Je ne crois pas aux coïncidences [Intrigue II - Terminé]

Il y a bien des millénaires que la divinité avait cessé de croire aux coïncidences. L’attaque qui avait lieu à Istanbul n’était pas un malheureux hasard ourdi par l’Unique : elle avait été soigneusement planifiée. Et tout plan avait ses participants, ses défauts et ses fuites. Dans ce méli-mélo chaotique et sanglant, la bouille d’une brunette n’avait pas quitté ses pensées. Il n’était pas question d’un amour éphémère ou passionnel, mais d’une curiosité gênante et désagréable : Que faisait-elle « là-bas », ce soir-là ? La réponse de Masha, à son message, confirmait ses doutes. Il devait tirer cette affaire au clair, sans tarder !

Il attendit avec une extrême patiente le moment opportun pour importuner cette demoiselle. Il avait souvent été de passage, à intervalle, dans la ruelle où cette dernière habitait, examinant avec soin tant la bâtisse que les environs. Bien souvent, il avait à refaire demi-tour et à reporter cette confrontation à plus tard. Tantôt, les lumières étaient toutes éteintes – soit il n’y avait personne, soit la belle dormait –, tantôt plus d’une ombre se dessinait à travers la fenêtre.

Finalement, l’opportunité se présente un vendredi soir, vers les coups de minuit. L’heure était très tardive, certes, mais elle était aussi des plus propices pour quelques confessions, ou aveux. La langue des humains se déliait tant, à l’approche de cette heure charnière et fatidique. Était-ce le charme des douze coups de minuits, ou alors la fatigue accumulée de la journée ? Allez savoir ! Si d’ordinaire, il aimait cet instant – notamment pour quelques amours interdits ou proscrits -, il était subitement réticent. Malgré tout, elle n’en restait pas moins une demoiselle qu’il avait appris à apprécier – en plus de la désirer.

Le pas léger, tel un fantôme, il arrive enfin au pas de la porte de la cousine. Sans plus attendre, il sonne. Il attend, encore. Lorsque les pas se font entendre, il prend les devants et parle. Il savait à quel point certains humains pouvaient être méfiants ou précautionneux pour les visiteurs tardifs.

- Masha, c’est moi. Louis. Nous devons parler.

Dès qu’il entend le cliquetis de la serrure, il ne perd pas son temps pour s’engouffrer aussitôt. Souriait-il ? Non. Avait-il les traits durs ? Non plus. Il affichait un air mêlant surprise, inquiétude et suspicion. Ces derniers jours ont été assez rudes, pour ses nerfs. Les événements s’accumulaient : Diane dans un lit d’hôpital en soin intensif, Juliette qui le haïssait ou qui le prenait pour un fou suite à ses révélations, Frigg qui trainait constamment dans les parages de ces humains, un frère et une Morrigan portés disparus, une Sœur avec un mandat sur la tête et, enfin, des échecs mineurs ou critiques dans quelques projets importants pour le Panthéon, et les conflits qui se multipliaient sur divers fronts et pour des raisons très variées.

- Avant que nous commencions, que dirais-tu de déguster un peu de ce whisky ? proposa-t-il, montrant la bouteille en question qu’il tenait en main. Dis-moi où je peux trouver les verres, et je vais les chercher, conclut-il en voyant l’état de la brunette.

Je ne crois pas aux coïncidences

Louis et Masha

Istanbul avait été une catastrophe. À tous les niveaux d'ailleurs. On avait été piégés comme des bleus, j'avais perdu un anneau important et j'avais été blessée. Et c'étaient quelques petites choses parmi tant d'autres. Et c'était bien la le problème. J'avais quitté la ville dès le lendemain, j'étais inutile là-bas et j'avais été fortement réprimandée par les chefs de mon organisation et depuis, j'attendais de savoir ce qui allait m'arriver. S'ils décidaient de ne plus m'envoyer en mission, ça serait une bonne chose, je préférais mes livres au combat. Toujours est-il que ce soir-là, j'étais chez moi et j'avais mal à l'épaule. J'avais été blessée par une créature du dieu unique, alors forcément ça mettait plus de temps à guérir, mais ça faisait un mal de chien, mais cela me permettait d'avoir plus de temps pour essayer de comprendre ce qui c'était passé dans ce restaurant. Pas l'attaque en elle-même, mais ce que les autres avaient faits et dis, ce que j'avais vu et ça n'avait pas le moindre sens. Alors quand mon téléphone s'alluma pour me dire que j'avais reçu un sms, je tends la main gauche et eu un léger sourire en voyant l'expéditeur. Ça tombait bien tiens, mais en lisant le contenu, je me sentais blêmir et l'inquiétude m'envahissait. Tout s'était vraiment mal passé. Le rendez-vous est donné et l'attente commence. J'allume la télé pour avoir un fond sonore afin d'empêcher mon cerveau de trop réfléchir. J'allais vraiment finir par attraper une migraine à force. Et les heures passent, les programmes défilent, mais je ne les regarde pas. Sur la table basse, il y avait beaucoup de livres et de vieux parchemins, des notes manuscrites également parce que j'étais en quête de réponses. Le livre qu'il m'avait offert quelques semaines auparavant était également ouvert parce que ça traitait du sujet qui me préoccupait. Ce cadeau n'était plus un hasard et je commençais à mettre en place un début d'idée, sans savoir si je tenais le bon bout. Et si je me trompais sur toute la ligne ? Pourtant... Pourtant, je l'avais clairement entendu dire qu'il était Taranis et je ne savais plus quoi penser de tout ça. C'était mon cousin. Ou du moins peut-être. Je n'aimais pas ça du tout. Et puis tout d'un coup, j'entends qu'on frappe à la porte, ce qui me sort brutalement de mes pensées et me fait sursauter. Puis je me lève et entends la voix de mon cousin et je me dépêche d'ouvrir la porte. Je n'avais pas idée de l'heure qu'il était et ça n'avait pas d'importance. Je jette un regard vers ma table basse ou les livres se trouvaient, hésitant à les ranger, mais est-ce que ça avait encore de l'importance ? Tant pis. J'inspire et ouvre la porte, tout en sachant à qui je l'ouvrais. Depuis l'agression dont j'avais été victime, quelques mois, plus tôt par une créature, je faisais plus attention. Il ne souriait pas et avait les traits durs, mais après ce qui s'était passé et Diane dans un lit d'hôpital, je me doutais bien qu'il ne pensait pas à sourire. Je me décale légèrement, le laissant entrer une bouteille de whisky en main, proposant de boire un verre avant d'aborder le sujet sérieux. Je ferme la porte derrière lui. " Dans la cuisine, placard de gauche au dessus de l'évier." Il y avait des cadavres de bouteilles de vin vides sur la table, mais qu'importe. Je me dirige vers mon salon et la table basse afin de faire un peu de place. J'empile les libre sur le sol, empile les parchemins et les pose sur la table du salon quant à mes notes, elles pouvaient bien rester là. Je soupire et pose mon regard sur sa silhouette. " Comment va Diane ?" Je m'inquiétais pour elle, ça s'entendait au son de ma voix et valait mieux qu'on en parle tout de suite, avant d'attaquer les sujets plus sérieux.

copyright Bloody Storm

Taranis n’était pas une divinité aux mille et une nuances. Tantôt calme et maîtrisé, tantôt colérique et emporté, il n’était jamais question d’un entredeux. Il n’était pas un homme qui rongeait son frein, en attendant que la tempête passe. Au contraire ! Il hurlait, voltigeait et dansait avec ! Heureusement, comme toute tempête, il y avait des signes avant-coureurs. Ils étaient subtils, mais bel et bien là : une mâchoire crispée, un regard noir, des traits fermés, des gestes agités, par exemple. Observatrice et intelligente, Juliette les avait saisis, appris et usé à son avantage. Si certaines se contenteraient d’anticiper les humeurs de leur époux et les éviter lors de « mauvais » jours, la dame Tessier avait mené sa barque autrement. En choisissant ses batailles – celles qui lui semblaient à hauteur de ses moyens ou de ses propres colères –, elle n’hésitait pas à affronter sa moitié pour s’imposer et pour être son égale. A ce jour, elle s’en était toujours tirée indemne, gagnant le respect et l’admiration de la Foudre. Et puis, le calme vient après la tempête. La mer redevient tranquille et lisse, où il fait bon de glisser de jour comme de nuit.

Qu’en sera-t-il, ce soir ? Il avait cette certitude que sa jolie cousine lui avait caché un terrible secret – ou lui avait offert un gros mensonge durant toutes ces années. Et sa colère sera assurément à la hauteur de l’affront, ou de la trahison, de la brunette. Connaissant ses propres faiblesses, Taranis gagnait du temps avant que l’irréparable. Revenant avec deux verres vides qu’il remplit, il en profite pour glisser son regard sur la table basse. Sa curiosité vis-à-vis des vieilles croyances qu’il avait toujours attribué à quelques lubies excentriques prenait subitement une autre dimension. Une question le taraudait maintenant : pourquoi une telle obsession pour les démons et anges et autres créatures et divinités d’un passé révolu ?

- Nous buvons souvent du vin, et les meilleures bouteilles de ma cave. Ce soir, je me suis dit qu’il était bon de varier un peu nos plaisirs coupables. Qu’en penses-tu ? demanda-t-il, en ignorant volontairement l’inquiétude de Masha vis-à-vis de Diane. Par sa bravoure, la blondinette avait gagné tout l’estime de la divinité celte. Depuis, cette dernière se montrait des plus protecteurs à son égard. Plus personne ne pouvait plus l’approcher, tant que Taranis n’avait pas la certitude que c’était un ami, ou un allié. Or, aujourd’hui, il ne savait pas comment considérer la bibliothécaire qui lui faisait face. Trinquons, à la vie, dit-il. Il s’exécute et boit d’une traite le verre. Aussitôt, il se sert un second verre. J’étais à Istanbul, pour l’anniversaire de Juliette. Et toi, Masha. Que faisais-tu là-bas ?.

Taranis savait qu’elle pouvait invoquer mille et une raisons – un livre, une brocante, un client, une amie. Malheureusement, après tous ces millénaires d’existence, il ne croyait plus trop aux coïncidences. Elle avait été là pour une raison, soit de son plein gré – et donc pour un objectif personnel qu’il voulait connaître –, soit contre son gré – et alors, c’est que le Destin faisait signe, que leurs existences étaient plus liées que jamais. Il devait savoir, ce soir.

Je ne crois pas aux coïncidences

Louis et Masha

Il savait que je lui avais caché quelque chose. Et je savais qu'il ne m'avait pas tout dit non plus, ce qui nous mettait sans doute à égalité. Ou pas, parce que moi, j'avais pour mission de traquer les divinités et de les tuer. Même si j'en étais tout bonnement incapable, je préférais me voir comme la gardienne d'un savoir plutôt que la main qui tue. Mais la question n'était pas là, nous avions nos secrets, l'un comme l'autre et il était sans doute temps de les dévoiler. Peut-être. En tout cas, je n'étais pas sereine non plus, je sentais quelque chose qui n'était pas bon, sa froideur, sa colère sans doute, mais j'allais y faire face quoi qu'il advienne. Je l'envoie chercher des verres dans ma cuisine pendant que je ferme la porte et fais un peu de place sur la table basse. Je vois le coup d'œil vers les livres que j'ai laissé en évidence, mais il ne dit rien à ce sujet pour le moment. M'inquiétant de l'état de sa fille, il ne répond pas, ce qui me fait hausser un sourcil, mais je laisse passer également. " C'est vrai, rien de mieux que l'alcool fort pour délier les langues, n'est-ce pas ?" Je prends mon verre et trinque avec lui avec un léger sourire. Je bois une première gorgée que je sens passer le long de ma gorge, ce qui me fait grimacer légèrement, mais je bois rapidement une autre gorgée qui passe plus facilement. Et je pose les yeux sur lui quand il me demande ce que je faisais à Istanbul et je sens qu'il cherche la vraie raison. " J'ai gagné un concours, le prix était un weekend à Istanbul et j'étais invitée dans ce restaurant où tu te trouvais également." Mon regard baisse au niveau de mon épaule où j'ai été blessée par l'un des sbires du dieu Unique. Et je pose ensuite les yeux sur lui et je n'arrivais pas à oublier ce que j'avais entendu, je n'arrivais pas à croire que cela puisse m'arriver à moi. Je suis une déicide, je fais partie d'une organisation qui lutte contre les divinités et autres créatures du même style et il se trouverait que mon cousin soit en réalité l'un d'entre eux. C'était un cauchemar, je ne voulais pas y croire et pourtant, ça me semblait si logique en y réfléchissant. Pourtant, je voulais lui laisser une chance sans savoir ce que je voulais vraiment entendre. Mais le hasard n'était plus permis, ni pour lui ni pour moi. Je me retourne et vais m'asseoir sur mon canapé, posant mon verre sur la table basse et soupirant légèrement. " Je ne crois pas au hasard et toi non plus. Alors mettons cartes sur table, je crois qu'il est temps." J'étais fatiguée de tout cela et je voulais encore croire que je pouvais lui faire confiance. " Je t'ai entendu dans ce restaurant, je ne voulais pas en croire mes oreilles, mais..." Je tends la main et prends le livre qu'il m'avait offert avant sa fuite il y a plusieurs semaines de cela. " Tout devient un peu plus clair maintenant, je crois. Je ne sais pas. Dis moi." Et ensuite, j'allais devoir lui dire qui j'étais, ce qui serait la moindre des choses et ça m'enlèvera un poids des épaules également. Enfin, je crois.

copyright Bloody Storm

De l’alcool fort pour délier les langues ou pour se détendre, c’était du pareil au même pour Louis. La liqueur n’était pas une réponse à tous les maux de son existence, évidemment, mais elle pouvait avoir un grand rôle dans certaines situations. A dose mesurée, elle pouvait contribuer à démêler certaines affaires. A dose excessive, elle avait davantage tendance à aggraver une affaire qu’à l’arranger. Bref, elle pouvait être une bénédiction, ou une malédiction. Ce soir, la balance penchait davantage sur le premier scénario, car il n’était pas question d’un excès de joie ou d’une réponse à une addiction, mais d’un échange honnête et sincère.

Là-bas, dans ce restaurant stambouliote, il avait été bavard, révélant sa véritable nature entre autres. Il ne regrettait pas, loin de là ! Au contraire, il était bien frustré de ne pas avoir montré davantage de ses talents, en invoquant la foudre même par exemple. Au lieu de ça, il avait simplement fanfaronné, et il s’était fait défoncer d’une pichenette de l’Unique ! Il boit une nouvelle, et longue gorgée, de son verre pour noyer l’amertume. Son geste se suspend, quelques poignés de secondes, lorsque Masha exprime clairement ses pensées, qu’elle avoue ne pas ignorer ce qu’elle avait entendu ! Pour appuyer ses propres, elle lui remettait sous le nez l’un des livres qu’il lui avait offert comme cadeau d’adieu, celui qui traitait des us et coutumes et des prières adressées aux différentes divinités celtiques.

A nouveau, il ne répond pas immédiatement, préférant poser son verre tranquillement et passer une main sur la couverture du livre. On croirait qu’il joue à un jeu enfantin et puéril, celui du Roi du Silence. Pourtant, le Roi brise son serment. Il parle, d’un ton calme et grave, le regard dardé sur la demoiselle.

- Que souhaites-tu savoir exactement ? Quelle vérité souhaites-tu entendre ? Celle qui chamboule ton existence et fait trembler les fondements même de tes croyances, ou celle qui te réconforte dans ton quotidien et qui te rassure vis-à-vis de tes certitudes ? demande-t-il.

Il n’avait pas donné un tel choix à Juliette, lorsqu’il lui avait tout révélé. Pourquoi agissait-il ainsi avec elle, alors ? Parce que la réaction de la brunette avait surpris Louis, le prenant à contrepied même ! Il était rare qu’il puisse entretenir une telle discussion avec une Européenne, bercée par les préceptes rigides monothéistes. Les croyants de panthéons polythéistes, comme les hindous, les japonais ou les greco-romains, acceptaient plus aisément l’idée que les Dieux existaient et gambadaient par les Humains. Ils avaient accès à une demi-vérité. Puis, avec le temps, ils avaient romancé, attribuant des pouvoirs exceptionnels aux rejetons des amours entre humains et dieux, voire entre dieux. Eh bien, non. Ces gosses n’étaient guère plus différents qu’un simple humain.

- Tu sembles avoir déjà une réponse, et ça, c’est surprenant. Je ne peux pas t’imposer quoi que ce soit, car c’est à toi de choisir, commente-t-il, le regard toujours rivé sur elle. Qu’est-ce qui devient clair ? Qu’est-ce que tu crois ? Dis-moi donc. Parle Masha. Parle, car toi seule peut décider de qui je suis, et non moi. Tu es le fruit de deux amours, je suis le fruit de croyances. C’est ainsi que nos mondes fonctionnent, et s’entendent, depuis la nuit des temps.

Je ne crois pas aux coïncidences

Louis et Masha

Qui était-il ? Je n'arrêtais pas de me poser cette question depuis plusieurs jours maintenant sans avoir la moindre réponse. Le fait est que je ne savais même plus ce que je devais croire, n'étant même plus certaine de ce que je pensais savoir de lui. Pourtant, j'essaye de rester calme, de parler calmement. J'attendais des explications, quelque chose qui pourrait m'aider à comprendre parce que j'avais beau retourner le problème dans tous les sens, rie n'était clair. Est-ce qu'il était possible qu'au sein de ma propre famille, nous ayons une divinité qui s'y cachait depuis... Depuis longtemps visiblement. Je ferme les yeux quelques secondes avant de les ouvrir de nouveau, alors qu'il touchait la couverture d'un livre que je venais de lui agiter sous le nez. Il était calme et ça me perturbait. " Je veux la vérité, peut importe le reste"." Seulement une fois que je saurais réellement s'il était bien Taranis comme il l'avait prétendu, je n'aurais d'autres choix que de lui dire qui j'étais en réalité et là, je craignais le pire. Une trahison pour une trahison, ça se valait non ? Parce que je lui avais fait confiance, assez du moins pour être plus proche de moi que la plupart des personnes. Quelque part, j'espérais encore me tromper. Lorsqu'il reprend la parole, je l'écoute avec attention, les yeux rivés sur lui. Il semblait si calme et détendu, là ou moi j'étais tendue et assez inquiète de ce que je pourrais apprendre au final. Je reprends une gorgée de mon verre avant de commencer à faire les cent pas dans le salon, me tordant les mains, parce que je ne savais pas quoi en faire d'autres dans l'immédiat. " Je n'ai pas de réponse... Pas à proprement parler. Je ne sais même plus ce que je dois croire. Il y a toi, avec tous les moments drôles qu'on a pu passer ensemble et il y a ce que j'ai entendu et vu au restaurant. Et ce n'est pas compatible ! Tu ne peux pas être un dieu et être mon cousin ! Cela n'a aucun sens ! Tu es sois l'un soit l'autre." Je sentais que je commençais un peu à paniquer, rien qu'au son de ma voix, alors je m'arrête, j'inspire longuement et ferme les yeux plusieurs longues secondes avant de reprendre plus calmement cette fois. " Mais je sais aussi que je ne dois pas ignorer ce qui c'est passé. Tu n'aurais jamais gueulé un truc pareil si ce n'était pas la réalité. Alors tu vois, je suis entre deux. Tu me connais, tu sais que je pourrais accepté la réalité quelle qu'elle soit, alors éclaire ma lanterne une bonne fois pour toute." Que je sache désormais à qui je parlais parce que ça devenait un peu angoissant de ne pas savoir au final. " Crois moi, je peux vraiment tout entendre, même si ça bouleverse tout ce que je pensais savoir." Maintenant, je n'avais plus qu'à attendre et espérer qu'il soit franc, ce dont je ne doutais pas.

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A cet instant, la Divinité comprend que la Mortelle savait trop. Elle n’était pas une ignorante, elle était consciente de l’existence des Divins. Or, il avait suffisamment côtoyé sa cousine pour savoir qu’elle n’était pas une âme piégée par quelques théories du complot ou par quelques gourous de sectes obscures et déviants. Dès lors, comment pouvait-elle savoir ? Pour quelles raisons parlait-elle aussi facilement d’une alternative aux allures de surnaturel ou de blague pour la majorité du commun des mortels ?

- Je suis Taranis, le Dieu de la Roue, Celui qui Tonne, Celui qui Foudroie, et Celui qui pourfend le Ciel et ses Ennemis. Frère du Dieu-Père Teutatès, et du Dieu de la Guerre Esus. Membre honorable de la Triade, celle qui a longtemps dirigé et protégé le panthéon celte et ses croyants, et ses fidèles, dit-il. Je suis Louis Tessier, et ton cousin par le sang. Cette âme m’a adulé, m’a prié, et m’a accueilli, conclut-il.

Il se tait. Il attend. Entre temps, il sirote son verre.

Et toi, Masha Lancaster, qui es-tu ? demanda-t-il de but en blanc. Tu poses les questions d’une personne qui sait déjà, d’une femme qui a déjà vu ou entendu, d’une mortelle qui a déjà rencontré un Divin. Dis-moi, cousine, que sais-tu exactement à mon sujet, ou plutôt au sujet de mes pairs ?

Cette fois-ci, il dard son regard dans le sien. Il n’était nullement doux, enjoliveur ou rieur. Il exprimait davantage l’interrogation, et la menace. Le panthéon celte était menacé sur bien des fronts, développant et favorisant une sacrée paranoïa dans le cœur de la Foudre. Alors, il décortiquait chaque parole, geste et expression de la propriétaire des lieux, prêt à bondir sur elle comme un lion – non pour la couvrir de baisers, mais pour la réduire en bouillie si nécessaire. S’il n’avait pas une sincère sympathie à l’égard de la brunette, il y a bien longtemps qu’il aurait saisi un bras, tantôt pour la maintenir prisonnière, tantôt pour s’imposer physiquement dans la conversation. Non, il prend son mal en patience, préférant faire subir cette crispation à sa mâchoire carrée.

- Je te déconseille fortement de me mentir, Masha. Je le saurais. , intima-t-il, d’un ton autoritaire. Sans surprise, à fréquenter quantité de femmes en deux millénaires – au moins –, Taranis avait développé un véritable instinct vis-à-vis des demoiselles, devinant aisément leurs caractères, leurs tics, leurs désirs etc. Alors, une jolie brunette qu’il côtoie depuis dix ans, mais sans pouvoir la toucher, il y a bien longtemps qu’il en avait saisi quelques nuances ! Et puis, il l’avait déjà vu à l’œuvre, mentant plutôt bien à sa mère ou à son entourage.

Je ne crois pas aux coïncidences

Louis et Masha

La vérité, c'est que je ne savais même pas si je voulais entendre ce qu'il avait à dire. Parce que s'il confirmait ce que je pensais, alors on allait avoir un très gros problème. J'allais avoir un énorme problème. Pourtant, je veux le savoir parce que j'ai besoin de l'entendre, ma situation quant à ce qui se jouait n'était pas claire, même pour moi. Et quand il me confirme être Taranis, c'est le vide dans mon esprit. Je le crois parce que ça ne s'invente pas, pourtant, je reste là, à le regarder sans arriver à dire quoi que ce soit. Je ressens tout de même quelque chose au bout de quelques secondes, une fois la nouvelle comprise et admise par mon esprit. Du soulagement dans un premier temps parce que je n'étais pas folle. Et puis la panique. La panique totale, je me lève et fais les cent pas, cherchant une manière de lui apprendre ce que je suis sans qu'il n'est l'envie de me jeter par la fenêtre. C'était compliqué. " Non, non, non ça ne va pas. Ca ne va pas du tout... Bordel tu... Tu es un Dieu ?! Non, non, non... Pas dans ma famille." Il fallait que je me calme, parce que je sentais comme une crise de panique monter et que ce n'était clairement pas le moment. J'en avais depuis Istanbul, depuis que je me posais toutes ces questions sur lui parce que d'une manière ou d'une autre, ça allait impacter ma vie, pas la sienne, mais la mienne allait être sans dessus-dessous. C'était déjà le cas. Et il me demande qui je suis, parce qu'il a compris que j'en savais trop, que je posais des questions que je n'aurais pas du et que je tirais des conclusions que je ne devrais pas non plus. Il me savait athée, que je ne croyais en rien quasiment, mais là, c'était tellement différent. " Je..." Ne pas lui mentir, parce que j'avais bien compris la menace sous jacente à son ton. Mais est-ce que j'étais prête pour ça ? Hormis Celeste qui avait disparu, personne ne savait qui j'étais, ce que j'étais, pas même Caraibe qui était une personne que j'adorais, mais là, je ne pouvais plus reculer. J'inspire longuement et me calme un peu avant de poser les yeux sur lui, il fallait que je me lance. " Je suis une Deicide." J'eus pourtant le réflexe de lever une main, lui demandant silencieusement d'attendre la suite avant de décider de me tuer. " C'est de famille depuis des générations, j'ai été élevée pour vous combattre." Je baisse le regard sur mon bras et soupire. " Je ne suis pas une combattante, tu l'as bien vu. Si j'en sais autant et si peu à la fois, c'est parce que je cherche des informations sur toi et tes pairs." Je ne mentais pas et il le savait. Dire ce que je suis, c'est à la fois me condamner à ses yeux, mais aussi aux yeux de l'Ordre. Si on apprenait que j'avais un dieu dans ma famille, j'étais fichue de toute façon. " Je ne voulais pas mentir toutes ces années, je ne veux pas de mal à ta famille non plus. Mais toi aussi tu nous a tous berné, comme je l'ai fais. Alors qu'est-ce qu'on fait maintenant ?" Là était toute la question.

copyright Bloody Storm

Ancienne divinité, le Dieu avait l’habitude de ce petit ménage auquel s’adonnait les humains lorsque la vérité leur explosait à la figure. Paniqués, ils faisaient les cents pas dans une pièce. Plein de dénis, ils cherchaient à négocier quelques bouts de vérités. Enfin, incrédules, ils finissaient par se lasser et par rendre les armes. Ce n’est qu’à cet instant qu’une discussion était plausible. Alors, sans se départir de son flegme, il continue à boire dans son verre, attendant que la brunette retrouve son sang-froid. Or, c’était mal la connaître.

- Je suis une Déicide, annonce-t-elle.

Déicide. Combat. Héritage et devoir familial. Information. Les informations étaient comme des coups de poings, surprenant et assommant. Pour la première depuis longtemps, les rôles s’inversaient : l’Humaine surprend le Divin. Si Masha espère une réponse, elle aura à patienter. Voilà que le blondinet est rouge, voilà qu’il la darde d’un regard noir et furax, et voilà qu’il gronde.

- C’est quoi ces conneries ?! , éclate-t-il subitement. Comment as-tu pu t’embarquer dans une telle connerie ? Toi ! , demanda-t-il. Nous sommes des DIEUX ! Nous naissons de VOS croyances ! Nous vivons de VOTRE Foi !

A ses yeux, la quête était vaine. Il voyait là que des Humains qui espèrent chasser des courants d’air, ou des rayons du soleil ! En somme, de stupides mortels qui se berçaient de l’illusion qu’ils pouvaient tout contrôler, et dominer. La bêtise humaine était grande ! Il suffit de voir tous ces Hommes qui avaient essayé de se mesurer aux Dieux, par le passé ! Encore aujourd’hui, ne chantait-on pas leurs histoires ? Ne lisait-on pas leurs déboires ? Le Maudit de la Morrigan était un des nombreux exemples des échecs de ces pauvres âmes.

L’idée que ces Humains se soient organisés pour former un groupuscule puissant ne lui traversent pas l’esprit, immédiatement. Et il se rappelle d’une phrase, ou plutôt d’un détail nullement anodin : elle avait été élevée pour les combattre. C’était une affaire familiale. Or, pour qu’une telle chose soit possible durant de nombreuses générations, sans qu’aucun Dieu n’ait mis fin à la lignée, il fallait des ressources et, surtout, des alliés.

- Qu’est-ce qu’on fait ? , la reprend-il finalement. La véritable question est qu'est-ce que tu vas faire ? Me pourchasser, ou accepter de reconnaître que c’est une stupidité ? Car, vois-tu, je ne changerai pas. Je ne peux pas. Là où mes frangins protègent les siens, incluant les Fidèles, je suis celui qui va écraser l'ennemi. Je dois me battre, jusqu'à ce que je n'existe plus.

Ni ses gestes, ni son ton n'étaient menaçants. Ils étaient implorants. A cet instant-ci, Masha pouvait observer la véritable vulnérabilité - et nature - d'une divinité. Là où les hommes et les femmes jouissent du libre-arbitre, eux doivent répondre aux besoins et à l'appel de ces mortels. Dès lors, la question est la suivante : est-ce que les Dieux sont les véritables maux de l'Humanité ?

Je ne crois pas aux coïncidences

Louis et Masha

La nouvelle doit faire l'effet d'une bombe et ce n'était pas peu dire. Si de mon côté la nouvelle qu'il soit un dieu était un choc, celle de savoir que je faisais partie de ceux qui le pourchassaient depuis des années doit aussi avoir le même effet. J'attends sa réaction avec une pointe d'anxiété, après tout qu'est-ce qui l'empêche de me tuer, de me faire disparaître ou que sais-je encore ? Mais sa réponse me laisse sans voix, autant que le ton qu'il emploie. Il ne m'avait jamais parlé comme ça et je sens la colère prendre le pas sur l'appréhension ou même la panique. " Comment ça comment... ?" Comment ça comment je me suis embarqué là-dedans ? Il croit que j'ai eu le choix ? Mes croyances n'avaient rien à voir dans cette affaire, mais je savais que ces mots visaient l'humanité dans son ensemble et pas moi personnellement. " Parce que tu crois VRAIMENT que j'ai eu le choix ? Que c'était ce que je voulais faire de ma vie ? Sérieusement ? Tu sais comment ça marche ou bien ? J'ai hérité cela de mon père, qui m'a entraîné depuis que je suis en âge de marcher, de parler et de comprendre que vous n'êtes pas CENSES être parmi nous !!" Je soupire, serre les poings et reprends. " D'ailleurs pour ta gouverne, je suis athée." Cette quête était vouée à l'échec, je m'en rendais compte et si j'avais un dieu parmi les membres de ma famille, qui pouvait dire qu'il n'en était pas de même chez les autres ? On avait tous les deux joué à un double jeu depuis des mois, voir des années et maintenant cette réalité nous revenait en pleine face comme un boomerang. Lorsqu'il reprend la parole, je pose un regard empli de colère sur lui, furieuse après lui, mais aussi après moi. Tout cela, tout cet équilibre ne tenait qu'à un fil et je me tenais au bord du gouffre. Je l'écoute, mais ses paroles m'échappent, par contre le ton lui, pas vraiment. Je ferme les yeux quelques secondes et pose les doigts sur mes tempes que je masse légèrement en gardant le silence. " Je ne sais pas ce que je veux faire Louis... Taranis... Raah !"" Je m'assois, attrape mon verre et le vide d'une traite avant de reprendre. " Si je te dénonce, ils te traqueront. Ils me questionneront pour tout savoir de toi et ça n'aura rien d'agréable." J'en savais quelque chose, après tout, j'avais bien été amené à menacer brièvement les gens pour qu'ils me disent ce que je voulais entendre dans le passé. " Si je ne le fais pas, alors je serais considéré comme une traitresse et je serais recherchée. Et s'ils me trouvent, je finis à la morgue dans le meilleur des cas." Cette idée ne me réjouit pas vraiment non plus. Et je perdrais absolument tout ce que j'ai depuis des années. Ma librairie, mes livres, mes amis, ma famille et ma liberté. " Je peux tout perdre à cause de cette révélation tu sais. Et il n'y a pas que moi, il y a ma mère, mes amis. Est-ce que ça en vaut la peine, que je perde tout pour te protéger toi et les tiens ?" La question était légitime. " Je suppose que ta femme et tes enfants ne sont pas au courant..." S'il m'avait menti à moi, il se pourrait qu'il en soit de même pour eux. Et là, je me rendais compte que j'étais arrivée à ce carrefour que je redoutais depuis longtemps. J'allais devoir faire un choix qui allait radicalement changer ma vie pour le meilleur et pour le pire. Le pire en l'occurrence parce que dans les deux cas, ça sera un sacré merdier dans lequel je ne vois pas d'issue. Pas favorable pour moi en tout cas.

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- Sérieusement, tu es encore athée avec tout ce que tu sais ? demanda-t-il avec incrédulité.

Malgré les millénaires, il avait un grand mal à comprendre le déni dont faisait preuve les hommes et les femmes face à la matérialisation de leur Foi – ou de celle de leurs ancêtres ou voisins. Certains se réfugiaient dans un monde normalisé, où toutes les croyances passées et actuelles étaient rejetées. D’autres préféraient partir en Croisade contre la Foi de l’Humanité, une tâche condamnée à l’échec par essence – à moins d’être prêt à sacrifier l’Humanité entière ! Il semblerait que la Famille Lancaster avait opté pour le second choix de vie.

- A qui fais-tu référence, en disant « ils » ? , demanda-t-il, commençant à se perdre dans les informations données par la brunette.

D’abord, elle disait que c’était une affaire de famille. Maintenant, elle supposait qu’il y avait des forces supérieures qui pourraient faire du mal à cette famille, et à ses amis. Il sentait que l’affaire allai au-delà du rassemblement d’une petite poignée d’individus prônant l’éradication des Divinités de ce bas-monde. Qui qu’ils soient, ou Quoi qu’ils soient, « Ils » avaient assez d’influence et d’ascendant pour toucher à tous les aspects de la vie de leurs membres.

- Nous protéger ? De quoi parles-tu ? demanda-t-il le plus sérieusement du monde. A nouveau, il plante son regard dans celui de Masha. Je suis Taranis, je suis celui qui frappe les ennemis. Je suis le frère de Teutatès, celui qui protège la Tribu. Et je suis aussi le frère d’Esus, celui qui aide à la prospérité de nos gens. Nous protégeons, nous frappons, telle est notre essence. Nous ne sommes pas ceux que l’on protège, corrigea-t-il.

Il secoue la tête, comprenant petit à petit à quel point la brunette se fourvoyait sur les Divinités même.

- Nous ne disposons pas de libre-arbitre comme les Humains, Masha. Nous obéissons à la volonté des tiens, ou de tes ancêtres. Nous protégeons s’ils le souhaitent. Nous attaquons s’ils l’exigent. Nous tourmentons s’ils le désirent. Nous détruisons s’ils le réclament. Nous répondons à votre appel. Vous êtes maîtres de votre propre destin, et non l’inverse, expliqua-t-il. Tu as le choix, très chère cousine. Tu peux nous pourchasser et nous combattre. Je serais désolé, mais je serais prêt.

Il se tait, laissant un « mais » planer dans l’air. Il reprend, d’un ton plus solennel, en glissant une main sur celle de la brunette.

- Au contraire, tu peux demander notre protection et notre force. Prie la Reine Meduna ou le Dieu-Père Teutatès, si tu te sens en danger ou que les tiens le sont. Prie Esus, ou moi-même, si tu as besoin de force contre tes ennemis. Nous répondrons à l’appel et nous serons prêts à sacrifier tout ce que nous avons pour accomplir notre devoir. C’est ce que nous sommes, Masha. C’est ainsi que vous nous avez créé.

Le Dieu remettait en cause tout un rapport de force, inconsciemment. Il n’était plus question de divinités capricieuses causant des catastrophes aux quatre coins du globe, mais de forces esclaves de la volonté de l’Humanité. Si l’essence était mauvaise, c’était à cause des humains. Si l’essence était bénéfique, à nouveau, c’était grâce aux humains. L’Humanité détenait la clé de son propre salut, mais Elle ne le savait pas – ou plutôt, Elle refusait de l’admettre.

- Je peux partir, et te laisser réfléchir. Je me permets d’exiger une seule et unique chose : si tu choisis de nous combattre, alors je te prie de l’annoncer en bonne et due forme. J’ose espérer que nous n’en arriverons pas là, que tu considéreras les miens et moi-même différemment.

Cette dernière phrase était prononcée d’un ton las. Il ne voulait pas en arriver là, absolument pas.

Je ne crois pas aux coïncidences

Louis et Masha

Il semble surpris que je sois athée et je hausse légèrement les épaules, sans trop savoir quoi répondre. " Quoi, t'aurais préféré me voir prier Dieu ? Nan réponds pas, c'est comme ça un point c'est tout." Et puis c'était la consigne de mon père, il me l'avait tellement martelé durant mon enfance, que même si je savais que les dieux existaient, je ne pouvais pas y croire, parce que dans le cas contraire, je désobéissais à mon père. Aujourd'hui, la situation était vraiment tout autre. Mais il a du mal à suivre de quoi je parlais et je soupire légèrement. " L'organisation ! Les deux sont liés je... Un jour, je t'expliquerais peut-être. " Si je décide de trahir la cause et ceux qui sont mes amis pour certains, même si depuis que Céleste avait complètement disparue, ce n'était plus pareil. L'Italienne me manquait et j'étais certainement en train de prendre le même chemin qu'elle et quelque part ça me faisait peur, mais si je ne croyais plus en cette cause, ça ne servait à rien de continuer, n'est-ce pas ? " Pas toi en particulier, mais l'un d'entre nous a tuer Odin, alors crois moi tu n'es pas à l'abri plus qu'un autre. Je ne suis qu'une humaine, je le sais bien, mais c'est déjà un miracle qu'on ne m'est pas encore cuisiné à propos de mon lien avec toi et très franchement ça ne saurais tarder." Peut-être que fuir était la meilleure solution pour assurer ma sécurité. Il m'explique encore une fois qui il est et je hausse simplement des épaules, n'ayant rien de plus à ajouter. La discussion reprend un tour sérieux, il semblait me donner le choix, mais il était décidé à me combattre s'il le fallait et je prenais bien conscience du sérieux de ces propos. Si on devait en arrivé là, moi aussi, j'en serais désolé. Il y avait toutefois un "mais" et, il le précise en posant sa main sur la mienne et je la serre doucement, par réflexe, mais aussi parce qu'au fond, j'avais peur de devoir prendre cette décision qui bousculerait tout ce que j'ai pu construire jusqu'ici. Non, en réalité, j'étais terrifiée, mais j'arrivais à bien le cacher. " Cela semble si simple... Mais je m'en souviendrais." Je ne me voyais absolument pas prier qui que ce soit, étant donné que ce n'est pas ce qu'on m'a appris, mais pourquoi pas, après tout, ils sont censés répondre à nos prières, non ? Il propose d'en rester là et j'étais bien d'accord, j'avais pas mal de choses à reconsidérer désormais. Je soupire légèrement avant de reprendre. " Bien évidemment, si on en arrive là, je viendrais t'en informer moi-même. Idem dans le cas contraire." Je reste silencieuse quelques secondes, ne sachant pas quoi ajouter de plus en réalité. Je commençais a en avoir mal au crâne avec cette histoire. " Merci d'être venu et pour le vin et... Les explications..." Je passe ma main sur mon épaule douloureuse et le regarde partir. Quand la porte se ferme derrière lui, je soupire longuement et me laisse tomber dans mon canapé. Je n'étais pas prête pour tout ça, à moins que je ne le suis et que je ne veuille pas l'assumer. Quoi qu'il en soit, l'avenir sera prometteur.

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RP FINI

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