Donovan Smith - I'm ready to pay the price

Nous aimerions savoir… Où trouvez-vous l’inspiration pour écrire vos chansons ? Votre dernier single "monster" est déjà dans le top trois alors qu'il est sorti il y a peine deux semaines. Ce nouvel album est bien parti pour vous rapporter un second disque d'or ! Vous me flattez Paul ! Vous savez, j’ai toujours eu beaucoup d’imagination. Quand j’étais petite, si vous me demandiez comment s’appelait mon père, je vous répondais « Zeus, comme le Dieu de l’Olympe. » Je crois que je tiens cela de ma mère. Dans mes souvenirs, elle nous racontait toujours des histoires qu'elle inventait.

Extrait d’une interview de Donovan Smith, 2019 pour le magazine “Rolling Stone”

Son écriture était fébrile. Plusieurs fois, il devait tremper ses doigts car bien vite, il s’échappait. Sur le mur, en rouge finit par apparaitre « Jupiter, œil pour œil, dent pour dent ». Ses yeux révulsés, malades admirent son œuvre avant de se tourner vers nous. Alex et moi n’avons pas bougé. On est toujours blottis l’un contre l’autre tremblants, pleurant. Mon frère m’empêche de regarder Maman, et son sang qui a servi à écrire sur le mur. L’homme sort une arme de sa poche. Du haut de mes huit ans je pense qu’il va nous tuer. On a appelé Papa. On l’a supplié de venir, de sauver maman. N’est-elle pas l’amour de sa vie ? N’est-il pas le Dieu le plus puissant de l’Olympe. Papa, on a toujours su qui il était. Il aimait de temps en temps faire étalage de ses pouvoirs pour notre plus grand plaisir. Il ne vivait pas avec nous non. Mais il venait souvent, très souvent. Ce soir… Ce soir il devait nous rejoindre. Alors on l’avait appelé avec Alex… On avait prié aussi fort que nous le pouvions. Mais Papa n’était pas venu non. Papa avait laissé ce monsieur tuer Maman. Papa l’avait laissé écrire son message sur le mur. Papa l’avait laissé sortir une arme, et la pointer sur nous. Papa l’avait laissé nous faire peur au point de nous faire pipi dessus. Papa l’avait laissé tourner finalement son arme vers sa tête et tapissait la pièce de cervelle. Papa l’avait laissé faire tout ça.

Maman était morte, et elle ne reviendrait pas. Les voisins avaient appelé la Police en entendant un coup de feu. Elle nous avait trouvé tremblant, traumatisé. Je répétais le nom de papa même si je savais au fond de moi qu’il ne viendrait pas. Alex lui s’était tu. Ces bras étaient toujours autour de moi. Il ne me lâchait pas. Et je lui rendais la pareille.

Tout s’est passé si vite ensuite. On a empaqueté des affaires pour un ou deux, le temps que papa vienne nous chercher. On a chacun pris une photo de nous quatre. Nous l’avions attendu. Mais Papa n’était jamais venu nous voir. On l’avait vu, à l’enterrement de maman, quelques secondes à peine avant qu’il ne s’en aille sans un regard vers nous. Maman était morte. Et Papa ne nous aimait plus.

Parlez-nous un peu de l’émission The Voice qui vous a fait connaitre. Je crois que je peux affirmer que nous avons tous été émue par votre interprétation de Lovely de Billie Eilish. Vous avez pris un risque en la chantant alors qu’une autre candidate l’avait présenté lors des sélections. Ce n’était pas un risque… Ou du moins, je ne l’ai pas vu comme ça, mais plutôt comme un hommage à Amélia. Nous étions rivales sur le plateau oui, mais en dehors, nous étions très proche. Nous parlions souvent de chanter ensembles. Si cet… accident n’était pas arrivé nous… Excusez-moi quelques minutes s’il vous plait…

Extrait d’une interview de Donovan Smith, 2019 pour le magazine “Rolling Stone”

Je soulevais la main d’Amélia et la lâchait. Elle retomba aussi sec sur le sol. Du pied, j’essayais de la faire réagir. Je collais mon oreille contre sa bouche. Plus aucun souffle. Sa chute dans l’escalier lui avait été fatale. Elle ressemblait à un petit tas de chiffon sur le carrelage. Je fouillais ses poches et récupérais le petit carnet qui s’y trouvait. A moi, elles étaient désormais à moi ces ébauches de chansons. J’étais en panne sèche d’inspiration et, ne dit-on pas que la faim justifie les moyens ? Bien sur que si. La vie ne m’a pas épargné alors il n’était pas question que j’épargnes les autres. Amélia était gentille, et si facilement manipulable. Nous étions « les meilleures amies du monde » et nos réseaux et téléphone pullulaient de photos de nous deux… Mais elle commençait à prendre une trop grande avance sur moi. Cette émission, c’était à moi de la gagner. Si je perdais… Non, ce n’était pas envisageable. Je refusais de retourner dans ce foyer de jeunes filles et chez ce psy qu'on m'imposait. J’ai du talent et il devait être pris en considération. J’avais travaillé trop dur pour ça. J’avais économisé chaque argent volé pour me payer des cours de guitare pour accompagner ma voix. J’avais soudoyé l’un des étudiants de mon groupe pour qu’il me paye l’instrument de mes rêves. J’avais dû donner de ma personne. Et elle ? Elle c’était une fille riche à son Papa qui avait toujours eu tout ce qu’elle voulait. Elle n’avait qu’à émettre un désir pour qu’il soit assouvi. Non. Non et non. Je ne pouvais pas la laisser gagner.

Sa mort. Sa mort m’assurait la victoire. Non seulement parce que seule sa voix était à la hauteur de la mienne. Mais aussi parce que cette histoire ferait vendre. Pauvre Donovan. Petit poupée orpheline qui perd une fois de plus quelqu’un qui lui est cher. Oui pauvre Donovan. Comment ne pas être toucher par les larmes de cette jolie poupée au visage angélique que je m'étais forgée? J'avais travaillé dur pour devenir si gentille, si agréable, si appréciable. Je leur mentais à tous. Je leur lançais de la poudre aux yeux et ils ne se rendaient compte de rien. Tant mieux pour moi, tant pis pour eux. Je n'étais que le fruit de tout ce qui n'allait pas dans ce foutu monde. Je n'étais le fruit que d'un système défaillant qui abandonne ses enfants entre de mauvaises mains. J'avais appris très jeune que je ne pouvais compter que sur moi même et uniquement moi même. Ce que je désirais, je devais le prendre et qu'importe les dommages collatéraux. Amélia n'était pas ma premier victime et elle ne sera pas la dernière. J'étais prête à payer le prix qu'il fallait pour arriver à mes fins.

Et alors vous retrouvailles avec votre frère? C'est un peu grâce à lui que vous êtes là aujourd'hui si je puis dire. Cette chanson que vous avez composé et interprété pendant la finale... "We're living different lives Heaven only knows If we'll make it back With all our fingers and our toes 5 years, 20 years, come back It will always be the same"... J'en ai encore des frissons rien que d'y repenser. Cette chanson, elle est pourtant bien loin de votre registre plutôt rock. Mon frère est aussi casse-pied que dans mes souvenirs mais il parait que c’est inclus dans le packaging « petit frère »...  Plus sérieusement, nous réapprenons à nous connaitre. Douze ans c'est long, c'est trop long. nous avons l'un comme l'autre conscience de la chance que nous avons eu de nous retrouver. La protection de l'enfance ne devrait jamais séparer une fratrie. Jamais.

Extrait d’une interview de Donovan Smith, 2019 pour le magazine “Rolling Stone”

Je frappais le sol de frustration. Une fois, deux fois, trois fois. Je n’avais pas l’habitude de ne pas obtenir ce que je désirais. Mais Alexandre ne m’épargnait pas. Il en allait de ma sécurité après tout. Cette technique de combat au corps au corps qu’il me montrait, je devais l’acquérir, même si pour cela je devais encore une fois mordre la poussière. Je refusais d’échouer et lui ne le permettrait pas non plus. Il avait changé, beaucoup. A mon image, il était plus sombre, plus brutal. Sa vie avait été meilleure que la mienne mais sa famille d’adoption l’avait rendu fort parfois sans faire preuve d’aucune douceur. Il avait forgé cet homme qui me tendait la main pour m’aider à me relever. Nous réapprenions à nous connaitre lui et moi. Retrouver sa trace n’avait pas été simple. J’avais dépensé beaucoup d’argent dans des détectives privés pour enfin avoir une adresse. Sa seconde famille était douée pour brouiller et effacer ses traces. Elle avait surement dû prendre cela pour un échec, que je les retrouve. Comment ne pas en être autrement quant on connaissait leur véritable nature ? Alexandre avait eu de la chance, bien plus que moi c’était indéniable. Ils lui avaient tout appris, à se battre, à être fort et capable de Leur faire face à Eux. Je m’étais toujours promis de me venger. Je n’avais pas oublié oh non, contrairement à ce que j’avais affirmé à la psy pour qu’elle me foute la paix plus jeune. Je n’avais pas oublié à cause de qui j’avais subi tout ce qui m’était arrivé. Zeus. Ce soit-disant père aimant et affectueux. Tout était entièrement de sa faute. Je brulais à l’intérieur, je brûlais de me venger, de le faire souffrir, de l’éliminer. Combien d’autres femmes et enfants avaient souffert par sa faute ? Combien de famille avait été brisée à cause de son égoïsme ? Il devait mourir, mais pas lui uniquement. Tous, tous ces dieux, ils devaient tous mourir. Alexandre. Alexandre était la clef. Grâce à Alexandre, à sa nouvelle famille, j’avais l’occasion de leur nuire. Grâce à eux tout un nouvel univers de perspective s’ouvrait à moi. Ils profitaient de mon argent et de mon influence de célébrité. Et en retour, ils me formaient à accomplir mon destin : devenir une tueuse de Dieux.