Je sais quoi dire sur la Mort [Flashback - Terminé]
Sujet: Je sais quoi dire sur la Mort [Flashback - Terminé] Mar 11 Mai - 11:56
Je sais quoi dire sur la Mort
Teutatès & Baba Yaga
« Environs de Pogranichnyy, Russie, 25 novembre 1812. »
La marche était lente, décousue. Les colonnes s’étiraient sur des kilomètres. Malgré la victoire de Wolkowysk sur les russes de Sacken dix jours plus tôt, le VIIe Corps avait cessé d’exister comme unité combattante. Les rares nouvelles du nord étaient désastreuses. L’Empereur était présumé mort, disparu avec ses troupes dans les environs de la Bérézina. Partout, les cosaques, qui empêchaient les messagers. Les italiens et les wurtemburgeois, croisés une semaine plus tôt, étaient à l’agonie. Bientôt, ce fut le tour de mes saxons, quand les autrichiens avaient décroché plein sud, se tirant de nuit avec plus que leur part du ravitaillement. Trop tard pour poursuivre ces ex-alliés, déjà en train de changer de camp. On ne distinguait pas l’horizon, perdus dans le blizzard. Une longue colonne d’hommes affamés et frigorifiés s’étirait. La division Lecoq ouvrait la marche. Ce qu’il en restait ; elle tapissait notre chemin de ses morts, recouverts de neige. Les cavaliers russes apparaissaient, parfois, derrière des rangées d’arbre. Le canon avait tonné à l’arrière-garde, deux jours plus tôt. Mais des nouvelles, je n’en avais plus reçues. Les hommes de Von Funchs devaient être morts, eux aussi. Les unités se mélangeaient. A mes côtés, des grenadiers de la Garde du Roi de Saxe, veste rouge, parements jaunes et pantalon blanc, bonnets à poil d’ours noir. Des fusiliers des régiments Von Clemenz et du Prinz Anton. Le blanc des uniformes allemands se noyaient dans l’immensité de l’hiver russe, et il n’y avait bientôt plus que le noir des shakos pour distinguer au sol les morts, dont la tenue se confondait avec la neige.
Les chevaux avaient été les premiers à être mangés, quand nous n’avions plus eu de vivres. Il fallait bien de la force, pour continuer à marcher les quatre cent kilomètres qui nous séparaient de Varsovie. Mais de la force, nous n’en avions plus. Les cuirassiers et les chevaux-légers allaient à pied, sabre sur l’épaule, casque sur la tête, souvent emmitouflés dans des manteaux pris sur les morts. Les canons avaient été abandonnés ; la faim nous tenaillait et les hommes à bout de force ne savaient plus les tirer sur la glace ou la neige épaisse. Au petit matin, on comptait les morts. Au soir, on se blottissait autour de ridicules feux de camp dont les flammèches dodelinaient fébrilement, sans cesse en passe de s’éteindre sous l’effet du vent. Silhouettes agglutinées les unes contre les autres. Parfois, les alertes des cosaques. Un carré formé à la hâte par chaque groupe de survivants, indépendamment des unités d’origine. Fusils brandis, coups de feu, dans des hérissons d’uniformes blancs, rouges et verts sans plus de cohésion de régiment ni même de bataillon ; les étincelles des départs de tirs déchiraient le blizzard et nous abandonnions les corps des russes pour nous repaître de lamelles de leurs montures, grillées à la hâte.
La faim, toujours. Le froid aussi. Notre dernier canon s’était fendu sous l’effet du froid. En journée, quand le soleil perçait enfin l’immensité du désert blanc et l’opacité du brouillard, certains hommes perdaient la vue à cause de la lumière qui se réfléchissait sur leurs yeux gelés depuis des jours. On ne comptait plus les engelures, les doigts restés violacés ou bleutés, les pieds qui ne répondaient plus. Beaucoup abandonnaient, assis et affalés contre leurs sacs et leurs derniers effets. Certains se tuaient à même le sol, avec leur fusil ou leur baïonnette. Ils le faisaient sans rien dire à personne, quand ils n’en pouvaient plus.
Mon pouvoir d’empathie m’amenait au bord de la folie. Je ressentais tout de la souffrance, du désespoir, des pensées moribondes de mes hommes. Le pire, ce n’était pas ceux qui se suicidaient. C’étaient ceux qui abandonnaient. Qui refusaient de bouger le matin, tremblant de froid de la tête au pied. Il avait fait moins trente, hier, et beaucoup d’hommes étaient morts quand le froid avait étouffé le feu. Je cheminais comme un fantôme parmi mes hommes, bicorne vissé sur la tête, visage emmitoufflé dans une écharpe de fortune, long manteau bleu nuit sous lequel plusieurs couches de vêtements ramassés sur les morts me tenaient plus ou moins chaud. Epée de général au côté, pistolet sous la ceinture, et simple fusil en main. On marchait. Encore et encore. Je refusais d’abandonner, soutenant les blessés et les mourants dans ma marche. Ce matin, j’avais failli enfoncer le canon de mon fusil dans la bouche et de presser la détente. A deux doigts de m’infliger la Mort Véritable, fou de douleur et de désespoir. Mon éternité ne tenait plus qu’à un fil.
Après plus de deux mille cinq cent ans d’existence, je savais quoi dire sur la mort. La mort, c’est bleu. Et puis c’est blanc. La mort, c’est un silence…
Le salut, étrangement, vint d’un nouveau danger. En passant une forêt, des hommes m’alertèrent sur la disparition d’un groupe de fusiliers partis inspecter une isba perdue sous les combes enneigées. Les hommes avaient cru sentir l’odeur d’une bonne soupe chaude… Intrigué, je guidais un peloton improvisé, chargeant Lecoq de diriger la marche du reliquat de mon Corps d’Armée en avant. Le bruit de nos pas crissant dans la neige troublait la quiétude de la forêt. Aux aguets ; embuscade de cosaques possibles. Et puis à force d’avancer, des traces de sang. Partout. Mais de mes hommes, rien.
Un fumet appétissant nous flatta les narines. Et nous étions arrivés vers l’Isba, où convergeaient traces de pas et traînées de sang. Je demandais à mes hommes de viser l’endroit de leurs armes.
| Français ? Russkiy ? Montrez-vous ! Pokazhi sebya! |
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Victor Lafitte
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Messages : 9564 Date d'inscription : 09/09/2020 Groupe : Je suis Teutatès, Dieu-Père Celte. Dieu de la Guerre et de la Justice. Métier : Fugitif Age : 40 ans... Ou 3000. Caractère : Vif - Emporté - Empathique - Téméraire J'évolue à : Paris et Istanbul Puissance : Pouvoirs et faiblesses : POUVOIRS : Juge des Ames (actif), Furor Gallicus (actif), Père de la Tribu (Non actif), Main de Justice (Non actif), Chute du Ciel (Non actif) // FAIBLESSES : Empathie, Impétuosité, Isolement, Hors de Contrôle Warning : Langage cru & violence physique & sexe & violences sexuelles Célébrité : Christian Bale Multicompte : Alexandre Durand Crédits : Kanala
Sujet: Re: Je sais quoi dire sur la Mort [Flashback - Terminé] Jeu 13 Mai - 16:22
Je sais quoi dire sur la MortTeutatès & Baba - Yaga Les trois hommes marchent derrière elle. Épuisés, affamés. Elle – même est surprise, elle ne pensait pas qu’un plan si simple fonctionnerait aussi bien. Ils s’étaient tous les trois éloignés de leurs camarades « Sens – tu cela, l’ami ? » avait dit le plus intrépide, et les deux autres l’avaient suivi. Les effluves des légumes secs en train de mijoter dans une soupe épaisse les avait guidés jusqu’à elle. La Baba – Yaga prétendit ne pas comprendre leur langue, mais elle leur fit signe de la suivre. Inconscients du piège, ils ne prirent pas la peine de réfléchir.
Pauvres fous.
Et la voilà, accompagnée de ces hommes. Sur le chemin vers son isba de substitution, elle se demande comment procéder. Elle a toujours aimé égorger ses victimes, parce que même si le sang tâche, cela ne gaspille pas la viande. Elle se dit également qu’elle pourrait laisser les carcasses des corps aux animaux. Oui. C’est une bonne idée. Elle se retourne et leur souri aimablement avant de continuer sa route. Plus que quelques mètres. L’un des hommes se gratte méchamment la tête, sûrement infestée de poux. Dréna fait claquer sa langue, elle n’aime pas cela. Pour elle, poux riment avec typhus. Peut – être se contentera t – elle de le tuer, sans le manger…L’autre jure, insulte le pays dans lequel il se trouve, le troisième se tait, mais la Baba – Yaga entend distinctement son estomac crier famine.
« Quand même, on en a pas des comme ça, chez nous ! »
Le pouilleux ricane. La sorcière mord l’intérieur de sa joue. Ils ont beau crever de faim, leurs pensées restent toujours identiques. Ça la dégoûte. Mais elle ne se retourne pas, même si leurs regards lui transperce le dos.
« J’espère bien prendre autre chose qu’un bon repas ! »
L’intrépide lâche un rire gras qui se transforme en quinte de toux. Ils sont pathétiques. Pourtant, ces propos, au-delà de l’enrager, la blesse profondément. Dréna ne supporte plus d’être considérée comme un simple objet, uniquement bon à satisfaire des désirs primaires. Où est passée la noblesse d’âme des hommes ? A t – elle seulement existé ? Bien malgré elle, la sorcière repense à son Tsar, à la couleur de ses yeux, à la douceur de ses lèvres. Puis à sa trahison.
« On pourra peut – être la partager ! »
Elle ne réalise avoir sorti sa dague, qu’après que le sang ait giclé, couvrant la neige au sol d’un liquide écarlate. Son corps qui s’effondre fait un bruit mat. Ses yeux sont encore ouverts. L'intrépide devenu lâche tente de partir en courant, mas il est trop faible et trébuche. La sorcière entend un « crac » qui résonne dans la forêt. La cheville, sûrement. Il se relève, mais la montée d’adrénaline qu’il vient d’avoir ne le sauvera pas. À califourchon sur lui, elle le poignarde à plusieurs reprises, incapable de s’arrêter. Elle frappe, elle frappe, elle frappe, elle s'acharne, elle ne réalise plus. La Baba - Yaga ne voit que la chaire qui s’éparpille. Après deux dizaines de coups de dague, elle fini par s’arrêter et se jette sur le faible pour lui arracher l'aorte avec les dents, elle lui laboure le visage avec ses ongles puis s’interrompt, épuisée. Ses poumons se gonflent d’un air glacé, qui contraste fortement avec la chaleur qui émane d’elle. Son cœur bat beaucoup trop vite. Et pourtant, la forêt est calme. Il n’y a pas un bruit. Un rayon de soleil froid se glisse entre les branches des pins, avant d’être enlevé par nuage. Son regard glisse vers le dernier des hommes, le plus discret. Il n’a rien dit, mais il a cautionné en riant. Il est tétanisé, la Baba - Yaga est déroutée. Cet homme est un soldat. Il a affronté la mort à de nombreuses reprises. Il l’a certainement lui – même causée. Et pourtant, il reste là, sa bouche grande ouverte forme un « O » parfait. Il est là, appuyé contre un arbre, les jambes tremblantes, incapable d’armer son fusil. Puis elle comprend. C’est une femme. Une sorcière à la face couverte de sang. Elle a été la main vengeresse et de cela, il n’en a pas l’habitude. C’est la première fois. Elle s’avance vers lui, lentement, d’une démarche presque féline. Cette bouche ouverte, ce regard hagard… Elle le poignarde en plein visage. Il ne crie même pas. Il tombe juste. Alors elle n’hésite pas, avec sa lame, elle creuse la poitrine de l’homme, pour finalement arracher à main nue son cœur encore chaud. Les yeux fermés, elle mord dedans à pleine dents.
L’intrépide, le pouilleux et le faible. Il n’est pas surprenant que cette Grande Armée ait perdu la guerre.
*
La sorcière essuie le sang qui perle de son menton avec sa manche. Elle n’a pas à se soucier des convenances. Elle est seule. Elle est toujours seule. Son regard glisse vers le coin de l’isba. De la marmite, émane encore un peu de fumée. Elle s’est donnée beaucoup de mal pour cuisiner cette viande. Les traces de sang sur la table en témoigne et il manque une jambe au corps qui y est étendu. Satisfaite, elle caresse son ventre, plein pour la première fois depuis de nombreux jours. Pour autant, elle refuse de se jeter des fleurs, son plan n’a pu fonctionner que parce qu’elle a pu compter sur la légendaire stupidité des hommes. Dréna ferme les yeux. Le venin de la rage est bien là, il lui brûle les veines, mais étrangement faire la cuisine l’a apaisée. La voilà maintenant seule avec elle – même, ses mains encore tâchées de sang. Elle s’en veux un peu. Elle sait, loin au fond d’elle, que toute cette violence se résout rien. Mais elle ne sait plus faire autrement. Elle est dépassée par tout ce qu’elle ressent, par toute cette injustice. À chaque coup de couteau, c’est le corps de sa sœur qu’elle revoit. À chaque bouchée de chaire humaine, c’est le geste déplacé d’un homme qu’elle ressent, encore une fois. Pour chaque dernier souffle, elle se remémore son père qui la fouette. Allongée sur sa paillasse, elle ressasse de vieux souvenirs, des larmes plein les yeux.
Elle ouvre grand les yeux, tout son corps se tend. La rage s’infiltre à nouveau en elle, à croire qu’elle a été maudite. Elle en est convaincue cette fois, elle ne trouvera jamais la paix intérieure. Il y aura toujours un mâle pour venir la bousculer, la perturber. Elle se relève vivement et sans prendre la peine de se couvrir d’un châle, sort de la maison. Elle ne se voit pas, mais elle doit avoir l’air d’une victime, elle aussi, couverte de sang, les cheveux mal coiffés, sa robe noire débraillée... Son regard se fixe sur celui qui a parlé.
Elle le sent jusque dans ses tripes. Cet homme – là, n’est pas comme les autres.
La Baba – Yaga hésite sur la conduite à tenir. S’il est bien ce qu’elle pense, mentir sera inutile. Elle s’avance d’un pas prudent. Son regard émeraude ne le quitte pas. Sa lèvre inférieure tremble un peu. Pour la première fois de sa vie, elle a presque peur. Mais la haine est toujours là, trop présente. C’est comme si tout son corps s’embrasait. S’en est presque douloureux.
« Je suis là ».
Son français est loin d’être parfait. Son accent est à couper au couteau. Son bras droit se lève lentement. Son index indique une direction : l’emplacement des corps. Il semble être le plus gradé, ici. Alors ce sont certainement ses hommes : il a le droit de savoir. Dans une certaine mesure, elle se dit qu’il est responsable de leur mort. Comment peut – il accepter que de tels porcs rejoignent son armée ?
Il se remet à neiger. Le silence est fracassant, il prend tout l’espace. Un flocon s’accroche au bout de ses longs cils fuligineux. Le peu de vent vient délicatement soulever la neige au sol. Un oiseau, un corbeau, s'envole en croissant. Il s'en va prévenir quelques camarades que du sang a coulé.
« Deux là. Un dedans ».
C’est un murmure. Le ton est presque repenti. Elle se rend vaguement compte de ce qu’elle a fait. Mais elle se souvient surtout de ce qu’ils ont dit et elle devine aisément ce qu’ils ont aussi pensé. Son cœur bat plus fort. Elle cligne des des yeux et le flocon fond, dessinant le chemin d’une larme sur sa joue. L'on pourrait presque y croire.
Messages : 656 Date d'inscription : 22/04/2021 Groupe : Créature - Panthéon Slave - Baba - Yaga Métier : Directrice de crèche privée et prestigieuse. Age : Des siècles, ou 28 ans. Caractère : Méfiante – humble – assoiffée de connaissances – furieuse – implacable – généreuse – libre – solitaire – juste mais incroyablement sévère – profondément misandre – douce – patiente – gourmande – énigmatique – tendances cannibales (plus ou moins réprouvée) – casanière – loyale– silencieuse – a des élans de sagesse – J'évolue à : Paris Puissance : Pouvoirs et faiblesses : Âme animale (actif) ~ Métamorphose (non actif) ~ Maîtrise des éléments (non actif) // Asthmatique ~ Les maux de l'âge ~ Les hommes Warning : Langage cru &/ou Violence physique &/ou Sexe. Célébrité : Katie McGrath Crédits : Kanala // Signature @Astra
Sujet: Re: Je sais quoi dire sur la Mort [Flashback - Terminé] Jeu 17 Juin - 10:27
[HJ très désolé pour ce retard! J'ai fait avancé le rp et ai concerné notre petit Johannes pour commencer à bâtir un lien, dis moi si tu veux que je change quelque chose]
Je sais quoi dire sur la Mort
Teutatès & Baba Yaga
« Environs de Pogranichnyy, Russie, 25 novembre 1812. »
Les hommes dépenaillés qui m’accompagnaient dans la neige, sous les frondaisons craquant sous le poids de la poudreuse, n’avaient plus grand-chose à voir avec les fiers soldats superbement habillés qui avaient franchi le Niemen avec moi quelques mois plus tôt. Les circonstances nous avaient dépouillés de tout. Je n’ai encore aucune idée de ce qu’il s’est passé, hier, mais le désespoir ambiant ne peut me pousser qu’à me demander dans quel guêpier nous étions encore jetés. Après tout, les cosaques étaient partout, et si l’armée russe n’était pas plus immunisée que nous au froid et que les rapports indiquaient leurs armées en campagne décimées comme les nôtres, les cosaques, eux, étaient des sauvages qui se nourrissaient du sang de leurs montures et pillaient tout ce qu’ils trouvaient, y compris chez les propres habitants qu’ils contribuaient à défendre.
Foutu peuple, foutu pays, oublié des dieux et négligé par le destin.
J’ai peur, maintenant. Pas tant pour moi ni pour les hommes, que par rapport à l’amoncellement d’horreurs auxquelles nous allons sans doute devoir faire face, maintenant. Je sais que cette peur n’est pas la mienne. Elle est celle des hommes qui m’accompagne, et ma puissance depuis longtemps insuffisante pour raviver le Furor Gallicus ; ils y sont moins sensibles en dehors de la bataille et moins encore car ils ne sont pas les descendants des tribus de jadis. Mais ils sont sous ma protection malgré tout.
Et certains ont disparu. Pas les meilleurs soldats, pas les meilleurs hommes. Mais des hommes quand même. Comme tous, ils ont une jauge de valeur et de morale en eux. Plus ou moins forte. Plus ou moins stable, solide. C’est à moi qu’il appartient de les juger. A moi, ainsi qu’au fer et au feu de la bataille. Le malaise grandit à mesure que nous grandissons. Et je flaire le pire, je flaire la mort mais avec des relents plus graves encore. Quelque chose de terrible, d’insidieux, de tapis dans les ombres grises d’une forêt blanchie et endormie par la neige.
Je ne ressens pas de peur, mais une présence. Une forme d’appréhension. Mais pas de la peur. En tout cas, pas la même que celle presque superstitieuse qui agite mes soldats autour, dont le chien des fusils produit de petits cliquetis mécaniques quand certains empoignent leurs armes et visent la maison de bois. Une femme apparaît. Blanche comme la neige. Pure. En apparence, du moins, malgré ses cheveux noirs comme le plumage d’un corbeau ; il y a une violence terrible dans son regard.
Et une haine intense qui la couve d’une fureur glacée, endormie mais à proximité seulement.
L’accent est pesant, presque solide, comme si elle mastiquait à demi ses mots. La neige recommence à tomber. Le silence imprègne les combes de la forêt et sa main se tend. Le bruit d’un corbeau non loin en fait trembler plus d’un. Elle précise « deux là, un dedans ». Je sens peu d’émotion dans cette voix et dans cette âme. Les hommes, eux, sont terrifiés. Je déglutis sous ma barbe, avant de me tendre vers deux fusiliers drapés de manteaux gris, shakos à pompom rouge sur la tête.
| Geh und schau, wo sie "zwei da" sagte. Melde mich. Ich werde mit dem Leib Guard hineinsehen. Von Reiner, Komm hier. | « Allez voir là où elle a dit "deux là". Rendez moi compte. Je vais voir à l'intérieur avec le Garde du Corps »
Le Garde du Corps au casque de bronze à chenille me suit, mousqueton au côté et nos bottes renforcées de fourrures cognent contre le plancher de l’isba. Nous contournons la jeune femme et pénétrons dans l’endroit. Une odeur de ragoût flotte dans l’air. L’endroit est assez pauvre, assez misérable. Humide, mais chaud à cause du feu dans l’âtre de pierre. Il suffit à peine d’écarter quelques voilages que je découvre un corps allongé sur une table, dénudé et une jambe visiblement sciée. J’écarquille un juron, ressent l’horreur et la panique de Von Reiner qui étouffe un hurlement.
| Par les dieux ! Sorcière ! |
Je pivote et brandis mon pistolet vers la brune.
| Qu’est-ce qu’il s’est passé ? C’est vous qui avez fait ça ? |
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Victor Lafitte
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Sujet: Re: Je sais quoi dire sur la Mort [Flashback - Terminé] Ven 18 Juin - 11:02
Je sais quoi dire sur la MortTeutatès & Baba - Yaga Avec nonchalance, elle prend appui sur l’encadrement de la vieille porte. Les hommes ont été prudents, ils ne l’ont pas approchée. Ils sont méfiants. Ils ont raison. Mais elle n’a aucune raison de les tuer, pour l’instant. Avec eux, elle ne peut que constater l’étendue des dégâts. Le sang de l’homme imbibe déjà la table de bois. Elle se demande vaguement ce que vont penser les propriétaires de l’isba, s’ils reviennent un jour. Elle lit l’horreur sur les visages des deux militaires et est presque tentée de baisser les yeux. Elle voudrait culpabiliser. Plus que tout au monde, elle souhaiterait cesser de dévorer des êtres humains et ne plus se sentir perpétuellement en colère. Nul besoin d’être maudit par un dieu, son esprit tortueux a été corrompu, damné par sa propre rage. Dréna veut croire que c’est parce qu’elle a cédé une partie de son âme. Mais elle sait, au plus profond d’elle – même, qu’elle a toujours été ainsi. Et puis finalement, ces hommes ont mérité leur sort. Elle sent encore dans son dos la brûlure de leurs regards lubriques. Ça lui donne presque la nausée. Le chef, lui, semble outré. En colère. Elle n’aime pas cela. Les hommes dans cet état sont incontrôlables. Dangereux. Si elle avait été une bête, elle aurait certainement montré les crocs. Mais elle ne peut pas. Elle n’est ni humaine, ni bête. La Baba – Yaga est un entre – deux. Sa condition est particulière. Elle est unique. Il pense l’insulter en la traitant de sorcière. Elle relève légèrement le menton. Elle se retient d’hausser les épaules. Oui, et ?
« Qu’est – ce qu’il s’est passé ? C’est vous qui avez fait ça ? »
Elle aurait pu croire qu’il y avait du désarroi dans sa demande, mais le canon de l’arme qui vise sa tête, indique clairement autre chose. La rage, elle connaît. De l’incompréhension, aussi, peut – être ? L’autre à côté ne dit rien, il semble être paniqué. Oui, les femmes peuvent tuer. Elle pourrait s’avancer vers lui et lui arracher l’aorte avec les dents, si vraiment elle le souhaitait. Un sourire carnassier se dessine sur son visage. Et dans le même temps, des cris étouffés lui parviennent depuis l’arrière. La sorcière fait claquer sa langue, ils ne le savent pas, mais ils ont effrayé un chat sauvage. À cause de la neige, c’est certainement la première fois qu’il sortait depuis des jours. Lui aussi meurt de faim. S’ils laissent les cadavres ici, il pourra peut – être également profiter du festin. Son regard se dirige à nouveau vers l’homme qui pointe une arme sur elle. C’est la première fois qu’elle en voit une d’aussi près. Elle n’est pas vraiment inquiète, il ne peut la tuer. Mais cela est révélateur de la brutalité des hommes. Il ne l’interroge pas. Il menace. Une mèche de cheveux rebelle vient lui chatouiller la joue. Silencieuse, elle observe le cadavre, puis sur le feu qui brûle dans l’âtre et qui vient dessiner sur les murs des ombres inquiétantes.
« Vous aviez des monstres dans vos rangs. Les acolytes reviennent de l’arrière. Ils ne savent pas encore s’ils doivent braquer leurs armes sur elle. Ils attendent les ordres. Mais cela vous le saviez, j’en suis sûre. Elle plante son regard dans les yeux couleur boue du militaire. Après tout, vous êtes celui qui commande ».
Son regard est pénétrant. Sauvage. Dès le début, elle a décidé de se montrer sincère avec elle, alors c’est sans scrupule, qu’elle l’accuse. Le dirigeant, après tout, est forcément responsable du comportement de ceux qui sont sous ses ordres. Elle fait un pas vers lui. Sur le principe, elle sait qu’elle ne peut mourir. Dans les faits, on ne lui a jamais tiré dessus. Encore un pas. Elle se demande si cela sera plus douloureux que la noyade. Un dernier pas. Le bout de l’arme effleure sa peau diaphane. Elle fronce à peine les sourcils.
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Sujet: Re: Je sais quoi dire sur la Mort [Flashback - Terminé] Ven 9 Juil - 15:30
Je sais quoi dire sur la Mort
Teutatès & Baba Yaga
« Environs de Pogranichnyy, Russie, 25 novembre 1812. »
La peur était un poison que je connaissais, que je pouvais parfois boire jusqu’à la lie, mais sans jamais aller jusqu’à m’en rendre malade ; c’était virtuellement impossible. Je n’étais pas immunisé totalement à ses effets, toutefois. Elle pouvait être trop présente dans mon entourage et m’empêcher de deviser clairement, calmement. Je n’aimais pas être confronté à des choses que je ne connaissais pas, que je ne savais pas anticiper ni contrôler. Comme ceux qui m’avaient fait naître, deux millénaires et demis plus tôt, j’étais du genre à me confronter violemment avec tout ce qui pouvait m’atteindre, tout ce en quoi je pouvais nourrir des doutes. Une sorcière des bois… Ce genre de personnes n’était le plus souvent qu’une rebouteuse, une avorteuse, le genre à simplement repousser les formes de connaissances scientifiques, empiriques que défendait la modernité pour un rapport plus étroit avec la nature et ce qu’ils considéraient comme ses sources de bienfaits.
Mais parfois, il s’agissait d’autre chose. Maudits de toutes sortes, créatures engendrées par les cauchemars des hommes… Et des dieux.
Je ne savais pas ce dont elle était capable, somme toute. Et c’était au cœur du problème qui était alors le mien ; je ne ressentais en elle aucune rouerie, aucune forme de ruse ou de duperie d’aucune sorte. Ca ne voulait pas dire qu’il n’y avait forcément rien, mais simplement qu’elle savait peut être mieux le cacher qu’un autre. Le pistolet est pointé droit sur la poitrine de la créature des bois, qui me regarde sans peur, me dévisage. Elle ne me regarde pas comme un humain le ferait d’un dieu. Je le suspectais mais j’en suis de plus en plus certain ; sorcière. La brune indique que j’avais des « monstres » dans mes rangs et qu’elle suspectait que je le savais déjà, puisque je les commandais. C’était plus compliqué que ça. Je ne battais toutefois pas en retraite devant son regard de chat sauvage, et me contente de rester parfaitement immobile ; à douter du fait que je respirais encore. D’un calme serein, puisant dans ses émotions pour mieux les comprendre, et mieux contrôler mon impétuosité naturelle.
Elle marche vers moi. Un pas, puis un deuxième. Je secoue la tête, lentement, pour la prévenir de ne pas aller plus loin.
| Avance encore, et je te troue, mangeuse de chair humaine. |
J’étais bloqué. Parce que je sentais la certitude en elle. Je savais aussi pour avoir ressenti les émotions des milliers d’hommes avec qui ‘javais passé le Niemen, que certains n’étaient pas des agneaux. Des hommes affamés et désespérés, s’ils étaient parfaitement sobres et vertueux à la maison, pouvaient se transformer en bêtes sauvages. Plus encore après des tueries à grande échelle, qui imprimaient leur âme au fer rouge. Victime de leurs appétits, ou tueuse opportuniste ?
| Tout dépend de ta définition de la monstruosité. |
Comme ce qui était condamnable et ce qui ne l’était pas. La seule chose qui ne changeait pas finalement, c’était moi.
| Qui est le monstre ? Ceux qui viennent chercher refuge dans la masure d’une citoyenne d’un pays ennemi, ou celle qui découpe des soldats désespérés pour les dévorer ? |
J’étais bloqué, coincé entre la culpabilité probable de soldats et la réplique sans pitié d’une sorcière ; si je ne faisais rien, les hommes allaient partir, et mourir seuls, sans protection, se sachant abandonnés à la vindicte d’une folle des bois. Si je faisais quelque chose, alors je punirais peut être une victime qui s’était montrée plus brutale que mes hommes, mais qui avait été attaquée la première. Soit j’échouais dans ma mission de protection, soit dans celle de la justice. Quoiqu’il arrive, je serais perdant, et dans mon état, ce serait peut-être la Mort Véritable.
| que t’ont-ils faits exactement, et comment les as-tu tués ? |
Von Reiner restait derrière, dans son manteau gris, son casque de bronze à chenille, épée de cavalerie en main et pistolet. Il avait peur. Il était terrifié. Mais il restait là. Rien que pour sa survie, et celle des autres soldats dehors, tous courageux et vertueux, je devrais la jouer fine.
(c) DΛNDELION
Victor Lafitte
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Messages : 9564 Date d'inscription : 09/09/2020 Groupe : Je suis Teutatès, Dieu-Père Celte. Dieu de la Guerre et de la Justice. Métier : Fugitif Age : 40 ans... Ou 3000. Caractère : Vif - Emporté - Empathique - Téméraire J'évolue à : Paris et Istanbul Puissance : Pouvoirs et faiblesses : POUVOIRS : Juge des Ames (actif), Furor Gallicus (actif), Père de la Tribu (Non actif), Main de Justice (Non actif), Chute du Ciel (Non actif) // FAIBLESSES : Empathie, Impétuosité, Isolement, Hors de Contrôle Warning : Langage cru & violence physique & sexe & violences sexuelles Célébrité : Christian Bale Multicompte : Alexandre Durand Crédits : Kanala
Sujet: Re: Je sais quoi dire sur la Mort [Flashback - Terminé] Mer 6 Oct - 23:33
Je sais quoi dire sur la MortTeutatès & Baba - Yaga Mangeuse de chair humaine. Étonnamment, l’expression la heurte. Elle fronce un peu plus ses épais sourcils, son regard se durcit. Il ne lui vient même pas à l’esprit de nier les faits, mais les propos manquent de subtilité. Elle ne mange de la chair humaine pour le plaisir mais seulement quand la nécessité la prend par la main… Parfois pour se venger, elle doit bien l’admettre. Il est vrai qu’elle a fait preuve d’une certaine barbarie aujourd’hui, mais les choses auraient pu être bien différentes si les hommes avaient témoigné à son égard un peu plus de bonté et un peu moins d’obscénité.
« Tout dépend de ta définition de la monstruosité ».
Elle incline légèrement la tête sur le côté. Elle hésite parce que cela ressemble à une insulte habilement dissimulée. Ses yeux se posent, l’espace d’instant, sur la marmite toujours suspendue au – dessus des braises. La Baba – Yaga peut lui accorder cela. Elle est bel et bien un monstre, mais elle n’a pas eu le choix. Ou peut – être que si ? Elle aurait très bien pu refuser tout cela et accepter de mourir au fond de ce lac. Pendant un dixième de seconde, elle imagine son corps entrain de se décomposer dans l’eau. Elle serait morte seule, inconnue de tous, impuissante. L’exacte inverse de ce qu’elle est aujourd’hui. Elle se revoit entrain de déchiqueter la chair de ces soldats. En dépit des propos qu’ils ont eu, valaient – ils vraiment la peine de dépenser autant d’énergie ? De pauvres petits humains, fragiles qui se meurent dès leur naissance.
Elle réalise qu’elle n’aurait pas dû. Malheureusement la réalité qui la frappe ne la rend pas moins monstrueuse, juste plus odieuse, plus cruelle, plus lamentable aussi, peut – être. Et comme pour faire écho à ses pensées, l’homme pose la seule vraie bonne question.
« Qui est le monstre ? Ceux qui viennent chercher refuge dans la masure d’une citoyenne d’un pays ennemi, ou celle qui découpe des soldats désespérés pour les dévorer ? »
Elle pince les lèvres, se retient de baisser les yeux. Il a raison, mais pas sur toute la ligne. Les soldats étaient effectivement désespérés, mais pas au sens où il l’entend. Ils auraient sans doute accepter de remettre leur repas à plus tard pour certains plaisirs qu’elle aurait pu leur offrir. Elle ne sait que trop bien tout ce qu’ils auraient pu lui faire et même si ce n’est pas arrivé, elle peut presque sentir leurs mains sur son corps. Elle fait rouler ses épaules, pour se débarrasser d’une réalité qui n’existe que dans sa tête, peut – être aussi pour se donner contenance. Il veut des réponses, contrairement au deuxième homme qui semble être exsangue. En lui demandant de se justifier, il ravive sa colère. L’expression française « voir rouge » prend tout son sens. Ses muscles se tendent, elle a l’impression que même sa salive devient acide.
« Ils avaient des projets pour moi… J’y ai simplement mis un terme ».
La sorcière lui jette un regard éloquent, teinté de crainte car même si elle ne l’avouera jamais, elle craint les hommes et tout ce qu’ils peuvent faire. En revanche, elle se retient de dire qu’ils seraient morts de toute façon, mais peut – être pas tous. Très certainement d’une manière plus rapide, sans douleur, et l’estomac plein. Elle soupire. Les hommes ont toujours été habitués à avoir le pouvoir. Ils ont l’habitude de donner des ordres et de soumettre les femmes. Elle remémore leurs voix, à chacun. Étaient – ils capable de prononcer des mots tendres ? De faire preuve de bonté ? Elle regarde le cadavre estropié. Aurait – il toléré qu’un autre homme disent de telles obscénité à sa mère ? À sa femme ? Elle fronce les sourcils. Elle a du mal à imaginer que ces hommes puissent avoir une vie, une famille, peut – être même des enfants qu’ils chérissaient.
« Que vas – tu faire, de toute façon ? Après tout, il n’a aucune sorte d’autorité sur elle. Elle est libre. Et puissante. Elle a tout sacrifié pour ça. Mais elle peut se magnanime, à sa façon. Si vous le voulez, vous pouvez reprendre les corps. Sauf lui ».
Son index pâle se lève et pointe le corps étendu sur la table. Parce qu’il était le pire. Parce que même, s’il a une famille, cette dernière mérite mieux.
Messages : 656 Date d'inscription : 22/04/2021 Groupe : Créature - Panthéon Slave - Baba - Yaga Métier : Directrice de crèche privée et prestigieuse. Age : Des siècles, ou 28 ans. Caractère : Méfiante – humble – assoiffée de connaissances – furieuse – implacable – généreuse – libre – solitaire – juste mais incroyablement sévère – profondément misandre – douce – patiente – gourmande – énigmatique – tendances cannibales (plus ou moins réprouvée) – casanière – loyale– silencieuse – a des élans de sagesse – J'évolue à : Paris Puissance : Pouvoirs et faiblesses : Âme animale (actif) ~ Métamorphose (non actif) ~ Maîtrise des éléments (non actif) // Asthmatique ~ Les maux de l'âge ~ Les hommes Warning : Langage cru &/ou Violence physique &/ou Sexe. Célébrité : Katie McGrath Crédits : Kanala // Signature @Astra
Sujet: Re: Je sais quoi dire sur la Mort [Flashback - Terminé] Jeu 21 Oct - 10:43
Je sais quoi dire sur la Mort
Teutatès & Baba Yaga
« Environs de Pogranichnyy, Russie, 25 novembre 1812. »
L’horreur disputait la primeur de ma réaction au dégoût. La peur et l’horreur de mes hommes m’étouffait presque, me serrait la gorge à en crever. Je savais que je n’en mourrais pas, mais ce qui m’arriverait serait sans doute bien pire. La folie. Elle était là. Aux portes de ma conscience. C’était si facile d’y succomber. De baisser pavillon. De renoncer à toute forme d’espoir et d’ambition pour l’avenir. De se retrancher dans la sauvagerie d’une Humanité qui me fuyait, qui me tournait le dos. Je ne pouvais pas me forcer à aller mieux, à raisonner clairement ; Reiner avait peur, derrière moi. Il n’était pas le seul. Je sentais celle des autres, dehors. Je ressentais leur crainte, leur appréhension… Qui leur creusait le ventre, qui leur creusait l’âme, car ils se demandaient sans doute si nous n’étions pas en train de tomber dans le piège de quelques cosaques sanguinaires, qui ne manqueraient pas de les abattre et de les laisser agoniser dans le froid, le corps à moitié en pièces.
Je sentais aussi l’horreur de la nature de la sorcière des bois. C’était assez terrible. Profond. Des abîmes de noirceur, de rancœur, de haine. Froide et glacée, et non ardente. Le genre à avoir mâturé pendant longtemps. Divine ? Je ne ressentais pas de pouvoir. Elle n’était donc pas une déesse du grand est, ou du nord, quelqu’un qui m’était inconnu certes mais sans doute pas une menace mortelle. Je devais quand même me méfier, car il était clair que si la sauvageonne avait été capable d’abattre plusieurs soldats de mes divisions, c’était qu’elle représentait un danger certain.
Sa colère s’embrase de nouveau. C’est irrépressible, pour elle.
Je ne sens pourtant aucune duplicité quand elle évoque les projets de ces soldats. Je me glace, car je sentais déjà cette vérité là venir et s’imprimer en moi au fer rouge. Je savais qu’il ne fallait pas rigoler avec ce genre de choses.
| Je comprends. |
Enoncé calme, froid. Cela ne voulait pas dire autre chose que ces simples mots ; je n’acceptais pas, mais je comprenais.
| Je pourrais te pendre à ton propre crochet de boucher, sorcière. Je pourrais te livrer à mes autres hommes. |
J’inspirais profondément, alors que Reiner ne manquait pas une miette de ce triste spectacle. Mais je baisse mes armes.
| Tu m’as volé ma justice. Tu m’as volé l’opportunité de lire en eux leurs intentions. Tu as puni coupables et innocents avec indifférence. Pour les manger. |
Je relève l’épée vers sa gorge.
| Pourquoi devrais-je te laisser en vie vu le danger que tu représentes ? Qui es-tu et comment es-tu venue à bout de ces hommes ? |
(c) DΛNDELION
Victor Lafitte
Fall of Skies
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Sujet: Re: Je sais quoi dire sur la Mort [Flashback - Terminé] Jeu 21 Oct - 14:49
Je sais quoi dire sur la MortTeutatès & Baba - Yaga « Je comprends ».
Un petit rire, plus hystérique qu’elle ne l’aurait voulu s’échappe de sa gorge. Et voilà qu’elle afflue à nouveau, la rage. Dréna est submergée par des vagues immenses qui se déchaînent en soin sein avant de l’engloutir. Peut – il seulement imaginer à quel point elle peine à se retenir ? Devine t – il, par un quelconque miracle, qu’elle rêve de les voir tous éventrés ? Ah ! Sûrement puisqu’il comprend. Son regard est aussi froid que le marbre d’une tombe. Sa respiration est mesurée, mais les battements de son cœur ne peuvent tromper personne. Un goût acide vient remplir sa bouche et, étrangement, l’extrémité de ses doigts devient douloureuse. Il n’avait pas été là pour surveiller ses hommes. Il n’avait pas entendu leurs blagues répugnantes. Il n’avait pas été soumis à leurs regards lubriques. Il ne savait pas. Il ne comprenait pas. Mais comme tous les hommes, il avait l’audace de croire que si, lui, l’être Sachant. Peut – être même qu’il pensait pouvoir la dompter elle aussi. Certainement, même, puisqu’il la menace.
« Tu m’as volé ma justice. Tu m’as volé l’opportunité de lire en eux leurs intentions. Tu as puni coupables et innocents avec indifférence. Pour les manger ».
Oui. Et ? La chose aurait – elle été plus acceptable si elle avait laissé les corps pourrir à l’extérieur pour servir de buffet aux corbeaux et aux rats ? Un nouveau rire vient franchir la barrière délicate de ses lèvres. En plus du reste, voilà qu’il l’accuse d’avoir volé sa justice. Sa justice. Voilà autre chose. Il n’y a qu’un homme pour croire que la Justice lui appartient. Lui aurait – elle volée ? Certainement pas. Ce qui lui reproche en vérité, c’est d’avoir agi avant lui. D’avoir été plus attentive, et plus efficace. Il est inquiet pour son égo démesuré qui vient de prendre un coup. Pas pour la Justice.
« Pourquoi devrais-je te laisser en vie vu le danger que tu représentes ? Qui es-tu et comment es-tu venue à bout de ces hommes ? »
Son regard glisse vers l’homme à côté, l’être pâle et effrayé dont l’épée semble être à peine plus efficace qu’un cure – dent. Le danger qu’elle représente ? Elle ?! Alors qu’ils osent croire que le monde leur appartient et que, pour cela, ils n’hésitent à perpétrer des massacres ? Elle décoche à celui qui prétend être leur chef, un regard qu’elle espère être terrible. Un rugissement profond, comme sorti des entrailles de la Terre l’accompagne. Il lève à nouveau son arme vers elle.
« Baba – Yaga. Maîtresse des bois et des bêtes. Conjointement à sa fureur, elle sent son pouvoir. Plus faible qu’avant, certes, mais toujours présent. Son accent est encore plus tranchant qu’avant lorsqu’elle reprend la parole. Le premier a été poignardé – il ne méritait pas que je me fatigue. Le second, je lui arraché à la veine, là. Avec une grâce déplacée, elle pose son index sur sa propre aorte. Le troisième, c’est son cœur que j’ai pris et que j’ai dévoré ».
Un rictus cruel s’étire sur son visage. Pourra t – elle un jour exprimer la moindre culpabilité ? En cet instant, elle jurerait que non, que ce n’était que Justice, mais si elle arrivait à se défaire de cette rage perpétuelle qui anime ce qui lui reste d’âme, alors, peut – être… Néanmoins, elle n’en est pas encore là. Pour l’instant, elle savoure l’effroi que provoquent ses paroles.
« Ils l’ont mérité. Tu n’étais pas là. Tu n’as jamais été là. Penses – tu sérieusement que j'étais la première ? Que faisais – tu toutes les autres fois où ils ont violé et massacré ? Rien. Tu as simplement brillé par ton absence. Vas – tu me reprocher d’être restée en vie, d’avoir fait ce que tu as été incapable de faire ?! »
Dehors, il a recommencé à neiger. Si elle avait eu le luxe d’être seule, elle aurait certainement profité de ce moment pour chercher la paix et essayer de s’apaiser. Elle aimait profondément attraper des flocons et jouer avec – probablement un reste d’enfance. Tout semblait toujours si paisible en hiver, quand les seuls bruits que l’on peut entendre sont le bois qui craque et les pas d’un renard sur le manteau de neige. Si seulement elle pouvait fuir, rentrer chez elle, tranquillement. Mais non. C’est impossible. Parce que les hommes gâchent toujours tout. Elle craint de devoir se battre. Les soldats ne l’inquiètent pas, contrairement à l’homme qui lui fait face. Elle doute sérieusement de son humanité. Serait – il un semblable ou autre chose ? Elle n’a rencontré que peu de Dieux et elle n’en a affronté aucun. Un Dieu peut – il être blessé ? Leur sang est – il en or ? S’il est comme elle, une Créature, qui est – il ? D’où vient - il ? A t – il l’intention de se battre et de prendre le risque de révéler sa vraie nature ?
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Sujet: Re: Je sais quoi dire sur la Mort [Flashback - Terminé] Lun 8 Nov - 14:46
Je sais quoi dire sur la Mort
Teutatès & Baba Yaga
« Environs de Pogranichnyy, Russie, 25 novembre 1812. »
Qui elle était, c’était ça la vraie question. Une folle furieuse. Inclinée à la violence, mais pas n’importe laquelle. Elle n’avait besoin que d’une flammèche. Je la sentais proche de ce qui restait un point de rupture chez l’essentiel des gens. C’était peut-être normal, chez elle, pour ce que j’en savais. Difficile à dire. Plus difficile encore à explorer, avec la peur et le doute qui habitaient mes hommes, et du désespoir ambiant qui me laissait à peu près aussi puissant qu’une bougie en pleine tempête. Mon pouvoir dépendait tellement de l’environnement social dans lequel j’évoluais qu’il était difficile pour moi de surmonter les faiblesses de mes gens. En tout cas dans ce genre de situation. Son rire ne me touche pas, ni me blesse. Il ne se passe rien d’autre en moi que le sondage de l’âme de mes hommes. Valeurs sûres que ceux-là. Si nous nous tirions finalement de cet enfer blanc, ce serait ensemble.
Ou pas du tout.
Son regard est celui d’une bête sauvage, monstrueuse, d’un prédateur emplit d’une rage indicible. Et j’aurais pu me frapper le front avec la main si les circonstances avaient été moins tragiques, alors que la sorcière des bois me déclare, cinglante, comment elle a tué mes hommes.
| Baba Yaga. Un monstre à visage humain. J’ai entendu ta légende. Je pensais avoir à peu près tout vu en ce monde, mais tu rajoutes une pincée d’horreur à tout le reste. |
Je fais signe à Von Reiner de sortir. Je sais que je peux lui parler en français, l’homme est un aristocrate cultivé.
| Sortez, lieutenant, et attendez moi en entrée de clairière. Je vais m’occuper de la sorcière. |
Je me retourne, alors, pour faire face à la garce mortelle, à la prédatrice des bois. Elle m’accuse, elle me pousse en avant. Elle me provoque. Cherche-t’elle à me faire sortir de mes gonds ? Possible. Dans quel dessein ? Elle ne pouvait pas être plus fatiguée de vivre que je ne l’étais maintenant, sinon elle aurait simplement provoqué les soldats pour qu’ils en finissent vite avec elle et ne la tuent avant que ça ne dégénère vraiment pour elle. Moi, j’étais au bout de ce que je pouvais faire, et endurer. Les tourments de quinze mille âmes me poursuivaient, et me happaient tout entier dans une litanie de cris d’horreur et de désespoir.
D’un pas, je franchis la distance qui nous sépare, et mon épée vient presser contre sa gorge, garde contre sa clavicule. A deux doigts de la lui trancher.
| Essaie d’entrer dans l’âme de dizaines de milliers d’hommes en même temps, et tu contempleras des abîmes d’inhumanité dont on ne ressort pas indemne. |
Pourquoi me défendre ? Peu m’importait d’être jugé, et je ne le serais jamais vraiment par quelqu’un comme elle. Je m’éloigne à nouveau, je prends les plaques que je retrouve, symbolisant leur numéro de régiment et le nom de baptême qui leur a été donné par le Roi de Saxe. Pour leur famille, qui elle, n’avait rien fait.
| Tu peux crier, voleur de destin. |
La lame perce alors son bras, par la pointe. Et mord profondément l’épaule, dans le muscle. Je teinte la lame de sang jusqu’à mi-longueur, puis la retire.
| Pour m’avoir pris ce qui m’appartenait, pour m’avoir volé la justice. Et pour te sauver la vie. Pour sauver celle des quelques milliers d’hommes qui restent en vie, dehors, et qui sont encore vertueux. |
Si je ne tuais pas une meurtrière de soldats, le peu qui avait encore foi en la survie du Corps allait se laisser mourir dans la neige, entraînant les autres déjà à bout de forces, et je mourrais aussi. Elle, elle aurait la leçon de ne plus se mettre, même inconsciemment, en travers de la route d’un Dieu. Elle apprendrait la mesure.
Sauf si elle résistait.
| Nous allons reprendre la route. Ne tue plus d’uniformes blancs ou bleus ; la neige se chargera se nous ensevelir sous nos péchés, et ce sera bien plus terrible pour les mécréants ayant infiltré leur masse que tous vos couteaux, vos dents, et vos sales petites habitudes alimentaires. |
(c) DΛNDELION
Victor Lafitte
Fall of Skies
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Sujet: Re: Je sais quoi dire sur la Mort [Flashback - Terminé] Mar 14 Déc - 23:45
Je sais quoi dire sur la MortTeutatès & Baba - Yaga Sa légende ? Elle lâche un feulement de chat furieux. S’il pense la connaître, il se trompe. Les légendes sont fausses pour la plupart. La vérité à son sujet a toujours été scandaleusement déformée. Mais elle ne dit rien. Elle préfère rester un mystère pour cet homme. Un homme ? Peut – être pas. Un simple être humain, aussi courageux soit – il ne la défierait pas de la sorte, à moins qu’il ne soit rongé par une quelconque folie.
« Je vais m’occuper de la sorcière ».
Nouveau feulement. Elle sait comment les hommes prévoient de s’occuper d’une femme. Le viol ou la violence physique. D’ailleurs, ça ne loupe pas. Sitôt retourné, qu’il pointe sa lame sous sa gorge. Elle sent son souffle qui s’écrase contre ses propres lèvres qu’elle s’empresse de lécher, comme pour le goûter. Sur sa langue ce sont des relents de dégoût et de rage sourde qu’elle sent. Il doit être proche de son propre état émotionnel qui ressemble à une tornade : de la fureur, de la peur, de la souffrance,… et loin tout au fond d’elle, des regrets, de la honte et une profonde mélancolie quand elle ose repenser aux sentiments qu’elle a pu éprouver un jour envers un homme qui l’a trahie.
« Essaie d’entrer dans l’âme de dizaines de milliers d’hommes en même temps, et tu contempleras des abîmes d’inhumanité dont on ne ressort pas indemne ».
Ainsi, elle avait raison. Il n’a rien d’un simple mortel. Une créature alors ? Tout comme elle ? Non… Il a l’arrogance d’un Dieu. L’espace d’un instant, ses entrailles se tordent d’angoisse et ses yeux s’écarquillent. Dréna sait qu’elle est puissante, mais elle sait surtout qu’elle ne fera jamais le poids face à Dieu, à moins qu’il n’ait perdu tous ses pouvoirs ce qui ne semble pas être le cas. La sorcière dévisage, sans rien dire. Quand il s’éloigne d’elle, elle hésite. Est – ce le moment d’attaquer ou de fuir ? Elle le regarde ramasser les plaques des hommes, probablement pour les rendre aux familles. C’est un beau geste, elle ne peut le nier. C’est d’ailleurs ce qui fait vaguement naître une pointe de culpabilité qu’elle annihile en se convainquant que leurs femmes vivront mieux sans ce genre d’être barbares. Cette pensée suffit à l'égarer, quand il lance l'attaque, elle n'a pas le temps de réagir.
« Tu peux crier, voleur de destin - Qu.. ? »
Sa bouche s’ouvre en grand, mais aucun cri ne passe la frontière de ses lèvres. Elle lance un regard outré à l’être qui se tient devant elle. Ses jambes se fléchissent légèrement et elle doit prendre appuie sur le mur derrière elle. Son muscle s’est déchiré, elle en est certaine et du sang coule abondamment de sa plaie. Son corps entier se met à vibrer de douleur et de rage. Il a osé l’attaquer, sans même la prévenir. Pire. Il l’a attaqué en pensant que c’était légitime. Il l’a attaquée de Droit.
« La Justice… ?! Elle avance son épaule meurtrie. Tu appelles ça de la Justice ? »
Sa voix est plus aiguë que d’ordinaire. D’aucun sentirait la crise d’hystérie pointer le bout de son nez. Mais évidemment, il ne l’écoute pas. Les hommes n’écoutent jamais. Les Dieux, encore moins. C’est évident qu’il fait partie de ceux – là.
« Nous allons reprendre la route. Ne tue plus d’uniformes blancs ou bleus ; la neige se chargera se nous ensevelir sous nos péchés, et ce sera bien plus terrible pour les mécréants ayant infiltré leur masse que tous vos couteaux, vos dents, et vos sales petites habitudes alimentaires ».
La Baba Yaga se jette devant la porte en poussant un cri furieux et toute la forêt semble rugir avec elle. Les arbres tremblent, et tous les oiseaux de la Grande Russie semblent s’envoler vers d’autres cieux. Non. Elle refuse qu’il parte simplement comme ça, comme si la partie avait été gagnée d’avance.
« Qui es – tu ? Qui es – tu vraiment pour croire que rendre Justice t’appartient et penser un seul instant que tu peux m’ordonner quoi que ce soit ?! »
Cet ordre, c’est peut – être ce qui l’offusque le plus. Elle s’est construite entièrement seule. Elle a enduré la violence de son père et l’inertie de sa mère. Elle enterré sa sœur et ses filles. Jamais les Dieux n’ont intercédé en sa faveur en dépit de toutes ses prières, de toutes ses offrandes. Sa puissance, elle l’a acquise toute seule, sans l’aide de personne. Où se trouvait – il, lui, pendant toutes ses années, quand elle souffrait au point de vouloir mourir ? Nul part, car les Dieux s’accordent des droits sans s’acquitter de leurs devoirs et là, en cet instant, cette vérité lui est insupportable. Il la méprise, il la violente, tout ça pour quoi ? Pour trois âme misérables et dégoûtantes.
Messages : 656 Date d'inscription : 22/04/2021 Groupe : Créature - Panthéon Slave - Baba - Yaga Métier : Directrice de crèche privée et prestigieuse. Age : Des siècles, ou 28 ans. Caractère : Méfiante – humble – assoiffée de connaissances – furieuse – implacable – généreuse – libre – solitaire – juste mais incroyablement sévère – profondément misandre – douce – patiente – gourmande – énigmatique – tendances cannibales (plus ou moins réprouvée) – casanière – loyale– silencieuse – a des élans de sagesse – J'évolue à : Paris Puissance : Pouvoirs et faiblesses : Âme animale (actif) ~ Métamorphose (non actif) ~ Maîtrise des éléments (non actif) // Asthmatique ~ Les maux de l'âge ~ Les hommes Warning : Langage cru &/ou Violence physique &/ou Sexe. Célébrité : Katie McGrath Crédits : Kanala // Signature @Astra
Sujet: Re: Je sais quoi dire sur la Mort [Flashback - Terminé] Mer 15 Déc - 11:49
Je sais quoi dire sur la Mort
Teutatès & Baba Yaga
« Environs de Pogranichnyy, Russie, 25 novembre 1812. »
La justice que j’incarne est vieille comme le monde. Elle est antédiluvienne. Elle se prête peu au compromis, au mélange des genres, et des rôles. Elle est brutale, et sans pitié. Elle s’abat au moment opportun, dès que possible. Mais elle dépend des capacités de ses exécutants, et cet enfer blanc, cette mort gelée dans laquelle nous titubons depuis des semaines dans un désespoir ambiant qui imprègne chaque pore de ma peau, me laisse pantelant. Je n’ai jamais été aussi faible, physiquement ou mentalement, et ne dois plus valoir beaucoup plus qu’un humain, dans un cas comme dans l’autre.
La créature qui me fait face ne semble se laisser faire en rien. Ce n’est qu’une opposition parmi tant d’autres que j’ai connues, et si jamais je me sens vulnérable en cet instant, ce n’est ni par peur ni par dépit, et cela ne change rien au fait à ce que je suis prêt à encaisser, à accomplir. Je la surprends, du poids de mes révélations. Mais je sens plus que la peur, la rage, voire la haine, empoisonner son âme. Mais celle-ci est un réceptacle depuis longtemps façonné à l’image de son ire, incontournable. Je la prends par surprise, alors.
Sans faire aucun cas de son avis. Je suis la Justice. Je l’impose. Je ménage sa sécurité, et celle des survivants de mes troupes, de ceux qui en valent la peine, et qui autrement ne comprendraient pas. Je lui fais signe de se taire, puisque j’essaie de faire passer pour acquis le fait que j’ai éliminé la menace auprès de mes hommes. Histoire d’éviter un enchaînement inepte de représailles et d’un bain de sang qui n’aurait pour fin qu’une nouvelle injustice. Sa puissance s’embrase, et lève tout voile, s’il en restait encore, sur la nature de ses pouvoirs. Je me fige en face d’elle, qui me barre la route.
| Je suis la Justice. Pour ces hommes. Pour toi, si tu m’y pousses. Je suis Teutatès. Ces hommes dehors, sont bons. Ils n’ont pas mérité de s’inquiéter de savoir que la sorcière est encore en vie, d’entrer ici, et que tu les tues. Ta nature… Tu ne feras pas plus de cas de leur innocence que tu n’en as fait de la culpabilité de ceux venus hier. Mais ceux-là te tueraient quand même. Par peur. Par désespoir. Ils ne méritent pas de finir sur ta table. Pas plus que tu ne mérites de te faire fusiller ou brûler vive. Alors, tu te pousses, maintenant, et tu ne fais plus de bruit, sinon c’est le Ciel qui va te tomber sur la Tête, sorcière. |
J’étais las, fatigué. Plus aucun sang ne devait couler. Mais si sa colère était supérieure à sa mesure, je n’hésiterais pas, pour sauver ces hommes qui pouvaient encore l’être.
(c) DΛNDELION
Victor Lafitte
Fall of Skies
Messages : 9564 Date d'inscription : 09/09/2020 Groupe : Je suis Teutatès, Dieu-Père Celte. Dieu de la Guerre et de la Justice. Métier : Fugitif Age : 40 ans... Ou 3000. Caractère : Vif - Emporté - Empathique - Téméraire J'évolue à : Paris et Istanbul Puissance : Pouvoirs et faiblesses : POUVOIRS : Juge des Ames (actif), Furor Gallicus (actif), Père de la Tribu (Non actif), Main de Justice (Non actif), Chute du Ciel (Non actif) // FAIBLESSES : Empathie, Impétuosité, Isolement, Hors de Contrôle Warning : Langage cru & violence physique & sexe & violences sexuelles Célébrité : Christian Bale Multicompte : Alexandre Durand Crédits : Kanala
Sujet: Re: Je sais quoi dire sur la Mort [Flashback - Terminé] Mer 15 Déc - 17:14
Je sais quoi dire sur la MortTeutatès & Baba - Yaga D’un geste protecteur, elle pose sa main sur son épaule blessée, comme si ce simple geste pouvait endiguer le saignement. Mentalement, elle dresse la liste des herbes sèches et des huiles qu’elle possède chez elle pour se soigner. Elle aura de quoi faire, mais encore faut – il qu’elle tienne jusque là. Oh, bien sûr, elle ne mourra pas, mais une fièvre ou une infection ne serait pas franchement agréable non plus, surtout en cette période troublée ou aucune femme ne devrait être affaiblie sous peine d’être victime d’un homme. Si elle n’avait pas été immortelle, ce geste aurait pu suffire à mettre fin à son existence. Certainement pas d’emblée, mais probablement suite à une infection. En a t – il seulement conscience ? S’est – il permit cette fourberie seulement parce qu’il la sait ou la pense éternelle ? Cette blessure lui remet néanmoins les idées en place. Ce n’est pas qu’il n’y a plus de rage ou de haine au fond d’elle, simplement ses sentiments entrent en dormance, jusqu’à la prochaine fois. Elle a également dans l’idée que heurter d’avantages cet être serait bien trop dangereux et compliqué.
« Je suis la Justice. Pour ces hommes. Pour toi, si tu m’y pousses. Je suis Teutatès. Ces hommes dehors, sont bons. Ils n’ont pas mérité de s’inquiéter de savoir que la sorcière est encore en vie, d’entrer ici, et que tu les tues. Ta nature… Tu ne feras pas plus de cas de leur innocence que tu n’en as fait de la culpabilité de ceux venus hier. Mais ceux-là te tueraient quand même. Par peur. Par désespoir. Ils ne méritent pas de finir sur ta table. Pas plus que tu ne mérites de te faire fusiller ou brûler vive. Alors, tu te pousses, maintenant, et tu ne fais plus de bruit, sinon c’est le Ciel qui va te tomber sur la Tête, sorcière ».
Teutatès. Ses jolis sourcils se froncent à peine, elle incline légèrement sa tête sur le côté. Voilà un nom qui ne lui absolument rien. Le néant absolu. Au mieux, elle sait que ce n’est pas un Dieu d’ici, il n’y a rien de slave dans ce pauvre petit nom. Elle le répète à voix haute. Teutatès. Le bout de sa langue vient taper trois fois contre son palais, juste derrière ses incisives. La sonorité la dérange. Son discours, également. Certes, il ne veut pas la tuer, mais pour toutes les mauvaises raisons. Peut – être aussi parce qu’il n’est pas en mesure de le faire. Non, parce qu’il juge qu’elle ne le mérite. Elle ricane. Il est bien présomptueux, ce petit Dieu étranger. Bien sûr, qu’elle souhaite pas quitter ce monde terrestre. Pour autant, elle connaît ses pêchés. Elle a éprouvé à de nombreuses reprises sa propre démesure. N’importe quel être sain d’esprit la condamnerait sans discuter à la peine de mort. Alors pourquoi, lui qui a vu un peu de ce dont elle est capable souhaite l’ignorer ?
« Tu ne sais rien, Dieu. D’ailleurs, qu’est – ce qui te fait dire que je ne mérite pas de mourir, hein ? »
Cette question la taraude plus qu’elle ne veut bien l’admette. Peut – être sera t – elle un jour en mesure de devenir quelqu’un de bien. Mais elle est très consciente de ses actes actuellement. Alors qu’y a t – il en elle qui puisse faire croire à un Dieu de la Justice qu’il y a encore quelque chose à sauver ? Si elle est convaincue de ne pas être une mauvaise personne, elle sait qu’elle a commis des actes horribles. Elle a pu tuer et y prendre du plaisir. Elle a fait sa propre justice, dans son village, surtout, mais dans les environs également. Il évoque sans ambiguïté sa nature, supputant peut – être qu’elle peut y changer quelque chose, ou plutôt, ordonnant de laisser ses troupes tranquille… Mais peut – on changer sa véritable nature ? Ou se trompe t – elle sur qui elle est ? En tout les cas, pourquoi accéderait – elle à sa demande ? Mais pourquoi refuserait – elle ? Après tout, il lui reste suffisamment de viande pour remonter chez elle, maintenant. En soupirant, elle accepte de se pousser, pas totalement pour lui signifier son désaccord, mais suffisamment pour qu’il puisse se faufiler vers la sortie. Elle appuie sa tête contre le mur en bois de l’isba et dévisage le Divin sous ses longs cils fuligineux. Il a bien fait de lui préciser qu’il était. Il n’a rien de la prestance des Divins. La guerre l’a amaigrit. Il a l’air épuisé, décharné. Maintenant qu’elle est un peu apaisée et qu’elle s’attarde sur lui, elle voit la mort qui a imprégné ses traits.
« Votre immortalité vous protège. Heureusement, j’imagine. Sinon vous ne pourriez pas tenir 10 jours. Peut – être 7… ».
Elle se retient de lui proposer un peu de ragoût pour le trajet de retour, mais un sourire sarcastique vient danser sur le coin de ses lèvres.
Messages : 656 Date d'inscription : 22/04/2021 Groupe : Créature - Panthéon Slave - Baba - Yaga Métier : Directrice de crèche privée et prestigieuse. Age : Des siècles, ou 28 ans. Caractère : Méfiante – humble – assoiffée de connaissances – furieuse – implacable – généreuse – libre – solitaire – juste mais incroyablement sévère – profondément misandre – douce – patiente – gourmande – énigmatique – tendances cannibales (plus ou moins réprouvée) – casanière – loyale– silencieuse – a des élans de sagesse – J'évolue à : Paris Puissance : Pouvoirs et faiblesses : Âme animale (actif) ~ Métamorphose (non actif) ~ Maîtrise des éléments (non actif) // Asthmatique ~ Les maux de l'âge ~ Les hommes Warning : Langage cru &/ou Violence physique &/ou Sexe. Célébrité : Katie McGrath Crédits : Kanala // Signature @Astra
Sujet: Re: Je sais quoi dire sur la Mort [Flashback - Terminé] Dim 26 Déc - 15:57
Je sais quoi dire sur la Mort
Teutatès & Baba Yaga
« Environs de Pogranichnyy, Russie, 25 novembre 1812. »
Mon règlement de la situation n’est pas pacifique, n’est pas si neutre. Pourquoi le serait-il ? Je ne représente pas la justice universelle. Je représente la justice pour les miens, pour ceux qui s’identifient ou que j’identifie comme tels. Cela ne veut pas dire que j’ai vocation à répandre ma parole crue de par le monde, elle ne regarde que ceux qui sont comme moi, ou à moi. Cela ne signifie en rien qu’ils sont favorisés, d’une façon ou d’une autre. Je tranche dans le vif, comme je le fais depuis près de trois mille ans. Je n’avais pas été imaginé pour changer, pour être autre chose que le Père de la Tribu, le Dieu-Tempête de la justice, et je m’abattais avec tout le poids de la rage de mes peuples de jadis sur les mécréants qui le méritaient, d’après le code, la tradition, en vigueur depuis cette époque reculée. Du sang sur ma lame. Je le regarde goutter. Ca ne me choque pas, mais l’espace d’un court instant, je me demande simplement combien de fois ai-je dû blesser des gens pour les préserver, ou au contraire pour les punir ? Bien trop souvent, sans doute.
Qu’importe, au fond. Je le ferais autant de fois que nécessaire.
Parce que j’étais ma nature, et ma nature, c’était moi. Pas d’évolution, pas de changement, pas de « mieux » de quelque nature que ce soit. Je la révèle à l’inconnue, cette nature, sans que j’attende de sa part quelque changement que ce soit. Elle répète mon nom, comme pour l’imprimer. Là encore, ça m’en touche une sans secouer l’autre. Je me suis fait tellement d’ennemis, au fil des âges, d’adversaires, que je ne saurais toutefois rien attendre de plus d’une période d’accalmie ou d’une période aseptisée où l’on m’aimerait pour ce que je serais. Pourquoi et comment cela arriverait-il ? Je ne servirais plus à rien, si on m’écoutait énoncer mes règles et jugements et qu’on se tenait à carreaux.
Je n’avais jamais vraiment été un putain de berger, j’étais plutôt le chien qui encadrait le troupeau.
| Peut être que tu le mérites. Je n’en sais rien. Si tu as tué ces hommes, c’est sans doute le cas. Mais sans preuves ? Donnes-m’en, et je te tuerais volontiers. |
J’étais on ne pouvait plus sérieux. Quelles chances aurait-elle encore, malgré la maladie et les privations qui amenuisaient mes forces ? J’étais armé et blessé, et elle, elle ‘navait rien pour me tuer, sinon je l’aurais senti en entrant dans son isba. La brune me jauge, et me dit que je pourrais mourir, sans la nature divine de mon essence et de mes pouvoirs.
| Moins que ça. Quelques heures. Dors dehors, ce soir. Et tu verras. Les hommes meurent par milliers dehors. Je divise mon nombre d’hommes valides tous les jours. De plus de quinze mille, nous ne reviendrons que quelques centaines. Si nous revenons tout court, de ces étendues de glace et de désespoir. |
Je me frotte les yeux de mes mains gantées, souffrant du froid ; certains hommes, quand le temps se dégageait, avaient fini aveugles. D’autres avaient perdu la vue la nuit ; paupières collées, figées et mortes, ou les yeux gelés eux-mêmes. Horriblement douloureux…
| Je vais m’en aller, maintenant. N’ouvre pas ta porte ; ceux qui nous suivent ne seront pas plus tendres que ceux qui m’ont précédé. Les cosaques ont violé et mutilé les femmes d’un village qui nous a laissés passer, il y a trois jours. Au revoir, sorcière. |
J’inspirais, regardant la porte fermée une seconde. Repartir dans les steppes enneigées, vers le désespoir de mes hommes qui me rendrait fou, et vers la mort ? La vraie, si je choisissais de me l’infliger moi-même ? Ou la chaleur d’une Isba et d’un peu de compagnie ?
Je sortais et rejoignais von Reiner. Lui avait dû encore entendre des voix, après les cris. Mais il ne posa pas de questions. Je fis signe aux hommes de se replier à ma suite, et je le fis au contraire d’eux sans un regard en arrière. Assez de folie, maintenant, il fallait rester concentré pour survivre.
(c) DΛNDELION
Victor Lafitte
Fall of Skies
Messages : 9564 Date d'inscription : 09/09/2020 Groupe : Je suis Teutatès, Dieu-Père Celte. Dieu de la Guerre et de la Justice. Métier : Fugitif Age : 40 ans... Ou 3000. Caractère : Vif - Emporté - Empathique - Téméraire J'évolue à : Paris et Istanbul Puissance : Pouvoirs et faiblesses : POUVOIRS : Juge des Ames (actif), Furor Gallicus (actif), Père de la Tribu (Non actif), Main de Justice (Non actif), Chute du Ciel (Non actif) // FAIBLESSES : Empathie, Impétuosité, Isolement, Hors de Contrôle Warning : Langage cru & violence physique & sexe & violences sexuelles Célébrité : Christian Bale Multicompte : Alexandre Durand Crédits : Kanala
Sujet: Re: Je sais quoi dire sur la Mort [Flashback - Terminé] Ven 25 Fév - 15:50
Je sais quoi dire sur la MortTeutatès & Baba - Yaga L’épais liquide carmin qui coule sur sa peau lui chatouille le bras. Une goutte de sang glisse avec une lenteur extraordinaire à l’intérieur de son coude, s’attarde ensuite au niveau de son poignet, puis amorcer une sévère chute en direction du sol pour s'y écraser lamentablement. Elle lui en veut de cette blessure. La sorcière se demande encore une fois ce qu’il la retient de passer à l'attaque.. Il est tellement faible. Après tout, elle a déjà vu des hommes affamés, mourir d’une simple chute. Mais c'est un Dieu, et cela change sérieusement la donne. Même elle, le sait. Lui de son côté, ne se prive pas de lui rappeler sa stupide position. Il joue au petit Maître du Monde, prétend tout savoir mieux que tout le monde. Elle se demandait pourquoi il ne voulait pas la tuer : elle a désormais la réponse. Si elle a naïvement crut qu’il y avait encore quelque chose à sauver chez elle, elle réalise maintenant qu’il ne la considère même pas. Pense t - il pouvoir l'avilir ? Certainement. Ils le font tous. Tout ça pour quoi ? Parce qu’aucun organe ridicule ne se ballotte entre ses cuisses. La colère vient à nouveau pointer le bout de son nez. Mais elle parvient à la contenir un peu. Son pouls s’est peut –être vaguement accéléré, mais rien d’autre ne vient la trahir.
« Moins que ça. Quelques heures. Dors dehors, ce soir. Et tu verras. Les hommes meurent par milliers dehors. Je divise mon nombre d’hommes valides tous les jours. De plus de quinze mille, nous ne reviendrons que quelques centaines. Si nous revenons tout court, de ces étendues de glace et de désespoir ».
Nouveau ricanement. A t – il l’audace de croire que cela l’intéresse ? D’autant qu’il se permet, dans le même temps, d’insulter sa patrie. Ses doigts teintés de rouge s’agitent nerveusement. Elle a envie de lui cracher à la figure, de lui dire qu’ils ont tous été bien sots de croire un seul instant qu’ils pourraient remporter la victoire et qu’il ne faut sous – estimer ni son peuple, ni elle – même.
« Tu me fais trop de peine… »
L’ironie dégouline de ses lèvres, comme le ferait la bave d’un chien enragé. Il lui lance des ultimes paroles et une recommandation qui la hérisse au plus haut point. Elle ne craint pas les hommes. Mais eux, devraient être terrifiés par sa présence, comme l'ont été les soldats un peu plus tôt. Alors, qu’il parte. Elle ne supporte plus ce ton autoritaire et cette façon déplacé de se placer au – dessus d’elle. Et pourtant, il ne sort pas. Pas de suite, en tout cas. Le dieu de la Justice laisserait – il ses hommes crever dans le froid pendant qu’il se réchauffe au coin du feu ? Après tout, elle a de quoi satisfaire son palais... Non, bien sûr que non. Il fait le premier pas, puis le deuxième et un sourire mesquin se dessine sur les lèvres de la sorcière. Dréna l’accompagne vers la sortie et son regard s’arrête vers celui qui semble être son second, son « lieutenant » a t – il dit. Distraitement, elle porte son index à sa bouche pour en lécher le sang qui coule.
« Belle soirée à vous Messieurs… Et méfiez – vous de la sorcière ».
Un dernier regard au lieutenant, au Dieu qui lui tourne le dos puis elle entre à nouveau dans l’isba. Elle attrape un tabouret et se colle près du feu, avant d’enlever le haut de sa robe pour examiner la plaie. A côté de son petit brasier, se trouve un seau avec un reste de neige fondue. Avec précaution, elle nettoie la blessure sanglante qu’il faudra peut –être recoudre. Ce Dieu n’est qu’un chien galeux et elle espère sincèrement que le froid ou la faim se chargeront de lui. Avec délicatesse, elle bande sa plaie. Il lui faut rentrer dans son isba, bien plus au Nord pour se soigner décemment. Mais avant, prendre quelques bons repas ne semble pas superflu. Avec gourmandise, elle attrape de nouveau un bol qu’elle remplit de ragoût. Ses dents viennent déchiqueter la viande, qui laisse échapper un jus délicieux. Elle aurait adoré accompagner son plat de quelques pommes de terre.