1 last Cigarette

La lune était décroissante. Et mon humeur était à son image. Je me sentais fatiguée, arasée et… En colère. Après plusieurs regards insistants de mes collaborateurs, j’avais finis par m’enfermer dans le bureau de ma boutique. Faire de la paperasse n’aidait pas mon humeur, mais rien ne pourrait l’améliorer alors autant passer mes nerfs sur cette administration à s’arracher les cheveux que sur mes clients et mes employés. Nous étions samedi et il y avait foule. C’était l’un des jours où nous vendions le plus et je ne voulais pas voir notre chiffre du jour moins bon par ma faute. Les primes dépendant des ventes, je n’allais pas saborder les petits plus de ceux qui avaient décidé de me faire confiance. J’étais leur patronne, pas leur tyran. En fin de journée, j’avais fait finir plus tôt l’équipe qui avait très bien bossé, et m’étais occupée de tout remettre en ordre pour le lendemain avant de retourner à ma paperasse. De la musique résonnait dans la boutique encore éclairée. Donovan Smith. Je l’aimais bien cette petite. Ce qui était arrivé à son frère était… Tragique. Cruel rappel de la vie éphémère que mène les humains. Cela m’inquiétait pour ma fille mais je me forçais à ne pas y penser sinon j’allais finir par l’enfermer dans une pièce capitonnée où rien ne pouvait l’atteindre.  

Il était tard. La lune ne brillait pas ce soir. Le temps était à la pluie, et le ciel couvert ne laissait rien filtrer. Je transférais ma musique dans mon casque et commençais à tout éteindre. L’alarme branchée, je sortais et prenais le chemin de mon appartement. J’avais besoin de marcher et, sans lune, j’étais, de toute façon, aussi efficace qu’un magicarpe lançant une attaque trempette, trempette que je prenais bien d’ailleurs. Une… Deux… Trois. J’étais suivie. Je connaissais cette sensation, ce regard que je sentais dans ma nuque. Je continuais à avancer, tout en glissant ma main dans mon sac à main à la recherche du spray au poivre que je gardais à l’intérieur. Ce n’était pas grand-chose mais cela me ferait gagner du temps si besoin. Je m’enfonçais un peu plus dans les rues de Paris, puis au détour de l’une d’elle, je me mis à courir pour prendre de l’avance sur celui qui pensait qu’entre lui et moi, lui était le prédateur et moi la proie. Je m’engouffrais dans une ruelle que je savais sans issue. Pour lui bien sûr. Il était jeune, plus que je ne l’imaginais. Un camée sans doute, qui voulait me dépouiller pour se payer sa drogue. Dommage. Il était tombé sur la mauvais personne. J’arrête de courir pour me rapprocher de lui, un grand sourire aux lèvres. Il tique et recule, la main tenant son couteau tremblant de plus en plus. J’use un peu de ma vitesse divine pour le surprendre et lui fais un bouh ! quand je me retrouve nez à nez avec lui. Son arme a fini à terre d’un simple revers de main. Il pousse un cri terrifié et ses fesses atterrissent au sol. Il glisse sur la pluie et les flaques en reculant au sol. La vie ou la mort ? Dis-moi Teutatès. Devrais-je faire preuve de clémence ou, au contraire, lui apprendre combien il en coute d’agir comme il l’a fais. Le dieu Celte. Son essence irradiait depuis quelques minutes à l’autre bout de l’allée. Je pouvais la reconnaitre entre mille. J’ôte de mes oreilles mes écouteurs qui laissent échapper « 1 last cigarette ». le thème est parfait.

Le temps n’est pas bon. Cette nuit n’est pas propice pour la déesse que je suis. Colère. Fatigue. Mon humeur est à l’image de la lune absente par ce temps couvert. Je déteste ça. Je dois régner quand Inti n’est plus et pourtant, je suis aveugle à Paris. Je ne sens aucun rayon venir caresser mon visage, apaiser mon humeur, me nourrir. J’ai soif, de violence à l’image de cet homme qui pensait faire de moi sa proie. Pauvre fou. N’est-il pas au fait de qui règne, désormais dans les rues de Paris ? Cela m’amuse de me jouer de lui. Et j’ai besoin de cela, jouer et libérer cette frustration qui règne. Je n’ai aucun mal à prendre le dessus sur lui, et il flippe. Pauvre humain. Il se retrouve au sol, désarmé et s’il pouvait ramper, il le ferait. Mais son sort ne dépend plus de lui mais de Teutatès. Son énergie est venue jusqu’à la mienne. Je ne la connais désormais que trop pour ne pas reconnaitre son essence divine. Il n’est pas intervenu. Nul besoin. Je ne crains pas cet homme. Je suis une guerrière et il le sait. Il s’approche, ses pas faisaient du bruit et attirant le regard de celui qui a pensé pouvoir me faire du mal. Aucune aide ne lui sera apporté, et il le comprend très vite. La lueur d’espoir s’est envolée aussi rapidement qu’elle est arrivée dans son regard. Il essaye de s’éloigner de plus belle en nous gardant en vue l’un et l’autre et finit par heurter un mur. Je le regarde faire, avant de secouer la tête. Pauvre petite créature. Tututu. Qu’est-ce que j’entends l à? Nous avons donc en face de nous un vilain petit garnement…. Vois-tu Teutatès, chez nous, nous écorchions leurs parties génitales avant de les couper et les donner en offrande. Puis, nous exposions le corps mutilé aux vus de tous. Les victimes, ou leur famille décidaient ensuite de faire preuve de clémence en le laissant mourir… Ou de se venger et le laisser vivre comme un esclave le reste de son existence… Cruelle ? Oui, je le suis. Je ne suis pas une pacifiste, pas envers ces hommes qui peuvent pouvoir user d’un corps féminin à leur guise. Tiens le pour moi. Et pendant que je le coupe, je te laisse décider s’il doit ou non vivre. Je ramasse la lame par terre et laisse le divin se saisir de lui et l’immobiliser. Je lui fourre dans la bouche du tissu pour que ses cris s’étouffent à l’intérieur. Quelques minutes, pas plus pour jeter dans une flaque ce qui faisait de lui « un homme, un vrai ». Il a hurlé mais on l’a à peine entendu. Il pleure désormais. Son corps est tremblant sur le sol. Cela m’indiffère. Finalement je n’en ai pas retiré le plaisir que je pensais. Je tourne mon regard vers l’empathe et attend sa décision. Je me rends compte que cela a sans doute était douloureux pour lui et cela me peine. J’aurai du y penser plus tôt et ma culpabilité vient se mêler à mon humeur maussade. Sans un regard pour notre « victime » que je laisse derrière nous puisque telle est la volonté de Teutatès, je lui tends la main et nous éloigne de cette allée. Peut-être pourra-t-il ? Allez savoir. Je m’en fiche. Lorsque nous sommes assez loin, je le lâche et lui demande, sans détour Que puis-je pour toi ? J’imagine que tu n’était pas là par hasard. Me suivrais-tu par hasard ? Est-ce donc toi qui fait porter chaque jour un bouquet de fleurs à ma boutique ? Personne ne fait cela. Je lui dis ça pour le dérider et le détendre, bien que je sois curieuse de savoir pourquoi il a prit autant de risque en venant jusqu’ici. Un problème avec Morrigan ?