Un nouveau clientLa boutique ne désemplissait pas. Pour Aylaen, c’était plutôt inhabituel. Elle n’était, après tout, qu’une fleuriste parmi d’autres dans la capitale française, et certainement pas la plus moderne. « Je suis à vous tout de suite » lançait-elle aimablement, le sourire aux lèvres, allant de l’un à l’autre de ses clients. Puis, il y eut une accalmie. La fatigue la prit. Il lui fallut s’asseoir, fermer les yeux un instant, se ressourcer. Ce genre de besoin n’arrivait jamais au temps de la grandeur des olympiens, à moins qu’elle n’ait été jamais fatiguée à cette époque, non en raison de ses pleins pouvoirs, mais parce que veiller sur les flammes sacrées nécessitait plus de patience que de force physique. Peut-être aussi ressentait-elle la fatigue parce qu’elle était stressée pour ses frères et sœurs : il y avait eu des tragédies dans le monde divin ces derniers mois et elle n’était plus en capacité de vérifier que tout le monde dans son panthéon se portait bien. Y-aurait-il aussi des victimes parmi les olympiens ? Elle songea à Teutatès, aux celtes, et à la visite récente de son vieil ami. Un muscle de sa mâchoire se contracta à cette pensée, juste au moment où elle entendit la sonnette de l’entrée résonner. Elle se leva d’un bond, aussitôt prête au service : il fallait plus qu’un petit coup de mouron pour abattre la première et la dernière des olympiens !
« Bonjour et bienvenue à Aux Fleurs Citoyens ! Souhaitez-vous que je vous conseille ou avez-vous déjà une idée de ce que vous désirez ? » accueillit-elle le nouveau venu d’un ton enjoué, s’approchant de lui d’un pas souple. Comme à son habitude, elle était vêtue très simplement d’un jean taille haute et d’un hoodie court oversize dans un dégradé de rose qui jurait un peu avec le roux de ses cheveux. Par-dessus, elle portait un tablier, destiné à préserver ses vêtements d’éventuelles tâches. Pour ce qui était de sa coiffure, elle avait connu de meilleurs jours : la demi-queue qui retenait ses mèches en arrière lâchait du leste et quelques cheveux lui tombaient dans les yeux qu’elle repoussait dans un geste machinal.
Par habitude, Aylaen détailla son client. Il paraissait avoir à peu près dans les âges de son enveloppe actuelle et elle aurait misé quelques chocolats qu’il avait une profession intellectuelle. Pas grand-chose d’autre à ajouter pour le moment, il venait seulement de pénétrer dans son antre. N’ayant pas encore prononcé un mot, elle ne ressentait pas ses émotions, pas encore. C’était l’un des talents qu’elle avait conservé, probablement parce qu’il n’appartenait qu’à elle et n’était pas dépendant de l’état de son « foyer », de même que la manipulation des flammes sacrées dont elle avait toujours été l’unique maîtresse. L’empathie était utile dans son métier, car il lui permettait souvent de venir en aide à ses clients, en repérant ceux qui avaient besoin de son assistance de ceux qui allaient très bien et avaient juste besoin d’un bouquet de fleurs. Hestia était une déesse qui aimait rendre service, elle avait choisi cette boutique rien que pour pouvoir continuer à le faire. Chaque mortel qu’elle aidait, même si parfois c’était juste en les écoutant, donnait un sens à son existence actuelle. Restait encore à savoir à quelle catégorie de clients appartenait le nouvel arrivant… ce qui ne devrait plus tarder ! 2981 12289 0
Aylaen Summers
La Première et la Dernière
Messages : 310 Date d'inscription : 15/06/2022 Groupe : Divinité gréco-romaine (Hestia) Métier : Fleuriste, elle possède sa propre petite boutique "Aux Fleurs Citoyens !" sur l'avenue Diderot, près de la Gare de Lyon. Age : 33 ans, en tout cas c'est ce que croient ses connaissances humaines. Caractère : Enjouée ● solaire ● tête en l'air ● amicale ● loyale ● patiente ● empathique ● maladroite J'évolue à : Paris, moins par choix que par concours de circonstances. Puissance : Pouvoirs et faiblesses : Pouvoirs : Flammes Sacrées (actif) ● Lecture des âmes (actif) ● Visions (non actif) ● Pouvoir de la famille (non actif) ● Vengeance (non actif) / Faiblesses : Un pour tous ● Empathie ● Le foyer éteint Warning : Accepte : langage cru, violence physique. Tolère : sexe (si contexte cohérent). Célébrité : Karen Gillan Crédits : Yusuradreams (ava) / Aeairiel (code signature) / fuckyougif (gifs)
Sujet: Re: Un nouveau client [PV] Lun 15 Aoû - 1:17
Le premier savoir est le savoir de mon ignorance : c’est le début de l’intelligence disait Socrate en tentant d’expliquer la vertu à Ménon. C’est certainement la citation la plus classique des dialogues platoniciens ; quand on pense à Socrate, on pense forcément Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien, à l’impact de cette maxime sur l’Histoire de nos civilisations, son soft power qu’aucune autre citation n’a pu atteindre au fil des âges — Dieu est mort, La religion c’est l’opium des peuples, Je pense donc je suis c’est de la gnognotte à côté — et on s’aperçoit qu’elle est certainement la phrase originelle de la Philosophie avec un grand P. Au départ, il y a le sens premier, une forme d’aveu de l’inexorabilité de la sagesse, elle s’étend comme l’univers, jamais disposée à être capturée pleinement ; l’omniscience n’est qu’un fantasme. Les bouquins de développement personnel peuvent très bien faire des millions en droits d’auteur sur les centaines de chemins qui mènent à la sérénité, il y a notre condition inscrite dans notre peau et elle nous apprend ceci : nous ne serons jamais terminés. C’est le propre de l’Homme.
Mais il ne faut surtout pas s’arrêter à la fatalité de nos conditions ; ce serait définitivement malheureux. En admettant qu’on ne sait jamais vraiment rien, tout devient bon à prendre. Au-delà de ça, il y a un rappel à l’humilité dans l’apologue, une vibe quasi-stoïcienne. En l’occurrence, on ne peut pas tout comprendre, tout dévorer, certaines pistes sont arides et il faut situer son ignorance là où le terreau est fertile. Par exemple, je me trouve quelques qualités : je cuisine très bien le poulet aux piments verts, je sais parler de lettres, de philosophie, de l’Olympique de Marseille et d’œnologie. Au contraire, je sais que je n’ai absolument aucune foutue connaissance dans tout ce qui est végétal, ce que je plante est voué à mourir, les fleurs sentent bon mais je ne sais pas les reconnaître. Au-delà de ça il y a une omerta sur le langage des fleurs, tous les sites se contredisent ; un coup l’achillée blanche est un symbole de guérison, un autre on la présente comme un symbole de guerre. Si Socrate avait cherché à composer un bouquet de fleurs sur Internet, je peux affirmer qu’il aurait avalé la ciguë sans qu’on ne le force.
Bref, je me tire les cheveux depuis ce matin. Ça a commencé à la fin du cours de littérature des L2, j’avais une pause de vingt minutes avant d’enchaîner en salle 336 avec les M1. Puisqu’il est courant que je sois en retard — les sorbonnards le savent, il ne faut pas compter sur le professeur Hobbes avant qu’il n’ait fumé sa clope — je me suis installé contre un mur avec un café. L’air était bon. Bizarrement, ça m’a rappelé celui du Père-Lachaise — rien à voir, j’en conviens. Cela faisait six mois que je n’y avais plus mis les pieds, ce qui faisait six mois sans avoir fleuri la sépulture de Oscar Hobbes. Je n’ai jamais connu Oscar, peut-être était-il un sale type mis en terre et vite oublié, il était déjà mort quand je vivais à Brighton, notre seul lien s’arrête à nos patronymes. Pourtant, je tâche de poser des fleurs sur sa tombe aussi souvent que je le peux. Monsieur Hobbes n’a aucun visage dans ma tête, peut-être que là où il est il milite pour que je sois foudroyé par l’administratif de l’au-delà, mais il m’offre ce lieu de recueillement que je n’ai jamais pu avoir. Ma famille n’a pas de sépulture, alors je m’en suis créé une.
Je n’offre jamais les mêmes fleurs à mes parents. Puisque chaque variété a une connotation, j’assemble les bouquets en fonction de ce que je veux transmettre. Aujourd’hui, je pensais à quelque chose du type Maman, Papa, Papy et Nanny, je vais bien, je mange bien, les projets avancent et je pense toujours à vous ; c’est là que s’est emmêlé le nœud gordien du langage floral. La journée est donc devenue terne, les M1 ont dû le voir puisqu’ils ne m’ont pas regardé avec les yeux luisants, ça semblait maussade, vitreux, trop plein de douceur. Un collègue s’est même arrêté à ma hauteur pendant la pause de midi, je mangeais une salade d’artichauts et de parmesan en martelant mon téléphone du pouce, il m’a demandé ça va ?. Simplement, j’ai répondu Non et il s’est assis avec moi. On a beaucoup discuté, j’ai prétexté que j’avais besoin de fleurs pour ma belle-mère, quelque chose d’assez grandiose, ma belle-mère est une vieille pie et elle aime les bouquets grandioses. Il m’a alors parlé d’un fleuriste avenue Diderot, pas loin de la Gare de Lyon, Aux fleurs citoyens ! Il a même employé le mot pépite. L’esprit dans le nom de la boutique m’a fait sourire et sur les coups de seize heures, je me suis rendu avenue Diderot.
On ne peut pas rater Aux fleurs citoyens !. Je dirais même qu’on ne voit qu’elle tant elle dénote avec l’atmosphère du boulevard. Les arbres attendent de mourir, les façades sont à vomir ; intervient alors cette devanture orange fluo, intercalée entre un Colombus et une pharmacie. C’est salvateur d’apercevoir cette touche vive et inespérée après avoir remonté l’avenue, on s’y sent invité, les paniers de fleurs sur le trottoir promettent quelque chose d’agréable. J’y entre par réflexe, oubliant même m’arrêter au Colombus pour un café-clope.
La sonnette note mon arrivée. Aussitôt que je suis à l’intérieur, une voix m’interpelle :
« Bonjour et bienvenue à Aux Fleurs Citoyens ! Souhaitez-vous que je vous conseille ou avez-vous déjà une idée de ce que vous désirez ? »
Elle sort de la bouche d’une femme rousse qui avance vers moi, la démarche enjouée : la fleuriste. La fameuse pépite, celle qui tient la fin de ma journée entre ses mains. Tout semble chanter chez elle, sa voix, sa façon de se tenir, de se déplacer, de s’habiller ; il n’est pas étonnant qu’Aux fleurs citoyens ! soit un rayon de lumière dans le cul-de-sac qu’est Diderot. Si je devais dire un mot de la patronne, je la résumerais avec le terme solaire ; tout le monde s’accorderait là-dessus.
Elle semble me détailler. J’ignore pourquoi mais à cet instant, je me sens reconnaissant envers le Virgile Hobbes d’il y a huit heures pour avoir enfilé le costume bleu roi ; il me va plutôt bien. Ma chemise blanche a pris quelques plis, mais le col italien est toujours en place. Il subsiste encore quelques fragrances poivrées de mon parfum. Je passe le pouce et l’index le long de ma cravate marine à pois et je m’habille de mon plus beau sourire pour répondre à la fleuriste :
« Bonjour, un peu d’aide ne serait pas de refus je vous avoue. Si vous êtes prête à me trouver précisément ce dont j’ai besoin, vous sauveriez la journée d’un homme qui ne comprend rien aux codes floraux. »
Un instant, j’en viens à hésiter sur la version à raconter. Ses yeux transpirent de quelque chose de brûlant, on dirait de la bienveillance, elle m’en ferait bégayer. Ce n’est pas à la Sorbonne, ni au QG des déicides qu’on reçoit ce genre de bonnes ondes. Tout le monde tire la gueule — Erik en premier.
Finalement, j’opte pour un remix.
« Je vous explique le speech : ma belle-mère est du genre à être très pointilleuse sur les détails. Elle m’a mandé pour un bouquet très précis, à la fois beau et parlant. C’est pour offrir à une cousine, son père est décédé il y a quelques jours. Elle souhaiterait que le bouquet transmette un message comme Je pense toujours à vous, je vous aime, vous me manquez, mais j’ai de l’espoir pour la suite. »
Et je me liquéfie ; j’ai l’impression de ne plus savoir mentir. La demande me semble étrangement formulée, un bébé pourrait savoir que je n’ai pas de belle-mère dont la cousine aurait perdu le père.
Alors, comme si ça me dédouanait de tout ce que j’ai dit, je finis par ajouter :
« Pour le budget je ne suis pas regardant : faites-vous plaisir. Tant qu'il y a un bouquet à la fin... »
Virgile Hobbes
Mortel
Messages : 32 Date d'inscription : 07/07/2022 Groupe : Humain Métier : Enseignant-chercheur en lettres classiques Age : 36 ans Caractère : Idéaliste – Ambitieux – Ingénieux – Méticuleux – Observateur – Gourmet – Bavard – Borné – Mégalomane – Bizarre (socially awkward) – Manipulateur - Vindicatif - Accro aux médocs J'évolue à : Paris Warning : Pas de TW Célébrité : Paul Dano Crédits : Pinterest
Sujet: Re: Un nouveau client [PV] Mer 17 Aoû - 12:59
Un nouveau clientIl lui sourit, et elle répond à ce sourire. Aylaen est naturellement quelqu’un de chaleureux, fait qui n’étonnait aucun divin de sa connaissance car, après tout, si la gardienne du feu sacré des olympiens ne dégageait pas un peu de chaleur, qui le pourrait ? Rien ne semble pouvoir altérer cette attitude, et ce, depuis des millénaires. Elle sent, pourtant, l’hésitation, sans la voir, simplement par empathie. Il s’agit de son talent le plus utile au quotidien – les flammes sacrées avaient toute son affection mais, s’il fallait être honnête, elles ne servaient plus à grand-chose maintenant qu’elle était fleuriste. Pouvoir deviner, grâce aux fluctuations des émotions, ce que ses clients attendent d’elle apportait un réel bonus à son activité, non seulement de commerçante, mais aussi de déesse. Aussi bienveillante qu’elle en avait l’air, Aylaen s’était promis que, dans cette vie, elle viendrait en aide aux mortels, à sa façon. Cela ne lui apportait strictement rien : inconscients de l’apport divin d’Hestia, ils ne devenaient pas ses fidèles… sauf en terme de clientèle ! Et encore, pas toujours !
« Je devrais pouvoir faire ça : les codes floraux sont ma spécialité » elle ponctua cette réponse énoncée d’un ton badin d’un clin d’œil amusé sans rien ajouter dans un premier temps. Elle devait maintenant apprendre ce qu’il voulait faire dire aux fleurs. Parfois, souvent même, les gens s’en moquaient, ils voulaient seulement un beau bouquet, et choisissaient parmi ceux déjà composés celui qui était de leur couleur préférée, ou d’une fleur dont ils connaissaient le nom. Les commandes pour un message, ou juste une occasion spéciale, étaient ses préférées. Enthousiasmée par la simple idée de composer un bouquet – mais son frère Z vous dirait qu’elle était très facile à contenter, elle oublia sa fatigue et le souci qu’elle se faisait pour sa famille moins de dix minutes auparavant. Ne restait d’elle que son envie de bien faire.
Sans trop savoir pourquoi, si ce n’est peut-être à cause de la légère sensation de malaise qu’elle perçoit chez son client, elle a l’impression qu’il est en train de lui mentir. Peut-être ce bouquet n’est-il pas du tout destiné à un membre en deuil de sa famille, mais plutôt à une maîtresse ? Comme Aylaen a appris depuis des millénaires à ne pas s’occuper de ce qui se trame dans le lit d’autrui – d’autant que, chez ses frères et sœurs, la bonne compagnie pouvait changer si souvent que cela lui donnait le tournis, elle laisse de côté son ressenti, bien décidée à ne plus y songer. De toute façon, elle vendait des fleurs, pas des armes nucléaires, alors peu importait que ses clients lui mentent sur leur objectif.
Aussi ne départit-elle pas de son sourire, s’approchant des fleurs. « Si c’est pour votre cousine, nous allons éviter les tulipes : quelque soit leurs couleurs, elles témoignent d’une déclaration sentimentale. En plus, la saison commence à peine » s’éloignant de ses quelques tulipes, elle s’approcha des azalées : « Quelques azalées blanches seraient jolies, elles veulent dire qu’il est heureux d’aimer. Nous pourrions les joindre à des jonquilles, qui expriment la mélancolie, faisant d’elles, malgré leurs couleurs vives, de parfaites fleurs à recevoir après un deuil. Et pour finir, des iris, blancs eux aussi pour tous les sentiments tendres que vous souhaitez transmettre » Elle mit les jonquilles au centre puis disposa les azalées et les iris autour, ainsi que des branches de verdure pour mieux faire ressortir les différentes fleurs. « Quelque chose comme ceci ? À moins que vous ne souhaitiez quelque chose de plus coloré et joyeux ? » proposa-t-elle en montrant à l’homme au costume bleu sa composition. Elle n’était pas mauvaise : elle pourrait la mettre dans la rangée des bouquets tout faits si elle ne convenait pas à son client actuel.
« Au fait » demanda-t-elle tout en admirant le résultat de son travail – elle aimait ses fleurs, c’était indéniable « Vous êtes du quartier ? Je n’ai pas le souvenir de vous avoir déjà croisé par ici » Or, elle tenait une petite boutique. Voyante dans la terne avenue Diderot, il est vrai, mais modeste. Il était rare qu’elle ait des clients qui vivent ailleurs dans Paris, sauf par bouche à oreilles, auquel cas elle appréciait toujours de savoir qui lui faisait aimablement de la publicité. 2981 12289 0
Aylaen Summers
La Première et la Dernière
Messages : 310 Date d'inscription : 15/06/2022 Groupe : Divinité gréco-romaine (Hestia) Métier : Fleuriste, elle possède sa propre petite boutique "Aux Fleurs Citoyens !" sur l'avenue Diderot, près de la Gare de Lyon. Age : 33 ans, en tout cas c'est ce que croient ses connaissances humaines. Caractère : Enjouée ● solaire ● tête en l'air ● amicale ● loyale ● patiente ● empathique ● maladroite J'évolue à : Paris, moins par choix que par concours de circonstances. Puissance : Pouvoirs et faiblesses : Pouvoirs : Flammes Sacrées (actif) ● Lecture des âmes (actif) ● Visions (non actif) ● Pouvoir de la famille (non actif) ● Vengeance (non actif) / Faiblesses : Un pour tous ● Empathie ● Le foyer éteint Warning : Accepte : langage cru, violence physique. Tolère : sexe (si contexte cohérent). Célébrité : Karen Gillan Crédits : Yusuradreams (ava) / Aeairiel (code signature) / fuckyougif (gifs)
Sujet: Re: Un nouveau client [PV] Jeu 25 Aoû - 14:11
Elle s’affaire. Je suis planté au centre du commerce, mon attention entièrement absorbée par la fleuriste, ses mains graciles, la façon qu’elle a de répondre à ma commande, l’assurance qui se dégage de ses mots. Depuis qu’elle a humblement déclaré qu'elle « pouvait le faire » en agrémentant sa voix d’un ton espiègle et d’un clin d’œil, elle semble être entrée dans une autre strate, quelque chose d’inattendu, presque machiavélique tant je ne me suis douté de rien. Sous sa chevelure de feu, alors qu’elle s’agite de panier en panier, il y a le charisme des passionnés qui se dégage, de ceux qui parviennent à subjuguer un auditoire rien qu’en évoquant ce qui les anime. Elle flamboie, l’adjectif solaire dont je l’ai qualifiée s’impose encore plus à moi, et je ne peux m’empêcher de sourire en la voyant faire, quelque chose de l’ordre d’une pulsion.
Le bouquet s’assemble, azalées blanches, jonquilles dorées, iris blancs, elle agrémente son choix d’explications sur les codes floraux : pas de tulipes, elle suppose que, tel que je l’entends parfois dans les couloirs de la Sorbonne, je ne veux pas pécho ma cousine — et encore moins mes géniteurs, si elle savait. Les azalées et les iris blancs remplissent la partie sentiments tendres du message ; accordées aux jonquilles qui embrassent la mélancolie, le message est complet. Les jonquilles rayonnent, elles sont placées au centre du bouquet, iris, azalées et verdure gravitent autour. Pour la première fois, je constate le bouquet assemblé et je me sens submergé, attaqué par une vague diffuse de chaleur de mes doigts à mes yeux, ça me déstabilise, ma cravate est trop serrée, mon costume trop lourd, il faut urgemment que je prenne un Dicodin, deux peut-être, ça m’apaisera. Je l’entends dire « Quelque chose comme ceci ? A moins que vous ne souhaitiez quelque chose de plus coloré et joyeux ? » mais rien ne sort d’entre mes lèvres, je reste stoïque, pris dans la tâche ardue de tordre mon sourire pour en faire un trait droit, à peine poli, ce qu’on attend du client lambda.
Alors, elle porte le bouquet à ses yeux et ça finit de m’achever : le regard qu’elle lui lance est passionné, admiratif. Entre ses mains, le bouquet s’élève de sa condition mortelle et végétale, il devient une composition florale, tout semble s’accorder à merveille et j’ai instantanément la certitude que c’est ce bouquet-là. Les passionnés ont toujours eu mon cœur, au-delà de ce qu’ils dégagent, ce qu’ils produisent est empreint d’une énergie créatrice démentielle. Lors d’un voyage à New York en 2017 pour assister à une masterclass de Toni Morrison, je me suis rendu au Metropolitan Museum of Art — qu’on connaît plus désormais pour le MET Gala, où s’est d’ailleurs ennuyé Erik en accompagnant Midnight, il faudrait que je lui demande si Blake Lively est aussi jolie en vrai. Le musée est ce qu’on appelle en anglais un nexus, un point névralgique et central de la culture antique ; les galeries chypriotes sont d’une grande richesse, et les trésors grecs bouleversants. Pourtant, rien ne m’a autant retourné que la toile de Gérôme, Pygmalion et Galatée. Le mythe illustre parfaitement la puissance démentielle de la passion artistique : on tombe amoureux de ce qu’on fait, on tombe amoureux de nos propre passions tant qu’à nos yeux, l’œuvre s’anime, se défait de son enveloppe originelle et se transcende. Dans le tableau, la force passionnelle de Pygmalion s’illustre dans l’amour qu’il a pour Galatée, et cet amour prend vie, il est validé par Cupidon et Aphrodite. Pygmalion et Galatée s’embrassent, les couleurs ternes de l’atelier de sculpture sont illuminées par la seule source de lumière, l’union de l’artiste et son œuvre. Oh, j’en ai des frissons.
« Au fait, vous êtes du quartier ? Je n’ai pas le souvenir de vous avoir déjà croisé par ici. »
Ses mots me tirent de New York. Dans le présent, je suis à Paris, planté sur ma canne à Aux Fleurs Citoyens !, la fleuriste est solaire et m’a réalisé un bouquet pour Oscar.
« Dans le mille : je ne mets pas souvent les pieds dans ce coin de Paris. Le quartier latin est mon terrain de jeu, je suis professeur à la Sorbonne, j’enseigne les lettres classiques. Disons que je suis du genre à ne pas lésiner sur les kilomètres lorsque l’adresse m’inspire… »
C’est au-delà de l’inspiration désormais. Mais je ne lui dirai pas. Du moins, pas encore. Je ris nerveusement, et je sens ma prise se raffermir contre le pommeau de ma canne ; mes doigts tremblent.
« Pour tout vous dire, c’est un collègue de la faculté qui m’a parlé de votre enseigne, un chic type qui enseigne le grec, lui-aussi a écrit une thèse sur l’importance d’Homère dans nos langues. C’est le genre de prof’ un peu discret, qu’on ne croise pas souvent dans les couloirs ; mais lorsqu’il finit par apparaître, il marque, il dégage cette forme de sagesse inhérente au silence, vous savez. Forcément, lorsqu’il m’a recommandé Aux Fleurs Citoyens ! je n’ai pu que l’écouter. Pour reprendre ses termes, il vous a qualifiée de pépite. »
La douleur irradie dans ma jambe. Je fais quelques pas, l’espoir qu’elle passe, cet afflux soudain n’est pas normale.
« Et vous, depuis quand êtes-vous sur Paris ? J’entends parler de vous si tard, ça m’étonne ! Moi qui suis à l’affût de bonnes adresses, vous m’auriez sauvé la vie tant de fois si j’avais eu vent de votre présence. »
J’ai laissé mon thermos en salle 336. Pas de quoi avaler un Dicodin. Ma jambe me calcine de l’intérieur. Résigné, je tente de ravaler ma grimace douloureuse et je me grime de mon meilleur sourire commercial :
« Dites-moi, vous n’auriez pas un verre d’eau par hasard ? »
Et je plonge la main dans ma poche pour serrer la plaquette de comprimés qu’il me reste.
Virgile Hobbes
Mortel
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Sujet: Re: Un nouveau client [PV] Jeu 1 Sep - 18:11
Un nouveau clientAylaen adressa un nouveau sourire à son client lorsqu’il lui dit être professeur de lettres classiques : non seulement son instinct lui avait donné raison, il pratiquait bien une activité intellectuelle, mais il était de ceux qui préservait le peu de connaissances que les mortels avaient d’eux, les dieux du panthéon gréco-romain. Elle était très curieuse de savoir ce qu’il savait d’elle, Hestia, mais se retint, anonymat oblige. « J’adore les lettres classiques ! J’étais très douée en latin dans le secondaire, et j’ai appris un peu de grec ancien pour m’amuser. Si j’avais été à la fac, j’aurais sûrement poursuivi dans cette voie ! » Dans ce passé qu’elle avait monté de toutes pièces lors de son installation à Paris, elle avait été au collège, puis au lycée, avant d’ensuite prendre une voie professionnelle pour apprendre le métier de fleuriste. Elle venait d’inventer son option latin, mais en la circonstance, c’était invérifiable.
La fleuriste divine nota ensuite dans un recoin de son esprit la description du bienfaiteur qui lui faisait si gracieusement de la publicité. Si elle le (re)voyait, elle le remercierait ! Même en tant que déesse, elle s’était toujours montrée généreuse avec ceux qui l’honorait… encore qu’elle admisse avoir parfois été sévère avec ceux qui la trahissait. C’était le bon côté d’être maintenant au milieu des mortels, elle ne se sentait plus aussi contrainte à punir ceux qui détruisaient leur foyer : en perdant en puissance, elle avait pu se laisser aller à sa nature essentiellement généreuse. « Oh ! C’est vraiment trop gentil de sa part ! Je suis toute seule ici alors je fais de mon mieux. Savoir que notre travail est apprécié est toujours agréable ! »
Elle réfléchit à la date de son installation à Paris. Son véhicule ne vieillissant plus, Aylaen slash Hestia ne portait pas beaucoup d’intérêt au domaine de son père, Cronos, le temps. Le changement de saison ne lui importait qu’en raison des fluctuations de température : elle n’aimait pas quand il faisait trop chaud, allumer son feu sacré choquerait les mortels, elle s’en sentait privée. « Un peu plus de deux ans » conclut-elle de cette courte réflexion. Avant de venir en France, elle avait été plusieurs années en Grèce jusqu’à ce que cette terre ne lui rappelle plus que ce qu’elle avait perdu et qu’elle choisisse de rejoindre les autres membres de sa famille exilés à Paris. « J’ai eu beaucoup de mal à trouver un emplacement idéal, je voulais être sur un lieu de passage. Ma patience a payé : avec la gare toute proche, je croise beaucoup de gens très différents ! Et si j’ai envie d’un café, il y a ce qu’il faut à l’enseigne d’à côté » Toujours trouver les points positifs.
Puis, elle sentit plus qu’elle ne remarqua la douleur de son client. « Oh ! Oui, bien sûr, je vais vous chercher ça ! Vous voulez vous asseoir un moment ? Il y a une chaise par là » Elle désigna du doigt l’endroit où elle se trouvait juste avant qu’il arrive où se trouvaient à la fois l’assise évoquée, mais aussi la petite table sur laquelle elle faisait ses comptes. Rapidement, la déesse rousse monta à son appartement pour prendre un verre d’eau et le remplir avant de redescendre prudemment : quand quelqu’un souffrait, c’était encore moins le moment que d’habitude de tomber dans les escaliers. Elle rejoignit le professeur d’université et lui tendit le verre : « Voilà ! Désolée, c’est de l’eau du robinet, je n’achète pas de bouteille plastique ». Mauvais pour l’environnement, elle connaissait plein de dieux et de créatures qui détestaient cette invention. 2981 12289 0
Aylaen Summers
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