Pirouette Cacahuète

MAMAAAAAAAN criais-je avant de me précipiter contre la jeune femme brune. MAMAAAN j’ai eu très peur tu sais ? Tu étais pu au parc. J’ai eu très peur un vilain monsieur a voulu que je vienne avec lui, mais je l’ai frappé dans les couilles comme tu m’as appris. Je parlais, fort, très fort même pour que tout le monde autour entendre. Des gros yeux se firent et des bras se resserrèrent autour des enfants. Sortie d’école non loin oblige, il y avait un paquet de parents et c’était d’ailleurs pour cela que c’était drôle. Comme à mon habitude, j’avais triché sur mon apparence. Cette fois-ci, je lui présentais le visage et le corps qu’une enfant chétive, aux habits abimés et recousus à plusieurs endroits, qui devait avoir dans les 7/9ans. Je trouvais l’ironie de la situation pas mal, surtout qu’elle aimait VRAIMENT beaucoup les enfants. J’ajoutais en russe avant qu’elle ne rembarre la pauvre petite que j’étais Et ce soir, on pourra lire l’histoire où les enfants se font manger par une vieille sorcière ?  si là, elle ne me reconnaissait pas, c’est que Baba Yaga était devenue aussi sénile que son âge peut le laisser à penser. Mais aux dernières nouvelles son esprit était tout aussi vif et jeune que ce corps immortel qu'elle avait qui était vraiment pas mal du tout. Peut-être me laisserais-je tenté ? Mais ce serait dévoiler le mien et je n’étais pas sûre que le jeu en valait la chandelle. EN attendant je tirais sur son bras pour l’entrainer vers le bar le plus près et m’installais sur une chaise. Je fis signe au serveur, puis avec un magnifique sourire enfantin et innocent, je dis J’ai soif Maman. Je peux avoir une bière dit ? S’il te plait, s’il te plait, s’il te plait ! Promis je rangerais ma chambre en rentrant. ajoutais-je avec une petit moue trop adorable… Ou devrais-je dire à croquer. Ce n’était pas bien de mettre ainsi en appétit cette alliée mais c’était quand même drôle et elle avait assez d’humour pour que cela l’amuse aussi. Après tout, n’était-elle pas elle-même directrice de ces immondes endroits où une multitude de bambins chouinent, pleurent et se font cacas dessus ? Quelle idée de travailler dans un tel lieu. Il fallait être maso… Ou VRAIMENT aimer les enfants… Un peu trop la concernant d’ailleurs.  

J’aimais bien Baba Yaga. C’était l’une des rares personnes que j’aimais bien pour ainsi dire dans ce bas monde. Je la trouvais… Rafraichissante. Elle pouvait se montrer imprévisible, et était loin d’être sotte. Oui, vraiment je l’aimais bien. Et, je pouvais affirmer sans me tromper, qu’elle devait penser la même chose de moi. Elle entrait dans mon jeu et plutôt que de s’offusquer, elle jouait elle aussi. Oui vraiment, je l’aimais bien baba Yaga. Une fois n’était donc pas coutume, je me présentais à elle, après lui avoir donné cette invitation, sous une autre forme. Et quoi de mieux qu’une enfant innocente, dans un café non loin d’un cimetière ? J’en étais certain, tout ce cadre lui plairait. Ou du moins, elle se rendrait compte que j’avais réfléchi à notre rencontrer. Je ne faisais jamais les choses à moitié la concernant après tout. Je suis un Dieu bien plus sensible qu’on ne le pense. Bon ok, c’est un mensonge mais hé ! On peut au moins reconnaitre que j’avais soigné le décor tout de même. Et puis bon, je ressemblais à une enfant, juste pour elle. Mon sens du sacrifice n’a donc pas de limite. J’en fais un peu trop ? Hmm sans doute mais qu’importe. Je lui tirais la langue, comme la « jeune fille mal éduquée » que j’étais en réponse à son peut-être. Après tout, quand on joue un rôle, il faut le faire à fond… Bon ok, je déviais de mon rôle de gosse en réclamant une bière, mais c’était drole. Et je testais aussi ma Baba-Yaga… Qui ne me déçu pas. Si le serveur aurait pu croire à une blague d’enfant, le surenrichissement de la vieille dame russe le laissa encore plus médusé qu’il ne l’était déjà. Elle lui glisse un gros billet pour faire passer un peu plus la pilule, mais cela ne semble pas suffire. Je ris à son avertissement voilé concernant les services sociaux. Ne l’avais-je pas aidé à s’installer incognito ici et à ouvrir une crèche peuplée d’enfants innocents et purs ? Et sans rien demander en retour en plus. Quelle grandeur d’âme avais-je fais preuve ! D’un autre côté, cela me donner de nombreuses idées pour pimenter son quotidien. C’était certain que ce serait tordant de la voir se dépatouiller ou avec un gosse venu de nulle part, ou avec les autorités françaises. Je suis le maître du monde, ne l’oublie pas. Ne t’ais-je pas offert tout ce dont tu pouvais rêver ? N’as-tu pas, grâce à ma divine personne et mon cœur si charitable, une vie dont tu n’osais imaginer dans tes rêves les plus fous ? j’en faisais un peu trop, sans doute, mais qu’importe, elle comprendrait l’essentiel : je pouvais la détruire oui, mais je n’en ferais rien. Nous faisons partis de la même famille toi et moi, et Famille signifie que personne ne doit être oublié. ajoutais-je en toute sincérité cette fois-ci. Ok ok, j’avais une notion bien à moi de la famille et on ne pouvait pas dire que la mienne me portait dans son cœur… Ou que je les portais dans mon cœur également. Mais, j’avais beau être peu fiable, je l’étais tout de même avec ceux qui comptaient. Et Baba faisait partie de ces personnes là. Pour l’instant tout du moins. Le serveur n’était manifestement pas décidé à nous servir je me concentrais un instant et fis apparaitre un illusion, un moi Loki qui s’approchait avant de venir déposer un baiser – fictif – sur la joue de Drénananère, puis de prendre place à la tête. PAPAAAAAA ! Avec maman, on a commandé ta bière ! dis-je assez fort pour que les deux hommes qui étaient encore en train de nous dévisager l’entendent. Puis plus doucement, je dis à la vieille sorcière Nous fêtons plutôt le tien puisque je suis ici depuis plus longtemps que toi ma chère amie… Mais bien que ta présence me soit des plus agréable et que j’adorerai que toi et moi nous nous adonnions à autre chose qu’une conversation, ce n’est pas uniquement pour le plaisir que je t’ai fais venir ici. Je pense que tu es au courant de ce qui est arrivé au Vieux qui dirigeait jusque-là le panthéon nordique. Je fis passer mon pouce d’un côté puis de l’autre sur ma gorge, signe universel de mort. Même toi tu as du sentir la vibration que cela a causé. Il manquait des objets chez lui, des objets divins. On a pillé sa demeure. Qui, je ne sais pas, mais je compte bien le découvrir. Tu es aussi une collectionneuse Grand-mère et ce serait dommage qu’il t’arrive le même sort. Alors prend garde. La bière fut posée devant mon double et une autre devant Dréna. Je saisie celle de ma grand-mère adorée pour en boire plusieurs gorgées avant de la reposer sur la table, mon sourire le plus angélique au visage.  
 

Je ris. Franchement et à gorge déployée, à l’image de ces hyènes dans le Roi Lion. Ce que Baba Yaga peut être drôle parfois. Ok ok elle n’avait pas tout à fait tort, mais pas question de l’avouer à haute voix. Je l’aime bien cette mamie, je l’aime beaucoup même. Mais de là à le crier sur tous les toits, il y avait un gouffre. C’était certain que ça me faisait bien chier qu’elle disparaisse. Elle m’amusait et puis, si nous ne pouvions jamais nous faire entièrement confiance, elle serait fiable malgré tout. Une alliée, autant que peuvent l’être les autres à mes yeux tout du monde. Elle n’attendait rien de moi et je n’attendais rien d’elle. Et ça fonctionnait. Nous ne pouvions, ainsi, jamais être déçu par l’autre. C’est plutôt une bonne chose non ? Moi m’inquiéter pour quelqu’un ? Tu es hilarante mamie lui répondis-je en souriant, avant de me pencher un peu plus sur la table, les coudes posés dessus, pour me rapprocher d’elle. Mais je suis sérieux. Surveille tes arrières. Personne n’est à l’abris désormais. Papa était fort, et pourquoi, il a été tué. Ressers les rangs et prend garde à tes miches. j’ajoutais, tout aussi sérieusement, après m’être léché les lèvres et l’avoir regardé de haut en bas Ce serait dommage que ce merveilleux corps disparaisse de la surface de la tête. Elle était belle Mamie, oh oui elle était belle. Et l’idée de l’avoir dans mon lit était de plus en plus bandante heu tentante je veux dire. Edouard était trop sage de ce côté-là. Dréna… Hmm Dréna pourrait largement faire l’affaire un temps. Une femme indépendante, à la tête d’une crèche, sans passé sordide – je m’en étais assuré – ça pourrait le faire oui. Je mettais cette idée de côté, me reconcentrant sur le pourquoi de ce rendez-vous. J’avalais une gorgée de bière et l’écoutais. J’allongeais mes jambes de fillette sous la table et fis mine de m’étirer, vieillissant légèrement mon apparence pour me faire gagner quelques années, histoire de rendre un peu fou les humains derrière le bar et qu’il se demande s’ils n’avaient pas rêvé en voyant une fillette de 7ans… qui en paraissait désormais une dizaine. Personne. Frigg est trop faible pour nous guider. Et Thor est bien trop bête pour cela. Désuni, et c’était un problème. Aucune idée, mais il ne peut être qu’avoir été fabriqué par un divin. Les objets humains peuvent tuer nos vaisseaux mais pas notre essence… Et je peux t’assurer que le Vieux est vraiment mort. Elle avait dû ressentir la mort d’un divin, sans savoir de qui il s’agissait. Nous autres, nordiques, avions été bien plus ébranlés. Odin, le Père de tous, avait été tué. Je finissais la boisson alcoolisée d’une traite. Vérifies que la magie autour de ton Isba fonctionne toujours. Parle d’elle à un humain et voit s’il arrive à l’atteindre. Ce que tu possède doit rester entre tes mains, ou dans les miennes. Si elle ne pouvait pas les protéger, je la volerai et je cacherai moi-même tout ce qui pouvait poser, ne serait-ce qu’un peu de magie ou de pouvoir.

 

J’offrais à Mamie gâteau le plus beau sourire lubrique que pouvait lui faire cette apparence que j’avais prise. C’était glauque, mais qu’importe. Ce n’était pas comme si cela avait me poser un problème à moi. Ce serait elle qui serait prise à partie. Je ne lui souhaitais pas spécialement des répercutions mais s’ils y en avaient… Disons que ce serait la cerise sur la mamie gâteau. Mouhahaha qu’est-ce que je suis drôle. Je poussais le vice jusqu’à venir caresser sa joue et lui glisser Il faudrait être aveugle pour ne pas aimer ton apparence Grand-mère.. Mais je ne lui laissais pas le temps de réagir ou de me répondre que déjà j’enchainais sur un nouveau sujet, celui qui m’avait fait lui donner rendez-vous ici. Je n’avais pas énormément de temps devant moi et on m’attendait pour une réunion des plus ronflantes et ennuyeuses au ministère alors je ne pouvais pas m’attarder. Je ne doute pas de toi ni de tes pouvoirs sinon cela ferait bien longtemps que je t’aurais éliminé. Ce n’était pas une menace mais un fait. Nous étions rivaux, bien que devenu alliés par la force des choses. Je ne mentais que lorsque cela était utile et ce n’était pas le cas ici alors je n’allais pas m’embarrasser de faux semblants dans mes paroles. Elle ne serait pas dupe de toute façon car elle avait oublié de naître bête la vieille peau. Et pourtant, ce n’était pas donné vu que la nature a fait d’elle une femme ET une créature, soit donc une personne limitée intellectuellement par deux aspects de son être. Oh ça va, remballez vos discours féministes. Vous criez à l’égalité, en attendant quand il s’agit de porter des charges lourdes, là, comme par hasard, c’est une affaire d’homme. Ou encore quand il faut écraser une pauvre araignée ou tuer une souris, ça déguerpi aussi sec. Alors pas à moi. Bref, ou en étais-je ? Ah oui, je mettais en garde la belle mamie pas botoxée en face de moi. Je vieillissais mon enveloppe corporelle tout en buvant une gorgée de bière. D’abord quelques années pour rendre fou le barman… Puis dès qu’il eut le dos tourné, une fois de plus jusqu’à avoir la petite vingtaine. Je posais ma main sur celle de Mamie Nova, faisant mine que nous étions en couple avant de lui répondre. Êtres humains, j’en doute. Ils sont trop faibles pour s’attaquer à l’un de nous. L’âge des mythiques héros est révolu depuis bien longtemps. Par contre une créature ou un autre divin, c’est une piste que je compte bien suivre. On a volé Odin, des objets de pouvoir bien précis. Les personnes savaient ce qu’ils faisaient. Donc c’est forcément un Dieu ou un l’un de ses Toutous. Pour l’instant je n’ai pas de piste mais, tu peux me croire, je vais trouver. Et lorsque ce sera le cas, ma vengeance sera terrible. Je n’aurais aucune pitié. grognais-je furieux. C’était moi qui aurait dû tuer le vieux, moi et personne d’autre. Je sors de ma poche le téléphone du ministre qui n’arrête de vibrer. Nouvelle secrétaire qui n’a pas compris l’ordre « ne pas déranger, sous aucun prétexte ». Encore une qui allait devoir être mutée dans un autre service. Elle était physiquement intelligente, mais cela s’arrêtait là. Je dois y aller. Je te recontacte rapidement. Merci pour la bière Bababababibèle. dis-je avant de me lever, faire un coucou de ma main au barman qui hallucinait grave, puis partir.