais en règle générale, je dirais que les Enfers comme je les connais, ressemble assez vaguement à ce que vous les Grecs appeliez Le Tartare." En moins, beau, je suppose. Mes Enfers ne sont qu'un lieu de désolation, où les âmes damnées souffrent pour l'éternité encore et encore, sans le moindre répit. Une sentence justement administrée et exécutée par nos sbires. Parfois par nous-même selon les crimes commis. " Nous n'avons rien qui ressemble à cet endroit dont tu me parlais autrefois... Hmm ... Les Champs-Elysées ? Même si au final j'étais bien sur Terre, cela me manquait quand même de ne pas être dans le monde souterrain. Parce que c'était chez moi.

copyright Bloody Storm

J’avais passé mon bras sous le sien et nous évoluions sous le ciel de Sicile et son soleil ardent. Il était étrange de parler ainsi de ses Enfers, de faire comme si de rien n’était, mais j’essayais de faire de notre situation d’aujourd’hui une normalité pour demain. J’essayais. Avec difficulté. Avec balbutiements. La vérité c’est qu’en dépit de ma bonne humeur manifeste, je n’oubliais jamais tout à fait ce qu’il était, ni ce que j’étais. Je n’oubliais pas ce qui nous opposait, et cette mission qui leur avait été confiée de nous balayer pour pouvoir mieux s’élever au-dessus d’une humanité qui perdait ses repères et s’offrait à de nouvelles croyances pour la première fois depuis un millénaire. L’Unique n’avait pas aimé de voir Son règne mis à mal aussi avait-il décidé d’achever des panthéons déjà agonisant pour s’ériger sur leurs ruines. Et Il se dressait au-dessus de nous, vindicateur, ce dieu d’amour. Comme si ça pouvait Le sauver. Les sauver tous. Le monde changeait.

« Le Tartare est un endroit terrible pour les âmes tourmentées, confirmai-je tandis qu’il répondait à mes questionnements. Mais il ne renferme que les essences des pires êtres qui soient. Même les mortels n’y ont pas leur place, si abjectes soient-ils. Est-ce aussi le cas pour tes Enfers ? »

La pensée du Tartare m’arracha un frisson désagréable. C’était là que se dressait notre palais, alors. Il s’érigeait, superbe, au milieu de la brume et à la lisière des terres glacées et stériles où les âmes des morts ne trouvaient jamais le repos. Le triple rempart d’airain et le Phlégéthon s’assuraient d’empêcher leur fuite car elles étaient nombreuses à tenter de fuir cette terre de désolation, sans jamais y parvenir. Car nul ne s’échappait du Tartare et de l’œil vigilent du maître du monde souterrain. Ainsi protégions-nous les terres des hommes et celles des Olympiens. Pratique, mais de tous les Enfers Grecs, je n’aurais pu dire qu’il s’agissait de mon cercle favori.

« Ah, les Champs-Elysées, soupira-je avec tendresse lorsqu’il en fit mention. J’eus un sourire. Terre d’éternelle félicité, où jamais le givre ne vient toucher les bourgeons et où le printemps dure pour l’éternité. Ma plus belle création. J’aurais aimé que tu vois cela de tes yeux. »

Quelle peine qu’ils dussent rester pour l’éternité ainsi. Immuable dans toute leur superbe beauté. Je prenais parfois conscience que j’avais laissé cette existence derrière moi, et je ne pouvais jamais y penser sans ressentir un petit pincement au cœur. Ainsi allaient les choses. Je pris un instant pour regarder mon téléphone, être certain de prendre la bonne direction. Le paysage urbain avait sensiblement changé depuis ma dernière visite, et si les rues portaient toujours le même nom, ma mémoire multimillénaire me faisait brusquement défaut quant à la direction à prendre. En tout état de cause, je sortis mon GPS et me laissait guider par la carte interactive.

Continuant d’avancer, je profitai pour rebondir sur ses propos.

« Je n’ai jamais compris la dualité morale qui était dictée par l’Unique, avançai-je. L’homme peut être né bon ou il peut être né mauvais. Il n’y a pas d’intermédiaire, pas de libre arbitre. Et s’il est destiné à l’Enfer, alors il n’y a pas de rédemption possible pour lui. Je secouai la tête. Je croyais qu’on disait de Lui qu’il était un dieu bon et miséricordieux. Ne devrait-il pas offrir de seconde chance à ceux qu’il prétend avoir créé et qu’il prétend aimé ? »

Il n’y avait pas de jugement dans ma voix, seulement une sincère curiosité. Dans ma main, mon portable vibra et m’indiqua de prendre immédiatement à gauche. Doucement, d'une pression sur le bras, j'invitai Nate à me suivre.

« Nous y sommes dans cinq petites minutes. » Fis-je en levant le nez de l’écran.

Back in time once more.

@Anthea Diamandis

On ne pouvait pas mentir en disant que malgré toute la bonne volonté du monde, il y avait quand même une certaine dose de réserve, que ce soit de son côté ou même du mien. Les choses ne sauront être comme avant et avec la menace qui plane sur son panthéon et les autres, je ne pouvais que le comprendre. La rassurer sur mes intentions du jour était certes une bonne chose, mais c'était futile. Parce que l'ordre qui sera le mien et celui du reste de mon panthéon de m'en prendre à elle et à ceux à qui elle tient peut tomber à tout moment. Et je le ferais, même à contrecoeur. Mais aujourd'hui, sous le ciel de la Sicile, je fais au mieux pour profiter une dernière fois de sa compagnie. Parce qu'il ne pourrait en être autrement après tout, je sais que nous le savions tous les deux. C'était une fatalité, même si je n'aimais pas cette idée. Elle avait toujours été bonne avec moi et l'inverse était également vrai, mais aujourd'hui, tout dans ce monde nous oppose, à commencer par celui qui tient les rênes de mon panthéon. Mais malgré quelques hésitations, la discussion se fait avec plus ou moins de facilité. Mais tout cela venait simplement du fait qu'il y avait une résurgence des anciens cultes, mais ce n'était pourtant pas la première fois. Il y avait de nombreux exemples dans le monde à diverses époques et à chaque fois, nous en étions sortis victorieux. Mais cette fois ? Je le savais que ça allait être plus sanglant, plus compliqué aussi que toutes les autres fois. Pourtant, je n'avais pas peur, mais je n'avais pas de quoi me réjouir non plus. Enfin en ce qui la concerne, pour les autres, je n'aurais pas autant de questionnements. Je ferais ce qu'on me demande de faire. J'écoute la réponse à ma question et réfléchis quelques secondes à la sienne. " Je vois. Non pour nous c'est différent. L'enfer à une place assez particulière dans l'imaginaire collectif, mais disons que tous ceux qui ont vécus dans le pêché ou fais de très mauvaises actions finissent chez nous. L'humanité n'est pas aussi bonne que Dieu l'aurait voulu." Lui qui était le créateur originel de toute vie d'après les écris bibliques était bien ennuyer par la tournure que prenaient les choses. Je souris légèrement et reprends. " Mais pour eux, l'enfer et le paradis, ne sont que des notions abstraites, surtout s'ils ne sont pas croyant, mais dans les faits, nous accueillons plus d'âmes que le paradis." Pervertir les humains est tellement facile en fin de compte. Mais c'est un jeu auquel on ne s'adonne plus vraiment avec Lucifer, du moins plus autant qu'avant, surtout depuis que nous étions l'un et l'autre physiquement présents sur Terre. Enfin lui sans doute, c'était dans sa nature et moi je protégeais ses arrières, comme le faisait Lilith également. Enfin en général. Je tourne légèrement la tête vers elle quand je l'entends soupirer légèrement. Visiblement la mention de ce lieu la rend... Nostalgique j'ai l'impression. " Ouais ça aurait été bien, en effet." Un court silence s'installe, alors qu'elle cherche la direction à prendre pour qu'on puisse manger la meilleure glace de la ville. Mais au-delà de ça, je réfléchissais à ce qui serait advenu si je n'avais jamais quitté les anciens dieux. Peut-être que j'aurais survécu malgré tout, avec difficulté certes, tout comme elle, mais nous ne serions peut-être pas dans cette situation aujourd'hui. Puis je souris légèrement. Non, j'avais fait le bon choix. Le seul regret que j'avais la concernait, mais pour le reste, absolument rien ne me manquait. Puis la question tombe et je reste silencieux quelques minutes. Réfléchissant à la réponse à donner, tout en hochant la tête quand elle m'informa qu'on était presque arrivé. Je ne sentais pas de jugement dans sa voix, juste une curiosité et un désir sans doute de comprendre comment on avait pu en arriver à ce point, à cette situation. " A dire vrai, je n'en ai pas la moindre idée. Mais l'humanité n'est pas aussi bonne qu'il ne le pensait. En grande partie à cause de nous, les démons." Ce qui n'était pas une surprise en somme. " L'homme a toujours le choix, la question du bien et du mal se pose tout au long de l'existence d'un être, mais il suffit parfois de presque rien pour qu'un individu bascule de l'autre côté de cette maigre barrière." Je soupire légèrement. " Après je t'avoue que je ne vois pas Dieu tous les jours et que nous sommes loin d'être proches lui et moi. Alors autant dire qu'on ne sait jamais vraiment à quoi il pense, ni même ce qu'il cherche réellement à faire. Tu aurais plus de chances d'avoir les réponses à tes questions en t'adressant à un ange, mais à tes risques et périls, cela dit." Je lève les yeux au ciel quelques secondes et soupire légèrement. Les gens avaient coutume de dire que les voix du Seigneur est impénétrable, ils n'avaient pas idée à quel point c'était vrai.

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Attentive, quoique mes yeux ne cessaient de faire des allées et venues entre son visage et l’écran de mon téléphone, j’écoutai ce qu’il m’expliquait sur les Enfers de son panthéon. Doucement je hochai la tête d’un air de dire que je comprenais. Difficilement, il fallait en convenir, mais je saisissais l’essentiel. À mes yeux, l’humanité était l’humanité. Ni foncièrement bonne, ni entièrement mauvaise. Elle était à notre image ; Certains individus faisaient nettement pencher du côté obscur de la Force, d’autres cherchaient à rétablir l’équilibre précaire entre le bien et le mal. Le bilan, selon moi, était globalement neutre. Et pour avoir traversé les âges en marchant parmi eux, je ne savais que trop bien qu’ils étaient capables du meilleur comme du pire.

« Oh, je vois, fis-je après quelques instants, songeuse. Ainsi tous les mortels sont concernés. C’est un parti pris original, relevai-je après un instant, de considérer que les Enfers ne sont pas seulement le lieu de l’après-vie mais surtout celui de la damnation éternelle. Je ne pense pas qu’il y ait d’équivalent dans d’autres systèmes de croyance. »

À ma connaissance, la plupart des panthéons polythéistes considéraient les Enfers tels que nous les concevions. C’était un autre plan de l’existence humaine, qui était le reflet de la vie que les mortels avaient mené. En bien, en mal, et en toutes les nuances intermédiaires. Ainsi, notre après-vie à nous n’était pas empreinte du manichéisme religieux de l’Unique. Était-il meilleur ? Je n’aurais pu l’affirmer, même si mon orgueil de déesse chtonienne me poussait à croire que oui. Après tout, il était si facile de pécher qu’il n’y avait rien d’étonnant à ce que les âmes mortelles ne finissent par rejoindre le domaine infernal de mon ami plutôt que les portes d’argent du Paradis.

« Démon… J’eus un sourire triste. Ça ne te manque pas, de ne plus être considéré comme une véritable divinité ? J’ajoutai : encore que… J’ai entendu parler de ces… cultes ? Des mortels qui vous honorent. Enfin, surtout Lucifer de ce que j’ai compris. »

Je marquai une pause et songeai que l’Unique ne devait pas particulièrement apprécier cela. S’il était une chose que j’avais compris sur Lui, c’est qu’Il voulait être adoré sans concession. Voilà pourquoi Il était l’Unique et voilà pourquoi les autres ne l’étaient pas. Mais Belzébuth avait raison sur un point ; Il aurait été difficile de savoir exactement ce qu’il voulait et ce qu’étaient ses projets pour l’humanité. Le fondement même de Sa religion et la manière dont elle prenait en otage ses croyants me dépassaient. Pourquoi les appâter avec des promesses d’éternelle félicité et chercher à les corrompre tout à la fois ? Je comprenais l’intérêt d’avoir une figure d’opposition telle que Satan pour attiser la ferveur religieuse. Je ne comprenais pas le zèle qu’Il mettait à pervertir l’humanité et je ne comprenais pas non plus le conflit qui existait entre les anges et les démons. N’étaient-ils pas du même côté ?

Oui, tout ça me dépassait. Une partie de moi aurait aimé comprendre…

Une autre préférait rester dans l’ignorance.

« Je passe mon tour, fis-je dans un éclat de rire léger. J’ai entendu dire qu’ils n’étaient pas commodes. »

Et je n’avais guère envie de rencontrer d’autres serviteurs de l’Unique. Je savais déjà quels risques je prenais à être ici, en cet instant, avec Belzébuth. Que se passerait-il s’il était surveillé ? Je laissai couler un regard vers son visage, la mine soucieuse. Une autre pensée venait de me traverser l’esprit.

« Tu ne prends pas de risque en me rencontrant, n’est-ce pas ? » Me risquai-je à demander.

Je tournai à un coin de rue après avoir jeté un œil à mon téléphone. Au loin se dessinait la devanture du glacier. Même à cette distance, il était possible de voir qu’une file de gens y attendaient patiemment. Plus qu’à traverser la rue et ils y seraient !

Back in time once more.

@Anthea Diamandis

Parler des Enfers tels que moi je les voyais et connaissais étais quelque peu délicat. Parce que c'était devenu chez moi, un lieu que je chérissais malgré ce qui s'y passait. J'étais un démon, pas un enfant de choeur après tout. Pour autant, si ça me semblait logique, je pouvais en convenir que pour elle, il en était tout autrement. Elle avait sans doute une autre vision et les deux n'étaient pas franchement compatibles. Je souris doucement à sa remarque, hochant simplement la tête, passant une main dans mes boucles brunes. " S'il y a un Paradis où les âmes vertueuses de ce monde vont après la mort, alors il faut bien son contraire. Je crois que tout se cristallise autour de cette notion abstraite du bien et du mal." Je n'en dis pas plus, mais je savais qu'elle ne pouvait pas réellement comprendre, même moi il m'en avait fallu du temps pour en comprendre toutes les subtilités, venant d'un panthéon polythéiste. C'était assez cartésien comme façon de voir les choses, mais j'ai eu le temps de me faire à cette vision des choses au fil des millénaires et à les accepter pour ce qu'elles sont, tout simplement. L'Enfer est mon domaine, le reste n'a pas réellement d'importance. Le terme de démon pouvait lui sembler péjoratif et quand elle le prononce, je sens que c'est sans doute le cas, mais je ne dis rien, la laissant finir de poser sa question. Je reste silencieux encore quelque seconde, repensant à cette époque si lointaine où j'étais vénéré. " Je suis toujours considéré comme tel tu sais. J'ai encore une grande partie de mes pouvoirs, il se trouve que je suis encore vénéré par des sectes en tout genre, bien que ce soit Lucifer qui a la palme en la matière, je n'ai pas à me plaindre de mon côté." Il était le seigneur des enfers après tout et je n'étais que son bras droit, au même titre que Lilith. Et dire qu'il fut un temps où je lui avais envié la couronne... Aujourd'hui, je me retrouve à faire l'intérim quand il décide de partir en vadrouille et que je reste sagement chez nous. Désormais, ce n'était plus le cas, lui comme moi étions sur Terre, laissant l'intendance à quelqu'un d'autre. " Même si aujourd'hui ce n'est plus pour les rares bénédictions que je pouvais accordé à l'époque qu'on fait appel à moi." Encore que ça dépendait de la personne qui faisait appel à moi, je suppose. " Et toi ? Cette époque ne te manque pas ?" Mais la discussion dévie sur les anges et je souris légèrement quand elle annonce vouloir passer son tour quant à une éventuelle rencontre avec eux. Il faut dire qu'ils ne sont pas très engageants et très fermés. Ils suivent aveuglément Dieu et ne cherchent pas à remettre en cause ses décisions ni son pouvoir. Pas comme nous, pas comme Lucifer. " Tu fais bien, ils ne sont pas très bavards et dès qu'ils ouvrent la bouche, c'est pour dire les mêmes conneries." Je regarde ce qui se passe autour de nous durant quelques secondes, c'était agréable de juste se promener avec une amie, même si ça sera certainement la dernière fois qu'on en profitera de cette manière, alors autant profité. Lorsque je repose les yeux sur elle après qu'elle ait posé sa question, je vois qu'elle semble quelque peu soucieuse. " Pas plus que toi en cet instant. Alors on ferait bien d'en profiter, tant qu'on peut encore le faire." Le glacier était en vue et même s'il y avait un peu de monde ce n'était pas si grave. " Alors, quel parfum de glace tu veux ?" Parce que visiblement il y avait du choix. Mais au moins, la vue était jolie dans les alentours.

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Je devais l’admettre : je peinais à comprendre ce système de croyances qui me dépassait à tous les niveaux et je considérais aussi, dans une certaine mesure, que je n’avais pas à le comprendre. Je n’étais pas une mortelle, il n’y aurait pas d’après-vie pour moi : un jour, je cesserai d’exister, voilà tout. Restait à faire en sorte que ce soit le plus tardivement possible. Le Dieu qui marchait à mes côtés, je le savais, œuvrerait à ma perte. Qu’est-ce qu’il ressortirait de cet affrontement ? Ni l’un, ni l’autre n’aurait pu l’affirmer ; Quand des chemins s’ouvraient devant nous, d’autres se fermaient inexorablement. Mais les choses prenaient une tournure irrémédiable et inquiétante. Parfois je me demandais : n’aurais-je pas dû faire comme mon ami et me rallier à l’Unique ? Valait-il mieux servir aux Champs-Elysées ou régner en Enfer ? Enfer, singulier. Aujourd’hui encore je n’avais pas encore la réponse à cette question.

« Je l’ai entendu dire, fis-je dans un rire léger. J’avais craint un instant de le blesser, avec ces histoires de démons. Mais tu as raison. C’est juste la connotation qui est négative. Ce qui n’a pas vraiment de sens quand on y réfléchit, tu étais déjà un Dieu impitoyable jadis. Je lui assénai un coup de coude amical et mon sourire s’étira un peu plus. D’un air amusé, j’ajoutai : mais ne sommes-nous pas la somme des connotations que les mortels nous associent, après tout ? »

Car ils étaient le cœur de notre existence. Ironique, quand on y réfléchissait : ils nous avaient créé, à leur image ou non, mais c’est nous qui commandions leurs désirs. Et si nous ne pouvions pas prendre corps sans eux, sans leur Foi, sans leurs croyances, nous nous occupions de leurs âmes lorsqu’ils rendaient leur dernier soupir. Et certains étaient récompensés, dans cette après-vie, et certains étaient punis. Mais dans un cas comme dans l’autre, c’était de leur fait. Après, tout c’était leur volonté qui nous façonnait et qui façonnait aussi notre façon de les diriger. C’était un système qui s’auto-entretenait en quelque sorte.

« Qu’attendent-ils de toi si ce n’est des bénédictions, alors ? Ta clémence ? »

Puisqu’il régnait dans cet Enfer que craignait les mortels, cela aurait fait sens.

Lorsqu’il m’interrogea sur ce temps révolu où nous régnions en maître sur nos terres, mon cœur se serra douloureusement. Je n’ai jamais pu me départir de ces images heureuses et je pense qu’elles me suivront jusqu’à ce que je disparaisse dans l’Ether pour de bon. Est-ce que je regrettais ce temps ? Chaque jour de chaque année depuis que j’avais quitté les Enfers. Mon véritable foyer. Enfin, la Terre aurait l’était, dans une certaine mesure – après tout j’y avais grandi – mais quel intérêt avais-je à y être si je n’y apportais plus le Printemps ?

« Evidemment, soupira-je. Tout était plus simple, tout était plus beau et ma vie avait un sens véritable. J’ajoutai en soupirant : non pas qu’elle n’en ait plus... J’ai réussi à lui en redonner un, mais c’est un effort que je n’avais jamais eu à faire jusqu’alors. J’étais, simplement. »

C’était peut-être difficile à comprendre pour quelqu’un qui n’avait pas vraiment eu à laisser cette existence derrière lui mais j’espérais qu’il puisse entrevoir ce vide que j’avais au fond du cœur. Juste un peu, un aperçu de la douleur qui m’étreignait lorsque je pensais à ce passé glorieux. Au moins pouvais-je me convaincre que j’étais restée la même au fil des millénaires. Cela ne changerait pas l’issue finale de cette guerre qui commençait à poindre, mais c’était une pensée réconfortante.

Toutes ces idées noires, songeai-je gravement. Que ne puis-je les chasser une bonne fois pour toutes !

Car il avait raison, autant profiter de ce dont ils pouvaient pendant le temps qui leur était imparti.

« Stracciatella, sans hésiter, répondis-je à sa question. Et toi, tu sais quoi prendre ? »

Si ce n’était pas le cas, il allait falloir se décider rapidement : ils n’étaient plus que deux avant nous.

Back in time once more.

@Anthea Diamandis

Je ne pouvais pas prédire ce qui se passerait pour l'un ou l'autre. J'avais bien des pouvoirs, mais pas celui de voir l'avenir et je savais par avance que je n'aimerais sans doute pas savoir ce qui pourrait lui arriver. Tôt ou tard, cela arrivera. Il fut un temps où j'avais songé à lui demander de venir rejoindre ce panthéon qui avait fait de moi ce que je suis devenu, à moins que je ne le sois déjà et que j'ai appris à mieux exploité ce potentiel qui était le mien. J'ai des regrets la concernant, évidemment, mais c'était de toute façon trop tard. Elle ne trahirait pas les siens, pas plus hier qu'aujourd'hui. Mais discuté de tout cela avec elle, était plaisant. Un seul et même lieu pouvait avoir tellement de représentations, des fonctions diamétralement opposées également. Mon enfer n'est fait que de tourmente, douleur, souffrance. Le sien semblait plus paisible en comparaison. Mais pour le reste... Je ricane légèrement quand elle reprend la parole. Lucifer est adoré parce qu'il est le maître, mais je ne suis pas en reste de mon côté et c'est peut-être de là que je tire une certaine autonomie. Bien que je sois fidèle envers mon panthéon, j'ai plus de liberté de mouvement que la plupart des démons qui se terrent en Enfer. Et je ne suis pas près d'y renoncer. " C'est pas faux, mais aujourd'hui bien plus qu'hier." Mais je ris légèrement quand elle reprend la parole. Je suis ce que je suis parce que c'est ce qu'on a fait de moi. Elle avait raison sur ce point. " Nous sommes nés des attentes de l'humanité. Je n'ai fais que grandir comme tu as grandie de ton côté. Nous ne pouvons pas être autre chose que ce pour quoi nous avons été crée. Et il est vrai qu'être craint offre une certaine sécurité qui n'est pas négligeable au vu des évènements." Mais il est vrai que j'abusais parfois de cette crainte pour obtenir ce que je voulais. Je ne m'en cachais pas. Je n'étais pas l'égal de Lucifer à ce niveau cela dit, j'étais bien plus transparent quant aux pactes que je passais, que ce soit dans le bon, comme dans le mauvais sens. Il m'arrivait de mentir, bien entendu, mais seulement quand c'était vital. Pour autant, avec elle, je ne pouvais pas. Je n'en avais pas envie non plus. Je réfléchis à sa question pendant quelques secondes avant de répondre. " Non. Du moins pas directement." Je soupire légèrement et reprends. " Parfois ce sont pour mes connaissances, mais je ne donne rien, sans avoir quelque chose en retour. Parfois pour une vengeance, mais le prix que j'en demande fais réfléchir." Je souris légèrement. " On ne pactise pas avec les démons sans rien offrir en retour et parfois le prix est élevé. Ainsi vont les choses. Mais cela fait bien longtemps que je n'ai pas été clément envers un humain. Ce n'est pas ce qu'on cherche quand on m'invoque." Dans ce cas, ils s'adressent à Dieu ou à des anges bien précis, mais la plupart du temps, c'est le silence qui leur réponds. Au moins, de notre côté, nous sommes bien plus actifs, même si cela déplait fortement. Lorsque je lui retourne la question, je vois bien que c'est plus douloureux pour elle que pour moi. Je l'écoute donner sa réponse et hoche simplement la tête. Elle avait raison dans un sens. Je pouvais percevoir un peu de sa souffrance et j'en étais désolé, mais le pire était que je ne pouvais rien faire pour arranger un tant soit peu la situation. Dieu était en guerre contre les polythéistes et tôt ou tard, on s'en prendra à elle et aux siens. C'était inévitable. " Tu en as souffert, j'en suis désolé." C'est bien tout ce que je pouvais dire et faire. Mais assez parler de tout cela. Nous n'étions pas là que pour parler de ce passé, mais profiter encore un peu de la présence de l'un et de l'autre avant que l'inévitable arrive. Je regarde les parfum proposé alors qu'elle me donne son choix et c'est bientôt à notre tour. Lorsqu'on arrive devant le glacier, je soupire. " Bonjour ! Pour moi ça sera vanille et pour son amie stracciatella." Un parfum simple, mais que j'aimais beaucoup. Une fois les glaces en main et payées, on s'éloigne un peu. " Que veux tu voir maintenant ?" Il y avait tant de choses dans les environs et nous avions encore un peu de temps.

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