La rage de vaincre ft Maël Eschene [Intrigue I - Terminé]

La rage de vaincre

Depuis la mort de Odin, Frigg vivait dans l’angoisse que les assassins de son mari  ne viennent s’en prendre à elle. Il savaient probablement que Odin était marié et ce n’était qu’une question de temps avant qu’on ne vienne tenter de la tuer, elle aussi. Sauf que Frigg n’avait aucun pouvoir de défense ou de protection puisque ses pouvoirs était destinés à aider les autres. La déesse en avait longuement parlé avec Meduna. Bien sûr tous les dieux étaient sur le qui-vive et son amie l’était tout autant. Elle avait alors parlé d’un dieu de son panthéon qui pourrait peut-être l’aider à se défendre. Esus, dieu celte de la guerre.
Pour Frigg, rendre visite à un dieu d’un autre panthéon était à la fois risqué mais inespéré. Elle n’avait pas de nouvelles de Tyr, le dieu de la guerre de son panthéon alors elle devait s’en remettre à un autre, dans l’espoir qu’il accepte de l’aider.

Meduna avait noté le nom et l’adresse du vaisseau de Esus et la déesse nordique décida de se rendre immédiatement dans le quartier latin à la recherche de son possible sauveur. Elle ne mit pas bien longtemps à trouver le bâtiment qu’elle cherchait et ce fut avec un nœud dans l’estomac que la déesse frappa à la porte. Elle était très anxieuse parce qu’elle ne connaissait pas cet Esus, qu’elle ne savait pas comment il allait la recevoir et qu’elle ne connaissait pas du tout le personnage. Tyr était un dieu sage et compréhensif mais tous les dieux n’avaient pas le même comportement et c’était ça qui l’angoissait. Mais elle ne cessait de se dire que si Meduna l’y avait envoyée, c’est qu’elle ne risquait probablement rien.
La porte finit par s’ouvrir sur un homme, dans la quarantaine. Elle sentait l’aura qu’il dégageait et se dit qu’il s’agissait probablement d’Esus. Elle tint alors à lui renvoyer une image amicale alors elle lui adressa un sourire qu’elle souhaitait bienveillant.

_ Bonjour, j’imagine que vous êtes Maël Eschene ? Je suis Rachel March et c’est Morgane Moore qui m’envoie. Comme vous avez dû le savoir, mon mari a été assassiné il y a peu et je sais que je serai probablement dans la liste des suivants. Je n’ai pas le pouvoir de me battre alors elle m’a envoyé vous voir pour que vous puissiez m’apporter votre aide. Si vous le souhaitez, bien entendu.

La déesse regardait son interlocuteur avec une lueur d’espoir mais aussi de crainte. La crainte qu’elle ressentait et celle de le voir refuser de lui apporter son aide. Les paroles de Frigg pouvaient avoir l'air d'une conversation banale mais les murs avaient des oreilles et elle ne tenait pas à ce que quelqu'un découvre par inadvertance leur véritable identité. En plus de cela, elle était persuadée que Esus comprendrait où elle voulait en venir.

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Le dieu celte de la guerre l’invita donc à entrer et la déesse hocha la tête avant de le suivre à l’intérieur. Elle se sentait soulagée que l’homme ait accepté de l’aider, qu’il n’ai pas décidé de l’envoyer balader. Il aurait pu, sachant qu’ils n’étaient pas du même Panthéon mais ça n’avait pas été le cas, fort heureusement.
Alors qu’elle pénétrait dans l’appartement, elle suivit l’homme jusqu’au salon, lançant des regards un peu partout, surprise de voir un appartement masculin si bien rangé. Lorsqu’ils furent arrivés à destination, la déesse repéra un fauteuil et s’y installa alors que Esus lui proposait à boire.

_ Je voudrais bien un verre de jus de fruits, s’il vous plaît.

Elle sourit et reporta momentanément son regard sur le feu de cheminée qui s’avérait réconfortant. Elle avait toujours aimé la chaleur des feux de cheminée. La voix de Esus s’éleva à nouveau et la déesse reporta son regard sur lui. Il lui demandait quel genre d’aide elle avait besoin et tout ce qu’il lui proposait était alléchant mais la déesse n’avait qu’une seule idée en tête.

_ Rien de tout ça, en réalité. J’ai besoin que vous m’aidiez à me défendre. Je veux savoir me battre si les assassins de mon mari finissent par me tomber dessus. Je ne veux pas leur donner la satisfaction de me tuer aussi facilement.

Elle écoutait les paroles de Esus. Bien sûr il s’inquiétait de savoir si quelqu’un d’autre était au courant de sa présence et c’était normal, elle le comprenait. Mais il pouvait être sûr que jamais personne ne saurait ce qu’elle avait derrière la tête. Elle voulait que cela reste une surprise. Elle secoua alors négativement la tête, un léger sourire aux lèvres.

_ Seule Meduna est au courant. Et c’est une très bonne amie, elle ne dira rien. Je ne veux que personne d’autre ne sache que j’ai en tête. Je veux que personne ne sache que j’ai les moyens de me défendre. Ce sera comme…. Une botte secrète si vous voyez ce que je veux dire. En ce qui concerne mon logement, Lucifer a eu la gentillesse de m’aider à trouver un endroit où habiter. Ce n’est pas l’endroit le plus sécurisé du monde mais je ne pense pas que les assassins de mon mari me trouveront très vite.

Du moins elle l’espérait. Mais chaque chose en son temps. Sa priorité était de se défendre et elle savait que Esus était le mieux placé pour cela. Elle regardait le dieu celte, une lueur de détermination dans le regard.

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L’homme déposa alors devant elle un jus de fruit à la pomme et un verre, qui fut amplement suffisant pour la déesse. Elle attrapa alors la bouteille et remplit son verre tout en répondant au dieu celte. Le dieu lui avoua qu’il souhaitait en savoir plus et Frigg comprit ce besoin. Ce n’était pas tous les jours qu’un dieu d’un autre panthéon réclamait votre aide et cela pouvait surprendre n’importe qui. Frigg aussi aurait pu en être surprise si cela avait été elle que l’on serait allé voir.
Finalement, il comprit alors pourquoi elle avait préféré aller le voir lui, plutôt qu’un dieu nordique et la déesse hocha lentement la tête.

_ M’allier à mes frères et sœurs aurait été beaucoup trop prévisible. La personne qui a tué Odin doit en savoir beaucoup à notre propos, y comprit les tensions entre nos panthéons. Ils ne s’attendront pas à ce que j’aille demander de l’aide ailleurs que chez les miens.

S’il y avait bien une chose qui qualifiait Frigg, c’était bien son ingéniosité. Elle savait se sortir de situations extrêmes, elle savait rebondir à n’importe quelle situation et ce cas de figure le confirma de nouveau.
Néanmoins, Esus avait raison. A force de venir, les gens allaient finir par se poser des questions et il allait falloir trouver une excuse qui justifierait ses visites chez le dieu celte. Fort heureusement, Esus avait le métier adéquat et le regard de Frigg s’illumina à sa proposition.

_ C’est parfait. C’est tout à fait crédible ! Après tous, ce genre d’enterrement est très important chez les nordiques, encore plus lorsqu’il s’agit du père de tout.

Esus lui annonça alors qu’il n’allait pas la ménager et qu’il serait un instructeur très dur mais cela n’effrayait pas la déesse, bien au contraire. Ses origines nordiques faisaient d’elle une femme robuste.
Vint alors la discussion de la contrepartie. Meduna l’avait bien évidemment prévenue que Esus n’était pas dieu à faire les choses gratuitement et Frigg s’y était attendue, n’affichant donc aucune expression de surprise. Elle hocha la tête tandis qu’il parlait lui montrant ainsi qu’elle comprenait, puis il s’arrêta, attendant ses limites.

_ Premièrement, je n’ai pas peur de ne pas être ménagée. Je suis une femme du nord, j’ai l’esprit robuste ne vous inquiétez pas de cela. Ensuite, je suis prête à signer votre contrat. Mes seules limites sont que je ne tue personne et que je ne vends pas mon corps. Pour le reste, vous avez carte blanche.

Elle gardait son regard rivé dans celui du dieu et, pour la première fois depuis qu’elle avait rempli son verre, elle porta son verre à ses lèvres et en but une longue gorgée, attendant la suite de la discussion.

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La rage de vaincre

Esus continuait à poser des questions pour probablement mieux la cerner et Frigg répondait de bon coeur et avec sincérité. Elle savait que c’était ce qu’elle devait faire pour qu’il lui apprenne à se battre. Le dieu celte était fort et brutal et Frigg savait parfaitement que s’il l’entraînait, elle saurait elle aussi devenir forte et brutale. Non pas que cela l’enchantait mais elle en avait besoin si elle souhaitait survivre. Il était révolu le temps où elle ne pouvait compter que sur ses pouvoirs. Maintenant, elle devait évoluer. Elle prit le temps de boire une gorgée de sa boisson avant de fixer Esus du regard.

_ Je m’entends bien avec la plupart des dieux de mon panthéon. Nous nous considérons tous comme des frères et sœurs. Je n’ai de problèmes qu’avec un seul. Loki. Il a tué mon fils il y a bien longtemps et je suis certaine qu’il ne me porte pas non plus dans son coeur.

Parler de Loki lui hérissait le poil, elle qui avait tant de mal à pardonner au dieu de la discorde. Mais là n’était pas le problème et la déesse dût se reconcentrer sur la conversation. Esus énonçait alors les termes du contrat. Évidemment, ce qu’il disait pouvait paraître effrayant mais pas pour Frigg. La déesse savait ce qu’elle voulait et elle était déterminée à l’avoir. Et si pour cela elle devait une dette à un autre dieu, eh bien soit. Elle était prête à tout pour devenir plus forte.
La brune écoutait avec attention chaque mot, chaque parole, les gravant ainsi dans sa mémoire. Puis, il fut temps pour elle de « signer » son contrat. Elle reposa alors son verre avec lenteur et se redressa légèrement sans lâcher le dieu du regard.

_ Moi, Frigg, reine des dieux nordiques, m’engage à vous être redevable d’une contrepartie de votre choix en échange de ma formation au combat. Cette contrepartie n’aura aucune limite de temps ou d’enveloppe.

La déesse laissa passer quelques instants de silence avant de reprendre, sans aucune hésitation dans la voix.

_ Est-ce que cela vous convient-il ?

La jeune femme avait hâte de passer aux choses sérieuses. Hâte de commencer à s’entraîner. Plus tôt elle apprendrait, plus tôt elle serait capable de se défendre. Son mari n’était plus là, ses pouvoirs ne l’aideraient pas alors elle ne pourrait compter que sur son corps et sur ses réflexes pour s’en sortir. Et, désormais, sur Esus également.
En attendant, la déesse se pencha de nouveau, attrapa son verre et le termina d'une gorgée avant de le reposer sur la table, montrant ainsi au dieu face à elle qu'elle était prête à passer aux choses sérieuses.

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Frigg ne comprit pas très bien où il voulait en venir mais si cela sortait maintenant c’est que cela devait être dû à une expérience personnelle. Elle se contenta de lui adresser un léger sourire poli. Dans son cas, elle avait aimé chaque membre de sa famille, c’était une certitude. Avoir perdu son fils et son mari était une situation déchirante et elle aurait tellement aimé pouvoir remonter le temps afin de les sauver. Mais elle savait que c’était impossible et elle devait, désormais, aller de l’avant et se protéger elle-même. C’était ce que Odin aurait voulu, elle le savait.
Esus avoua avoir déjà eu à faire à Loki et ne pas garder de bons souvenirs de lui. Ce n’était pas étonnant. Ce dieu semait la discorde où qu’il allait et il n’avait certainement pas l’intention de s’arrêter là. Lorsque Esus demanda s’ils avaient essayé de le tuer ou non, Frigg secoua la tête.

_ Nous ne l’avons pas tué. En réalité, le meurtre de mon fils a été la goutte d’eau pour les dieux d’Asgard alors nous l’avons puni. Nous avons forcé l’un de ses fils à tuer son frère. Puis nous l’avons attaché dans une grotte avec les boyaux de son fils et puis l’un de mes frères a placé un serpent au-dessus de lui pour que s’écoule son venin. Nous ne pouvions pas laisser passer ce meurtre.

Frigg avait été tellement détruite par le meurtre de son fils qu’elle en avait été folle de rage. Elle ne pouvait pardonner cela, encore aujourd’hui. Si un mot pouvait caractériser le mauvais côté de la déesse, c’était la rancune. Elle ne savait pas pardonner et Loki n’y faisait pas exception.
La déesse hocha alors la tête lorsque Esus annonça que tout était parfait et n’eut pas le temps de voir le verre s’envoler que, déjà, il s’éclatait contre le mur. Frigg eut un violent sursaut et regarda le mur, puis le dieu d’un air un peu ahuri. Esus lui conseilla alors, en guise de première leçon de toujours être sur ses gardes et de toujours s’attendre au pire. Frigg prit alors soin de le noter dans un coin de sa mémoire. Elle se leva quand il le lui demanda et le suivit vers l’endroit où ils allaient s’entraîner.

Esus lui ordonna alors de le frapper. Il parlait de Loki, de la vengeance qu’elle n’avait pu assouvir, de son enfant mort, d’Odin mort et toutes ces paroles firent monter un sentiment désagréable en elle. Tristesse et colère mélangée. Elle ferma alors les yeux et s’imagina Loki à la place d’Esus. Elle imagina sa voix, son physique, son sourire énervant. Elle imagina son fils mort et le sourire satisfait du dieu de la discorde. Elle imagina Odin mourir et une bouffée s’empara d’elle. Alors, elle rouvrit les yeux et se précipita vers Esus pour lui assener coups de points sur coups de points.
Le vaisseau d’Esus était largement plus grand qu’elle et elle ne parvenait pas à atteindre le visage de celui-ci alors elle se rabattit sur le torse du dieu qu’elle battit de ses points. Elle semblait rejeter son sentit de colère qu’elle ressentait à l’égard de Loki et de celui ou ceux qui avaient tué son mari. Elle rejetait tout en poussant des cris de colères. Rien ne semblait pouvoir arrêter ses poings de marteler le torse du dieu celte et elle-même ne se sentait pas capable d’arrêter. Elle avait tant refoulé depuis si longtemps...

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Frigg se déchaînait contre Esus, furieuse, évacuant par la même occasion la colère qu’elle avait si longtemps refoulé en elle. Elle aimait son panthéon, plus que tout mais elle haïssait Loki et elle trouvait injuste que ce soit son mari à elle qui soit mort et non ce dieu de pacotille. Alors elle cognait encore et encore alors que le dieu celte ne bronchait pas.
Pourtant, sans qu’elle ne le réalise tout de suite, l’un de ses coups furent déviés et la déesse se retrouva au sol en poussant un couinement de douleur. Il disait qu’elle devait maîtriser ses émotions et c’était quelque chose qu’elle aurait du mal à faire, elle le savait.
Esus voulait reprendre l’entraînement et Frigg se releva en se frottant l’arrière de la tête. Elle fut alors beaucoup trop lente pour esquiver un coup d’Esus qu’elle reçu dans le torse.

Esus continuait d’attaquer Frigg sans qu’elle ne puisse avoir le temps de parer ses coups. Le dieu celte leur parlait de leurs rancunes passées entre les deux panthéons et la déesse dû tenter de se concentrer et sur la conversation et sur les coups d’Esus. Elle finit de nouveau violemment au sol et eut une grimace de douleur alors qu’il demandait comment elle se plaçait vis-à-vis des tensions entre les deux Panthéons.

_ Je suis amie avec Meduna. Mais j’aime mon Panthéon. Je m’adapte.

Frigg ne comptait pas en dire plus, pour elle il était clair que l’adaptation était le meilleur moyen de survivre face à la menace qui planait sur tout le monde. Bien sûr, elle se devait de rester méfiante, d’où son désir de rester évasive.
Après sa réponse, Esus lui conseilla d’analyser ses mouvements pour pouvoir les parer. La déesse resta au sol, regardant le dieu arriver vers elle. Immédiatement, son premier réflexe fut de réaliser un petit saut pour se remettre sur pieds et de balancer son genou vers l’entrejambe du dieu alors que celui-ci s’apprêtait à frapper. Lorsqu’il se plia de douleur suite au coup, la déesse donna un coup de poing en plein dans le nez du dieu et poussa un petit gémissement de douleur en se tenant la main.

_ Par Odin, tu as le visage en pierre ou quoi ??

Pour autant, même si sa main lui faisait mal, il n’était pas question de baisser sa garde. De toute façon, elle finirait par guérir donc elle n’y prêta plus grande attention. A la place, elle se plaça face à Esus, ses mains devant son visage, prête à répliquer au moindre coup.

_ Est-ce que je me débrouille bien selon toi ?

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Frigg fronça les sourcils à la première réponse d’Esus. Elle ne comprenait pas très bien où il voulait en venir jusqu’à ce qu’il aille plus loin dans sa pensée. Il tenait à lui faire comprendre que son panthéon passerait toujours avant elle et cela ne choqua pas la déesse qui pensait exactement la même chose. Elle ne pu répondre tout de suite car Esus laissa échapper quelques coups vers elle. Ses réflexes n’étaient pas de plus présents car elle se prenait la plupart des coups. Elle ne réussi à arrêter que l’un d’eux en attrapant le poing du dieu celte pour le stopper dans son élan. Elle se sentait soulagée d’avoir une force de déesse et non d’humaine.

_ Ne vous en faites pas, il en va de même pour moi. Mon panthéon passera toujours avant tout.

Les dieux nordiques étaient littéralement sa famille et elle comptait sur eux autant qu’ils comptaient sur elle. Le coup dans les testicules avait été concluant puisque ça avait mit Esus en PLS, le temps d’un instant. La déesse ne pu s’empêcher de laisser un sourire amusé s’afficher sur ses lèvres. Elle laissa un rire lui échapper lorsque Esus lui avoua préféré avoir son entrejambe aussi dure que de la pierre et elle ne doutait pas de cela. Les enveloppes masculines étaient réellement fragiles à cet endroit et Frigg avait toujours su que frapper à cet endroit était un moyen de défense extra.
Esus lui avoua qu’elle se défendait plutôt bien pour une guérisseuse et Frigg eut un sourire fier.

_ Guérisseuse mais pleine de ressources.

Frigg était fière d’elle, fière d’avoir assez de ressources pour se défendre, tellement fière qu’elle ne fit pas attention au couteau que sortait Esus. Lorsqu’elle le vit enfin, le couteau atteignait son épaule et la lui égratigna. Frigg poussa un gémissement de douleur lorsque la lame trancha sa peau et elle porta la main à sa plaie d’où du sang commençait à couler. Elle ne s’y était absolument pas attendue.

_ Aïe ! Ça, ça fait pas du bien !

Elle n’eut pas le temps d’ajouter quoi que ce soit de plus car Esus se trouvait déjà à ses côtés et la fit tomber au sol à l’aide d’un croche-pied. Frigg n’eut pas forcément le réflexe de se retenir dans sa chute, puisqu’elle tenait déjà son bras blessé et sa tête et son dos frappèrent brusquement sur le sol, laissant la déesse un peu sonnée.
Il lui conseillait de toujours rester attentive car on ne savait jamais de quoi l’autre pouvait être capable. Frigg grimaça en se frottant la tête.

_ Je crois que je garderai ce conseil précieusement en mémoire… Si mes neurones décident de le retenir.

Il annonça alors que la séance était terminée et la déesse se releva avant de s’épousseter. Elle ramassa ses affaires et se tourna vers Esus.

_ Ça me va, on se voit la semaine prochaine alors… Et… Merci. Pour tout.

Elle savait que le dieu ne faisait pas ça par pure gentillesse mais par intérêt mais Frigg ne pouvait s’empêcher de le remercier. Ça comptait réellement pour elle.

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La rage de vaincre

Frigg était en train de récupérer sa veste et son sac à main, prête à partir. Elle avait le corps douloureux, son bras saignait encore et elle avait le besoin urgent de se jeter dans son lit et de dormir jusqu’à la guérison complète de son corps. Pourtant, Esus n’en avait pas encore fini. Alors que la voix du dieu s’élevait de nouveau, la déesse se tourna vers lui pour écouter ses questions. Il souhaitait parler de la mort d’Odin et Frigg ferma douloureusement les yeux. Parler de son mari était bien trop tôt et encore profondément douloureux. Pourtant, bon nombre de dieux pouvaient se poser des questions. Qui aurait pu être aussi puissant pour réduire à néant un dieu ancien. Elle comprenait qu’Esus veuille des réponses mais elle espérait au fond d’elle qu’il n’était pas de ceux qui avaient tué son mari et que ce n’était pas un piège.

Elle écouta alors son questionnement avec attention. Il semblait vouloir trouver aussi l’assassin de son mari et la déesse ressentit une sorte d’espoir monter en elle. Si tout le monde s’assemblait pour trouver l’ordure qui avait tué son mari, alors ils finiraient forcément par y arriver. Elle l’espérait.
Elle croisa les bras sur sa poitrine avant de répondre.

_ Odin n’avait pas de nom d’emprunt. Il n’avait pas beaucoup d’interaction avec l’Humanité non plus. En réalité, il vivait plutôt en autarcie. J’étais la seule à pouvoir le voir. Quant à sa mort, je dois vous avouer que je ne sais pas. Je… Je n’était pas près de lui quand on l’a tué. Mais quand j’ai su qu’il était mort, c’est l’endroit où il se cachait que j’ai voulu rejoindre au plus vite avant de… perdre mon enveloppe précédente. Donc, j’aurais tendance à dire que c’est là qu’il est mort. Sur Terre.

Le regard de Frigg était humide et elle retenait tant bien que mal ses larmes. Parler d’Odin était difficile mais il le fallait parce qu’ils se devaient de découvrir qui avait pu mettre un terme à son existence. Elle baissa le regard avant de le relever très rapidement et croisa les bras sur sa poitrine.

_ Je ne comptais pas vous envoyer chier. Tout le monde doit se poser des question, se demander comme on a pu le tuer, moi la première. Le problème c’est que je n’ai aucune réponse. Si je devais donner un nom, je penserais à Loki mais je ne l’aurais jamais imaginé assez puissant pour tuer véritablement un dieu. Excepté mon fils. Mais je peux vous garantir que lorsque j’aurai cette ou ces personnes devant moi je leur ferai ressentir ce qu’est la Mort Véritable.

Un éclat de colère et de rancune brilla dans le regard de la déesse. Frigg n’avait jamais été le genre de déesse à vivre pour la vengeance et pour faire du mal à autrui, étant une guérisseuse mais son coeur était plein de colère et de tristesse. Elle avait perdu Baldr et à présent elle perdait Odin. Un ras-le-bol s’installait chez les déesse qui connaissait parfaitement le sentiment de rancune.

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Esus la remercia pour ses réponses et Frigg hocha lentement la tête. Elle avait la sensation que tous avaient besoin de trouver l’assassin d’Odin, que tous avaient peur que ce qui était arrivé à Odin leur arrive à eux aussi. Et ça la rassurait de ne pas être la seule à flipper devant l’éventualité qu’on vienne s’en prendre à elle aussi.
Elle écouta les réflexions du dieu celte. Elle savait que les réflexions qu’il avait étaient plus pour lui que pour elle mais le voir si impliqué dans la résolution du meurtre d’Odin lui faisait chaud au coeur. Elle avait moins l’impression de se sentir seule dans cette horreur.
Esus pensait que la culpabilité de Loki était trop évidente. Frigg ne savait pas vraiment quoi penser. Elle baissa momentanément le regard avant de lui répondre.

_ Peu de personnes savaient où se trouvait Odin. Et il n’était pas du genre à faire confiance aveuglément. Alors oui, la culpabilité de Loki semble trop évidente mais je suis persuadée que le coupable est quelqu’un qui le connaissait. Je ne vois pas d’autres explications.

La déesse pouvait sembler un peu butée mais elle ne voyait pas qui aurait pu être assez doué pour manipuler Odin et le pousser à avoir confiance. Elle se sentait fautive, elle qui n’avait pas été présente lors de sa mort. Si elle était restée près de lui, elle aurait pu le protéger. Elle aurait pu l’empêcher de se fier à la mauvaise personne.
Esus lui proposa de la raccompagner et la jeune femme hocha la tête avec un léger sourire. Cette séance avait été éprouvante pour la déesse bien que très instructive mais elle avait besoin de se poser tranquillement et de récupérer. De réfléchir également aux paroles de Esus.
Les deux dieux se dirigeaient donc vers la porte d’entrée d’Esus et celui-ci la salua tout en lui demandant d’être prudente. Frigg esquissa un sourire amusé. Ils n’étaient peut-être pas du même panthéon mais il savait avoir ses petites touches d’humour qui faisaient rire la nordique.

_ Ne vous en faites pas pour ça, je n’ai pas l’intention de finir dans le même état que mon mari. Et je suis une déesse qui tient ses paroles. A la semaine prochaine et… merci pour tout.

Après un dernier sourire, la déesse tourna les talons pour regagner son appartement. La perspective de devoir quelque chose à un dieu d’un autre panthéon l’angoissait pas mal, espérant qu’il n’en profiterait pas pour la pousser à trahir son Panthéon mais elle était d’un autre côté très soulagée d’avoir au moins matière à se défendre. Bien sûr, s’il s’agissait d’un dieu plus puissant qu’elle elle aurait des difficultés à se sortir d’un combat que ne serait pas du tout égal mais, au moins, elle avait de quoi se défendre sans paraître trop vulnérable.
Frigg esquissa un sourire. Ses ennemis n’étaient certainement pas prêt à découvrir une déesse pacifiste devenir une déesse prête à tout pour survivre, y comprit à la violence.

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