Qui es-tu, Naxior ? [Masha Lancaster]

Qui es-tu, Naxior ?

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Lars Olsen & Masha Lancaster

Cela faisait plusieurs semaines que Lars conversait régulièrement sur internet avec une personne. Ils s’étaient connus sur un forum anglophone de mythologie, et comme ils partageant les mêmes intérêts, ils avaient naturellement commencé à parler ensemble. Leurs échanges concernaient principalement leurs connaissances mutuelles et des livres qu’ils se recommandaient ou se déconseillaient.

Au fil du temps, cette personne dont le pseudo était « Naxior », fini par devenir assez importante dans la vie de Lars. Il trouvait cela assez ridicule quand il y pensait, car il ne connaissait rien de sa vie. D’ailleurs, un jour, alors qu’il parlait avec sa patronne d’un échange qu’il avait eu avec, il se rendit compte qu’il ne savait même pas si Naxior était une femme ou un homme. Comme ils communiquaient en anglais et qu’ils n’avaient jamais abordé des sujets plus personnels, il n’en avait aucune idée. Dès cet instant, il commençait à se demander à quoi iel ressemblait. Peut-être était-ce une personne de son âge, ou alors, un·e étudiant·e ? Parfois, Lars s’amusait à s’imaginer quel était son apparence.

En soit, rien ne l’empêchait de franchir le cap, d’aborder un sujet plus personnel, de lui demander son prénom. Mais, il n’y arrivait pas. Lars était très mauvais pour construire des relations autres que professionnelles. Ce qui n’empêchait pas sa curiosité de grandir. Heureusement, le hasard lui vint en aide, car une grande conférence sur les mythologies du monde allait avoir lieu à Paris.

Sans grande conviction, il lui en parla et lui demanda s’iel voulait venir avec lui. À sa grande surprise, Naxior accepta l’invitation et c’est donc ainsi que, deux semaines plus tard, il se retrouvait dans un café de Montmartre à l’attendre. Il était arrivé en avance, un peu stressé par la situation si peu ordinaire pour lui. Sa canne était posée à côté de lui alors qu’il regardait par la fenêtre, à l’affût d’une écharpe rouge dans la foule, le signe qu’ils avaient décidé de vêtir pour se reconnaître. Aujourd’hui, sa jambe ne lui faisait pas mal, mais il n’était pas dupe, il risquait d’avoir des douleurs durant la journée.

Comment allait se passer cette rencontre ? Est-ce qu’ils s’apprécieraient et que cela renforcerait leur amitié, ou au contraire, est-ce qu’ils n’allaient pas du tout s’entendre ? Et, qui était cet inconnu·e ? Vivait-iel à Paris de base, ou était-iel de passage uniquement pour cette exposition ? Tant de questions sans réponses.  Il regarda une dernière fois sa montre, Naxior ne devrait pas tarder à arriver.

Qui es-tu Naxior

Lars et Masha

Au début, ce n'était qu'un simple échange d'idée sur la mythologie. Rien de bien compliquer. Sur le net, c'est on ne peut plus facile de converser avec les gens, chose que je n'ai que peu de temps de faire dans la vraie vie. Entre ma librairie et mes activités de déicides, je n'ai que peu de temps pour du temps libre. Pourtant, avec cette personne, on avait assez rapidement comprit que nous aimions la même chose, la mythologie, ce qui dans mon cas, n'étaient pas que de simples histoires et démêler le vrai du faux est quelque chose qui m'incombe. Mais là, c'était juste un échange d'idée, du partage, mais il avait une façon différente de la mienne d'aborder le sujet et c'est comme ça que nos discussions ont commencés. Je ne me souciais pas vraiment de savoir qui était l'autre personne, homme ou femme, cela ne changeait rien, vu que je prenais vraiment plaisir à échanger avec lui. Ou elle. Peu importe. Et puis au fil des semaines, il est possible que je me sois demandé qui pouvait être vraiment la personne avec qui je parlais presque quotidiennement quand je n'étais pas occupée. Mais je ne savais pas vraiment entretenir des liens avec les gens. Mes amis s'étaient faits à l'idée depuis longtemps et avaient l'habitude de me voir assez rarement, mais ça faisait partie du jeu. Alors quand il propose une rencontre, je ne sais que répondre dans un premier temps, mais l'exposition paraît intéressante et prometteuse. Et puis ça ne me fera sans doute pas de mal de rencontrer quelqu'un qui n'est pas centré sur la guerre des dieux. En priant pour que ça n'en soit pas un non plus. J'accepte la proposition et le rendez-vous est donné dans un petit café de mon quartier que je connaissais bien, à deux pas de mon appartement et de la librairie. Et puis nous y voilà, le jour de ce rendez-vous. J'avais exceptionnellement fermé la librairie pour la journée et je m'apprêtais à me rendre à ce rendez-vous. Serrant mon écharpe rouge autour de mon cou, j'enfile ma veste par-dessus un pull, parce qu'il faisait quand même frais dehors. Et non, sans une once d'appréhension, je sors de l'immeuble et m'avance vers le café. Il y avait un peu de monde et il me fallut quelques secondes pour distinguer l'homme, assis près de la fenêtre, une écharpe rouge autour du cou. Il avait un certain âge, mais cela ne m'effrayait pas plus que ça. Au pire des cas, j'étais capable de me défendre. Je pousse la porte et avance jusqu'à lui, un sourire sur les lèvres. " Bonjour, la place est-elle libre ?" Mon léger accent anglais me trahit lorsque je parle en français et bien que nous ayons communiqué en anglais depuis ces dernières semaines, je ne doute pas qu'il maîtrise cette langue également. " Je suis Naxior, je crois que vous m'attendez. Je suis heureuse de pouvoir enfin vous voir." Que dire de plus que ça pour le moment ?

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Lars Olsen & Masha Lancaster

Lorsqu’il entendit une jeune femme lui adresser la parole, il fut un peu surpris. Il s’était perdu dans la contemplation de la rue, pensant réussir à apercevoir l’écharpe rouge avant qu’elle n’entre avec son propriétaire dans les lieux. Il allait lui répondre que non, quelqu’un allait arriver, mais il se ravisa quand il vit l’écharpe rouge. Ainsi c’était donc elle, Naxior ? Il l’invita à s’asseoir et l’écouta se présenter. Le français n’était pas sa langue maternelle à priori, tout comme elle n’était pas la sienne. L’espace d’un instant, il se demanda si lui aussi possédait toujours un accent. Il en doutait, après tout cela faisait près de 20 ans qu’il vivait en France et personne ne lui avait fait de remarque à ce sujet depuis bien des années.

« Enchanté. Je m’appelle Lars. C’est un plaisir pour moi également. » Et puis, après quelques seconde d’hésitation, il lui demande : « Naxior est-il votre véritable prénom ? Ou peut-être, votre nom de famille ? »

Ce n’était pas impossible, mais il était curieux. Il n’avait jamais entendu ce nom de toute sa vie. Il avait terminé son café - tout juste passable, il ne reviendrait pas ici - mais il était encore un peu tôt et ce n’était pas poli de partir alors qu’elle venait d’arriver. Il fit signe à un serveur de venir afin de commander une autre boisson.

  « Est-ce que vous aimeriez boire quelque chose ? »

En attendant sa réponse, il prit le temps de la détailler un peu plus. Lorsqu’elle lui avait adressé la parole, il avait cru qu’elle était très jeune, peut-être juste la vingtaine. Mais, maintenant qu’elle se trouvait assise en face de lui, il constatait que ce n’était pas le cas. Oh, certes, elle restait plus jeune que lui de bien des années, mais il se dégageait d’elle une certaine maturité que l’on acquière avec le temps. Elle se tenait bien et même s’il n’était pas doué pour lire les émotions des gens, il comprenait qu’elle n’était pas du genre à se faire marcher sur les pieds. Cela ne faisait aucun doute pour lui, cette femme était forte.

Il eut une petite montée de jalousie à cette constatation. Qu’était-il lui ? Un homme aux portes de la retraite, sans ami, famille ou même rêve. Il n’avait que cette passion pour les mythologies, qui était davantage un passe-temps qu’autre chose. Il détourna le regard vers la vitre. Paris, une ville qui lui paraissait parfois si belle et parfois si morne.

« Et sinon, que faites-vous dans la vie ? »

Il lui posa la question sans se retourner vers elle, espérant chasser ses pensées négatives.

Qui es-tu Naxior

@Lars Olsen

Les rencontres sur le net sont souvent improbables. Bien évidemment, j'ai entendu le fameux discours, comme beaucoup d'autres femmes, qui disait en substance qu'il fallait être vigilante, qu'on ne savait pas sur qui on pouvait tomber. C'est un risque que je prenais, ne sachant pas trop à quoi m'attendre, mais ce n'était pas le plus important dans l'immédiat. Toutefois, je fus quand même agréablement surprise et plutôt rassurer de voir un homme d'âge mûr. Au moins, je savais qu'il maîtrisait son sujet vu que nous en avions longuement discuter. Je prends donc place face à lui et eus un sourire qui se voulait rassurant. Il se présente et me demande ensuite si c'est mon véritable nom et je secoue la tête, légèrement amusée avant de répondre. " Je m'appelle Masha et non c'est juste un pseudo, j'ai dû le lire quelque part, mais impossible de me rappeler dans quel livre." Cela n'avait pas tellement d'importance au final. Je l'observe quelques secondes, sans trop savoir quoi penser exactement, mais il dégageait quelque chose que je n'arrivais pas encore à saisir, mais j'étais bien contente d'être là. Il me propose de boire quelque chose et j'enlève mon écharpe pour être un peu plus à l'aise. " Un café, vous reprenez quelque chose ?" Un silence s'installe pendant quelques secondes et je regarde la rue et je me perds quelque peu dans mes pensées. Je songe aux nombreuses discussions que nous avions eues au fil des semaines, quelques-unes plus animées que d'autres, suivant le point de vue de chacun. Mais il était loin de se douter que tout ça était bien réel et j'enviais cette ignorance par moment, vraiment, parfois, je préférerais ne pas savoir et mener une vie normale. Je repose les yeux sur lui quand il me demande ce que je fais comme travail. " Je suis gérante d'une librairie à deux pas d'ici." Une chose dont je suis fière en tout cas, j'y suis depuis cinq ans, bien que j'y ai travaillé avant d'en reprendre la gérance et d'en devenir propriétaire. J'aimais cet endroit, j'aimais y être. C'était parfois hors du temps et tranquille. " Vous devriez passer un de ces jours, je suis certaine que vous pourriez y dénicher des livres intéressants." Les dernières sorties littéraires y côtoyaient des œuvres bien plus ancienne et parfois méconnue. Les pièces les plus importantes étaient hors de vue et je m'en servais pour en apprendre plus sur les divinités et je ne pouvais donc pas m'en séparer. Mais je ne lui forçais pas la main, il avait le choix après tout. " Et vous, dans quel domaine vous travaillez ?"Il avait l'air absorbé par l'extérieur et je remercie le serveur qui apporte la commande. Je prends le temps de mettre le sucre dans ma tasse, un peu de lait et je remue le tout légèrement avant de porter la tasse à mes lèvres. Je sais que je faisais des infidélités au thé, mais je n'en n'était pas particulièrement fan à vrai dire. J'eus un léger sourire amusé à cette pensée avant de reposer la tasse. " Merci pour l'invitation à cette conférence, je suis certaine qu'on pourra y apprendre beaucoup de choses." Je garde le silence quelques secondes avant de reprendre. " On a beaucoup discuté de mythologie, laquelle est votre préférée au juste ?" On les avait quasiment toute passées en revue, mais il devait bien y en avoir une qui lui plaisait plus que les autres. Comme c'était le cas pour chacun. Moi y compris, même si je devais m'intéresser à tous les panthéons possibles.

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Lars Olsen & Masha Lancaster

Ainsi donc ce n’était pas son prénom, ni même son nom de famille. À la vue de l’air amusé de sa comparse, Lars se sentit un peu bête. Ce qui le referma un peu sur lui-même, il n’aimait pas se sentir inférieur. Masha… Ce prénom n’était pas des plus communs, mais il l’avait déjà entendu quelque part. Ou peut-être était-ce Misha ? Il n’était pas sûr, et au final, ce n’était pas très important.

Il commanda donc deux cafés au serveur qui venait d’arriver. Il allait avoir besoin d’un deuxième café pour tenir cette journée. Et ce, même s’il n’était vraiment pas terrible ici. Il retint un soupir. Cette femme était polie, sympathique, cultivée, ou du moins, c’est ce qu’il avait l’impression après leurs échanges en ligne et ces premières minutes dans ce café. Mais, il y avait quelque chose qui bloquait, et la boule dans sa gorge grandit lorsqu’elle lui dit qu’elle était gérante d’une librairie. Regarde-toi, regarde ta vie si plate à côté de la sienne.

Elle lui proposa de passer à l’occasion dans sa boutique et l’idée lui déplu fortement. Mais, une fois n’est pas coutume, il n’avait pas envie de montrer sa contrariété. Il ne dit rien, se contentant de sourire poliment, attendant la suite et heureusement, elle vint rapidement.

« Je travaille comme antiquaire, pas très loin d’ici non plus. Si vous avez envie, n’hésitez pas à passer. Nous possédons des belles pièces également. »

La commande arriva et, comme à son habitude, il ajouta deux sucres et une touche de lait. Comment certaines personnes pouvaient-elle le boire noir, c’était un mystère pour lui. Il eut un petit sourire en voyant que Masha faisait de même.

Il n’avait pas particulièrement envie qu’elle vienne dans sa boutique, mais pour une fois, il espérait que cela ne se verrait pas sur son visage. Une partie de lui avait envie de se faire apprécier de cette nouvelle personne. Sa vie sociale était un désastre sans nom. Il n’y avait personne dans sa vie, en dehors de sa patronne. Et de Naxior, lui souffla une petite voix intérieur.

Pour l’instant, elle semblait apprécier sa compagnie, ou du moins, elle n’était pas partie en courant. Elle le remercia pour l’invitation et lui demanda quelle était sa mythologie préférée. Il réfléchit quelques secondes avant de répondre.

« Je pense que ma mythologie préférée reste celle de l’Egypte. Certes, un peu cliché, mais j’apprécie tout particulièrement leurs croyances. Et vous ? Une mythologie qui vous intéresse plus que les autres ?

Il avala la dernière gorgée de son café et jeta un œil à sa montre. La conférence n’allait pas commencer tout de suite. Il regarda sa canne du coin de l’œil et se résigna à demander s’il était possible qu’ils se dirigent bientôt vers le musée où elle se tiendrait.

« Est-ce que nous pourrions gentiment y aller ? J’ai… quelques difficultés à marcher et, si possible, je préférerais avoir une place assise durant la conférence. »

Il la regardait dans les yeux, sans émotion. Il n’aimait pas parler de ses faiblesses, encore moins à une inconnue. Mais, en était-elle vraiment une ? Après tout ce temps passé à discuter ensemble, il lui faisait plus confiance qu’à beaucoup de personne.

Qui es-tu Naxior

@Lars Olsen

Alors il était antiquaire ? C'était un travail intéressant aussi et j'eus un léger sourire aux lèvres, lorsqu'il me renvoie l'invitation et je hoche légèrement la tête, indiquant que je prenais note et que je passerais certainement un jour prochain. J'aimais bien ce genre de boutique, je pouvais y flâner des heures sans voir le temps passer. C'est comme ça que j'ai retrouvé un objet appartenant à ma famille il y a plusieurs années, un coup de chance d'ailleurs. Nous avons perdu beaucoup de choses avec la guerre des Deux-Roses il y a plusieurs siècles et on n'était pas passé loin non plus de la fin de la lignée. Cela ne s'était joué à rien, mais nous avons su traverser les âges, étant bien moins nombreux et influents au fil du temps, mais aujourd'hui, je suis la gardienne et la dernière descendante des Lancaster. Un héritage bien lourd à porter parfois. Je reporte mon attention sur cet homme, poli, que je savais très intelligent et cultivé et j'étais contente d'être venue, pourtant, je le sentais un peu sur la réserve, ce qui était sans doute normal pour une première rencontre. Puis je lui pose une question, histoire d'alimenter un peu la conversation et il me répond. Je porte ma tasse à mes lèvres et prends quelques secondes ensuite pour répondre. " La mythologie greco-romaine. Même si je m'intéresse également à d'autres qui sont moins connue désormais, comme les Celtes ou alors les anciens dieux par exemple. Elles ont toutes quelque chose que les autres n'ont pas, ce qui les rends unique pour certaines." Et dangereuse pour certaines d'entre elle parce qu'on n'y connaît pas grand-chose hormis ce qu'on peut lire dans des livres dont les sources divergent de l'un à l'autre. Mais c'était un défi que j'aimais relever, mais dont je ne lui parlerais pas de toute évidence. Il n'était pas comme moi, même s'il semblait en savoir un rayon au vu de nos discussions. Puis il demande si on peut y aller et je souris avant de terminer mon café. " Oh bien sûr ! On sera mieux assis de toute façon ! Je vous suis !" Je ne relève pas le fait qu'il ait du mal à se déplacer, ce n'étaient pas mes affaires et de toute façon, je n'avais pas a le juger sur cet aspect. Une fois les consommations payées, je ressers mon écharpe autour de mon cou et commence à marcher à ses côtés, à son rythme. " Sinon vous avez toujours vécut à Paris ?" Un peu de curiosité, je devais bien l'avouer, mais Paris était certes la capitale française, mais il y avait beaucoup d'étrangers qui venaient y vivre, moi y compris d'ailleurs. Mais j'avais aussi beaucoup voyagé, un privilège qui était le mien, de par mon appartenance aux déicides, mais aussi parce que mes parents avaient beaucoup voyagé et m'emmenaient avec eux. " Vous avez une divinité que vous apprécier en particulier d'ailleurs dans la mythologie égyptienne ?" Il avait le choix, les divinités puluaient dans cette mythologie. Je continue de marcher en attendant sa réponse, voyant qu'on arrivait presque à destination.

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Lars Olsen & Masha Lancaster

Lars l’écouta attentivement lorsqu’elle prit la parole pour parler de sa mythologie préférée. Effectivement, il était d’accord avec elle. Toutes les mythologies ont quelques choses de particulier, d’intéressant. Il hocha de la tête en signe d’approbation. Il ne fallait pas être très observateur pour comprendre que cette Masha était une femme intelligente.

Une pointe de jalousie refit surface. Elle semblait avoir tant de qualité qu’il n’avait pas. Cela lui faisait mal d’être mis face à ce constat, d’autant plus face à une personne qu’il avait apprit à apprécier via leurs discussions sur internet. Cela le mettait face à des questions qu’il n’avait pas envie de se poser, comme par exemple : Était-il heureux ? Avait-il des buts ou des rêves dans la vie ?

Heureusement, les cafés étant finis, ils décidèrent de se déplacer gentiment vers le lieu de la conférence. À la mention de sa difficulté à marcher, il n’y eut pas de question et il ne décela aucun jugement de sa part, ce qu’il apprécia et le rassura. Dehors, l’air était froid mais cela lui fit du bien.

« Sinon vous avez toujours vécut à Paris ? »

« Non. »

Lars réfléchit quelques secondes et pesa le pour et le contre d’en dire plus. Il savait que cela n’était pas poli de s’arrêter ainsi, et même s’il n’en avait pas envie, il continua :

« Cela va faire 20 ans que je suis arrivé. Je vivais au Danemark avant. Et vous ? »

C’était court, mais suffisant. Du moins, il en avait l’impression. Et autant lui laisser la parole, elle semblait plus à l’aise dans ce domaine que lui.

« Quand à la divinité égyptienne… Je dirais Khonsou, le dieu de la lune. Et vous, y en a-t-il une qui vous plaît particulièrement ? »

Nous marchions à une bonne vitesse, et quelques minutes plus tard, nous nous sommes retrouvés dans la salle de conférence. Le bâtiment était somptueux, ils avaient vraiment choisi un endroit de qualité pour cette conférence. Rien de bien surprenant, car il y avait des personnes de prestige pour parler d’un thème ou d’un autre. Sans trop de difficulté, nous nous sommes dirigés vers des places vides assez proche du devant de la scène.

« Y a-t-il une présentation qui vous intéresse en particulier ? De mon côté, je suis curieux d’entendre la Dresse Susanne Bickel. Il semblerait qu’elle ait une nouvelle théorie à présenter. »

Il se doutait que cela ne soit pas forcément la partie qui l’intéresserait le plus, comme il s’agit d’une égyptologue, mais il était curieux de savoir ce qui l’intéresserait. Sauf erreur, ils allaient aussi présenter des anciennes reliques de divers cultes, peut-être que cela l’intéresserait.

Qui es-tu Naxior

@Lars Olsen

L'étude des anciennes mythologies était vraiment quelque chose d'assez prenante, il y avait tellement de choses à découvrir. Les gens, dans leur grande majorité pensaient que tout cela ne relevait que de mythes, de légendes, d'hommes et de femmes exceptionnels qui avaient été élever au rang de dieux et de déesses. La vérité était bien plus complexe en réalité, mais je ne pouvais pas débattre de cela avec lui, quand bien même je suis à peu près certaine que ça serait une discussion intéressante. Il ne semblait pas réellement à l'aise en ma compagnie et je ne savais pas comment remédier à cela. Alors une fois dehors, je lui demande s'il a toujours vécu en ville et il répondit simplement que non dans un premier temps, avant d'ajouter qu'il venait du Danemark. Je hoche légèrement la tête avant de répondre à mon tour. " Je vis dans cette ville juste depuis six ans. Je viens de Londres." Quitter la capitale anglaise avait du bon, déjà parce que j'étais loin de ma mère, et ensuite, les choses étaient arrivées ainsi. J'aimais ma petite vie à Paris, quand bien même, j'étais en plein questionnement à propos de mon avenir de manière générale. Je sors de mes pensées quand on parle de la mythologie égyptienne et il me donne le nom de la divinité qu'il aimait particulièrement et je souris légèrement. C'était un bon choix, vraiment. " Pour ma part je dirais Maât, la déesse de l'ordre, de la justice et de l'harmonie cosmique, entre autres choses." La conversation continua à son rythme jusqu'à ce qu'on arrive à un grand bâtiment, vraiment grandiose du coup. On entre sans trop de difficulté à l'intérieur et on prend la direction de la salle de conférences et alors qu'on passe devant un tableau, je regarde rapidement et vois qu'il n'y a que des grands noms et je hausse un sourcil, tout en ayant un léger sourire sur les lèvres, c'était une bonne occasion d'apprendre possiblement quelque chose que j'ignorais. J'avais beau étudié les différentes mythologies depuis des années, je n'avais pas non plus la science infuse et il était toujours bon de se renseigner, cela ne faisait jamais de mal. " Une nouvelle théorie ? Je suis bien curieuse d'entendre cela ." Pas que cela m'intéressait particulièrement non plus, bien que j'aie étudié l'Egypte antique, ce n'était pas ce qui me passionnait le plus, mais j'étais tout de même curieuse de voir ce qu'il va en ressortir. Bien rares étaient les chercheurs, les historiens à sortir de nouvelles choses. Arrivé dans les premiers rangs, je lui fais signe. " Ici ça vous convient ?" Je le laisse s'asseoir et prends place à ses côtés. J'observe la foule en silence quelques secondes, me demandant si j'allais reconnaître quelqu'un, après tout ce genre d'évènement attire d'autres collègues déicides généralement. Mais personne que je connaisse personnellement en tout cas. Ce n'est pas grave et en plus, la conférence était sur le point de débuter.

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Ainsi, elle venait de Londres. Une ville qu’il ne connaissait que très peu à dire vrai. Lars ne s’y était rendu qu’une fois et cela faisait bien des années. Il n’en gardait pas beaucoup de souvenir, ce qui, pour lui, signifiait que cela n’avait pas dû être très intéressant. Il y réfléchit quelques minutes, mais sans que grand chose d’utile lui revienne en tête.

Plus tard, alors qu’il lui avait dit apprécier Khonsou, elle lui expliqua qu’elle penchait pour Maât. Ce choix ne le surprit pas beaucoup. Aux vues de son apparence et de sa manière d’être avec lui, cela lui semblait assez logique. Il avait beau ne pas être des plus à l’aise avec elle, il sentait qu’elle n’avait rien contre lui. Une partie de lui le poussait à se détendre et à accepter le fait qu’il avait le droit de passer un bon moment avec quelqu’un. Mais ça, c’était sans compter sur tous ces traumatismes qui lui rendaient la vie difficile. Un jour, il y arriverait peut-être, mais probablement pas aujourd’hui.

Peu de temps après que les deux acolytes se soient installés, Mme van Heeckeren, une femme d’une cinquantaine d’année s’est avancée pour le discourt d’introduction. Il s’agissait de la curatrice de l’événement. Elle était assez petite et grosse, avec un tailleur couleur abricot qui lui allait très bien et la mettait en valeur. Il se dégageait d’elle une prestance et une classe rarement égalée. On pouvait facilement deviner qu’elle faisait ce métier depuis des années et qu’elle savait s’y prendre. La salle était bien remplie et Lars écoutait attentivement. D’abord, il y eu la présentation des divers participants, des sujets abordés et finalement, des remerciements. C’était ni trop court, ni trop long, très agréable à écouter.

La première personne à passer était un professeur d’une université belge. Il s’intéressait à l’impact des croyances et des divinités celtes dans les populations actuelles. Il n’était pas des plus à l’aise à faire sa présentation, et comme il était relativement jeune, c’était peut-être une première pour lui.

Lars se pencha vers Masha et lui demanda à voix basse :

« Et vous, qu’est-ce que vous en pensez de tout cela ? »

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@Lars Olsen

Alors que la discussion poursuivait son cours, je sentais quand même quelques réticences, quelques silences de son côté. J'étais à l'aise socialement, je n'avais, en général pas de mal à parler aux gens, mais ces derniers temps, c'était un peu plus compliqué de mon côté aussi pour de multiples raisons. Mais je faisais de mon mieux pour qu'il ne ressente pas de gêne. Mais parler derrière un écran semblait être plus facile pour lui. Une impression, mais je passais outre afin de rendre la journée agréable pour lui comme pour moi. On continue de parler de ce sujet qui nous fascinait tant l'un et l'autre tout en allant rejoindre le lieu de la conférence. Les vieux mythes et les vieilles légendes sont bien plus que de simples histoires pour moi. Parce que je sais que c'est réel, que les dieux et les créatures mythologiques existent pour la plupart, mais je ne pouvais pas lui en parler, même s'il est vrai que la conversation pourrait être tout aussi intéressante. C'était mon travail, ce à quoi je passais le plus clair de mon temps. Comprendre, analyser et déceler les faiblesses de ces derniers pour les traquer et les tuer. Finalement on arrive sur place et on s'installe tout en attendant le début qui ne tardait pas. J'écoute la femme avec attention, qui sait ce que je pourrais apprendre ici, après tout, malgré tous les livres que je possédais, toutes les recherches que j'avais effectuées, je savais que je n'avais pas la réponse à toutes les questions et ce genre de conférence pouvait me donner des pistes à creuser, mais il allait aussi falloir que je fasse la part des choses, car bien des chercheurs avançaient des faits pas du tout exacts avec le plus grand des sérieux. Et le premier conférencier arrive et j'écoute avec attention ce qu'il disait. Le sujet des croyances est intéressant et l'impact que la population est sans conteste important. Après tout, l'humain à besoin de croire en quelque chose, c'est dans sa nature. Même si je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il a dit, j'applaudis tout de même à la fin de sa conférence. Je reste silencieuse quelques secondes, songeant à ce que je venais d'entendre, quand la voix de mon compagnon du jour se fit entendre. " Eh bien c'était assez intéressant." Je souris légèrement et reprends. " Je ne suis pas forcément d'accord avec tout ce qu'il avance, mais dans le fond, je pense qu'il a visé juste. Il manque un peu d'assurance, cela dit, mais dans quelques années ça ira mieux pour lui." Je regarde dans le vide un moment avant de reprendre. " L'humanité a besoin de croire en quelque chose et de ces croyances découlent les dieux, pas l'inverse. Mais ce n'est que mon point de vue." J'en savais quelque chose après tout. " Et vous qu'en avez-vous penser ?" Je regarde le dépliant donné, avec l'ordre des conférences et le thème aborder. " Oh la prochaine concerne l'imagerie et la représentation des dieux par les hommes, ça vous intéresse ou vous voulez aller voir autre chose ?" Après tout, nous avons le temps.

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